Bon anniversaire Charles
« Le Connétable » fête aujourd'hui ses 95 ans.
Charles Calbet est né en 1914. Son premier sport est le basket au sein de l'Amicale laïque de Moissac, mais au village, à Castelsagrat, se crée très vite un club de rugby : le président est le notaire, le trésorier est son père et Charles devient (déjà !) capitaine et secrétaire. Pas de stade, juste un pré qu'on délimitait avec de la sciure de l'usine voisine.
Pas de championnat, juste des matchs amicaux et encore dans un rayon de 50 ou 60 km maximum. Très vite, le jeune capitaine essaie d'inculquer à ses coéquipiers, pour la plupart néophytes comme lui, les grands principes qui ont toujours été son credo. Des maillots rouge et noir et onze victoires d'affilée valent au club le surnom de « Vierge rouge », comme le Stade toulousain. Déjà sa philosophie du jeu paraissait très simple : des avants qui gagnent le ballon et des lignes arrière qui le font vivre sans retenue.
Interdit de jouer
Hélas, le lundi de Pâques, au cours d'un match amical, un joueur de l'équipe adverse de Larrazet meurt sur le terrain après une mêlée mal négociée. « J'avais aidé le médecin à le transporter au bord du terrain et je revois encore le regard désespéré de ce dernier me faisant signe qu'il n'y avait plus rien à faire ». Du même coup, la maman de Charles lui interdit de rejouer.
L'interdiction tient quelques mois car Charles sait se montrer persuasif et il signe une licence en bonne et due forme à Moissac, alors en troisième série. Deux ans à Moissac et puis Marcel Cadillon, infatigable recruteur du SUA et par ailleurs supérieur hiérarchique de son père, apercevant sa photo de rugbyman sur le bureau, le sollicite pour qu'il signe au Sporting. Nous sommes en 1936, l'aventure va durer 50 ans !
il cite Jean Boubée et Jean-Baptiste Bédère
Tour à tour joueur, capitaine, entraîneur et enfin secrétaire, Charles Calbet va marquer le club d'une empreinte indélébile.
Charles Calbet a tout connu au SUA, les bons et les mauvais moments.
Nous avons convenu avec lui de ne pas parler de la descente en Pro D2, la plaie est encore à vif et on imagine facilement ce qu'elle a pu représenter pour un tel amoureux.
Il a, bien sûr, quelques certitudes sur les responsabilités des uns et des autres. Il ne veut pas en parler. Il préfère parler des hommes mais sans en citer aucun. Il fait pourtant deux exceptions : Jean Boubée et Jean-Baptiste Bédère, à son avis les deux pionniers du jeu agenais, ce jeu qu'il aime tant et dont il parlerait pendant des heures et des heures. Le premier, Jean Boubée, Bayonnais international sous les couleurs tarbaises et nommé directeur des Nouvelles Galeries dans les années « 20 », sera rapidement désigné capitaine entraîneur du SUA qu'il conduira à son premier titre de champion du Périgord-Agenais. En attendant mieux…
On aurait pu aussi parler de l'instituteur, puis du conseiller pédagogique auprès des jeunes enseignants. On aurait pu parler du pêcheur à la ligne. On aurait pu… Mais on a préféré laisser parler notre cœur.