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 La chronique de Rodolphe Rolland

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gir3347
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MessageSujet: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 28 Nov 2008 - 18:34

Coq sauce aigre douce


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient sur la défaite des Bleus face à l'Australie et, plus globalement, sur les problèmes du rugby français où l'équipe de France n'est pas la priorité.

Ce n"est pas encore cette fois-ci, qu"on aura la peau du wallaby ! Coriace la carne ! Courbe l"échine mais ne rompt pas ! Le marsupial attend patiemment son heure, le dos rond sous les assauts du coq impétueux. Puis la bête, l"orage passé, sans lustre mais avec une rogue efficacité, passe le coq à la casserole à notre grand courroux.

La première année Lièvremont s'achève par une défaite de plus contre l'Australie mais sans l'excuse antipodique des seconds couteaux. Bien que le bilan comptable n'incite guère à l'allégresse – cinq victoires en dix matchs (ou cinq défaites diront les plus chagrins) – on a toutefois entrevu du mieux, comme une sorte d'embryon d'équipe pouvant augurer de jours meilleurs. Attention, ceci n'est pour lors que pure spéculation, pas de quoi pavoiser, ni chanter prématurément le cocorico de la renaissance tricolore sur l'air des lampions, loin s'en faut. Néanmoins, une mêlée retrouvée, un Chabal qui s'impose en leader incontestable du paquet d'avants, un pack relevant plus qu'honorablement le défi physique imposé, sont là, il me semble, des motifs évidents de satisfaction.

Pour le reste, maladresses, mauvais choix, faillite du buteur, difficulté à prendre en défaut la cuirasse ananas bien organisée, sont rédhibitoires à tel niveau et invite tout ce beau monde à revoir la copie pour envisager un jour tutoyer le gratin et caresser l'espoir de se hisser parmi l'élite. Pas de doute, y'a du pain sur la planche ! Le trio de sélectionneurs va devoir mettre la main à la pâte, avec comme souci le soin de l'exactitude qui est selon Brillat Savarin et sa « physiologie du goût » la plus indispensable de toutes les qualités du cuisinier. Or, ces petits réglages, ces dernières retouches à faire délicatement, avec minutie, ces attitudes à rectifier dans le détail, bien qu'accessoires en apparence, demandent du temps et de la disponibilité. Le triumvirat a-t-il et l'un et l'autre, rien n'est moins sûr !

Embauché pour éteindre le feu post coupe du monde, Lièvremont, parfaite antithèse de son prédécesseur, n'en est pas moins homme de caractère. Pas question pour lui de porter seul la toque, et si responsabilité il y a, le bonhomme assume les siennes mais n'hésite pas, en même temps, à circonscrire plus largement le champ des « culpabilités ». Martelant à l'envi le laïus légitime du manque de moyens, Marc Lièvremont a mis en évidence le constat funeste qui lui pèse depuis fort longtemps : la priorité du rugby français n'est pas l'équipe de France ! Dans le concert des nations dominantes, sans évoquer l'exception argentine, la France est une fois encore à la traîne de l'hémisphère sud et de l'Angleterre, qui malgré les camouflets de l'automne a su évoluer favorablement en accordant à ses internationaux plus de temps pour se préparer.

Dans un sport passé professionnel depuis 1995, il est sidérant de constater l'amateurisme manifeste des instances rugbystiques en la matière : calendrier surréaliste, des moyens certes (Marcoussis) mais sous-exploités, certains clubs rechignant quant à la libération de leurs meilleurs joueurs et tout cela au détriment de la vitrine nationale de notre sport. Ainsi éclosent les aberrations du rugby français : trop de matchs disputés, tournées galvaudées, doublons Top14-tests d'automne et en point d'orgue la prochaine tournée d'été avec deux avions décalés au départ de Paris !

L'homme taiseux n'a pas l'intention de jeter l'éponge, quelque peu désabusé et voguant à vue sur cet océan de contradictions, il nous donne rendez-vous pour le futur Tournoi des 6 nations. D'ici là, la LNR et la FFR auront un nouveau président, charge à eux de regarder enfin vers l'avenir.

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 27/11/2008 11:47
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 28 Nov 2008 - 18:43

Le wallabi courbe l'échine mais ne rompt pas ... c'est facile de "faire le dos rond" quand l'adversaire met pas les points au pied .Il a oublié de l'écrire Monsieur Rolland ... ou alors il a pas vu le match ?
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mer 10 Déc 2008 - 12:59

Le doigt sur les interdits


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland nous livre cette semaine sa vision particulière sur la suspension du talonneur de l'Usap, Marius Tincu. Le Roumain a écopé de 18 semaines de suspension pour une fourchette dans les yeux d'un Gallois.

"Fais pas ci, fais pas ça
Viens ici, mets toi là
... Mets pas tes doigts dans le nez
...Va te laver les mains
Ne traverse pas la rue..."

Le grand désir de l'enfant, c'est devenir adulte à son tour pour liquider le diktat de l'autorité parentale. Combien sont nées de frustrations durant cette période où nos parents prenaient un malin plaisir à contrarier nos petites initiatives, nos innocentes marottes. Mon frère, par exemple, lors des réunions familiales, filait sous la table et là, à l'abri des regards, déchaussait délicatement le pied d'une femme – jeune de préférence – pour le caresser longuement. Ma manie à moi était beaucoup plus franche, beaucoup plus directe : les adultes se baissant pour m'embrasser avait droit à un doigt dans l'oeil ! Et bien quoi ? J'en avais marre qu'on me baisote comme un gosse, aîné de cinq ans j'avais envie de contacts un peu plus solennels. Toujours est-il qu'on condamna mon acte et qu'on laissa à mon frère tout loisir de poursuivre ses manoeuvres souterraines. Je ne sais présentement s'il caresse encore le pied des femmes sous quelque table, j'imagine qu'il doit réserver ses pratiques enfantines pour la sienne. En tout cas, ma pratique à moi fut bannie du jour au lendemain, l'enfant n'ayant face à l'arbitraire familial d'autre solution que l'obéissance, j'obéissais.

Dans notre société policée par les interdits et les tabous, la très britannique commission de discipline de l'ERC (prononcez " iorci"), fait figure d'autorité parentale du rugby européen. Tout comme nos pères et nos mères, celle-ci agite la menace de la punition pour tout joueur accusé d'avoir contrevenu aux règles de la bienséance rugbystique la plus élémentaire, s'appuyant pour juger des délits sur la vidéo et sur la foi de témoignages probants. Si bon nombre de joueurs convoqués furent blanchis lors de leur audition à Dublin (Byron Kelleher, Guilhem Guirado...), Marius Tincu en revanche s'est vu administré dix-huit semaines de suspension toutes compétitions confondues au grand dam des usapistes. Motif : une hypothétique fourchette dans les yeux du malheureux pilier Paul James pendant la rencontre houleuse opposant les Ospreys à Perpignan.

En l'absence d'images télévisuelles attestant la forfaiture catalane, la commission "sans preuve et sans remords" a donc mis à l'index les doigtés illicites sur le seul témoignage de la victime, coupable elle-même pendant cette rencontre d'un geste condamnable. Bien maigre pièce à conviction dans le dossier à charge si l'on excepte toutefois le bouquet de couperose empourprant le museau du pilier à la fin du match. Or bien loin de calmer les esprits, cette sanction a soulevé l'indignation britannique ravivant dans la mémoire "albione" l'image d'un rugby français indiscipliné, rugueux, rugby dont les mignardises gauloises valurent en d'autres temps à la France son expulsion du tournoi des V Nations.

Du côté français, François Guers, président du comité de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR), jura que depuis dix ans aucun cas de fourchette n'avait été recensé et de rajouter que la peine infligée à Marius Tincu relevait du "délit de sale gueule" que traîne comme un boulet le rugby français. De deux choses l'une:

- soit Marius Tincu est innocent de toutes les charges qui pèsent contre lui et dans ce cas il faudrait revoir le mode de fonctionnement incohérent de la petite commission.

- soit il est coupable, et alors c'est tout le rugby français qui est coupable à son tour, coupable de fermer les yeux sur ce geste décrié, sur cette spécialité franchouillarde issue d'un improbable jardin des délices de l'assaisonnement, qui confirme les propos d'Anton Oliver, ex-talonneur de la phalange toulonnaise : "le championnat français, ça pique les yeux !" 'après Serge Simon, gaulois repenti).

Ai-je le droit en France, et malgré l'interdiction formelle de mes parents, d'enfoncer un index dans le globe oculaire de l'adversaire avec la bénédiction de tout le rugby français, alors que la technique est honnie en Grande-Bretagne ? Quid des interdits et que faire de ses dix doigts? Telles sont là les questions fondamentales que m'inspirait cette affaire embrouillée lorsque me revint l'image de Jean-Michel Gonzalez pendant l'échauffement précédant la désillusion parisienne : visage fermé par l'angoissant avant match et dévorement frénétique de tous les ongles de ses doigts ! Ah, m'écriais-je alors, encore un interdit bafoué !

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 04/12/2008 18:30
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Jeu 11 Déc 2008 - 8:23

Rugby sur le mode mineur

Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient sur l'évolution, beaucoup trop rapide selon lui, du rugby depuis le début de l'ère professionnelle. Il estime que les dérives et les conséquences négatives sont déjà bien trop nombreuses et qu'il faut s'en inquiéter.

