Des souvenirs et des rêvesSUA/ L'anecdote. Michel Murat, petit-fils de Charles Calbet, demi de mêlée, a connu les grandes heures du SUA et surtout de grands hommes…
Comment pourrait-on être le petit-fils de Charles Calbet et ne pas jouer au rugby et plus précisément au SUA ? Pour Michel Murat, la question ne s'est jamais posée et du haut de ses 8 ans, il chausse ses premiers crampons sous la bienveillante autorité de Jean Crébessègues, un éducateur trop tôt disparu mais qu'il n'a jamais vraiment oublié.
Alors qu'il vient juste de fêter ses 18 ans, il est appelé à la mêlée de l'équipe première, pour lancer un certain « Coco » Delage. De ce match contre le PUC (Paris Universitaires-Club), Michel n'a presque rien oublié : « A l'échauffement, alors qu'on commence par quelques percussions, je lui marche sur le pied. Il souffre mais il est surtout vexé au point de ne pas m'adresser la parole jusqu'au coup d'envoi ! ». Le match est loin d'être facile, surtout la première mi-temps au cours de laquelle le Sporting ne marque « que » deux essais : « Au repos, quelques supporteurs nous ont sifflés… ». Pour la petite histoire, la deuxième période des Agenais fut nettement plus enlevée, les Parisiens reprirent le train avec 48 points dans les valises et les « siffleurs » firent une ovation aux joueurs.
Pour en revenir à Coco Delage, Michel garde des matches qu'il a joués à ses côtés un souvenir vivace : « Rien qu'à l'entendre, je savais où il était ! S'il était à ma droite, à ma gauche, à 5 m ou à 10, j'ai eu une chance extraordinaire de jouer avec lui ! ».
Le dimanche suivant, il est titulaire en challenge Du-Manoir à Bagnères et il ressort d'un regroupement un peu plus sévère que les autres avec… le bras cassé ! Son entraîneur, qui est aussi son prof de gym à Palissy, lui lance alors : « Mais qu'est-ce que tu es allé **°_°** dans ce maul ? » Tout le monde aura reconnu René Bénésis !
En 1983, son premier match de championnat à Armandie en remplacement de Marcel Maniaval voit la victoire de La Rochelle ! En 1992, son dernier match de championnat à Armandie voit celle de Mont-de-Marsan ! Le plus fabuleux est qu'entre ces deux matches, le SUA était resté invaincu à domicile !
En 1984, lors de la finale perdue aux tirs au but, il fait partie du groupe et se souvient de ce ciel de mai au-dessus du Parc des Princes : « J'avais la tête dans les étoiles et curieusement cela a duré jusqu'au retour au siège près de la gare, les supporteurs étaient si nombreux qu'ils m'ont littéralement emporté et je suis rentré au siège sans toucher terre ! ».
Un petit tour à l'aile
En 1986, il quitte le SUA pour signer à Bègles où il retrouve Coco Delage mais l'aventure tourne court et il retrouve un SUA champion en titre en 1988.
En 1992, à défaut de Bouclier de Brennus, il ramène le challenge Yves-du-Manoir qui reste à ce jour le dernier trophée du club.
Michel a effectué toute sa carrière à la mêlée, avec une petite exception : un match à Tulle où il joua ailier ! « On était dans le car, prêts à partir, il manquait un ailier. Tout d'un coup, on voit, ou plutôt on entend, sa moto. Il arrive ! Hélas beaucoup trop vite, rate son virage et se casse le poignet sur le rebord du trottoir. Avec seulement un remplaçant derrière, j'ai donc joué à l'aile, sur un terrain où par tradition les ailiers se gelaient… »
Toujours demi de mêlée donc et… même Pierre Berbizier en personne dut, pour le bien de l'équipe, laisser sa place à Michel pour officier en 10. Ainsi, à Dax et à Armandie face à Villeneuve (Michel n'a rien oublié), il a eu le bonheur de servir son maître à jouer…
René Laffore
La Dépêche
Sujet: SUA. L'anecdote (La Dépêche) 
Jeu 18 Mar 2010 - 6:50
