Publié le 10/03/2009 10:43 | LaDepeche.fr
Quand les Anglais font la Manche
Rugby. Explications sur le raz-de-marée venu d'outre Channel.
Deuxième saison à Brive pour le talonneur champion du monde (42 sélections) Steve Thompson. Photo MidolLe rugby anglais s'inquiète... Le rugby français aussi... Attirés par les salaires lucratifs du Top 14 les rugbymen de l'autre rive arrivent en nombre depuis deux ans. L'annonce en février du départ de trois internationaux des Wasps au Stade Français (Tom Palmer, James Haskell) et à Brive (Riki Flutey) a fait souffler un vent de panique de l'autre côté du Channel. Depuis, plusieurs clubs français, Toulon notamment, se sont entichés de recruter la vedette anglaise Jonny Wilkinson.
Pour l'heure, un seul international en exercice (l'ouvreur briviste Andy Goode) exerce en France. Mais ils sont dix : Ben Cohen, Ben Johnston, Steve Thompson, Simon Hughes (Brive), Magnus Lund (Biarritz), Perry Freshwater (Perpignan), Phil Christophers (Castres), Ollie Smith (Montpellier), Johnny Howard (Bayonne) et Nick Adams (Montauban).
La chute de la livre et les difficultés financières rencontrées par de nombreux clubs anglais, sont venues s'ajouter aux limites salariales que s'imposent les équipes de Premiership, le fameux «salary cap», qui leur interdit de dépenser plus de 4 millions de livres par an (quelque 4,4 M EUR) dans ce poste.
La Fédération anglaise (RFU) a prévenu les candidats à l'exil qu'ils devraient s'assurer que leur contrat ne les empêche pas de rejoindre le XV de la Rose quand il fera appel à eux. Mais la RFU a renoncé à fermer la route de la sélection aux expatriés, comme le font les Néo-Zélandais mais aussi, dans une large mesure, Irlandais et Gallois. Le sélectionneur Martin Johnson a d'ailleurs rappelé Andy Goode en début de Tournoi.
En France, on se fait beaucoup de soucis pour l'avenir de notre vivier. Cette saison, Brive joue régulièrement avec seulement deux joueurs français dans le XV de départ... La prochaine Toulon et le RCF seront sur le même schéma... «Cet afflux de joueurs étrangers, en particulier britanniques, ne nous réjouit pas du tout» résume Patrick Wolff, vice-président de la Ligue «On ne peut pas durablement accueillir dans un seul pays les meilleurs joueurs du monde sous peine de déséquilibrer le rugby mondial».
Aussi la Ligue envisage-t-elle à son tour d'instaurer un mécanisme permettant de bloquer les masses salariales (voir ci-dessous) mais aussi d'adopter des mesures visant à favoriser les joueurs formés dans les clubs français.