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| | La chronique de Pierre Villepreux | |
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gir3347 Champion du monde
Nombre de messages : 19112 Age : 75 localisation : Girondin mais Bon-Encontrais de coeur Date d'inscription : 07/10/2006
| Sujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux Mer 14 Avr 2010 - 22:09 | |
| 05/04/2010 - 15:56
La Chronique de Villepreux
"Perpignan est encore le meilleur"
La phase régulière du championnat touche à sa fin. Rien n’est joué ou presque avant les deux dernières journées. C’est vrai, pour le haut comme pour le bas de la classe, mais les dernières oppositions permettent de penser que quatre places sont quand même réservées derrière le leader Perpignan qui ne cèdera plus son fauteuil puisqu'il lui suffit d’un point en deux matchs pour le garder. Les Sang et Or recevront Albi le dernier jour, ce qui leur permettra d’enfoncer le clou et de confirmer, non seulement la force de leur performance l’an passée, mais surtout d’honorer leur titre et de se placer psychologiquement dans les meilleures conditions pour se succéder à eux-mêmes .
Derrière cette analyse objective des résultats que personne ne peut mettre en cause, il y a l’analyse un peu plus subjective qui concerne la qualité du jeu produit et sa permanence. Selon moi, Perpignan est encore le meilleur. Ce collectif a su dépasser la désillusion d’un crucial échec en Coupe d’Europe pour mieux se concentrer sur les contraintes du Top 14. Ce n’est jamais évident pour une équipe ambitieuse d’évacuer vite et bien une telle déception. C’était d’autant plus dur que la messe était dite dès la première journée contre Trévise, un handicap irrécupérable en H cup où la formule n’autorise pas de perdre devant les plus faibles.
Cette permanence globale dans la qualité du jeu produit, tant à l’extérieur que chez soi, a créé les mécanismes de développement progressif d’une confiance collective dans le jeu à faire. Celui-ci m’a semblé au fil des matchs sans cesse plus ambitieux grâce aussi à la volonté des joueurs de ne pas être non plus seulement consommateurs de recettes de jeu d’où l’on ne sort pas, mais bien plus de s’appuyer sur la vie du jeu où il s’agit de prendre des initiatives en plein jeu dans le plein mouvement. Cette évolution vers un toujours meilleur sens tactique ne s’est pas fait au dépend des résultats. Ces derniers ont conforté les joueurs pour persévérer, voire, pour aller plus loin dans le travail de cette dimension tactique et technique qui doit être mise en œuvre dans les entraînements mais aussi se doit d’ émerger dans les compétitions. "Il faut jouer comme on s’entraîne, me disait un de mes anciens entraîneurs, sinon cela ne sert à rien de s’entraîner".
Je ne sais pas si Perpignan sera champion mais la confiance engrangée à ce jour devrait lui permettre d’exprimer son style en toutes circonstances, les bonnes quand tout marche, et les moins bonnes, quand les difficultés se présentent. Le rôle et la place de la confiance dans la production collective et dans la performance qui en découle est malaisé à saisir. Décréter celle-ci dans les discours d’avant match ne suffit pas. Ce degré de confiance s’accroît dans le temps et en continuité, justement parce qu’on accepte de confier au jeu les potentialités utiles à même de conduire à la victoire et ceci sur l’ensemble d’un projet à long terme et a fortiori d’une compétition. C’est cette confiance, cette assurance que l’on ressent actuellement dans le jeu catalan, celle que l’on ressent un peu moins dans le jeu toulousain, qui sait si bien exister par moment et se délite tout aussi vite sans que l’on sache réellement pourquoi. Je mettrais quand même un bémol puisque la production toulousaine lors du dernier match contre le Racing-Metro nous a rassurés sur la capacité des Rouge et Noir à maintenir leur jeu identitaire tout au long d’un match ,aussi certainement parce l’adversaire était ambitieux et n’a pas manqué de relever le défi du jeu.
