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Rugby - XV de France Pelous : «J'ai eu peur»
ven 10 aou, 08h16
Samedi à Twickenham, à l'occasion du premier match de préparation du XV de France contre l'Angleterre, Fabien Pelous égalera la record de Philippe Sella sélections sous le maillot bleu avec 111 capes. Cette longévité exceptionnelle a pourtant bien failli être stoppée par une saison noire, gâchée par les blessures. Aujourd'hui tout va bien, et le soldat Pelous est prêt pour le combat. A quelques semaines de sa troisième coupe du monde, le deuxième ligne tricolore affiche une sérénité à toute épreuve, et une grosse envie de montrer qu'il reste un formidable compétiteur.
«Fabien Pelous, vous allez honorer samedi votre 111e sélection, et égaler ainsi le record mythique de Philippe Sella. Qu'est ce que ça vous fait ?
Je suis évidemment fier, parce que c'est toujours valorisant d'égaler un record, mais je crois que cela n'a pas plus d'importance que ça. L'important, c'est que ça me permet de remettre à l'honneur Philippe Sella, et de lui redire l'adimration que j'ai pour lui, pour son état d'esprit, pour ce qu'il a fait sur le terrain. Pour moi, le plus important, c'est d'arriver au niveau de Sella, pas de battre un record. Ce nn'est pas une ambition pour moi de battre le record de sélections. Ca arrive parce que ça doit arriver, et parce que j'ai certainement quelques qualités pour jouer au rugby et pour durer dans ce milieu. Je joue encore au rugby par plaisir. Ca paraît peut-être fou, mais moi j'aime être sur le terrain. Je me lève tous les matins et je suis heureux d'aller à l'entraînement. Je suis heureux de mon sort. Et pour l'instant je renie aucune sélection. Je suis assez fier de ce que j'ai fait, j'espère que ça va continuer.
Vous revenez en équipe de France après une longue absence et des blessures. Vous êtes soulagé de retrouver le haut niveau. ?
Je n'ai pas eu peur de ne pas revenir en équipe de France, j'ai eu peur de pas pouvoir rejouer au rugby, et ça me posait plus de soucis. Ma cheville, c'était quand même une très grosse blessure, je ne suis plus tout jeune, et il faut quand même faire énormément d'effort pour revenir au haut niveau. Et moi j'ai accumulé toute l'année des petites blessures et des grosses, et ce fut une période de doute sur ma capacité à rejouer au rugby plus que sur faire des matches importants ou rejouer avec les Bleus. Je n'avais jamais été confronté à la blessure avant ces évènements là. Mais ces blessures sont sans doute liées à l'accumumaltion des années de rugby. Mais ça va, je ne suis pas impatient. J'ai plaisir évidemment à jouer et à retrouver le maillot de l'équipe de France, mais je le vis très sereinement.
Personnellement, vous avez besoin besoin de vous rassurer après neuf mois sans match international ?
Franchement je ne suis pas dans cet esprit là. Je sais à peu près où j'en suis, ça va. J'ai joué en club, je vois ma progression depuis le début de la préparation, donc je ne me fais pas de soucis. Et je n'aborde pas les matches de façon individuelle, c'est-à-dire que je n'ai pas besoin de me rassurer ou de prouver quoi que ce soit. J'ai envie de faire le maximum, de donner le maximum à mon équipe. Si tout le monde fait comme ça, je pense qu'on ne sera pas loin de la victoire. Je **°_°**çois plus le rugby comme ça : tu donnes le maximum à l'équipe, et après les titres, les resultats rejaillissent sur l'ensemble de l'équipe. Mais ce n'est pas le contraire.
Comment abordez-vous ce match contre les Anglais ?
Je crois que c'est plutôt une évaluation par rapport au début de la préparation. Parce que physiquement, on ne sait pas trop où on en est, c'est norte premier match, donc peut-être qu'on aura des hauts et des bas, je ne sais pas comment ça peut se passer sur ce plan-là. En tout cas, sur ce qu'on a mis en place au niveau du jeu, il faut le retrouver sur le terrain, donc ça déjà, ce sera important. Plus que le résultat, je crois qu'il faudra d'abord s'attacher à la manière, pour savoir si on est arrivés à mettre en place ce qu'on voulait, et surtout si c'est efficace. Mais un match de l'équipe de France, ce n'est jamais amical. Il y a toujours des enjeux. Et là il faut évaluer les préparations, les joueurs, certaines associations.
Maintenant que les matches arrivent, les places sont chères. Y-a-t-il de la compétition entre vous ?
Non, moi je rentre en compétition avec les Anglais, je ne rentre pas en compétiton avec mes coéquipiers. Après la sélection, c'est Bernard qui la fera. On n'est pas en compétition les uns avec les autres, on est en compétition contre les autres, et les adversaires, ils n'ont pas le même maillot que nous, il ne faut pas tout confondre. Ca va se jouer entre nous, certes, mais ce ne sont pas des confrontations directes. A partir du moment où il va y avoir des annonces d'équipe, avec à chaque fois huit joueurs sur le flanc, ils ne vont pas bien le vivre, c'est logique, mais il va falloir que ces joueurs-là passent au-dessus de leur frustration pour encourager les autres. Parce que l'équipe de France aura besoin de tout le monde. Tout le monde se défonce pour essayer de conquérir sa place, c'est bien. Forcément, il y aura une petite scission parce que certains joueront les matches importants contre l'Irlande et l'Argentine, et pas les autres. Mais il ne faut pas que ce soit dévalorisant. Il faut de tout façon faire une sélection. On est 30 et il n'en faut que 15 sur le terrain.
Comment vivez-vous l'engouement autour de l'équipe de France ?
Il y a toujours eu de l'engouement, mais moi je me rends pas encore vraiment compte. On parle pas mal de la rugby à la télé, mais ça ne change pas grand chose pour nous. Pour le problème, c'est toujours le même : le problème, ce sont les 15 mecs qui vont être en face de nous le 7 septembre. C'est pour ça qu'il faut avoir du recul. Nous on se préparer pour jouer un match et le gagner. Il y aura évidemment beaucoup d'attente autour de l'équipe de France, et ce sera à nous de la gérer. Mais pour l'instant, ça va, c'est tout à fait supprotable. Et puis on peut quand même se protéger ici. Il faut qu'on vive notre truc tranquillement, sereinement, bien préparer nos matches, après si ça veut bien sourire et bien s'enchaîner, on pourra surfer sur l'engouement, mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. On doit vivre l'événement pour nous mêmes, pas pour les autres. Il ne faut pas trop être perturbés par des évènements extérieurs.»
Propos recueillis par Aymeric MARCHAL, à Marcoussis