Interview décalée
L'Afrikaner tire sa révérence
On ne présente plus celui que l’on surnomme « Adri ». Le plus sud africain des agenais, capitaine, leader emblématique, a choisi de mettre un terme à sa carrière à la fin de la saison pour repartir dans son pays natal, après six années de bons et loyaux services. Confidences.
Adri, que fais-tu quand tu ne fais pas du rugby ?
Je passe bien sûr beaucoup de temps avec mes enfants et ma famille. Dès que nous en avons l’occasion, nous partons visiter des petits coins sympas en France, ou bien en Espagne.
Tu écoutes quoi comme musique ?
Beaucoup de musiques sud-africaines mais aussi des musiques américaines plus anciennes ou de la country.
Un film culte ?
Il y en a tellement, mais je dirais The Patriot, avec Mel Gibson.
Ton plat favori ?
En Afrique du sud, quand la météo le permet on adore se rassembler autour d’un bon barbecue : steak, agneau, viande rouge, c’est excellent !
Ton meilleur souvenir de rugby ?
Quand j’ai gagné la Currie cup avec la Western Provence en 2000 et 2001. C’était un moment fort pour moi, surtout que j’étais très jeune. Et puis il y a eu la montée en top14 avec Agen. Ce n’est peut être pas aussi fort, mais c’était la récompense d’un travail de trois ans en Prod2, donc c’était important.
Et ton plus mauvais ?
La descente en Prod2, forcément…
Est-ce que tu as déjà réussi à tenir une conversation de plus de trente secondes avec Lisiate Faa’oso ?
(Il éclate de rire) Ca arrive, mais c’est rare ! Mais même s’il ne parle pas beaucoup, c’est un très bon mec, toujours détendu et serein, et qui peut avoir beaucoup d’humour.
Tu passes beaucoup de temps sur internet?
Pas mal oui ! Ca me permet de me tenir au courant de l’actualité en Afrique du Sud, de gérer mes comptes et mon quotidien, et de prendre des nouvelles de ma famille.
Un joueur qui t’a impressionné ?
Ca dépend des saisons. Lorsque Hernandez jouait au Stade Français, il pesait énormément sur le jeu, tout comme Carter chez les Blacks. Il y a aussi Wilkinson à Toulon qui est assez impressionnant.
Tu parles combien de langues ?
Trois : l’Afrikaans, l’anglais et le français.
Et si tu n’avais pas été joueur de rugby ?
J’aurai aimé travailler dans l’immobilier. Actuellement, je suis en relation pour travailler dans une usine à graines, en relation avec des fermiers sud africains.
Que vas-tu faire à partir du mois de juillet si tu quittes le club ?
Rester encore quelques mois en France pour souffler, puis rentrer en Afrique du Sud pour bien m’installer et être prêt pour le mois de janvier qui annonce la rentrée scolaire en Afrique du Sud pour mes deux enfants. Et donc essayer d’entreprendre ce nouvel emploi dans la graine.
Est-ce que tu sais combien tu as disputé de matchs avec le maillot agenais?
On m’a appris ça il n’y a pas longtemps, je crois que c’est autour de 150…
156 exactement ! Et combien d’essais ?
Oh… pas beaucoup… 8 ?
15 !
Tant que ça ? Ah oui, mais je me souviens, il y a eu une année en Prod2 où j’ai marqué pas mal d’essais !
Propos recueillis par Laurent Gaultier.
De son vrai nom Adriaan Johannes Badenhorst, « Adri » nait le 18 juillet 1978 à Prieska, une petite ville de 10 000 habitants en plein cœur de l’Afrique du Sud, dans la province de Northen Cape. A l’âge de 22 ans, il joue pour la célèbre université de Stellenbosh, qui a vu passé les plus grands hommes politiques blancs d’Afrique du Sud. L’équivalent de notre Sorbonne. Puis il participe à la Currie cup avec la Western Force qu’il remporte à deux reprises. Parallèlement, de 2001 à 2006, il dispute le Super 12 avec l’équipe des Stormers et décroche une honorable troisième place en 2004. Il y rencontrera un ami, Willem Stoltz, qui formera avec lui la seconde ligne du sporting en 2006. La saison connu l’issue malheureuse que l’on sait mais le colosse de 107kg se plait à Agen et restera fidèle à son club malgré les affres de la Prod2. Le sud africain va même s’aguerrir au fil des saisons, en deuxième ou troisième ligne, jusqu’à forcer l’admiration de ses pairs au point de lui voir confier les galons de capitaine. Leader emblématique, il devient pour les « Sud Af’ » ce que Fono est pour les Tongiens : le référent, le grand frère, voire le traducteur attitré. W. Stoltz, Van Niekerk, Du Plessis, Muller, Barnard, Senekal… Il facilite la « Sud africanisation » de l’équipe agenaise, ponctuée par ce titre de la remontée en 2010 après trois années de labeur. Aujourd’hui, Badenhorst dispute ses derniers matchs avec le SUALG. Il restera dans la lignée des joueurs emblématiques du club, mais au-delà de ses talents rugbystiques, on retiendra sa gentillesse, sa disponibilité, sa simplicité, et son indéfectible fidélité à ce club. Des qualités rares à l’heure du rugby pro. Dankie Adri !