SU AGEN. --Le manager pourrait être remercié par le président Tingaud au terme d'une saison mouvementée. Réaction de Broncan : « Je n'ai pas le droit de parler »
Broncan vers la sortie ?:Julien Duby et Thierry Dumas
Henry Broncan sera-t-il encore l'entraîneur principal du SU Agen la saison prochaine ? Rien n'est moins sûr. Moins d'un an après son arrivée en Lot-et-Garonne, l'entraîneur gersois n'est plus tout à fait sur la même longueur d'ondes que ses dirigeants. À commencer par Alain Tingaud (1), le président. Depuis le début, les relations entre les deux hommes ont été complexes. À vrai dire, tout semblait les séparer. Tingaud, porteur du projet Agen 2010, était l'homme des stars à Agen. Celui qui a voulu faire venir Byron Kelleher.
Broncan, fidèle à la méthode qui a fait son succès lorsqu'il entraînait le FC Auch, n'a cessé depuis son arrivée de rebâtir un groupe essentiellement basé sur des jeunes (Carabignac, Monribot, Guitoune, etc.) et le collectif, au détriment des vedettes.
La greffe n'a pas pris. Un rapprochement a pourtant eu lieu au moment où le SUA s'est séparé de quelques joueurs (Elhorga, Lafitte, Som, Yukes et Popescu) en cours de saison. Les intérêts des deux hommes ont alors convergé. Mais alors que se profile une fin de saison sans qualification pour les demi-finales (et donc une remontée en Top 14), le constat est là : la greffe Broncan n'a pas pris.
À l'heure de constituer l'effectif pour la saison prochaine, les différences sont réapparues. Tingaud et Broncan ne sont pas d'accord sur la façon de préparer l'avenir. Échaudé par une saison de transition particulièrement éprouvante, Tingaud voudrait revenir à une politique de noms plus ronflants. Broncan veut rester sur sa ligne de conduite.
Le conflit ne s'arrête pas là. À 64 ans, Broncan ne s'est jamais vraiment habitué aux méthodes d'un club qui se veut hyper professionnel dans tous les domaines malgré sa descente en Pro D2 et où il a découvert de nombreuses chausse-trappes depuis son arrivée. Des conflits internes, des luttes de pouvoir, une communication surmaîtrisée? Autant de choses qu'il pouvait facilement gérer à Auch où? il gérait tout.
Bientôt aux champignons ? À Agen, Broncan a dérangé. Dès son arrivée, ses déclarations sur la difficulté (sinon « l'impossibilité ») de remonter directement en Top 14, n'ont pas plu, pas plus que celles sur un club trop sûr de lui. Ses rapports avec quelques cadres de l'équipe ont également compliqué sa tâche. Broncan se disait disposé à prendre le temps qu'il faudrait pour aider le SUA à retrouver son lustre. Sans savoir si on lui laisserait ce temps? « Si ce n'est pas le cas, j'irai aux champignons? », nous avait-il répondu au c?ur de l'hiver. Aujourd'hui, cette heure semble approcher. Car tout laisse à penser qu'Agen cherche à se séparer de Broncan pour la saison prochaine. Hier, interrogé par nos soins, l'intéressé a refusé de répondre à une question sur son avenir. « Je n'ai pas le droit de m'exprimer sur ce sujet », s'est-il contenté. Une non-réponse qui en dit long sur le degré de tension qui semble déjà exister entre l'entraîneur et son employeur. « Je ne suis qu'un employé », place-t-il d'ailleurs dans la conversation.
Faire taire Broncan encore un an ? Le challenge semble bien compliqué. Tout au plus peut-on imaginer qu'il accepte ce silence jusqu'à la fin de la saison pour mieux négocier un départ à l'amiable (il lui reste deux ans de contrat), comme cela semble se produire actuellement à l'Aviron Bayonnais, où Jean-Pierre Elissalde (grand ami de Broncan), a lui aussi payé une trop grande liberté de ton.
Histoire d'os. Une chose est cependant certaine : il va se passer quelque chose au SUA dans les prochains jours. Dans sa dernière chronique, sur le site internet Rugbyrama, Broncan a cité Karajan en guise de chute : « L'art de diriger consiste à savoir abandonner sa baguette pour ne pas gêner l'orchestre? » Une dédicace pour le chef Tingaud ? « Oh là non ! Ah non, non », insiste le Gersois, qui brandit un autre joker devant une deuxième question : « Votre charisme et votre cote de popularité ne feraient-il pas trop d'ombre à Alain Tingaud, un peu comme Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique Lyonnais, qui n'engage jamais d'entraîneurs forts en gueule ? »
Broncan a tourné sa langue dans la bouche pour livrer ce résultat : « Je ne répondrai pas ». Pas très broncanesque tout ça. « Il faut que j'apprenne à me taire », lâche-t-il une minute plus tard. Nouvelle tentative de piège : « Avez-vous pensé au cours de la saison à démissionner ? » Son style inimitable est de retour : « Jamais. C'est comme l'histoire de l'os et du chien. L'os dit en souriant au chien qu'il est dur. Et le chien répond qu'il a le temps. Vous comprenez ? » Bof. « Écoutez, je ne peux pas parler. Mais je donnerai des nouvelles bientôt. En tout cas, je croyais avoir tout appris du milieu du rugby. Mais cette année, j'ai encore appris beaucoup ».
Interrogé sur le sujet, Laurent Lubrano, le directeur-général du club, a rappelé que Broncan était encore sous contrat deux ans. Avant de rajouter, visiblement marqué par les galères agenaises (lire ci-dessus) : « Franchement, on n'a pas besoin de ça ». Ni de Broncan, semble-t-il, pour reconstruire.
(1) Nous avons tenté en vain de joindre hier le président du SUA.
Sujet: Départ de Broncan ? 
Jeu 10 Avr 2008 - 8:04
