SU AGEN -- Champion du monde en juin avec les - 21 ans le pilier gauche montois du Sporting joue peu. Mais bienLaurent Cabarry en salle d'attente
Au pays des joyeux surnoms d'Armandie, Laurent Cabarry a hérité du plus flatteur. Premier indice : il a été formé à l'école montoise. Deuxième indice : lui, le pilier, peut à tout moment faire une démonstration de cadrage-débordement et de prise d'intervalle. Je suis, je suis ? « Dédé Boniface ! Ce sont les anciens Lucho (Lafforgue) et François (Gelez) qui m'ont appelé comme ça (1). Mon action au Leinster m'a été fatale » s'amuse le Gersois d'origine.
Leinster - SUA, 9 décembre 2006, Lansdowne Road, 69e minute. « Je reçois la balle de Manu (Ahotaeiloa), qui voulait en fait la donner à Rupeni. C'est pour ça qu'elle était un peu haute pour moi. Toujours est-il que je saute, et m'en saisis. Je vois que ça s'ouvre devant moi, donc j'accélère. J'arrive devant les défenseurs et j'entends « Rup's » qui m'appelle. Je le décale et il va au bout. Certes, je n'ai pas les jambes d'un ailier, mais je suis assez coutumier du fait. L'an dernier, à Mont-de-Marsan, j'ai marqué quelques essais de « trois-quarts ». C'est mon registre, je suis mobile. Mais là, ce n'était pas la Pro D2. »
La promesse à mamanIl en va de même pour son temps de jeu. Pion indiscutable du pack jaune et noir et des moins de 21 ans (sacrés champions du monde en juin), Laurent Cabarry est le Bleuet le moins utilisé en championnat. « Je n'ai que 22 ans, je dois encore apprendre. Mais c'est vrai que je déborde d'envie de jouer et d'aider l'équipe. C'est comme ça, il y a des choix qui sont faits et je les respecte totalement ».
Samedi, face à Clermont (22-18'), c'était seulement sa quatrième titularisation pendant que son pote Arnaud « Bison » Mignardi, son complice de « conneries » chez les Bleuets, s'est déjà gagné une place de titulaire. « Arnaud, c'est un bon vivant et un super mec. Lors de notre titre mondial, ce fut une aventure extraordinaire. Une forme d'apothéose. »
Ah ce maillot tricolore... Petit, Laurent disait à sa maman : « Un jour, je serai en équipe de France, tu verras. » Aujourd'hui, il est joueur de rugby professionnel, mais ça ne lui suffit pas. « Les Bleus, ça me faisait rêver. J'y pense depuis toujours et ça reste forcément mon objectif. Mais même si je n'y suis pas, elle est quand même fière de moi. Je reste son fils », rigole-t-il.
Le plaisir de la fermeHier midi, avec sa compagne Emmanuelle qui le suit sur les terrains depuis maintenant six ans, il est retourné chez elle à Mont-de-Marsan. Pour se ressourcer. « La famille, la campagne, c'est très important pour moi. Nous sommes une famille d'agriculteurs. Que j'aille chez mon père ou chez ma mère (ses parents ont divorcé quand il avait 18 mois), il y a toujours une ferme. C'est un endroit qui me tranquillise. »
Rien à voir avec la bataille des mêlées, un secteur clé pour le moral de Laurent. « Pour un pilier, reculer en mêlée, c'est terrible. Je le vis très mal. Je le prends comme une défaite personnelle, une sorte d'atteinte à ma fierté. Contre Clermont, on a parfois été chahutés, mais en face c'était quand même le plus gros pack du Top 14 ».
En face, c'était aussi Loïc Jacquet, capitaine des Bleuets l'an passé et affichant déjà deux sélections avec la grande équipe de France. Mais un jour, c'est promis
(1) Ancien centre emblématique du Stade Montois et de l'équipe de France (48 sélections entre 1954 et 1966)
Thierry Dumas