Alors attention il faut lire ça plusieurs fois pour comprendre mais je trouve que ce que dit monsieur VILLEPREUX colle parfaitement avec notre club !!!
"La confiance est un facteur tellement immatériel"
Le Top 14 en début de saison présentait globalement deux types de clubs :
- ceux qui ne visaient au plus mal que le maintien. Un potentiel de joueurs manifestement moins reconnus et généralement, ce qui va avec, une économie sobre qui ne leur autorisait pas réellement d’autres ambitions. (ça c'est clairement nous en début de saison)
- ceux, en revanche qui se présentaient face à la compétition avec des moyens supérieurs avec logiquement des objectifs plus ambitieux, à savoir, accéder au top 6 à la fin de la saison régulière.
Pour toutes les raisons que l’on connait (Coupe du monde, doublon etc ), cette fin de saison est particulièrement surprenante puisque certains clubs que l’on attendait plutôt dans le haut de tableau sont à la peine et ont dû et vont devoir lutter jusqu’au bout pour éviter la descente.
Quel que soit son niveau et les ambitions déclarées, être dans la zone rouge à un moment crucial de la compétition produit des effets psychologiques qui bouleversent tout le système, la gouvernance, le management du club, la communication avec le public et les supporters. Le climat délétère qui s’installe ici et là perturbe les joueurs et en interaction, le staff. Dans le tourbillon des explications et face à l’obligation de rendre des comptes, les responsabilités se noient, ce qui ne facilite pas le traitement des vrais problèmes. Ceci pour dire que face aux enjeux encourus, le risque d’une descente aux enfers peut alors entamer dramatiquement la dynamique collective de résistance utile voire individuellement la solidité mentale qui devrait être de mise dans ce cas de figure.
Quand les mauvais résultats persistent, ou que la victoire est trop épisodique, il s’installe dans le collectif et au niveau individuel, certes à des degrés différents, une perte de confiance suffisamment significative pour produire un jeu qualitativement bien en deçà de celui espéré, compte tenu de la valeur rugbystique attendue des joueurs à disposition. (ça aussi ça colle parfaitement au SUA de cette saison)
Quand la confiance devient défiance, le jeu est touché. Les composantes, tactique/technique, semblent les plus affectées car le jeu produit manque de richesse et on oublie dans ce contexte de prendre les bonnes informations, et les bons repères qui vont avec. L’affrontement prend le pas sur l’évitement alors que dans le jeu moderne il s’agit d’être à la hauteur dans ces deux dimensions puisque elles se conjuguent logiquement dans une dynamique dialectique où il s’agit, dans le contexte situationnel, de faire un choix d’utilisation logique de l’une ou l’autre option. Même le geste technique est touché. Pas osé ou mal réalisé, il y perd de sa justesse. Le jeu d’une équipe dans le doute prend un autre sens. Pourtant, on sait bien que se sont ces composantes tactiques et techniques qui, quand elles se conjuguent positivement et avec confiance, stimulent le collectif et illuminent la production.
Bien sûr le facteur mental, celui qui fait appel au courage, au dépassement de soi pour s’imposer à l’autre dans l’affrontement physique, est indispensable à la fois individuellement et collectivement. Mais, quand on doute, l’engagement indispensable devient réactif et ne s’appuie pas sur la logique du jeu à réaliser. Alors, face à cette ambiguïté le comment faire retrouver "confiance en son jeu, en soi et dans les autres", devient un bien beau casse-tête pour le staff technique. (tiens là aussi)
Forcement c’est le jeu qui trinque. On va se satisfaire de faire retrouver les vertus mentales utiles dans le «combat au plus près» tant individuellement que collectivement en espérant qu’elles seront suffisantes pour retrouver, avec la victoire, le sourire. En conséquence, la facilité consistera et c’est logique de proposer des réponses toutes faites, des stratégies simplifiées, avec la menace cependant d’abaisser et de limiter considérablement les prises d’initiatives et donc le seuil de créativité tant individuelle que collective.
Quand la perte de confiance transparait dans un collectif, elle pollue le jeu. On se satisfait d’un rugby disjonctif, dans lequel l’on sépare ce qui n’est pas séparable. Le risque, c’est de ne plus associer les phases de jeu les unes avec les autres en fonction de leur effets (rapport de force). La production réalisée ne va plus être celle non seulement ambitionnée au départ ni pas davantage celle qui répond aux qualités et compétences du collectif à disposition. Le projet de jeu espéré n’est plus, ni partagé, et donc pas mis en œuvre.
Les mauvais résultats conduisent forcement et logiquement à une simplification du jeu, à un évitement, puisqu’il s’agit bien d’une fuite face aux exigences qui sont celles du jeu moderne. D’une certaine manière on se protège et c’est quand même la peur qui sert de moteur à la mise en œuvre d’une «production par défaut» par laquelle il devient urgent de passer pour récupérer le récupérable. Un rugby, qui, s’il devient gagnant, rassurera dans l’instant mais n’apportera pas la confiance attendue, celle qui permet de se frotter sans crainte à la complexité du jeu et aux incertitudes qu’elle génère.
Mais la confiance est un facteur tellement immatériel tellement peu saisissable qu’il convient pour l’ancrer dans des comportements pérennes, de proposer un mode de formation qui ne passe pas par un processus «sécuritaire» dans le cadre de systèmes de jeu directifs qui limiteraient l’apparition des capacités d’adaptation qui pourtant sont celles que l’on reconnait aux "génies du jeu", ceux qui, soit dit en passant, deviennent normaux quand on leur impose un jeu par trop simplifié.