On vient d"enterrer Didier, 41 ans, fauché par une automobile. Il laisse derrière lui une femme, trois enfants, des parents, des amis... Toute une vie. Un stupide accident de la route. Didier ne jouait pas au rugby, non, lui sa passion c"était plutôt le football et plus particulièrement le club de Carros où il était dirigeant. Cette tragédie absurde en évoque d"autres, des noms, une foule de visages se pressent, certains anonymes, d"autres moins (Guy Boniface, Pierre Lacans...), viennent grossir les rangs des disparitions idiotes. Ici la malchance, là une troisième mi-temps trop arrosée et, comme le rappelait Pierre Desproges, "tout d'un coup, ça s'arrête, sans plus de raison que ça n'avait commencé".

Le temps passe, le monde se transforme invariablement autour de nous. Le rugby suit aussi cette mutation, il évolue, il change. Vingt petites années et le voilà transfiguré, tant est si bien que les derniers rescapés du jeu d'antan semblent des dinosaures dans leur métier d'aujourd'hui. Je songe à ceux qui ont traversé cette révolution, les Betsen, Ibanez, et Pelous, ceux-là même qui vont tirer leur révérence en fin de saison, qui vont à leur tour connaître "la petite mort" de l'après rugby, rentrer dans leur vie d'homme aurait dit Antoine Béguère. Après eux, il en sera fini à tout jamais de ces joueurs "amateurs" passés aux lampions du professionnalisme à l'unisson de leur sport. La génération suivante, elle, sera rentrée de plain-pied dans cette pataugeoire faite d'entraînements quotidiens, de calendriers surchargés, d'agent et d'argent de joueurs, de contrats publicitaires pour certains et de désillusions pour beaucoup d'autres. Antoine Blondin vantant la noblesse du rugby en son temps faisait un distinguo radical entre l'amateur et le professionnel : "Le professionnel est un homme qui fait du sport pour gagner de l'argent (celui-ci sanctionne la victoire) alors que l'amateur est un homme à qui l'on donne de l'argent pour faire du sport".

Or si l'on rêvait auparavant de pratiquer le rugby au meilleur niveau, les rêves du joueur en herbe sont plus prosaïques de nos jours : être rugbyman professionnel. Pas le moins du monde passéiste, je ne remets pas en cause la professionnalisation du rugby, il faut bien vivre avec son temps ; ce qui m'inquiète c'est la vitesse avec laquelle tout s'est mis à changer en si peu de temps, et ce sans que l'on puisse réguler véritablement, ou bien tenter de réguler, ces bouleversements. Des salaires qui grimpent de quinze pourcent par an, la course irrationnelle aux stars fondement de cette inflation, les "petits" clubs qui tentent désespérément de suivre les plus riches au risque de plonger, de jeunes joueurs dont l'unique sujet de conversation sont les contrats signés, sont les signes évidents d'un mal profond que l'on feint depuis trop longtemps d'ignorer, les symptômes d'une fièvre qui accompagnent une croissance trop brutale. On courre à la catastrophe.

Cette évolution trop rapide, ce sprint artificiel vers une autre forme de sport, aura comme fâcheuse conséquence de laisser sur le carreau un nombre considérable de joueurs, dont la seule alternative au chômage sera de jouer à un niveau inférieur et donc changer de métier. Sans parler des clubs menacés dans les régions les moins favorisées économiquement parlant. Alors, lorsqu'on brandit la menace de récession au sein du rugby professionnel, lorsqu'on trompette sur tous les tons la promesse d'une crise sans précédent secouant les secteurs financiers et freinant les investisseurs, il me semble qu'il se peut que le fléau annoncé soit simultanément l'initiateur providentiel de mesures prophylactiques indispensables à l'avenir de tout le rugby français. Il arrive parfois que certains poisons pris à dose infinitésimale deviennent de puissants remèdes ! Dans cette optique, la crise annoncée donnerait l'occasion aux présidents de club, au nouveau président de la Ligue national de rugby et à celui de la FFR d'assurer un développement contrôlé plus juste et au service cette fois-ci des intérêts généraux du rugby français et des joueurs. Penser à l'avenir en évitant les écueils. Il suffirait d'un effort conjoint de toutes les parties.

Je reste pourtant pessimiste quant à l'issue du processus amorcé il y a treize ans. Serait-ce le temps exécrable qui s'est installé sur la région niçoise ? Ou la saison qui incite à la mélancolie ? Ou encore la promesse d'un affrontement interclubs pour la signature de Luke McAlister, Saint-André, Chabal, George Smith et les autres.

Ou peut-être Didier qui s'est tué le week-end dernier ?

Eurosport - Rodolphe Rolland - 10/12/2008 20:12
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mer 17 Déc 2008 - 20:46

"Vivement dimanche"


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient cette semaine sur la première sortie avec Perpignan de l'ouvreur néo-zélandais Dan Carter.

Qu'on se rassure je ne parlerai pas en ces lieux de l'émission de Michel Drucker bien que le titre de mon "papier" puisse prêter à confusion. Promis, je vous épargnerai le consternant cirage de pompes "à en râle-mourir", l'insipide dominical des programmes télévisuels qui contraignent bien malgré lui l'homme du XXIème siècle à délaisser momentanément sa maîtresse hertzienne pour aller faire pisser Médor, ou pour sortir madame, en dépit du mauvais temps. Je ne parlerai pas non plus, nonobstant l'admiration inconditionnelle que je voue à ce géant de la salle obscure, de François Truffaut et de son ultime opus cinématographique. Non ! Inutile d'embarrasser de surabondance la digestion du lecteur, inutile d'encombrer les estomacs saturés des troisièmes mi-temps qui présagent à leurs propriétaires l'interminable nuit rénale des allers-retours entre le lit et les toilettes: le coeur de mon sujet battra une fois de plus pour cette bien étrange vessie qu'est le ballon ovale.

Et pourtant... Surprenant ma grand-mère répéter inlassablement durant toute la semaine la formule, j'avais la crainte, pour quelqu'un qui partage avec Piaf cette haine des dimanches, j'avais la crainte disais-je, que mon aïeule ne soit atteinte de quelque mal mystérieux. Rien de tout cela en vérité. En effet, connaissant son aversion pour l'invité du dimanche, le chanteur belge Adamo, connaissant aussi son indifférence – et je cite "pour le trop consensuel Drucker, les filles du bord de mer et les assiettes de moules frites en général", j'avais oublié dans la hâte que ma grand-mère vouait un véritable culte aux All Blacks, et plus particulièrement à leur petit prodige Dan Carter. Cette manifestation incongrue était donc due à l'attente fébrile que déclenchait l'apparition prophétique du maestro néo-zélandais sous ses nouvelles couleurs catalanes, programmée ce dimanche 14 décembre.

Qui l'en blâmerait ? N'étions-nous pas tous, d'ailleurs, amateurs de rugby et médias confondus, dans ce même état d'excitation, dans cette attente non moins fébrile du Perpignan-Leicester qui se profilait ? Sur place, de la rue Porte-Balaguer au Pilou Pétanque Canet, les conversations catalanes tournaient à l'obsession, les Roland Condoumi et autres Claude Bails abandonnaient temporairement leurs cochonnets, leur fanny callipyge et leurs projectiles métalliques pour discutailler rugby, le regard tourné vers le lointain Aimé-Giral où le messie usapiste ferait bientôt sa toute première apparition. Chabal annoncé à Montpellier ? Bof ! Le transfert prématuré de la paire Travers-Labit ? Qu'importe ! Le premier match de Dan Carter avait occulté toute l'actualité, renvoyant même au-delà des vingt-deux les dessous du transfert, la pige saugrenue de sept mois, le salaire mirobolant et les obligations publicitaires encombrantes. La fièvre Carter s'était donc emparée des Pyrénées-Orientales, de ma grand-mère et plus considérablement de l'hexagone entier. Pas d'antidote ni de paracétamol, le temps seul, peut-être, ramènerait à la raison, à l'apyrexie des affaires courantes.

Perpignan a battu Leicester, Carter auteur d'une entrée prometteuse a été généreusement élu homme du match ; pourtant ce résultat ne suffira pas pour sortir de la poule et continuer l'aventure européenne de la H Cup. Le Brennus ? C'est l'objectif avoué de l'USAP. On dit partout que Paul Goze s'est "payé" les services de cette "machine à gagner" pour mettre à genoux le Stade Toulousain et effacer cinquante-trois ans de disette. Et après ? En s'offrant le meilleur joueur du monde et une énorme publicité, le club de Perpignan offre aussi une part de rêve aux supporters catalans et plus globalement à tous les aficionados qui profiteront de l'aubaine hebdomadaire de la présence du prodige dans le Top14. Mais le principal n'est pas là, l'atout majeur d'un tel joueur, c'est qu'il tire tout le monde vers le haut, force ses coéquipiers à se surpasser, à se sublimer et le groupe à progresser de façon exponentielle. C'est là un inestimable bénéfice. L'USAP reçoit Castres samedi 20. La fièvre Carter ne fait que commencer. En attendant, vivement samedi !

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 17/12/2008 17:14
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mer 7 Jan 2009 - 14:05

La marche de l'Empereur

Pour sa première chronique de l'année, Rodolphe Rolland salue la marche en avant des Toulousains... et leur manager général Guy Novès.

"Notre Empereur ne se sert pas de nos bras pour faire la guerre, mais de nos jambes", soulignait en 1805 l"illustre capitaine Coignet dans ses Cahiers [1]. Napoléon avait d"abord misé sur l"extrême mobilité de ses troupes pour mettre à genoux l"Europe toute entière et asseoir son empire : l"Histoire lui donna presque raison.