La confiance collective en jeu appartient bien évidemment à tous mais se gère aussi individuellement puisqu'il s’agit de la partager la même lecture du jeu avec l’autre . Le processus est donc à la fois collectif et individuel mais repose sur la capacité des uns et des autres à accorder du crédit à ce que va faire le partenaire. Le sens qu’ils vont donner au "jeu situationnel" devient déterminant puisque c’est bien dans le cadre d’un référentiel commun que les ressources perceptives et décisionnelles se doivent d’être constamment développées et perfectionnées. L’acquisition toujours plus fine des compétences tactiques génère la confiance collective, son rôle devient déterminant dans la progression du joueur et de l’équipe. Mais cette confiance s’ancre aussi et forcement peut on dire dans "l’affect", dans le plaisir que l’on prend à jouer ce jeu référent. Ainsi sont générés un plus grand engagement, plus d’ initiatives qui ne sont pas plus perçues comme dangereuses. Les motivations enfouies dans le jeu du passé mais pas mortes, resurgissent, l’estime de soi forcément grandit. Cette confiance tant individuelle que collective est confortée par le public qui adhère au jeu proposé et valorise ceux qui le réalisent. Quand l’identité d’un jeu gagne les gradins, l’influence devient sociale, cela crée d’autres attentes, permet de faire encore évoluer le jeu et oblige aussi les joueurs à aller vers d’autres compétences d’autres habiletés , d’autres ambitions.
Cette "dynamique confiance" est une force qui ne vient pas de nulle part. En cette fin de saison, elle est palpable peut-être plus à l’Usap que dans d’autres clubs, quoi que Biarritz, après avoir beaucoup galéré me semble être aussi dans cette dynamique. Mais ce facteur confiance est fragile. Beaucoup d’autres paramètres peuvent modifier cet état de grâce qu’apportent le jeu et le mental. Cela demande entre autres d’appréhender les erreurs en jeu comme nécessaires et utiles à la formation du joueur.
L’avantage de l’Usap n’est pas négligeable. Cette période reste toujours un moment crucial pour les staffs techniques puisque ce n’est plus le moment de perdre. Les joueurs catalans ont aussi cet avantage sur les autres puisque s’ils venaient à perdre un des deux derniers matchs, cela ne saurait avoir d’effets perturbateurs sur les états d’âmes des troupes d’autant plus qu’ils ne risquent pas d’être contrariés par un éventuel revers dans les phases finales de la H Cup. | |
| | | gir3347 Champion du monde
Nombre de messages : 19112 Age : 75 localisation : Girondin mais Bon-Encontrais de coeur Date d'inscription : 07/10/2006
| Sujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux Ven 16 Avr 2010 - 16:07 | |
| 15/04/2010
La Chronique de Pierre Villepreux
Quand on entre dans un stade pour voir un match on est confronté à deux incertitudes
Un match confronte le spectateur à deux incertitudes, celle touchant le résultat et celle du comment il va être acquis, la qualité de la production. Quand les deux se combinent le spectacle est au rendez vous. Cette communion entre résultat et qualité du jeu, c’est bien ce qui va entretenir le dialogue avec le public. L’âme collective d’un match c’est justement que le public respire voire conspire avec ce qui se réalise sur le terrain. C’est cette sensation que j’ai ressentie dans tous les matchs que nous a proposé la Hcup ce dernier week end. Toutes les équipes de ces quatre matchs dans les oppositions respectives ont été à la hauteur. La preuve c’est que le vaincu au moins dans trois des ces matchs aurait pu tout aussi bien être le vainqueur. Pour Clermont et les Ospreys le drop de la dernière chance à la dernière seconde aurait pu les amener au paradis et du même coup leur adversaires en enfer.
Bien souvent on fait référence au temps de jeu, facteur auquel on fait donne du crédit pour valider la performance de l’une ou l’autre équipe ou des deux. Mais en rugby la quantité ne fait pas forcement la qualité. Combien de matchs avec des temps de jeu élevés, sont d’une pauvreté tactique affligeante, le résultat ne satisfaisant même pas le vainqueur qui ne retient en terme d’analyse que la victoire.
Mais cette fois, aucune des équipes n’a refusé d’entreprendre. Les intentions de faire vivre le ballon et de jouer en mouvement étaient bien présentes, ce qui explique aussi le nombre d’essais marqués. Le stade français, même si largement battu a, au moins tout une mi-temps, donné l’impression qu’il pouvait être un vainqueur potentiel. Même si la palme du beau jeu revient quand même aux Ospreys et à Toulouse, il est plutôt satisfaisant de voir qu’avec ce rugby, l’esprit du jeu était aussi bien présent sur tous les terrains, ce qui nous change des chamailleries habituelles qui émaillent trop souvent le championnat national.On en est presque à penser que la formule de compétition à laquelle sont confrontés les joueurs français dans le Top 14 est inhibitrice par rapport à celle de la Coupe d’Europe. La première figerait les joueurs dans un jeu à moindre ambition, qui du même coup conditionne aussi les arbitres, la deuxième libérerait les uns et les autres. Pourtant quelle que soit la manière il y a aura toujours un seul gagnant, alors autant que le code de lecture du jeu celui qui unit, le public, les acteurs, l’arbitre se fassent sur les bases d’un jeu ambitieux qui ne peut que satisfaire tout le monde et surtout donne du rugby l’image d’un sport moderne en mouvement capable d’évolution autrement que par le renforcement de la force musculaire des pratiquants et/ou par la toujours plus grande programmation du joueur, du jeu et la mise en œuvre de formes choisies et immuables.
