Droits télé : pas plus de 40 millions d’euros ?

Les droits télé du Top 14 et du Pro D2 arriverons à expiration en juin 2011. certains espéraient atteindre un montant de 100 millions d’euros. En réalité, la manne devrait être bien moindre.
C’est une certitude. La renégociation des droit audiovisuels du Top 14, qui arrivent à échéance en juin 2011, sera un sujet majeur de la prochaine saison. Dès sa reprise de fonction, le nouveau président de LNR Pierre-Yves Revol avait annoncé la couleur : « Il est indispensable que les droits télé soient rehaussés de façon significative. »
Un désir partagé évidemment par l’ensemble des présidents de club qui se sont mis à rêver.
Certains ont même avancé des chiffres de l’ordre de 100 millions d’euros par an. Fantaisiste ?
La question mérite d’être posée.
A la lueur des différents éléments le rêve semble bel et bien chimérique. En effet, contrairement au souhait des présidents de club, il apparaît inimaginable de voir les droits TV du rugby professionnel exploser. Certes, le prix des droits augmentera mais il ne sera pas la conséquence de la concurrence entre Canal + et Orange, comme ce fut le cas pour le football en 2006. Il semble que les plus hauts dirigeants de L’opérateur téléphonique, à commencer par son directeur général Stéphane Richard, soient peu enclins à poursuivre dans cette voie.
La raison ? Orange a dépensé beaucoup d’argent (203 millions d’euros par an depuis 2006) pour obtenir certains droits exclusifs de matchs de football de la Ligue 1 (sans compter les frais de production) pour un résultat sans doute en deçà des espérances.
« Nous communiquons sur les chiffres du pack orange, à savoir la chaîne cinéma et la chaîne sport, explique Pierre Robert, directeur général de la chaîne Orange sport. Ces deux offres payantes regroupent exactement 713 000 abonnés. »
Seulement, selon nos informations, la chaîne sport ne totaliserait que 1000 000 abonnés. Un chiffre bien mince au regard des dépenses consenties. Et il serait surprenant que le rugby soit un facteur déterminant pour séduire de nouveaux abonnés.
Du côté de la chaîne cryptée, la volonté est de poursuivre dans un cadre identique. « Notre offre sera, comme d’habitude, extrêmement sympathique à l’égard du rugby mais elle correspondra à l’état du marché, assure Jean-Louis Dutaret, directeur des acquisitions et des évènements sport sur Canal +. « Pour nous, Orange est un diffuseur parmi d’autres. Dire que nous n’avons pas d’inquiétude serait arrogant. Mais pourquoi ne parler que de Orange ? D’autres diffuseurs peuvent s’intéresser au rugby, pas seront-ils là lorsqu’il faudra payer ? Ce n’est pas parce que Orange fait 5 milliards de bénéfices qu’ils vont donner de l’argent à tout le monde. »

Le championnat le plus cher
Autant que dire que les espoirs de certains dirigeants du rugby français de voir les droits télévisuels atteindre une somme proche de 100 millions d’euros par an ne se réalisera pas.
En revanche, en se calquant sur les précédentes augmentations, il est tout à fait imaginable de voir le prix de ces droits passer de 26 millions d’euros à une somme se situant autour des 40 millions d’euros.
« Cela fait partie du jeu, souligne encore Jean-Louis Dutaret. Je ne connais pas un titulaire de droit qui r&clame moins d’argent au moment d’une renégociation il n’y a rien d’original. Après ce n’est pas parce que tous réclamez quelque chose que vous pouvez l’avoir.
Je signale quand même que le championnat de France est celui qui est vendu le plus cher dans le monde. Canal + a toujours fait les efforts nécessaires. Lors du dernier appel d’offres, l’augmentation a été de l’ordre de 50%. Nous irons toujours dans le sens de la valeur réelle des droits, sans faire n’importe quoi. Le prix des droits, c’est la valeur du marché qui les détermine. Ce n’est pas ce que disent les présidents de club ou ce que pensent les responsables de Canal + ».
Sans doute, les différents présidents de club, qui avaient un temps imaginé les droits TV du rugby s’envoler, se sont-ils fourvoyés en voyant de nouveaux diffuseurs s’intéresser de plus en plus à la chose ovale. Certes, ces nouveaux diffuseurs existent.
Mais sont-ils prêts à casser leur tirelire ? assurément, non.
Dernièrement, Direct 8 a décroché les droits de retransmission des matchs de l’Argentine et par voie de conséquence la diffusion des rencontres du XV de France aux pays des Pumas en juin dernier. En négociant directement avec la Fédération argentine, les responsables de Direct 8 n’ont probablement pas eu à débourser unesomme considérable.
Et même si Orange, dont la puissance financière avait contribué à la forte augmentation des droits TV de la Ligue 1 de football au cours de la dernière renégociation, semble s’intéresser de plus en plus au rugby, rien ne dit que les responsables de l’opérateur téléphonique sont prêt à reproduire le même schéma avec le rugby. On aurait pourtant pu le croire. Et pour cause. Pour la première fois, un diffuseur, Orange en l’occurrence, a acheté les droits de plusieurs matchs amicaux des clubs de Top 14.

Coût minime
Forcément, de prime abord, cette démarche pourrait augurer un positionnement plus fort de l’opérateur phonique lors du prochain appel d’offres. Il n’en sera probablement rien.
« Evidemment, je ne ferai pas de commentaire sur ce sujet, répond Pierre Robert, le directeur général de la chaîne Orange sport.
J’ai pour habitude de ne jamais commenter les dossiers en cours ou à venir. Mais pour ce qui concerne la diffusion de ces matchs amicaux, il y a deux raisons principales à cette démarche. D’abord, nous sommes déjà diffuseur du Top 14 puisque nous détenons les droits de la vidéo à la demande. Chaque semaine, nous proposons la grande affiche de la semaine à la demande et les résumés de tous les matchs de chaque jounées. C’est un produit qui commence à être bien consommé et apprécié par nos abonnés. Cela rentre de façon cohérente dans notre mission. La deuxième raison, c’est que dans une période de transition entre deux saisons, ce sont des produits qui sont très bien appréciés. Cela se pratique depuis longtemps en football. »
Surtout, pour Orange, le coût de l’acquisition de ces droits reste minime. Ce que confirme Pierre Robert : « Sur le strict point de vue des droits, c’est proche de zéro. Le principe, c’est de produire le match, d’apporter de l’exposition aux clubs.
Et notre entre-partie, c’est la prises en charge de la production par Orange, ce qui n’est tout de même pas négligeable. » En clair, tout le monde est gagnant dans l’opération. D’abord, Orange offre à ses abonnés un produit attrayant à moindre coût. Ensuite, les clubs tirent forcément quelques bénéfices. « Les sommes en jeu sur le plan des droits ne représentent pas grand-chose », explique Jean-Marc Lhermet, vice-président de Clermont (dont le match amical contre Sale sera retransmis sur Orange sport TV). « Mais pour nous, l’avantage, c’est d’avoir une visibilité et de mettre en avant nos partenaires. » Mais cela ne changera pas le train de vie du rugby français.