Quelques deux cents ans plus tard, Guy Novès, nourrissant des ambitions voisines, rêve de propulser son équipe sur la plus haute marche : "Remporter la H Cup, c'est être sur le toit de l'Europe" . Or ce faisant, le manager toulousain s'appuie, à la manière d'un Bonaparte, sur la mobilité de ses joueurs, des joueurs mobiles mais pas manchots pour autant. Analogie napoléonienne douteuse ? Après tout, pourquoi Novès ne se servirait-il pas des leçons martiales du petit stratège corse ? Robbie Deans, le coach du XV d'Australie s'inspire bien de "L'art de la guerre" de Sun Tzu pour élaborer ses stratégies, d'autres parait-il ne jurent que par Von Clausewitz et son opus majeur "De la guerre". Alors, à chacun sa marotte !

Toujours est-il qu'après quatorze victoires consécutives toutes compétitions confondues, le rythme imposé par Toulouse n'a rien d'un train de sénateur, et contraint les poursuivants à un effort colossal pour caresser l'espoir de rester dans la roue, au risque de surchauffe et de casse. Pour les impudents osant défier "la Grande Armée" toulousaine, la note est plus salée, l'épreuve vire au cauchemar, c'est l'humiliation au bout d'un supplice de quatre-vingts minutes. Peu s'en relèvent complètement indemnes à la vérité, l'ASM balayé en finale l'an dernier tarde toujours à retrouver sa place parmi le gratin, le Stade français assommé à Paris peine à recouvrer la sérénité du début de saison, l'élan bayonnais s'est brisé à Ernest-Wallon, quant aux "bleus" du MHRC, ils sont repartis samedi la tête basse, leurs prétentions prématurées dissoutes dans le grand bain du Top 14. Et pour confondre les arrogants quelle meilleure façon que de les anéantir là où ils semblent exceller ? La mêlée de Bayonne soufflée, Paris battu à son propre jeu (défense agressive et occupation du terrain au pied), et le petit rugby illustré de A à Z pour les Montpelliérains.

Non seulement le Stade toulousain est ce qui se fait de mieux en France et peut-être en Europe en ce moment, mais il faut reconnaître que Guy Novès n'a pas son pareil pour diriger son monde. On sent sa poigne sur le groupe. Il me semble aussi entendre ses mots dans la bouche des joueurs après les matchs, tous parlent la même "langue", de la même voix, aucune dissonance... Guy, grand amateur de chicanes, bretteur du verbe, nourrissant les polémiques et les controverses pour s'en nourrir à son tour et en tirer les propos idoines pour motiver ses hommes avant les matchs. Leur lit-il aussi des extraits de la bataille d'Austerlitz avant qu'ils ne pénètrent sur le terrain, comme le faisait mon ami Pascal Vincent, ancien troisième ligne et capitaine de Hyères à la fin des années quatre-vingt ? Cela m'étonnerait.

Novès aimé ou mal-aimé ! L'intéressé, qui déclare manager l'équipe comme on dirige une entreprise, s'en moque ; l'essentiel étant pour lui d'être performant le plus régulièrement possible. Entre rires et "pleurnicheries", entre coup de gueules et règlements de compte par voie de presse, Guy Novès et ses troupes poursuivent leur route en solitaire à la conquête de l'Europe et c'est bien là, franchement, tout le mal qu'on leur souhaite.

[1] Cahiers du Capitaine Coignet, présentés par Jean Mistler, de l'Académie française, avant-propos de Christophe Bourachot, Arléa, 2002.

Rugbyrama - Rodolphe ROLLAND - 07/01/2009 11:12
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Jeu 15 Jan 2009 - 10:04

Parce que Fadas

Dans sa chronique, le Niçois Rodolphe Rolland rend hommage cette semaine aux supporters toulonnais, "les Fadas du RCT".

On voudrait nous faire croire que le monde est bipolaire, que le Bien lutte perpétuellement contre le Mal, que la gauche est la seule alternative possible à la droite, que l'on est soit pro-palestinien soit pro-israélien et que l'avenir est au choc culturel Islam-Chrétienté puisqu'entre autres inepties, "le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas". Vision simpliste bien commode, la réalité obéissant à un QCM à deux solutions ! Or nous maintenir dans l'état d'ignorance, c'est choisir à notre place. Il n'est certes pas facile dans la jungle des mass-média de se forger sa propre opinion, noyé qu'on est par tant de vérités, de contrevérités, de scoops hasardeux tissés dans cette toile complexe qu'est l'Internet. L'Internet où la moindre rumeur fait office de fait avéré, où certains colporteurs de ragots n'ont d'autre but malintentionné que de faire de l'audience au mépris de l'exactitude. Fabriquer l'information qu'on appelle ça !

L'anecdote de 'l'affaire des Roncero enc..." par exemple, relayée puis ultra médiatisée parce que retransmise sur Canal+ à une heure de grande écoute, aura suggéré aux téléspectateurs français que le public toulonnais était massivement égrillard et malséant. Et alors, n'avons-nous jamais été la cible, nous anciens joueurs agonis du bord de la touche, des bordées d'injures, des quolibets occultes, des sobriquets gaillards que les initiés du rugby de clocher – dont on vante nostalgiquement les vertus aujourd'hui – réservaient aux visiteurs ? C'était avant, avant que le rugby ne s'achète cette réputation infaillible du politiquement correct, avant la télé, avant le direct, dans "l'intimité primitive" des stades du siècle dernier, avec la complaisance de tous car sans témoin hertzien ! Attention, j'en conviens, le rugby doit rester exemplaire, un espace de respect et de tolérance, un terrain au service de la socialisation, néanmoins peut-on vilipender tel acte alors que parallèlement, les parents, la télé, déversent en discontinu grossièretés et injures, alors qu'au plus haut on s'autorise un stupéfiant "Casse-toi pauv'con !" ?

Ce faisant, devant l'ampleur de l'émotion provoquée par cette déflagration et la pression médiatique qui s'en suivit, l'association des Fadas du RC Toulon faisant amende honorable se sentit dans l'obligation, par voie de presse, de condamner publiquement insultes et injures histoire de conjurer l'amalgame crée ainsi de toutes pièces. Les Fadas, "ultras" coupables de débordements passionnés ? Les clichés ont la vie dure. Naviguant au-delà de l'image de neuneus décérébrés qui hélas foisonne, l'association des Fadas du RCT vient de fêter ses dix années d'existence et de soutien à son club à domicile comme à l'extérieur. Volontiers frondeuse quant les tarifs des abonnements augmentèrent anormalement en début de saison, l'association supportrice n'en demeure pas moins l'un des bastions principaux de l'âme toulonnaise avec comme soucis la volonté de "véhiculer une image festive du supporter toulonnais et également de tisser des liens avec les autres associations de France" comme me l'a confié son président Stephen Jadin :

"Une à deux semaines avant le match, on envoie un mail aux supporters de l'équipe adverse, puis le matin du match on les prend en charge à notre siège social La Banane, petit déjeuner, apéritif, repas et départ au stade. Après le match, place à la troisième mi-temps supporters des deux camps mêlés, avec échange d'écharpes aux couleurs des clubs."

Loin de la réputation sulfureuse qu'on aimerait leur coller, nos Fadas s'inscrivent confraternellement dans la tradition des copains d'abord de Brassens, celle qui "fluctuat nec mergitur" comme le chantait le troubadour gaulois. C'est d'ailleurs cet état d'esprit qu'on retrouve sur leur forum, lieu d'échanges où la divergence des points de vue n'exclut pas toutefois la courtoisie et le respect d'autrui.

Actuellement, Toulon pointe à la dernière place du Top14, cette position provisoire – le championnat n'étant pas encore achevé – synonyme de descente en Pro D2 pourrait les plonger dans l'amertume. Pourtant, il n'en est rien, ni les difficultés du club, ni les propos malveillants se multipliant ces derniers temps sur le forum de la Raille et qui ont contraint Stephen Jadin à une fermeture temporaire, n'ont réussi à ternir l'optimisme des Fadas du RCT. Le blues, ce n'est pas leur tasse de thé, pas question d'entendre le fado des Fadas et ce, même si d'après Stan Getz, l'extraordinaire saxophoniste de jazz, "il y a plus de beauté dans la mélancolie que dans la joie". Le 30 janvier prochain, c'est Mont-de-Marsan au Mayol, l'association est confiante. A Brive, le RCT leur a donné des raisons de croire en un avenir meilleur, et ma foi en bons fadas qu'ils sont, ils y croient.

Rugbyrama - Rodolphe ROLLAND - 15/01/2009 09:27


Voilà une chronique qui va faire plaisir à nos amis "Toulonnais".
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Sam 31 Jan 2009 - 17:07

Où passer ses vacances ?

Dans sa chronique hebdomadaire, Rodolphe Rolland évoque, sans concession, la vision qu'ont les étrangers de la France et des Français.

Les Français sont mal-aimés.

Arrogants, sûrs d'eux, inhospitaliers, vindicatifs et j'en passe, les qualificatifs ne manquent pas pour nous décrire, nous Français, extra muros. Pas facile, après cette profusion d'adjectifs, de nous choisir une destination de villégiature pépère où l'autochtone ne nous reçoive pas, selon l'usage dû à notre standing, avec force pierres, défiance et insultes.

