La Dépêche - 12/11/2009 09:10 - Xavier Thomas
Top 14 et Pro D2. 80 Sud-africains jouent dans nos championnats
Les joueurs sud-africains représentent le plus fort contingent étranger dans nos championnats professionnels. Explications.
Une petite statistique pour mieux cerner le phénomène. Saison 2004-2005 : ils étaient 20 joueurs venus d'Afrique du Sud à évoluer dans le rugby professionnel français (13 en Top 14 et 7 en Pro D2). Cinq ans plus tard, ils sont désormais 80 à fouler les pelouses de France (lire ci-contre). Soit quatre fois plus ! En cinq années, la France est devenue la destination favorite des rugbymen sud-africains. A cela, plusieurs raisons. Administratives et économiques bien évidemment. L'Afrique du Sud étant concernée par les accords de Cotonou, tous ses ressortissants sont dès lors considérés comme des joueurs communautaires. Pas de problème pour les recruter. D'autant qu'au plan financier, les rugbymen venus du pays des Springboks ont tout à gagner à jouer dans nos championnats, puissance de l'euro oblige face au rand.
Mais les histoires de passeport et d'argent ne font pas tout. Pour les clubs français, ce qui compte avant tout, c'est le rendement sur le terrain. Et là, les Sud-Africains ont la cote auprès de nos techniciens qui louent tous la qualité de ces joueurs formés au Cap, à Pretoria, Durban, Bloemfontein, etc, là où le rugby s'enseigne dès le plus jeune âge. Tous sont unanimes pour louer leur comportement sur et en dehors des terrains, leur professionnalisme, leur ouverture d'esprit, leur volonté de s'intégrer rapidement et d'apprendre notre langue ce qui n'est pas toujours le cas des autres communautés.
Au pays des champions du monde, on forme des joueurs de qualité, mais on éduque également les hommes pour qu'ils deviennent de vrais professionnels. C'est là aussi une des clés de la réussite de leur intégration sous nos cieux. Et les exemples de réussite sont nombreux dans notre Top 14 : prenez Van Niekerk à Toulon, l'indispensable troisième ligne du pack varois ; ajoutez l'infernal duo Claasen-Vosloo à Brive qui fait des merveilles et que beaucoup verraient bien porter un jour le maillot… bleu ; n'oublions pas Human et Sowerby, deux valeurs sûres du Stade Toulousain ; et François Steyn dont on espère monts et merveilles au Racing-Métro… Partout où ils passent, les « Sud-Af'» donnent satisfaction. Oui, notre championnat est sous le charme des rugbymen sud-africains. Exception faite demain soir, au Stadium de Toulouse, où la chasse aux Springboks sera exceptionnellement ouverte.
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48 en Top 14, 32 en Pro D2
TOP 14
ALBI (1) : Christjan Vanderwesthuyzen.
BAYONNE (3) : Sam Gerber, Jacques Deen, Rob Linde.
BIARRITZ (2) : Trevor Hall, Eduard Coetzee.
BOURGOIN (3) : Rudy Coetzee, Wessel Jooste, Coenie Basson.
BRIVE (6) : Scott Spedding , Ronald Cooke, Antonie Claasen, Gerhard Vosloo, Retief Uys, Patrick Barnard.
CASTRES (3) : Darron Nell (photo), Michael Coetzee, Daniel Saayman.
CLERMONT (3) : Brent Russell, Marius Joubert, Willie Wepener.
MONTAUBAN (1) : Len Olivier.
MONTPELLIER (7) : Jacques Schutte, Grant Rees, Johan Wasserman, Drickus Hancke, Danie Thiart, Pieter Van Niekerk, Eugene Van Staden.
PERPIGNAN (4) : Philip Burger, Gavin Hume, Steve Meyer, Gerrie Britz.
RACING METRO (5) : Greg Goosen, François Steyn, Jacques Cronje, Ashley Clarke, François Van Der Merwe.
STADE FRANÇAIS (3) : Noel Oelshig, Rayno Gerber, Brian Liebenberg.
TOULON (4) : Conrad Barnard, Johan Van Niekerk (photo), Deweld Senekal, Ross Skeate.
TOULOUSE (3) : Bertus Swanepoel, Shaun Sowerby, Daan Human.
PRO D2
Agen (2) : Daniel Du Plessis, Adriaan Badenhorst.
Aix- en-Provence (2) : Wayne Julies, Hermanus Myburg.
Aurillac (5) : Jacobus Kemp, Petrus Hauman, Stephan Gerber, Erasmus Jaansen Van Vuren, Daniel Kotze.
Bordeaux-Bègles (1) : Altendstadt Hulme .
Dax (2) : Janie Bornman, Nicolaas Pretorius .
Grenoble (2) : Wylie Human, Danie De Beer.
La Rochelle (1) : Cobus Grobler.
Lannemezan (3) : Christian Els, Jacques Botha, Duncan Naude .
Mont-de-Marsan (2) : Philip Van Schalkwyck, Johannes Britz.
Narbonne (4) : Jeandre Fourie, Delkeith Pottas (photo), Nicolas Strauss, Jeandre Mynhardt.
Oyonnax (2) : Rudy Vogt, Naude Beukes.
Pau (2) : Andre Hough, Evans Botha.
Tarbes (4) : Marno Meyer, Thomas-Peter Loftus, Werner Loftus, Cilliers Coetzer.
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TÉMOIGNAGES
« Ils ont intégré la mobilité »
Emmanuel Blorville (agent de joueurs de la société Progpy).
