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 |  Sujet: L'Afrique noire veut émerger...  Jeu 12 Nov 2009 - 13:45 | |
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10/11/2009 - par Nicolas LAVALLEE
Derrière la nation arc-en-ciel, l'Afrique noire veut émerger...
La France va rencontrer l'Afrique du Sud pour la première fois depuis juin 2006 (victoires 36-26 et 26-10) et la 37e fois depuis leur premier match, le 11 janvier 1913 au Bouscat et une lourde défaite 35-5. Si les Springboks, champions du monde en 1995 sur leurs terres puis en 2007, constituent le fer de lance du rugby en Afrique, d'autres nations émergent et l'accession du rugby à VII aux Jeux olympiques pourrait offrir à ce sport une ouverture inédite. Au Sénégal, le ballon ovale a droit de cité, sous l'impulsion notamment de Léon Loppy...
Jean-Luc Bonga-Tang (deuxième en partant de la droite), rugbymen au Sénégal...
Jean-Luc prépare son sac de sport : les crampons, le maillot rouge et noir, les chaussettes assorties, le casque, le protège-dent bien sûr. Depuis 3 semaines, le championnat a repris et Jean-Luc a toujours le même rêve en tête : intégrer le centre de formation d’un club français. Plusieurs contacts ont failli aboutir mais des tracasseries administratives ou des rendez-vous ratés ne lui ont pas encore permis de montrer son talent balle en main. Car du talent, le jeune homme de bientôt 20 ans en a et les « Jambards », champions en titre, ont remporté leur troisième match de la saison en autant de rencontres ce qui met les rouge et noirs leaders du championnat.
La motivation est l’autre qualité de Jean-Luc. Depuis le temps qu’il envoie des courriels et des photos à plusieurs milliers de kilomètres pour ouvrir des portes, on peut dire que Jean-Luc a le rugby dans le sang. D’ailleurs, quand on lui parle de la Coupe du Monde de football qui se déroulera l’an prochain sur son continent, en Afrique du Sud, Jean-Luc n’en a cure : « Le football je m’en fiche, explique t-il. Par contre, que le rugby à 7 soit aux Jeux olympiques, ça c’est une bonne nouvelle ! C'est une véritable aubaine sportive que L'Afrique doit saisir. Car après Le Kenya et L'Afrique du Sud qui se sont déjà illustrés de fort belle manière dans de grandes compétitions de rugby à 7, la Tunisie et le Zimbabwe ont fait belle impression au tournoi de Dubaï. »
Jean-Luc est Camerounais mais joue au Sénégal depuis cette saison et les clichés d’aires de jeu poussiéreuses, de joueurs pieds nus ou de ballons en carton doivent être relégués au fond des tiroirs à fantasmes occidentaux. A Dakar, le rugby est affaire sérieuse et les 10 et 17 octobre, un tournoi de 7 a permis de fêter l’accession de ce rugby sur le mont Olympe. En première division de rugby à XV, sept équipes se disputent le titre : le champion en tire Jambars, le vice-champion Requins de la Sicap, les Sen-Fout-Le-Score, les Caïmans, les Tigres du BIMA, les pompiers de Dakar et les Charognards de la Base aérienne 160. Deux de plus que l’an passé. En deuxième division elles sont 5, soit 11 équipes d’élite. Ce qui fait affirmer au site internet de la fédération du dynamique Guedel Ndiaye que « jamais le Sénégal n’avaient connu autant d’équipes en lice, preuve du formidable essor de la discipline ! ». L’intérêt pour la discipline étant aussi porté par des projets éducatifs de réinsertion sociale, et des téléspectateurs du championnat de France.
Longtemps porté à bout de bras par des coopérants, comme à Madagascar par exemple, le rugby africain pourrait bien s’émanciper. Si la Namibie, qui n’a battu le Sénégal que 13-10 en mai 2009, ou le Zimbabwe ont longtemps été le refuge de joueurs refusés en sélection nationale sud-africaine, et très souvent blancs, le Mali, le Sénégal et le Kenya changent la donne. La sélection sénégalaise, emmenée par l’ancien toulonnais Léon Loppy et Jean-Marc Foucras voit de plus en plus de joueurs locaux être intégrés au XV de départ. José Luis Mendy, cousin du 2e ligne albigeois et capitaine international Yogane Correa, est l’un des premiers joueurs formés localement à intégrer une formation essentiellement formés de « Sénefs » (Sénégalais évoluant en France). Pour Correa, avec le VII, le rugby africain a une opportunité à saisir : « En XV, l’écart est trop important avec les nations majeures pour espérer les accrocher, explique l’Albigeois. Mais en VII, pas de problème d’autant plus que la technique rugbystique à acquérir n’est pas si importante et que l’Afrique noire est un vrai vivier, avec des gabarits aptes à jouer à tous les postes. Je suis allé jouer en Zambie. J’ai d’abord été surpris de voir une équipe nationale et j’ai pu constater l’engouement du public. Le rugby est un sport où le collectif est primordial et en Afrique, la communauté est importante donc notre continent s’adapte très bien à ce sport. Quant au Sénégal, le sport national est la lutte…donc les contacts ils connaissent !».
Un temps réservé à l’élite continentale, donc aux Blancs, le rugby connaît une mutation en Afrique. Le peuple noir s’approprie ce sport et l’intégration de Tendai « The Beast » (la Bête !) Mtawarira, pilier zimbabwéen des Sharks dans un XV sud-africain dirigé par un entraîneur noir, Peter de Villiers, offre au rugby une coloration « Black ». En 2016, à Rio de Janeiro, les déhanchements africains pourraient donner le tournis aux nations traditionnelles du ballon ovale. Jean-Luc Bonga-Tang aura alors 25 ans. De quoi continuer à faire son sac en rêvant… | |
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