Le rugby a aujourd’hui besoin de cette visibilité. Il faut avoir le courage comme entraineur et comme joueur d’avoir la représentation d’un jeu total qui peut aussi gagner, et moins de celui qui gagne à moindre frais. On peut bien sur penser différemment mais on refuserait ainsi toute évolution de la conception de performance en jeu. Il faut mettre la fibre musculaire à la disposition d’une autre performance et redonner au cerveau le rôle qui est le sien, celui d’avoir des conduites créatives, parfois intuitives, adaptatives, bref de donner du sens aux problèmes rencontrés dans toutes les situations de jeu et dans leur variabilité. Cela demande,pour en arriver là, d’accepter de déconstruire ce qui existe.
J’aime bien le jeu des Ospreys, une équipe qui croit en son jeu et l’exprime devant tout le monde y compris les meilleurs. Logiquement, on a mis en avant pour expliquer la défaite la faiblesse de sa mêlée. Peut être, pour que le rugby de cette équipe arrive à maturité, il faudra certainement avoir une mêlée plus forte. Mais, il faudra accepter cette nouvelle force comme un plus, un bonus pour aller vers une plus grande excellence dans le jeu de mouvement choisi qui fait leur force aujourd’hui. Car curieusement même avec ces limites en mêlée, les Gallois ont perdu le match sur des initiatives biarrotes relevant purement de l’intelligence tactique de deux joueurs et conclu par deux essais (celui de la flèche noir américaine et celui de Balshaw). Les deux joueurs décisifs n’étaient pas les marqueurs mais bien en l’occurrence, Damien traille et Dimitri Yachvili. Ils ont permis la réussite de deux mouvements magnifiques, en changeant ce qui était prévu, à savoir des conditions initiales de programmation, celles existant à partir de deux mêlées. Ils surent faire face à la dimension d’imprévisibilité que le jeu propose y compris à partir de phases statiques où il s’agit bien de sortir de la solution et option choisie pour gérer le non prévu, lui donner du sens et l’exploiter sans crainte. Sur cette mêlée défensive, le public aurait certainement applaudi Traille s’il avait trouvé une belle touche, mais le BO n’aurait peut être pas gagné le match. Il est mieux de pouvoir le louer pour avoir su dans cette situation particulière mettre sur orbite son ailier qui lui sait à qui il doit ce cadeau.
Ces situations de jeu en compétition sont singulières et jamais identiquement reproductibles. Ce sont des situations de performance. Elles ont une vie fugace puisqu’il s’agit de les exploiter dans le bon timing car des forces nouvelles les modifient et rendent caduques leur exploitation. Elles sont à appréhender à la vitesse de l’action. Dans le même ordre d’idée, que serait il advenu de l’essai d’Heymans et de l’offrande au pied que Médard su lui faire? Si Bouilhou, au lieu de passer le ballon, l’avait gardé, vu la pression, il aurait accepter un regroupement, phase de jeu qui n’aurait certainement pas déstabiliser la défense aussi crucialement, (combien d’autres joueurs auraient utilisé cette option en lieu et place de Bouilhou? Beaucoup! ) La performance est dans cette passe. Simple passe qui, relève du sens tactique que chacun possède, sans le savoir. Il s’agit de le faire émerger, dans les entrainements comme en compétition, ce qui ne s’acquiert pas dans la mise en place et œuvre de "formes de jeu pretendues idéales" qui limitent plus le joueur à des reproductions de formes et gestes qui n’enrichissent pas sa pensée tactique. La variété de conduites et comportements originaux que l’on attribue à certains génies du jeu et pas à d’autres devront devenir ceux de tous, à condition que le rugby entrevue dans ces quarts de finale se perpétue et à terme devienne la vision du jeu de demain, préliminaire incontournable pour aller vers son dépassement. | |
| | | gir3347 Champion du monde
Nombre de messages : 19112 Age : 75 localisation : Girondin mais Bon-Encontrais de coeur Date d'inscription : 07/10/2006
| Sujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux Ven 7 Mai 2010 - 11:27 | |
| 06/05/2010 - 15:11
La Chronique de Pierre Villepreux
"Mes cinq jours en Afrique du Sud"Vite un petit retour sur cinq jours passés en Afrique du sud en compagnie d’Abdelatif Benazzi.