Si je nourrissais, par exemple, l'intention d'aller baguenauder dans les îles du Pacifique sud, je dois avouer hélas que depuis les dérapages de nos gouvernements successifs je me suis ravisé : l'affaire du Rainbow Warrior, puis les essais nucléaires de Mururoa, ne m'ont guère incité à poser mes semelles en Océanie. Pas grave, me disais-je alors, je trouverai bien l'occasion d' y aller plus tard. Plus tard oui, mais quand ? Prenez la Nouvelle Zélande, le pays du long nuage blanc – "Aotearoa" comme le nomme les Maoris –, pensez-vous qu'il soit judicieux d'y trimballer ses valises en ce moment lorsqu'on est Français? Le "pillage" systématique de leurs stars (Collins, Kelleher, Carter), le président toulonnais "Boudjallel" dont on écorche le nom dans le NZ Herald et qu'on soupçonne de contraindre le légendaire Tana Umaga à rempiler – même si 60% des Néo-Zélandais pensent qu'il tiendrait encore honorablement sa place –, et maintenant l'arrivée prochaine d'une délégation toulousaine avec Kelleher en tête pour "espionner" les installations et le savoir-faire de la franchise des Chiefs (Super 14) dont est issu le demi de mêlée toulousain, toutes ces "forfaitures" ne cessent d'alimenter un antigallicisme primaire entretenu, il est vrai, par une certaine presse locale. On n'avait pas besoin de ça, d'autant plus qu'on est en quelque sorte la bête noire des All Blacks en Coupe du Monde... Alors, la Nouvelle-Zélande à déconseiller ! Avec notre bagage scolaire, nos notions basiques d'anglais, il est aussi facile de se fondre dans la foule riveraine que pour un écossais de passer inaperçu au Grand Bazar d'Istanbul !

Mais, que faut-il faire pour qu'on nous aime enfin ? Que doit-on mettre en oeuvre pour rendre à la France cette image idéale qui rayonnait dans le monde ?

En désirant freiner l'afflux d'étrangers dans notre championnat, dans le but unique et louable de détendre enfin l'atmosphère entre hémisphère nord et hémisphère sud, Bernard Laporte a peut-être trouvé la solution. Laporte, lui le chantre de la naturalisation, l'homme qui aura permis à Tony Marsh et Pieter De Villiers, les plus français des étrangers de notre rugby, de porter fièrement le maillot frappé du coq, devant prendre ses idéaux à rebrousse poil pour satisfaire au rétablissement prompt des relations cordiales nord-sud, quel paradoxe !

Bon, moins d'étrangers pour plus d'intégration sur le sol français ?

"Nos politiques n'arrêtent pas de nous parler d'intégration, mais l'intégration en France n'existe pas et n'a jamais existé. La France est un pays qui assimile mais qui n'intègre pas. L'étranger est accepté en France s'il devient français sur son apparence, sa façon de vivre, de penser, de manger, etc. C'est ce qui fait que nous vivons dans un pays si homogène culturellement, surtout si je nous compare à nos voisins européens dans lesquels il y a de vraies différences culturelles d'une région à l'autre. Des pays qui ont su garder leur richesse culturelle." [1]

Vous conviendrez que l'image de la France et des Français à l'étranger ne s'améliorera pas de si tôt. Alors, où passer ses vacances ?
L'Irlande est un des rares pays à aimer nos ressortissants, principalement pour des raisons historiques sur lesquelles je ne m'étendrai pas et qui ont rapport avec le voisin Anglais. Je vous "invite" donc à aller faire un tour à Dublin et pourquoi pas dès le sept février 2009, il parait que l'on sera très bien reçu ce jour-là !

[1] Olivier Soumah-Mis nouveau responsable de l'édition Mexico du Petit Journal, journal des Français et francophones à l'étrangers .

Rugbyrama - Rodolphe ROLLAND - 30/01/2009 14:24
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Sam 7 Fév 2009 - 10:52

L’ultime image

Dans sa chronique, Rodolphe Rolland revient sur la blessure de Daniel Carter et la force de l'image qui reste en mémoire, celle d'un homme à terre. L'occasion pour notre expert de nous remémorer certaines autres images indéfectibles de notre inconscient.

Le nez dans le gazon, c'est sans doute-là l'instantané qui perdurera de l'immense joueur néo-zélandais, venu le temps d'un intérim dispenser à notre Top14 quelques cours magistraux. Fatalité ? Négligence ? A qui la faute ? Qu'importe, la polémique autour du cas Carter ne fait que commencer. En attendant, Dan Carter gisant, le pari insensé de l'usapiste Paul Goze devient un flop magistral, et l'absence définitive du phénomène "catalan" bien plus retentissante que l'annonce de son arrivée dans les Pyrénées Orientales. Fruit de notre persistance rétinienne, Carter en détresse, "l'horizontal déchu", c'est l'image mentale qui s'impose, la dernière, la plus symbolique aussi, le géant terrassé par la défaillance de son tendon d'Achille nous laisse dans l'inachevé, la frustration au bord des lèvres. Et pourtant, le génial extérieur du pied gauche offrant l'essai à Maxime Mermoz aurait pu devenir, le temps d'un week-end, l'image forte de la rencontre Stade français-Perpignan. Rien n'y fait, c'est celle de l'infortune qui demeurera, la mémoire obéissant au diktat visuel et à la hiérarchisation des représentations.

L'homme a la mémoire sélective, et s'il n'oublie rien dans la totalité, s'il n'est pas ce témoin oublieux de l'Histoire comme se plaisait à le penser l'écrivain autrichien Thomas Bernhard, il faut bien avouer que sa représentation subjective est dictée par l'anecdotique, par l'arbitraire qui vient écraser de part la force de sa prégnance - imposée ou non -, les images complétives jugées trop encombrantes. Ainsi, si d'aventure on évoque la dernière Coupe du Monde de football de Zinédine Zidane, l'image la plus "frappante", celle qui lui colle aux crampons, celle qui subsiste coûte que coûte en dépit des autres, est le formidable coup de tête déposé au beau milieu du poitrinaire Materazzi ! Dans le même ordre d'idée, le départ de Pierre Martinet du CSBJ n'a pas ému le moins du monde les supporters berjalliens, préoccupés plus par le présent sans fard du club que par les temps glorieux passés sous la présidence du démissionnaire qui abandonne à contrecoeur sa charge pour "sauver" son entreprise. Peut-on réduire Max Guazzini, le président du Stade français, à ce personnage atrabilaire qui claqua la porte des vestiaires après le match nul concédé face à Perpignan ? Et après ce match, dois-je garder comme unique souvenir de l'arrière de l'Usap Philip Burger, excellent au demeurant, ce deux contre un d'école vendangé à la 35e minute par l'inopportunité d'un choix solitaire qui priva les Catalans d'un essai tout fait lors de la première mi-temps ?

Friant de cette représentation unique, on va synthétisant à l'évidence. "L'oeuvre ultime de Cézanne à Dubuffet", extraordinaire exposition sise à la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence en 1989, n'avait d'autre but que de présenter au public la dernière production d'artistes célèbres et d'imposer celle-ci comme conclusion artistique à leurs vie d'homme. Y-a-t-il tout Van Gogh dans ce qu'on considère être sa dernière toile ("le champ de blé aux corbeaux") ? Peut-on résumer Mozart, son génie et sa misère, par son ultime opus, le fameux "Requiem"? Peut-on garder comme conclusion perpignanaise, cette dernière image de Carter étendu ? Si son expérience catalane parait suspendue, gageons que le bonhomme se relèvera pour nous offrir d'autres images supplantant celle-ci, car qu'on se le dise, le Requiem de "l'ange noir", ce n'est pas encore pour demain.

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 05/02/2009 07:16
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mer 18 Fév 2009 - 20:34

Aux larmes, citoyens !

Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient sur la rencontre entre le XV de France et l'Ecosse et l'absence de combat chez les Bleus.

Saint-Denis, morne plaine... C"est la claque ! Non pas celle qui au terme du spectacle gratifie les acteurs de la reconnaissance unanime du public lequel invite par un bis collectif à poursuivre la représentation, mais celle de la déception frustrée imposant aux rêveurs en bleu d"aller bisser ailleurs. Remarquez, depuis la Coupe du monde 2007 et les promesses ajournées d"une consécration internationale, les supporters cocardiers ont eu le temps de s"y faire : l"équipe de France ne pèse plus très lourd dans le concert rugbystique des nations et la décevante huitième place au classement IRB n"est finalement que justice.

Les pieds bien sur terre, nous voilà tirés hors de nos illusions. Le réveil pénible est d'autant plus amer qu'on s'était laissé griser par une espérance – bien timide il est vrai – en des lendemains plus glorieux nimbés d'un doigt de « french flair » et d'autres « faribolesques » fantasmes. Là, hélas, c'est la tasse ! La rancune commence à poindre. Ça gronde en coulisse, la colère déborde sur l'inquiétude. Va falloir rendre des comptes sous peu !

D'ailleurs les langues commencent déjà à se délier, la trousse à pharmacie en main les docteurs es rugby arrivent des quatre coins de France pour rallier le chevet du comateux. Le diagnostic est sans appel : championnat trop long, Top14 trop faiblard, absence de leaders, structures d'un autre âge etc. Quel traitement, quelle posologie respecter ? Quel viatique – licite s'entend – administrer ? Le cas est-il désespéré et si oui, peut-on faire appel au docteur House ? Voire à sainte Rita ?

