Patrick Bardot (ex-président) a assigné en justice le nouveau, Daniel Havis...
LADEPECHE.FR | 03 SEPTEMBRE 2008 | 08H56
Depuis le 25 juin et la réunion des actionnaires qui avait débouché sur la démission de Patrick Bardot de la présidence du MTG XV, les relations entre ce dernier et son successeur, Daniel Havis, sentaient la poudre.
Pour faire simple, le Pdg de la Matmut, patron inattendu du club, jouant la banque au passage pour permettre le tour de table financier afin d'honorer 5,6 M€ de factures impayées de la nouvelle tribune de Sapiac, avait posé comme condition à son engagement le retrait de Patrick Bardot, toujours principal actionnaire de la SASP MTG.
Ce qui explique la requête de Daniel Havis, mettant en demeure son prédécesseur de lui céder des actions pour rendre cohérente sa gouvernance. Ce à quoi, à son tour, Patrick Bardot pose en préalable le remboursement d'avances réalisées en son temps pour payer des factures et surtout les salaires. Et voilà que le dossier part maintenant sur le terrain judiciaire.
Inévitablement, le MTG XV se retrouve dans une situation particulièrement délicate. Aux antipodes de la sérénité qui anime les joueurs et de l'ambiance qui baigne Sapiac, l'avenir de la belle aventure est aujourd'hui conditionné à un bras de fer entre deux dirigeants du club. Deux hommes qui avancent chacun leurs arguments…
Patrick Bardot, ancien président du MTG XV et PDG de Leclerc-Sapiac…
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
Je suis peiné par ce que je vis, par ce que je vois, par ce que je devine… Il se raconte tellement n'importe quoi !
C'est quoi votre vérité ?
J'ai pour habitude de m'en tenir aux faits. Tenez, quand je lis ou j'entends que j'ai un problème à régler avec la mairie pour une histoire de permis refusé, c'est faux. Tout simplement parce que le refus en question est légitime et que n'importe quel avocat urbaniste, dont le mien, vous le confirmera au regard des contraintes liées aux risques de la zone de Sapiac, notamment les inondations. C'est très malsain de colporter ce genre de désinformation. Et pas dans l'esprit du rugby.
Vous avez assigné le nouveau président en référé. Pourquoi ?
Je vais, une fois de plus, l'expliquer clairement : oui j'ai assigné Daniel Havis, ès qualités, en référé, après de vaines tentatives de conciliation portant sur le remboursement des apports en compte courant qui ont été nécessaires au printemps dernier pour deux raisons. D'abord parer au plus pressé à l'égard d'entreprises qui avaient travaillé sur le chantier de la tribune et qui n'étaient pas payées, le club s'étant démuni de trésorerie (1,1M€) pour les mêmes raisons… Ensuite pour honorer les salaires des entraîneurs et des joueurs. 150 000 € en avril et 250 000 € en mai que Patrick et Anthony Bardot, sur leurs fonds propres et via leurs sociétés, ont avancés. C'était ça ou la Dnacg allait faire son travail… Et c'est tout logiquement qu'après le coup d'état de mon « ami » Havis au club j'ai demandé à être remboursé. D'abord par lettres, en vain. Puis par huissier, sans suite. Maintenant au tribunal…
Parlons de vos actions, qui flirtent avec les 40 %. Allez-vous les céder à votre successeur ?
Mes actions ne sont pas à vendre. Pour la petite histoire, l'acquéreur potentiel m'a d'abord proposé un rachat pour l'euro symbolique… Certes, depuis, il semble avoir intégré qu'en valeur nominale il y en a pour 400 000€.
Mais avant de parler de vendre mes actions, je rappelle mon préalable qui est le remboursement de mes comptes courants. Car en l'espèce, il s'agit de mon argent personnel, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde.