Visite de la fondation Nelson Mandela et invitation de François Pienaar pour participer à un compétition de golf à Francourt paradis pour golfers. Invités, des clients de la Banque où travaille François, tous bien sur « accrocs » rugby. Mais surtout un moment fort de retrouvailles pour Abdel et François qui leur a permis d’évoquer la fameuse demi-finale de la coupe du Monde 95. Celle de l’essai non accordé à Abdelatif qui a envoyé l’Af’ sud en finale pour une victoire contestée sportivement mais qui, politiquement, a permis à Nelson Mandela d’utiliser le rugby, sport des Blancs, pour générer un rapprochement entre les ethnies. Rapprochement que les lois de 91 (abolition de l’Apartheid) n’avaient pas vraiment réussi à favoriser. Cet essai refusé est resté gravé dans les esprits et les invités présents ne manquèrent pas de questionner Abdelatif sur sa validité ou non.
Golf, mais bien sûr rugby, avec Stormers-Crusaders, match capital pour les deux équipes pour accéder à la qualification. Les locaux , dans ce match n’ont jamais autant mérité le symbole représentatif de leur nom. Ils crucifièrent les « Crusaders » qui subirent une véritable tempête tant offensive que défensive, avec bien sûr le soutien enthousiaste de la salle.
On apprécie ou pas ce jeu du sud qui peut , du moins semble-t-il, manquer de pragmatisme. Croire par exemple, que l’on n’accorde pas d’importance à la mêlée, du moins une valeur relative n’est pas vérifié. En revanche, bien cibler celles qui sont importantes, celles stratégiquement intéressantes me parait judicieux compte tenu que la forme du jeu produit, le volume des courses et du combat qu’il génère dans les phases de ruck voire maul tend à limiter un engagement permanent sur toutes ces phases d’arrêt de jeu. Comment ne pas apprécier ce spectacle où le jeu des uns devient celui des autres en termes d’intentions, sans restrictions majeures sur les formes à développer et surtout celles ayant trait au jeu à la main, avec forcement la bénédiction arbitrale dans les phases de rucks afin d’assurer la continuité ou la récupération pour la défense.
Ce match nous a permis de rebondir avec François sur les résultats du rugby français. Il voit la France comme un prétendant sérieux pour la prochaine Coupe du monde et à contrario, il ne manqua de flageller le rugby néo-zélandais qu’il perçoit, comme « vieillissant », en crise, donc vulnérable, le fait de jouer à domicile n’étant pas considéré comme un facteur déterminant.
Parenthèse d’un voyage court bien sympathique qui nous coupa du rugby européen dans lequel dès notre retour, on replongea à vitesse grand V. La victoire des deux clubs français engagés dans les demi-finales aurait certainement conforté les propos de François Pienaar, puisque la prépotence française de l’équipe nationale dans le Tournoi pouvait de fait être confortée par la domination des clubs au niveau européen . Faire l’amalgame entre les résultats en clubs et les performances du XV tricolore dans le dernier Tournoi, en faire une force nationale ne me semble pas approprié. Les succès des équipes irlandaises lors des deux dernières coupes d’Europe (le Munster en 2008, le Leinster en 2009) n’ont pas amené forcement l’Irlande au top dans le Tournoi 2010. La réussite des clubs français est aussi à attribuer à l’aide, certes à des degrés divers selon les clubs, de joueurs étrangers (5 pour Toulouse, 7 pour Biarritz ), Clermont et le Stade français qualifiés pour les quarts en auraient compté tout autant, voire plus. Constat qui en revanche est plutôt à l’honneur du XV de France qui doit faire avec un panel de joueurs limité, surtout à certains postes. Bien sûr on peut accepter que la présence de ces joueurs dans les clubs élève le niveau de jeu de notre championnat et que cela profite par ricochet aux joueurs français et à l’équipe nationale.