« La raison principale pour les clubs d'engager des Sud-Africains, c'est qu'ils sont considérés comme des joueurs communautaires, contrairement aux Australiens ou Néo-Zélandais. C'est la seule nation des trois grandes nations de l'hémisphère sud qui est dans ce cas, grâce aux accords de Cotonou. C'est un facteur déterminant qui fait la différence. L'Afrique du Sud est un pays qui domine actuellement le rugby et dispose d'un réservoir très important de joueurs en dehors des équipes de province et des franchises de Super 14. Économiquement aussi, les Sud-Africains ont tout à gagner à venir en France car entre le rand et l'euro, c'est un rapport de onze à douze fois plus (Ndlr : 1000 euros équivalent à 12000 rands environ). Je pense aussi que les joueurs sud-africains ont intégré le fait que pour faire carrière, la mobilité est nécessaire (…) L'Afrique du Sud eldorado pour les clubs français ? Oui avec les accords de Cotonou car c'est moins contraignant de les faire venir, c'est moins loin également par rapport aux Australiens et Néo-Zélandais. Mais est-ce moins cher ? Je ne suis pas persuadé car les grands joueurs restent toujours très chers. Regardez François Steyn par exemple. »
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« Ils allient gabarits hors normes et bagage technique »
Ugo Mola (entraîneur de Brive).
« Le rugby est le sport numéro un chez eux, culturellement, ils sont prédestinés à faire ce sport que ce soit au sein des communautés afrikaners, britanniques ou noires. Génétiquement, ils sont prédisposés pour le rugby car il faut voir les gabarits qu'ils présentent. Là-bas, il y a énormément de joueurs mais seulement six franchises de Super 14 et pas de place pour tout le monde. Il y a les stars et les autres. Donc ceux qui sont barrés en Afrique du Sud trouvent en Europe un palliatif. Ce que j'apprécie chez eux, c'est que ce sont des garçons qui viennent vivre une vraie aventure, qui en général connaissent une intégration super rapide. Ils apprennent vite le français, ils font la démarche de venir vers nous, il y a une réelle ouverture d'esprit. En un mois en général, leur intégration est réglée alors qu'il faut parfois trois à six mois pour les autres étrangers. Et puis sur le terrain, outre leurs gabarits hors normes, on sent qu'ils ont tellement baigné dans ce sport depuis leur plus jeune âge qu'ils arrivent avec un bagage technique assez impressionnant. Il n'y a qu'à voir Claasen ou Vosloo chez nous. Je ne peux que louer leur comportement car pour les Sud-Africains, le rugby professionnel n'a pas changé leur vie car depuis l'école, ils connaissent les contraintes de ce sport, leurs droits et leurs devoirs
[…] Faire venir des Sud-Africains comprend également une réalité économique : leur prix. On est rarement déçu par les Sud-Africains. On touche des joueurs qui ont un niveau de jeu et un potentiel de qualité. »
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« Un bon réservoir »
Jean-Michel Rancoule (recruteur du Stade Toulousain).
« Ce sont des gens qui aiment bien bouger. Avant, on les retrouvait plus en Angleterre, mais avec la crise, ils arrivent en nombre en France car financièrement, c'est intéressant pour eux. Ils sont demandeurs d'une expérience en Europe et comme avec les accords de Cotonou, ils sont considérés comme communautaires, ça facilite beaucoup les choses (...) L'Afrique du Sud dispose d'un bon réservoir de joueurs de qualité. Je me suis rendu à deux-trois reprises là-bas plus pour faire un tour d'horizon, sauf si tu veux voir un joueur bien précis. Nous, au Stade Toulousain, nous avons défini un profil bien précis à chaque fois que nous avons souhaité recruter un joueur. Par exemple, pour Daan Human, on cherchait un pilier robuste, à l'excellente tenue en mêlée mais également qui possède une facilité pour se déplacer. Concernant Gaffie Du Toit (Ndlr: parti à la dernière l'intersaison), nous cherchions un joueur polyvalent, sachant buter et jouer au pied (...) On parle de leur bon rapport qualité-prix. Mais un bon joueur, d'où qu'il soit, a un bon rapport qualité-prix. C'est le joueur moyen qui coûte cher. »
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« C'est un bonheur »
Pierre-Henry Broncan (entraîneur d'Aurillac).
« Pour moi, c'est un bonheur d'avoir des Sud-Africains dans mon effectif. Honnêtement, que ce soit sur le terrain ou en dehors, on ne peut qu'être satisfait. Ce sont des joueurs qui respectent les joueurs, les entraîneurs, leurs partenaires. Ils ne calculent pas, ils travaillent dur, ils font preuve d'un investissement total que l'on soit à l'entraînement ou bien en match. D'ailleurs, dans notre équipe, le capitaine est sud-africain (Ndlr: Jacobus Kemp). Ce sont des gars respectés et respecteux des autres. Ils ont une culture du combat, une agressivité loyale car ce ne sont pas des bagarreurs dans l'âme, ils sont durs dans le combat. Ce sont vraiment des joueurs qui valent le coup. Du 1er juillet au 30 juin, tu peux compter sur eux (...) L'Afrique du Sud dispose d'un réservoir énorme, notamment chez les universitaires. Franchement, si j'avais trente Sud-Africains sous la main, je serais content. Enfin, c'est une manière de parler pour te dire que ces gars, c'est un bonheur de bossser avec eux. »
Sujet: 80 Sud-africains jouent dans nos championnats 
Jeu 12 Nov 2009 - 13:14