Vous êtes amer…
Daniel Havis m'a foutu dehors, qu'il assume les conséquences. Je constate que de nombreux partenaires que j'avais amenés s'en vont, que les tribunes ne sont pas encore totalement payées, que des gens se posent des questions. Je pense que contrairement aux apparences ce monsieur est dangereux pour le MTG et le rugby en général. D'ailleurs, parmi les nombreux soutiens que je reçois, il y a celui d'un ami bigourdan qui m'a envoyé le dossier du club de Tarbes. Il y a un précédent là-bas où celui qui menace aujourd'hui à Montauban avait quitté le navire dans une ambiance épouvantable. Et je me suis laissé dire qu'il est encore actionnaire au TPR, ce qui est rigoureusement interdit par l'article 19 des statuts de notre club. J'espère un avenir meilleur au MTG que celui du club tarbais…
D. Havis: «Je lui donne jusqu'au 30 septembre»
Daniel Havis, président du MTG XV et PDG de la Matmut…
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
Je regrette le psychodrame entretenu autour du club par l'ancien président pour des raisons personnelles et une sombre histoire de permis de construire refusé. Le dossier est simple : mon prédécesseur a conduit le club dans une situation catastrophique sans œuvrer pour l'en sortir dignement. J'ai accepté, avec beaucoup d'autres, de participer à l'entreprise de relèvement, apportant 1,7 M€, et acceptant d'assumer la présidence en ayant prévenu que ce n'est pas là mon dessein, trop attaché à la dimension collective du conseil d'administration. Mais devant l'impossibilité d'assurer une gouvernance sereine au regard du poids actionnarial de Patrick Bardot, je demande officiellement à ce qu'il cède tout ou partie de ses actions. Car il est impossible de continuer à vivre dans une ambiance délétère, d'autant que j'estime que depuis le début on a été très gentil…
Qu'entendez-vous par là ?
N'oublions pas qu'en juin dernier, le club était menacé de relégation en fédérale pour des motifs économiques liés à la tribune rénovée sans les financements. Ainsi les efforts de tout le monde pour hisser le club là où il se trouve allaient être anéantis. Impensable ! Et c'est là-dessus qu'on s'est mobilisé pour sauver le MTG, tant les politiques par-delà leurs divergences, que les dirigeants historiques du club qui dans la tempête ont tenu la barre pour éviter le naufrage.
Vous êtes assigné en référé par Patrick Bardot qui veut être remboursé des avances consenties au club. Quelle suite allez-vous donner ?
On me parle d'avance. Moi, je veux bien le croire mais je demande alors la preuve légale, portée sur les procès-verbaux du conseil d'administration, que cette mesure a bien reçu l'aval des administrateurs et qu'un contrat en bonne et due forme a été établi. Mais cela n'est pas le plus important. Compte tenu de l'attitude actuelle de mon prédécesseur et de ses proches, le plus urgent, et le plus intelligent, est qu'il se retire.
De quelle attitude s'agit-il ?
Je fais référence à la cascade de retraits de partenaires du monde agroalimentaire amenés en son temps par mon prédécesseur et à laquelle il n'est pas étranger. Perte sèche à ce jour… 770 000 €. Et cela peut monter jusqu'au million ! Comme si on avait décidé de couper les vivre au club, avec les conséquences que vous imaginez. Or je veux bien assumer jusqu'au bout mon engagement, mais comprenez que ce petit jeu malsain doit cesser. Aussi je lui donne jusqu'au 30 septembre pour que le problème soit réglé. Sans quoi je me retirerai. Et le conseil d'administration décidera du sort à réserver à mon prédécesseur…
Vous ne craignez pas les conséquences pour le club ?
Le retrait de la Matmut se traduirait par une perte de 2,5M€ sur le budget qui est de 9,5 M€. C'est le dépôt de bilan assuré et la fédérale 3 au bout. Sauf si quelqu'un compense. Auquel cas, il sera légitime qu'il assure le plus sereinement possible la gouvernance…