Mais, doit-on pour autant s’enivrer de ces succès ? Ils devraient en tout cas être un encouragement vers un jeu de plus grande plénitude. Je me méfie quand même de cet enthousiasme que génère la victoire. Derrière ce succès français 2010, si l’on veut exister en continuité et ne pas entrer aussi vite dans la catégorie des mauvais que nous sommes rentrés dans celles des tous bons, il faut vite dépasser ce qui a permis ces résultats et chercher à exister par la qualité d’un jeu plus total et plus riche. Celui par exemple développé lors des quarts de finale de la coupe d’Europe et, par moment, dans les 6 Nations. La performance, dans un domaine du jeu quel qu’il soit, peut suffire. Le choix de fragiliser les adversaires en mêlée s’est avéré payant dans ce contexte précis. Ce choix demain pourrait s’avérer insuffisant puisqu’on jouera avec des adversaires prévenus, donc qui s’y seront préparés. Le jeu dans toute sa totalité devra alors reprendre ses droits. En ce sens, la deuxième mi-temps de Toulouse est plus significative du pourquoi de sa victoire que toute autre analyse trop réductrice du jeu et de la richesse de sa complex | |
| | | gir3347 Champion du monde
Nombre de messages : 19112 Age : 75 localisation : Girondin mais Bon-Encontrais de coeur Date d'inscription : 07/10/2006
| Sujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux Dim 9 Mai 2010 - 21:41 | |
| 09/05/2010 - 17:06
La Chronique de Pierre Villepreux
"La saveur des phases finales"
Nous y voici arrivés, ce moment crucial, celui des phases finales d’une compétition qui de fait prend une autre dimension, une autre saveur. Il convient pour les entraineurs de l’aborder différemment en donnant à l’événement un autre sens. Quand j’entrainais, j’aimais bien ces moments de préparation à un match porteur d’une suite ou de….désenchantement . La formule phases finale du Top 14 a le mérite d’entretenir l’espoir pour six équipes, le "ça passe ou ça casse" qu’il occasionne donne à la gestion de la relation "entraineur- joueurs" une conformation différente. Pour les six équipes élues le premier objectif qualification, avoué ou pas à été atteint. L’art et la manière de manager pour préparer psychologiquement le collectif dans ce contexte diffèrent forcément puisqu’il convient maintenant de favoriser le climat de jeu que l’on souhaite voir jouer et ainsi ne pas gâcher ses chances. La gestion des individus devient prépondérante pour ne pas dire capitales.
Ce travail sur le mental ne remplacera pas complètement mais décalera grandement les formes d’entrainement entendues comme perfectionnement tactique-technique-physique, travail qui logiquement a été la priorité lors de la saison régulière. Chaque équipe se présentera avec ce que l’entrainement a développé et permis d’acquérir précédemment. Individuellement et collectivement on cherchera à s’appuyer sur les options de jeu qui leur ont permis d’en arriver là et qui leur a apporté la confiance. On joue avec l’acquis tactique, sur les routines, ce que l’on a mis dans l’arrière cuisine pendant la saison et bien moins sur des novations, sauf éventuellement la mise en place d’un coup gagnant, celui repéré comme une faiblesse du jeu adverse qu’il s’agira d’exploiter si éventuellement la situation se présente.
Le contexte psychologique qui entoure l’équipe, l’état d’excitation qu’il génère logiquement ne permet pas la dispersion. Psychologiquement dans ces préparations la réceptivité des joueurs n’est pas au top. Il devient alors risqué pour l’entraineur de s’éparpiller dans des discours longs peu ciblés donc peu mobilisateurs et /ou dans des formes d’entrainement sortant du cadre de ce qui est maitrisé. C’est un moment particulier pour l’entraineur qui devient le leader de cette future performance mais paradoxalement c’est là qu’il va déléguer au maximum.
Lors de cette préparation, l’entraineur ne peut plus être "la solution", son autorité devient celle du groupe et vice versa. Il saura pour qu’il en soit ainsi utiliser avec à propos les leaders de jeu pour apporter au collectif cette identité fusionnelle dans la quête au but commun, afin de donner tous les moyens de passer l’obstacle. Cette appropriation d’un bien commun doit apparaitre pour tous de plus en plus accessible, ce qui implique que les tâches doivent être réparties avec précision en fonction de ses forces mais tout autant en fonction des caractéristiques de l’adversaire. Forces mais aussi faiblesses sur les quelles il ne s’agira plus de revenir comme d’ailleurs les manies et priorités de l’arbitre constatées dans la saison. L’immédiateté de l’événement et le caractère non renouvelable en cas d’échec doivent procurer au collectif une nouvelle forme d’autorité donc de pouvoir, celui là même, que l’entraineur aura su développer en s’effaçant progressivement jusqu’à devenir inutile. Ce rôle de "catalyseur" n’est pas simple car il s’agit d’installer la combativité utile sans imposer un discours guerrier qui ferait perdre, avec la lucidité, du sens au jeu espéré. Se concentrer sur le "nous", sur "notre jeu", appartient alors un collectif motivé. Etat à entretenir pour favoriser l’accomplissement de chacun sans être perturbé par les émotions que génèrent ce type d’événement qui ne laisse rien à ceux qui perde.
Il est vrai que les équipes habituées à ces rendez vous ont de fait un petit avantage, mais la marge est faible, le ballon ovale reste toujours aussi exaspérant quand il ne rebondit pas du bon coté.
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