La question essentielle n'est pas comment en sommes-nous arrivés là mais plutôt comment en sommes-nous encore là ? Un peu plus d'un an écoulé et c'est le point mort, pire peut-être la régression. Le brassage d'abord, le groupe arrêté, puis la mise en place du jeu, tel était grosso modo le credo de Marc Lièvremont et de ses deux compagnons d'infortune. Le jeu, le projet de jeu, on n'a toujours pas vraiment vu à quoi ça devrait ressembler une fois l'oeuvre achevée, quelques esquisses par-ci par-là, rien de plus. On en parle pourtant... Les joueurs surtout, qui de leur propre aveu sont séduits ; j'aimerais pouvoir en dire autant, faudrait pour cela jeter un &oeligil, se faire une idée, même petite. Enfin, les joueurs sont séduits mais ont-ils seulement compris de quoi il retournait ? C'est à se demander tout de même au regard des hésitations, des maladresses et des atermoiements de la rencontre contre l'Ecosse, comme s'ils n'étaient pas convaincus par les consignes qu'on leur avait glissé ; certains d'entre eux, s'offrant aux défenseurs, me faisaient songer à ces taureaux qui semblent entrer quasi à reculons dans l'arène, perplexes car reniflant à pleins naseaux l'hémoglobine, sachant pertinemment et à l'avance que ce sang répandu au sol est déjà le leur.

Ou alors les joueurs savent de quoi il retourne, mais ils sont dans l'incapacité physique de reproduire la méthode sur le terrain avec opposition non raisonnée ? Peut-être aussi que le « type » de joueur requis pour la fameuse stratégie n'existe pas (encore) en France, allez savoir ! Mais là n'est pas, à mes yeux, le plus grave. Laissons les stratégies, méthodes et autres projets de jeu pour les amateurs de décryptage, simplifions, allons à l'essence, à l'engagement.

Visionnant le match suivant, opposant le Pays de Galles à l'Angleterre, après la purge franco-écossaise, j'eus l'impression consternante et ma foi confuse que le jeu auquel se livraient les deux équipes britanniques n'était pas le même que celui pratiqué un peu plus tôt à Saint-Denis. Inquiet je m'en ouvrais à ma grand-mère, consultante technique de la chose rugby dans la famille, qui m'avoua après un temps d'arrêt que c'était bien le même jeu, mais que certainement un problème hertzien passait les images de la BBC en accéléré. Evidemment pas le moindre problème entre la France et la Grande-Bretagne – de quelque nature que ce soit –, juste une différence d'engagement des joueurs, faisant passer Galles-Angleterre pour une rencontre jouée entre « voyous » et la partie précédente pour un aimable divertissement entre gentlemen, comme quoi les apparences sont parfois trompeuses ! Deux équipes qui semblaient jouer leur vie sur le terrain, un remake de « Vaincre ou périr », ou chacun des acteurs justifiait à sa façon l'adage de Louis-Ferdinand Céline : « Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n'avez rien. Il faut payer ! ».

Voilà ce qu'il manquait singulièrement au collectif français ce samedi 14 février, la peau sur la table ! A l'heure où j'écris ces lignes Marc Lièvremont n'a pas encore annoncé son groupe. Peu de changements sont prévus, mais bizarrement je suis confiant pour le Pays de Galles, je sais que la trouille peut être la plus motivante des émotions, la trouille d'être humilié au Stade de France par exemple. Cette même trouille qui faisait vomir Jacques Brel avant de monter sur scène, Jacques Brel qui n'hésita jamais à mettre sa peau sur la table devant son public !

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 18/02/2009 12:14
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Lun 2 Mar 2009 - 14:54

Lego ergo sum


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient sur la victoire des Bleus contre le pays de Galles vendredi... et se réjouit que le groupe tricolore se soit enfin trouvé.

René Descartes l'avait bien cernée, du fond de son XVIIème siècle, la priorité élémentaire de notre basse condition humaine, lâchant son fameux juron "Cogito, ergo sum !" - je pense donc j'essuie - après avoir malencontreusement renversé son verre de gros bleu sur sa méthode de piano : faire disparaître les traces de la déconvenue sur sa partition.

Vendredi soir, les bleus, pas renversés, plutôt renversants, mirent un point d'honneur à laver leur linge sale en famille, lessivant tambour battant des diables rouges guère diaboliques pour l'occasion, sous l'impulsion de trois-quarts rageurs et du pack de Saint-Marc. Piqué au vif, "chahuté" par la presse, le groupe de Marc Lièvremont a su dans l'adversité déjouer les pronostics les moins optimistes, faire taire les plus sceptiques (dont je fus), valider le choix sibyllin d'une charnière expérimentale, et offrir enfin un ballon d'oxygène ô combien providentiel, à un sélectionneur qui attendait impatient le signe augural du bien-fondé de ses expérimentations. Franchement, on n'y croyait plus.

Plus que l'interrogation quant à la réelle valeur du rugby gallois, plus que la suffisance de la réalisation alambiquée de France 2, plus que l'opportunité des discours sur la méthode Lièvremont, la gauloiserie de cette virée nocturne du VI Nations, aura révélé à la France entière, de par cette réaction d'orgueil, que le groupe, cet ensemble homogène d'individualités, existait bel et bien. Un regret tout de même, c'est qu'il ait fallu les prémices d'une catastrophe à venir, pour que les joueurs, malgré l'absurdité calendaire du Top14, se découvrent collectivement les vertus guerrières fondamentales qui jusqu'alors leur faisaient cruellement défaut. La maîtrise ne fut pas toujours au rendez-vous certes, mais le coeur lui y était et c'était bien là l'essentiel. Toutefois, au lendemain de ce fait d'armes, l'incertitude demeure :

Sommes-nous capables de reproduire telle performance dans la durée ? Avons-nous les aptitudes en cas de baisse de régime pour gérer une rencontre de très haut niveau ?

"On a posé les fondations", a déclaré Thierry Dusautoir, maître artificier, véritable destructeur en chef de l'édifice gallois. Cette pierre inaugurale, déposée dans le jardin des "exploits" du rugby français, permettra au moins à Marc Lièvremont, en "maçon franc", de poursuivre son Grand Oeuvre, brique après brique, d'empiler en alchimiste ses Legos jusqu'à l'obtention d'une structure assez solide pour parachever sa construction. L'aveu de faire tourner l'effectif dès la prochaine rencontre du tournoi, contre-pied supplémentaire dans la fourmilière du rugby tricolore, n'a d'autre objectif que de constituer un matelas épais de joueurs, rompus à la discipline, prêts à suppléer les absences sans que la cohérence de l'ensemble ne s'en ressente. Entre reconduire coûte que coûte les mêmes ou élargir le champ des compétences, l'homme a semble-t-il fait son choix. Est-ce le bon ? L'avenir nous le dira.

La tâche de l'architecte se heurte aux incohérences du rugby français, à la pression du résultat, au calendrier démentiel du Top14, à l'ego rabroué de certain manager... Bref, la mission que s'est fixée ce Don Quichotte moderne aux prises avec les moulins à vent de l'ovalie n'a rien d'une sinécure et propose à notre homme et à ses adjoints une course contre-la-montre sous les auspices du stress et de la crise de nerfs. Est-ce là enfin l'homme de la situation ? Je n'en ai aucune idée. Il défend ses idées, et même si le projet de jeu, arlésienne patentée, n'est pour l'instant qu'une vaste utopie, le sélectionneur sait fédérer ses joueurs, endossant toutes les responsabilités pour les épargner. Ceci explique sans aucun doute la réaction collective face aux Gallois, et c'est, ma foi, un bon début.

Rugbyrama - Rodolphe ROLLAND - 02/03/2009 14:01
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mar 24 Mar 2009 - 10:02

La chronique de Rodolphe Rolland


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland se pose cette semaine toutes les questions qui entourent le présent et l'avenir du XV de France après sa déroute en Angleterre.



"On ne change pas une équipe qui gagne !"

Les clichés n'ont plus la vie dure, rangés dans l'armoire en sapin entre naphtaline et sachets de fleurs de lavande, là au beau milieu des culottes de grand-mère, dans les vieilles cotonnades empesées. Il faut s'y résoudre, la victoire n'assure plus nécessairement une place parmi le groupe en vue du match suivant, pas plus que la défaite n'indique le coin aux cancres.

Du coup et selon les dernières méthodes en vogue du management sportif, le groupe – qui s'est illustré face aux Anglais à Twickenham – devait être reconduit entièrement. Je dis "devait", car depuis, deux nouveaux joueurs sont venus pallier les forfaits de Sébastien Tillous-Borde et de Benjamin Kayser : il s'agit des toulousains William Servat et Fred Michalak. Le groupe majoritairement reconduit, objectif le rachat.

Pour lui, "l'objectif, ça reste 2011", a cru opportun de rappeler Pierre Camou, président de la FFR, histoire de sauver les apparences après le naufrage dominical du rugby français.

2011 ou l'odyssée chimérique, ersatz d'un invraisemblable roman de science-fiction, camouflet à tout bon sens, exhibé impudiquement pour entretenir l'illusion que tout est encore jouable, que l'hypotension du XV de France n'est pas chronique, qu'il n'y pas lieu de s'alarmer : bref, qu'on n'a encore rien vu et que " le meilleur reste à venir", comme l'a dit après la correction anglaise, Steve Borthwick, capitaine du quinze de la Rose. Alors...

Bien beau de faire joujou avec les mécanismes de l'Anticipation, encore faut-il pouvoir imposer sa vision de l'avenir envers et contre tous, rendre le futur crédible, du moins imaginable.

Et là, on est encore loin du compte !

Invoquer invariablement l'avenir, ce n'est rien moins que tenter d'effacer l'effroi du présent. Un aveu d'impuissance, quoi ; Un peu grosses les ficelles ! On l'avait connu plus inspiré, le président.

Enfin... Moi, je ne demande qu'à y croire, qu'à avoir confiance... Encore faudrait-il qu'on m'explique... Qu'on m'explique, par exemple, pourquoi à la vidéo, les Anglais se sont aperçus que lors d'un renversement d'attaque sur un deuxième temps de jeu notre défense était aux abois, alors que notre staff, lui, n'avait rien remarqué ?

