RÈGLES. L'aménagement de la règle qui entoure le jeu au sol entraîne une incompréhension tant de la part des joueurs, des entraîneurs que du public. Décryptage avec les premiers concernés
Au sol, ça bataille ferme
Serge Betsen peut traverser la Manche à toute vitesse, revenir disputer en France une dernière saison, son rôle de « plaqueur-gratteur » n'a jamais été aussi mis en avant qu'en ce début de saison. Lui qui a si souvent pâti de cette mission ingrate serait aujourd'hui accueilli à bras ouverts.
L'aménagement de la règle, via un « ruling » de l'IRB, permet désormais au plaqueur ou à son soutien de contester la possession de la balle le plus tard possible. « C'est une nouvelle interprétation qu'on fait de ce jeu, conteste Jean-Philippe Coyola, l'entraîneur des arrières bayonnais. Je suis un farouche partisan d'un jeu lisible, avec des sorties de balles rapides. Là, il est impossible de sortir des ballons proprement, les joueurs se consomment dans les regroupements, ça donne des fautes des deux côtés ». Et une vraie part d'incompréhension dans les tribunes.
La conséquence, Coyola n'a pas mis deux journées avant de la déceler : « Cette règle est faite pour encourager les turnovers, donc les essais en contre ». C'est précisément ce qui s'est passé ce week-end à Anoeta vendredi comme à Aguiléra le lendemain.
« C'est le bordel »
Reste aux joueurs et au corps arbitral à clarifier ces phases de rencontre entre le joueur plaqué, le plaqueur et leurs partenaires. Vendredi soir, sept des neuf pénalités sifflées contre l'Aviron en première mi-temps l'ont été sur du jeu au sol. « L'arbitre ne fait plus de prévention, il n'annonce plus les rucks, c'est à notre libre appréciation, explique Rémy Martin, le capitaine bayonnais. Il y a un tout petit laps de temps où le ballon est jouable, on peut y mettre les mains et batailler. C'est une fenêtre très courte, à nous de savoir s'adapter et y entrer ».
Le lendemain à Biarritz, le BO s'est fait sanctionner à 14 reprises, Albi à 12 (plus deux coups de pied francs). Seulement trois fautes ne trouvent pas leur origine dans le jeu au sol. « Le sol, c'est la piste aux étoiles, rigole Jean-Michel Gonzalez, le coach biarrot. On sait quand ça commence, jamais quand ça finit. On revoit des joueurs plonger, d'autres se couchent sur le ballon. C'est le bordel ».
Rémy Martin réclame « une période d'adaptation. On doit s'habituer à cette part de laxisme chez les arbitres ». L'an passé, le début de saison avait été marqué par une inflation du nombre de pénalités (+26, +27 et +30 % sur les trois premières journées, en comparaison de la saison 2007-2008). Déjà, le jeu au sol prêtait à confusion. Samedi dernier, pour la première journée, 156 pénalités ont été sifflées. Soit 8 % de moins que la saison dernière. Toutes ou presque concernaient le sol, « un secteur clé qu'on va tous étudier de très près », promet Coyola.
(1) L'IRB, qui régit le rugby mondial, a édité une note cet été en précisant le contenu de la règle du plaquage.
SO