Pourquoi les Anglais – toujours eux – nous battent deux fois en autant de rencontres, brisant notre "stratégie" et frappant offensivement là où on ne les attend pas ? Et pourquoi pas nous ?

Pourquoi Simon Shaw est rappelé dans son équipe nationale et pas Fabien Pelous qui partage les mêmes trente-six ans?

Qu'on m'explique aussi pourquoi ces provocations verbales françaises dans la presse, alors que jouer l'Angleterre à Twickenham sous le maillot frappé du coq devrait en principe suffire à la motivation ?

Pourquoi cette démission collective des joueurs ?

Est-ce-que l'équipe de France est une équipe à réaction ? Et si oui, est-elle simultanément une équipe à démission, reproduisant dans l'alternative le mouvement d'un yo-yo, une fois en haut, une autre en bas ?

Quand allons-nous réformer le Top14 ? Etc.

Je veux bien y croire, mais il faut m'aider un peu. Après tout, l'écrivain turc Orhan Pamuk ne dit-il pas que " l'espoir, c'est la résistance de l'imagination" ! Seulement, côté imagination, résigné à un effort surhumain, je ne refuse pas un p'tit coup de pouce.

Samedi 21 mars, les "reconduits" doivent se racheter impérativement à Rome, ils le doivent à Marc Lièvremont, à eux-mêmes et à tous les supporters du rugby tricolore. "Rome, ville ouverte" ou la première étape en vue d'une éventuelle rédemption, début d'une reconquête qui se poursuivra cet été puis cet automne par deux séries de Test-matchs, lancement d'une vaste opération "Restore Hope [1]" pour redorer le blason terni du gallinacée gaulois, éviter à l'équipe de France l'annus horribilis que d'aucuns lui promettent en cette année 2009 et permettre enfin à Pierre Camou de croire lui aussi en 2011 !

[1] Littéralement "restaurer l'espoir", opération réalisée en Somalie en 1993 par l'armée américaine sous l'égide de l'ONU. Elle se solda par un échec.

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 20/03/2009 11:36
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 27 Mar 2009 - 17:26

La chronique de Rodolphe Rolland



Notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient cette semaine sur la nation, selon lui, la plus prometteuse du Tournoi, l'Angleterre.



Leçon d'Anglais

Un grand Chelem irlandais après soixante-et-une années de disette, j'applaudis des deux mains. Une pugnacité celte indiscontinue, profession de foi de ce collectif à réaction perpétuelle, je souscris immédiatement ; j'y souscris d'autant plus que cette qualité fondamentale au centre des ébats rugbystiques fit défaut à un XV de France aux performances pour le moins chaotiques, lesquelles relevaient plus de l'exercice du cadavre exquis que de l'ode sempiternelle à la combativité.

Pourtant, et même s'il me faut louer cet esprit de corps, cette sublimation collective subordonnée à une maîtrise presque parfaite, le jeu des "O" durant ce Tournoi des VI Nations 2009 ne m'aura guère enthousiasmé.

Un jeu bien huilé, rompu aux joutes européennes certes, mais lisible, dénué d'envergure, et qui aurait dû valoir la défaite contre Français, Anglais et Gallois si – dans l'ordre des rencontres – les bleus n'avaient pas failli dans la finition et dans le combat, si les Anglais n'avaient pas été victime d'une indiscipline chronique et enfin si les Gallois avaient profité du ratio de pénalité très nettement en leur faveur. Soit, cela fait beaucoup de si, des si qui n'enlèvent ma foi rien à la formidable envie qu'a su montrer le XV du trèfle durant cette épreuve.

Dans le cadre "objectif 2011" ou deux ans à peine pour décrocher la lune, le grand Chelem de l'Eire n'est guère qu'un accessit tout au plus, la nation la plus prometteuse, celle dont on devine que le jeu commence subrepticement à se mettre en place, celle qui pour ma part sera la grande favorite du prochain Tournoi, c'est l'Angleterre.

Au pays du plum pudding et du "mauvais goût", le sélectionneur anglais Martin Johnson, aussi controversé que Marc Lièvremont put l'être en France, a su malgré la vindicte populaire imposer un jeu ambitieux et asseoir une stratégie protéiforme là où Brian Ashton, son prédécesseur au poste, avait échoué. Le bilan d'une année Johnson laisse d'ailleurs songeur : une défense agressive retrouvée, un paquet d'avants dominateurs, un jeu tourné vers l'offensive servi en cela par l'émergence de trois-quarts rapides et très inspirés. Avec Johnson aux commandes, on a assisté à l'éclosion de joueurs talentueux : Delon Armitage, Toby Flood, Ricky Flutey...

Cet épiphénomène, un hasard géographique? Non, nous Français disposons aussi de joueurs dont le talent ne demande qu'à se révéler. Alors ?

Avec le professionnalisme, le décor a changé, mais l'équipe nationale n'en demeure pas moins La Vitrine rugby de chaque pays. Le facteur temps paraît indispensable à la cohésion d'un ensemble, et le temps consacré à bâtir une équipe nationale devient le gage de la réussite future. Pour certains – Australie et Nouvelle-Zélande –, la mise à disposition des internationaux est une priorité commode, ceux-ci étant sous contrat avec leurs fédérations respectives. L'Afrique du sud tente de juguler l'exode de ses représentants tandis que l'Irlande et le Pays de Galles, grâce aux franchises et à un championnat allégé, deviennent de véritables équipes de club. L'exception argentine, seule, ne confirme pas la règle mais pour combien de temps encore ?

Des nations majeures, l'Angleterre et la France ont en commun un championnat domestique qui s'il est le plus riche, n'est pas non plus le moins contraignant : beaucoup de rencontres à disputer et destination privilégiée des joueurs étrangers au détriment des bipèdes autochtones. Seulement, là où la Fédération Anglaise a réagi prenant les problèmes à bras le corps, la Fédération Française plombée par l'héritage Lapasset, garantissant un immobilisme de circonstance, en est restée au salon du bricolage, à un anachronique "amateurisme". On nous promet une évolution en douceur, mais l'heure n'est plus aux atermoiements frileux, aux palabres vaines, il faut remodeler tout ce bazar et vite, rendre sans tarder à l'équipe de France sa véritable place, c'est-à-dire au centre du rugby français. Les questions à savoir s'il faut changer de sélectionneur, de capitaine, etc., sont bien secondaires, il me semble, au regard de l'urgence de la mutation à initier.

A ce jeu, n'est pas novateur qui veut, or "au repos les pieds bien sur terre " et en panne d'initiative, il n'est pas dégradant en cette période où les changements opportuns de direction s'imposent, il n'est pas dégradant disais-je, d'endosser le rôle de suiveur, de "suceur de roue" comme on le dit dans le jargon cycliste. Certains m'objecteront sans doute et à juste titre que la RFU propriétaire de Twickenham a plus de liberté de manoeuvre. Soit, j'en conviens, mais s'inspirer ne signifie pas obligatoirement copier.

Devant l'exode possible des joueurs anglais vers le Top14 devenu plus avantageux financièrement de par cette satanée crise, la RFU a pris sans hésiter les devants, menaçant ses ressortissants les plus en vue de non sélection et envisageant de suspendre le salary cap si toutefois la première mesure ne suffisait pas à garder leurs poulains "at home".

A l'heure délicieuse où l'on parle encore chez nous, entre deux pastis, de rugby de clocher, l'Angleterre est passée à la vitesse supérieure ; pendant qu'on se morfond sur le rugby d'hier, chez nos amis Anglais, le rugby c'est déjà demain !

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 27/03/2009 13:48
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 10 Avr 2009 - 20:33

La chronique de Rolland


Notre chroniqueur Rodolphe Rolland évoque cette semaine les déclarations de Marc Lièvremont concernant les joueurs de l'équipe de France.


Pas toujours facile à suivre Marc Lièvremont !

A la recherche d'un équilibre qui se dérobe : avants-trois quarts, jeu au pied-jeu à la main, anciens-nouveaux... Bref, le sélectionneur de l'équipe de France ne cesse de surprendre, de dérouter quitte à s'aliéner médias et anciennes gloires de l'ovale s'interrogeant, à juste titre, sur le jusqu'au-boutisme de sa logique.

Pas facile à suivre sur les compositions d'équipe, sur l'absence d'un buteur notoire dicté par la nébuleuse d'un soi-disant contexte conçu stricto sensu pour éviter de froisser les susceptibilités, pas facile à suivre sur les options stratégiques de la tournée de l'automne dernier où après un Tournoi des VI Nations 2008 faisant la par belle au "tout à la main", le mot d'ordre était minimalisme à tous les étages, minimalisme salué en ces termes par Bernard Laporte : "Je ne me souviens pas que nous ayons joué autant au pied que ce que j'ai vu lors des trois derniers matchs..."

De charnières expérimentales en charnières expérimentales, Lièvremont suit les traces de son prédécesseur avec la même fortune – du moins à ses débuts. Lui l'ancien joueur parachuté là au gré d'un large consensus Lapasset-Camou soutenu par la DTN, chargé de se débarrasser d'un héritage Laporte post Coupe du Monde devenu trop embarrassant pour la quiétude moelleuse de la rue de Liège, a du mal à se défaire totalement de l'ombre de son aîné.

Serait-ce pour cette raison qu'il semble sacrifier la "génération Laporte" des Skrela, Elissalde, Mignoni, Thion, Martin et consorts ? Serait-ce pour cette raison qu'il s'appuie sur Lionel Nallet, le grand déçu de 2007, en choisissant l'homme pour capitaine ?

Pendant que Pierre Camou, faisant l'autruche, ânonne l'antienne fantaisiste de l'obscur objectif 2011, fantasmagorie sanctifiée par la "jacque(t)rie" des footballeurs de 1998 – qui soit dit en passant frôla la déconfiture face à l'Italie et face au Paraguay –, pendant qu'on nous emberlificote le présent avec cette formule éculée et falsificatrice d'une préparation sur quatre ans – credo de Laporte pour 2003 et 2007 avec la réussite qu'on lui connaît –, Lièvremont, lui, poursuit son art du contre-pied.

Protecteur hier, il n'hésite pas aujourd'hui à distribuer bons points et blâmes à ses joueurs au sortir d'un Tournoi qui aura vue la France se saisir d'une huitième place IRB très convoitée. Ainsi, l'on apprend par voie de presse que Florian Fritz a déçu, que les trentenaires Elissalde et Skrela sont quasi en préretraite, que Thion pourra prendre ses vacances au mois de juin et qu'il ne sait que faire de Frédéric Michalak. Marc Lièvremont branché comme son équipe sur le courant alternatif ? On l'avait connu plus élégant en tout cas.

Dans le staff du Stade toulousain, où Guy Novès trône en vizir, les propos du sélectionneur ont fait mouche. Novès, ce "maître-étalon" de la polémique, "père-ma-querelle" endurci a déjà tiré une première salve : "Ce n'est pas le moment de polémiquer mais si les joueurs toulousains ne sont pas bons en équipe de France, ils le sont chez nous. Regardez Jauzion qui a été tant critiqué et qui brille avec nous... J'ai une explication : cela fait quinze ans que nous nous tenons à Toulouse à un système de jeu. En équipe de France, ils en ont changé deux ou trois fois en un an et demi...".

Nul doute qu'il se servira encore des propos du sélectionneur pour motiver ses sbires si le besoin s'en fait sentir avant la rencontre de H Cup à Cardiff.

Et Fred Michalak, "l'homme aux semelles de vent", génie précoce damné à la Rimbaud, l'exilé des sélections au grand dam de Richard Escot ?

"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" disait le poète ; est-on vraiment fini, sportivement parlant, quand on en a trente ? That's the question !

La réponse personne ne l'a, pas même Marc Lièvremont, Lièvremont dont Lao-Tseu aura anticipé le portrait dans son Tao-tö King:

"Mes préceptes sont très faciles à comprendre
et très faciles à pratiquer.
Mais nul ne peut les comprendre
ni les pratiquer.
Mes préceptes ont leur principe,
mon action a sa direction.
Mais nul ne les comprend
et je reste inconnu du monde."

Rugbyrama - Rodolphe ROLLAND - 10/04/2009 12:06
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Lun 27 Avr 2009 - 20:27

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Notre chroniqueur Rodolphe Rolland se penche cette semaine sur la formule du Top 14 et notamment sur ses phases finales qui ne font plus rêver tant de monde.

C'est encore un suspense sans commune mesure qui guette, comme en chaque fin de saison, l'issue de la première phase du Top 14.

Le carré d'as indéboulonnable au sommet, les reliefs de la table pour les bouche-trous européens de la cinquième à la sixième place – si toutefois le CS Bourgoin-Jallieu ne remporte pas la Challenge Cup et s'il n'est pas rétrogradé en Pro D2 le cas échéant –, les pensionnaires du ventre mou et "La mort aux trousses" pour les attardés.

Les pharaons et leur suite, dans un championnat sans surprise, opaque comme "Le capital" des frères Marx, un "Taupe 14" dont on attend impatiemment, à la lumière des demi-finales, la sortie du tunnel ; ou une vibration ; enfin de quoi se consoler un peu des rossées internationales en retrouvant le piquant de ces rencontres qui font l'intérêt, depuis des lustres, du calendrier de l'avent des pieux du stade.

Car les phases finales, c'est un peu l'arbre de noël (qui masque la forêt ?) de l'ovale hexagone.

Avant d'aller chercher les cadeaux au pied du sapin, qui d'un accessit, qui d'un maintien et qui d'une H Cup, il reste seulement trois petites journées à honorer. Trois journées, à la fois courtes et longues !

Courtes, en effet, pour les infortunés qui sentent déjà le souffle du Pro D2 leur lécher l'échine, interminables pour les quatre premiers et pour le milieu de tableau qui n'ont plus guère à espérer de ce laborieux brassage.

La formule a vécu !

Pierre-Yves Revol, président honorable de la Ligue nationale de rugby, a d'emblée tiré son premier coup d'épée contre l'obsolète façon : une date en plus au calendrier pour un barrage contre le passivisme du quatuor de tête. De quoi relancer l'intérêt au long cours de ce championnat qui s'essouffle ? Pas sûr.

Coup d'éclat pour satisfaire aux exigences du partenaire télévisuel diront les uns, coup d'épée dans l'eau diront les autres, en particulier ceux qui, comme moi, attendaient un peu plus que ces demi-mesures, c'est-à-dire plus qu'un amendement en trompe-l'oeil, une révol-ution.

Dans la formule telle qu'elle se manifeste, la conclusion du championnat est un anachronisme. Anachronisme hérité de cet autrefois où les phases finales débutaient au stade des huitièmes avec comme intérêt la pertinence d'empoignades entre clubs extraits de poules différentes, pertinence qui justifiait alors la légitimité de ces matchs uniques dans la saison. Ces moments-là avaient vraiment un autre parfum, et l'on piaffait d'impatience à l'approche d'un nouveau printemps.

Or au stade des demi-finales, des Toulouse-Clermont et autres Perpignan-Stade Français, et vice-versa, les oppositions fleurent le déjà vu, la pompe des bachoteurs, même s'il est vrai qu'on ne peut jurer au préalable du résultat final.

D'où la question fondamentale : faut-il conserver les phases finales ?

Oui, à mon sens, si l'on peut garantir des rencontres inédites pour couronner la saison, ce qui signifie deux poules différentes avec pourquoi pas seize clubs en "Top 14" ! Du coup, plus de doublons, libérations de dates pour les internationaux, et un Pierre Camou rasséréné.

Sinon la logique d'un Top 14, tel qu'il existe aujourd'hui, exige que l'on calque enfin le championnat de l'élite sur celui de la Ligue 1 de football par exemple. On y gagnera en cohérence ce que l'on perdra malheureusement en folklore trépidant.

Rugbyrama - Rodolphe Rolland - 24/04/2009 18:39
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 1 Mai 2009 - 13:14

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Le TangerSeven ou l’enfance de l’ART [1]
Cette semaine, notre chroniqueur Rodolphe Rolland évoque le TangerSeven, tournoi international dont la 6e édition aura lieu du 8 au 9 mai.


"J'insiste, je ne suis que le petit maillon d'une chaîne, tout cela n'est pas de mon initiative personnelle..."

C'est ainsi que Gregory Fontana, responsable de la communication du TangerSeven, présente son rôle : simple passeur de témoin dans l'organisation de cette formidable manifestation qu'est le Tournoi international de rugby à VII de Tanger dont la sixième édition aura lieu du huit au neuf mai 2009.

Né à l'initiative de Saïd Zniber, ancien joueur international marocain de rugby à VII, le TangerSeven, dont les deux premières éditions étaient plutôt "une histoire de copains", est devenu en l'espace de quelques années une référence dans le paysage cosmopolite du VII. Ce "petit poucet" dont la vocation est de promouvoir le développement du rugby sur le continent africain avec les tournois de Nairobi et de Lusaka, ne cesse de charmer ses hôtes par les compétences en terme d'organisation, de logistique et de communication qu'il propose ; et peut-être aussi par cette chaleur humaine si peu commune qu'il dégage. Si bien que de l'aveu des équipes qui participent au Seven Tour (Dubaï, Hong Kong etc.), Tanger et son TangerSeven sont attendus, au cours de la saison, avec une impatience non feinte.

Cette année, la sixième édition sera pimentée par le niveau des équipes participantes dont cinq reviennent du Mondial de Dubaï de mars dernier : l'équipe du Kenya (3ème), l'équipe de l'Afrique du sud (5ème), l'équipe de Tunisie (13ème), l'équipe du Zimbabwe (17ème), et enfin l'équipe de France (15ème) qui depuis trois années consécutives a inscrit l'épreuve marocaine dans son calendrier de préparation.

Autre particularité de l'édition de cette année, quatre équipes du Maghreb participeront au tournoi : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye. La sélection Ougandaise sera aussi du voyage.

Enfin six sélections régionales ou locales viendront compléter l'effectif pour porter le nombre total de participants à seize équipes : Sud-ouest ovalie Seven, les comités Alsace-Lorraine et Languedoc, Maroc Universitaire et Maroc Scolaire, Coc (Casablanca) ou sélection Agadir ou champion du Maroc et pour fermer la marche l'Association de Rugby de Tanger (l'ART), organisatrice du TangerSeven, association dont le paradoxe est de ne compter aucun rugbyman dans ses bureaux.

Placé sous l'égide de la Fédération royale Marocaine de rugby (FRMR) et du ministère marocain de la jeunesse et des sports, et soutenu par l'International Rugby Board (IRB), le TangerSeven est la réalisation d'un rêve un peu fou initié par une poignée de passionnés.

Gregory Fontana, journaliste de Medi1 Radio à Tanger, nous en raconte les fondements: "Le club Association de Rugby de Tanger (ART) a été crée il y a presque huit ans, à une époque où le rugby dans cette ville avait disparu depuis trois décennies. C'est une histoire d'expatriés au début... On s'est dit qu'on allait monter un club pour aller jouer avec les vétérans de Rabat et se faire des fêtes mémorables. Seulement, quand on s'entraînait sur la plage – faute de terrain –, il y avait toujours une dizaine de gamins intrigués par ce ballon ovale. On les a progressivement invités à nous rejoindre pour leur apprendre quelques rudiments. Ils y ont pris goût, du coup l'envie nous est venue de créer un club pour ces gamins et l'ART a vu le jour le dix-huit octobre 2001."

Nos expatriés font alors une rencontre capitale en la personne de Jalil Zniber – frère de Saïd l'international marocain –, qui deviendra leur ami et président, homme providentiel sans qui ce projet insensé n'aurait jamais abouti. La suite de l'histoire est une succession d'embûches : manque cruel de moyens et de terrain pour jouer, espoirs et déceptions, jusqu'au départ du Maroc des cofondateurs de l'ART qui faillit mettre un terme définitif à la vie ovale de Tanger. C'est alors que Saïd Zniber, impliqué au niveau de la Confédération Africaine de rugby, lance l'idée opportune d'organiser un tournoi pour faire connaître l'association et financer par la suite la saison des jeunes.

Car l'essentiel est bien là, tous les bénéfices sont réinjectés dans l'association, dont le but à terme, "est de construire une passerelle avec "Les Enfants de l'ovale Maroc" [2], association près de Rabat fondée par Philippe Sella et Saïd Zniber, qui prend en charge deux-cent-cinquante enfants de huit à quatorze ans, garçons et filles (j'insiste là-dessus, car dans un pays musulman ce n'est pas rien dixit Gregory Fontana) et qui leur offre, à travers la pratique du rugby, des programmes de soutien scolaire et autre..."

Formidable conception, où le rugby assure la solidarité, loin des dissidences du Top14, loin des paillettes et des stars de l'euro, un rugby qui trouve sa place dans la société, qui "transforme l'or en joie" aurait dit Zorba le Grec, joie que véhicule ce VII dans le jeu et non dans le "je", un rugby qui rayonne sur le visage de ces jeunes issus des quartiers populaires quand ils se retrouvent face à l'équipe de France ou celle d'Afrique du sud, offrant pour l'unique occasion à ceux-ci de jouer devant leur public, leurs familles et leurs amis faute d'infrastructures adaptées.

"Récemment, on a envoyé une dizaine de nos jeunes joueurs en Tunisie pour participer au premier Tournoi International Scolaire Méditerranéen. Ils ont rapporté la coupe du Fair-play pour leur comportement exemplaire sur et hors stade. Imagine un peu, l'aventure pour ces jeunes issus de milieux défavorisés ! Ils ont pris l'avion pour la première fois de leur existence, ont dormi dans un hôtel, des gens se sont occupés d'eux... C'est là, la vocation même de notre action."

Sacré Greg, que la chaîne doit être belle quand les "petits maillons" sont si généreux !

Rodolphe Rolland, article en coopération avec Nice Rugby (http://nicerugby.blog.lemonde.fr/ )

[1] L'ART en chiffres, c'est : - 150 joueurs licenciés, depuis sa date de création, auprès de la FRMR, dont la quasi-totalité provient de quartiers défavorisés de la ville - 60 joueurs inscrits dans le championnat marocain pour la saison 2008/2009 - 3 catégories minime, cadet à XV et senior à VII - 30 partenaires institutionnels et privés qui soutiennent l'ART- 15 bénévoles environ qui offrent leur temps libre - 0 terrain, ni subvention

[2] Pour information, un extrait d'un documentaire tourné par Gregory Fontana et Rachid Oujdi sur les EDOMS (Les Enfants De l'Ovale Maroc) est disponible sur le site de Cinergie Productions, qui produit ce film de 52 minutes, à l'adresse suivante: http://www.cinergie-productions.fr/developpement.htm

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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Mer 20 Mai 2009 - 13:35

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Cette semaine, notre chroniqueur Rodolphe Rolland revient de manière originale sur l'annonce du groupe des Bleus ce mardi et sur le cas Michalak.

Dans le premier opus de "Retour vers le futur" de Robert Zemeckis, parti vaguer dans le passé de ses géniteurs pour tenter d'influer sur leur présent, Marty Mac Fly – adolescent américain interprété par l'adulte Michael J. Fox – disparaît progressivement d'une photo de famille, au risque de ne plus exister. Moralité : il faut absolument proscrire toute volonté de remonter le temps, et garder en mémoire que tenter de s'immiscer dans la relation amoureuse père-mère n'est jamais sans danger pour l'enfant comme pour les parents, aurait sans doute rappelé Marcel Rufo.

Mardi 19 mai 2009, 12h30

Marc Lièvremont vient d'annoncer le groupe tricolore pour la série de tests du mois de juin. Au menu, le retour de David Skrela et d'Aurélien Rougerie, la confirmation de la présence de Julien Dupuy parmi les trente, puis l'ordinaire, entendez par là la liste, sans surprise, des autres appelés.

Mardi 19 mai 2009, 9h18

On range les tubes à essais, Pierre Camou, président de la Fédération Française de rugby, exige une victoire soit sur l'Australie, soit sur la Nouvelle-Zélande. Rien que ça ! A-t-il oublié entre temps que la France est huitième au classement IRB ?

Damned ! Sans y prendre garde, je viens de remonter le temps !

Vite, reprenons le cours de notre journée.

Mardi 19 mai 2009, 13h23

Les noms des dix joueurs de la liste d'attente, qui guetteront dans l'antichambre l'éventuelle blessure de l'un des trente élus, nous sont communiqués : Faure, Kayser, Jacquet, Martin, Yachvili, Beauxis, Baby, Poitrenaud, Malzieu, Floch.

Mardi 19 mai 2009, 13h26

Je pense à la photo, la photo de "Retour vers le futur". En fait, je pense à Frédéric Michalak. Et s'il s'effaçait peu à peu lui-aussi, comme Marty Mac Fly, s'il s'effaçait jusqu'à menacer de disparaître totalement ? Il ne fait pas parti du groupe qui s'envole début juin, pas non plus réserviste. Certes, on s'y attendait, mais il se peut qu'il ne soit pas même remplaçant pour la demi-finale opposant le Stade Toulousain à l'AS Montferrand Clermont Auvergne ! Pas pris dans les vingt-trois, Fred ?

Mardi 19 mai 2009, 18h04

Wilkinson espère se relancer à Toulon à bientôt trente ans, Michalak devrait peut-être songer à en faire autant ailleurs. J'insiste oui, j'insiste... Frédéric Michalak, une sorte d'artiste comme il y en a très peu, trop peu sans doute dans ce rugby français stéréotypé. Génie précoce et imprévisible, dont on attend l'éclosion totale depuis 2003 déjà. Six ans, la paille !

Enfin, on attendait... S'est-il trompé dans ses choix de carrière ? L'a-t-on placé dans les meilleures conditions ? Pas sûr. Les fleurs les plus fabuleuses sont parfois les plus fragiles. Elles nécessitent une attention particulière, et qui sait une parfaite dévotion, pour pouvoir s'épanouir. Est-ce le cas à Toulouse où Guy Novès a activement oeuvré pour le transfert de David Skrela ? On peut légitimement en douter.

Fred, l'imprévisible funambule.

Vous n'avez tout de même pas oublié la passe à Yannick Jauzion après cette insolite volte-face contre les All Blacks en quart à Cardiff ? Cette figure unique effectuée avec la grâce de ces petites danseuses mécaniques qui tournent sur elles-mêmes dans les boites à musiques en bois laqué. Quel joueur français est aujourd'hui capable de tels gestes improvisés ? Tiens, citez m'en un parmi les trente capable d'identiques coups de génie !

Alors, croyez vous qu'il ait perdu son talent, Fred ? Pfuitt, envolée la magie ?

Mon ami Empédocle d'Agrigente – avec lequel je partage cette opinion – n'y croit pas une seconde :

"... On n'a jamais constaté ni ouïe dire que ce qui est doive périr ; ce qui est sera toujours, en quelque lieu qu'on le place."

Empédocle aussi, c'était un genre d'artiste : vêtu de pourpre, ceinturé et couronné d'or, et chaussé de sandales d'airain. Tour à tour philosophe, hygiéniste, ingénieur et poète, le phénomène fut adulé puis banni par les siens, comme quoi nul n'est prophète en son pays.

La légende veut qu'il se soit jeté dans l'Etna laissant une de ses sandales sur le bord du volcan, c'était au cinquième siècle avant Jésus Christ. Sacré bon dans le temps pour le coup !

Ah oui, proscrire les voyages dans le temps, j'oubliais.

Quoi qu'il en soit, notre rugby a besoin d'un Michalak, parce que son jeu quand il le maîtrise nous fait rêver, parce que le rugby français a besoin de ses locomotives et que Fred en est une. Parce qu'il serait fâcheux de laisser ce talent s'étioler, et le joueur disparaître peu à peu du devant de la scène, se volatiliser, abandonnant au final une de ses chaussures.

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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12Ven 5 Juin 2009 - 13:55

La chronique de Rodolphe Rolland

Dans sa chronique, Rodolphe Rolland évoque bien sûr la finale du Top 14 qui opposera Clermont à Perpignan samedi. Et, à l'instar de Pierre Villepreux, il attend du jeu et milite pour la responsabilisation des joueurs.

http://www.rugbyrama.fr/rugby/nos-experts/2008-2009/la-chronique-de-rolland_sto1964205/story.shtml
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MessageSujet: Re: La chronique de Rodolphe Rolland   La chronique de Rodolphe Rolland Default12

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