Bon voilà un article de L'Equipe (que j'ai coupé car trop long) qui parle de l'omniprésence des toulousains dans les lignes arrières de l'équipe de France. Je ne le mets pas dans la rubrique tournoi des 6 nations parce que je pense que le débat qu'on peut en tirer dépasse le cadre de cette compétition.
Face à l'Ecosse, les trois-quarts français seront tous issus de l'école toulousaine. Si Marc Lièvremont ne semble pas y attacher plus d'importance que cela, le fait ne peut rester anodin. Sans qu'il s'agisse d'une prise de pouvoir des Rouge et Noir au sein de la maison bleue, l'inspiration toulousaine dans le jeu voulu par le staff tricolore se précise. Pour autant, le pari de Lièvremont est loin d'être gagné.
A l'annonce du XV sélectionné par Marc Lièvremont pour rencontrer l'Ecosse, personne n'a pu ignorer que la ligne des trois-quarts était entièrement composée de joueurs issus du stade Toulousain. Si le club champion de France pratique un jeu très proche de celui voulu par les sélectionneurs tricolores, ce choix est-il pour autant judicieux ? Comme le dit justement Cédric Heymans, on ne connaîtra la réponse qu'à la fin du match, « si ça marche, tout le monde dira merci à la communication et aux inspirations des joueurs toulousains et si ça ne marche pas, on dira que le jeu toulousain et ses lignes arrières ne sont pas bons ». Une façon comme une autre d'éluder une question à laquelle les joueurs ne sont pas pressés de répondre. Si le choix de Marc Lièvremont peut se comprendre, il n'est cependant pas sûr qu'il s'agisse d'une assurance tous risques.
Ne pas minimiser la valeur des autres joueurs
La suspension de Florian Fritz a quelque peu changé la donne, mais pas tant que cela dans la mesure où il sera remplacé par Benoît Baby, un joueur issu du Stade Toulousain. Et sur le banc, on trouvera Maxime Mermoz qui évoluait encore chez les Rouge et Noir la saison dernière. Autant dire que l'école toulousaine sera bien représentée chez les trois-quarts. Logiquement, on peut penser qu'une telle association entre des joueurs évoluant ensemble tout au long de l'année doit amener du liant dans la ligne. Mais c'est oublier qu'en équipe de France les joueurs ne sont pas des inconnus. A leur niveau, les automatismes viennent vite, « en deux jours » selon Cédric Heymans, qui convient qu'évoluer avec ses coéquipiers stadistes est un confort, tout en reconnaissant que le rôle d'un ailier est le même à Clermont, autre équipe joueuse. Et de reconnaître implicitement que Julien Malzieu n'a pas démérité face à l'Irlande et que ce n'est pas à Toulouse de sauver la patrie.
Le jeu voulu par le staff
la sélection groupée des Toulousains peut cependant s'expliquer par le système de jeu voulu par le trio à la tête de l'équipe de France. Marc Lièvremont, Emile Ntamack et Didier Retière veulent une équipe joueuse. Les relances ne sont plus interdites et les joueurs sont priés de se faire plaisir sur le terrain. Conscients des exigences de ce système, les coaches estiment peut-être qu'une perfusion à haute dose de sang Rouge et Noir peut aider à accélérer l'assimilation de ce jeu par le reste de l'équipe. Devant les micros, ils s'en défendent, déclarant ne pas regarder le club d'où vient un joueur mais seulement ses qualités intrinsèques. Il n'empêche que reprocher à Aurélien Rougerie de « ne pas être assez créateur » est un encouragement au jeu à la toulousaine. D'autant plus que Marc Lièvremont confiait qu'il comptait sur un esprit de revanche des trois-quarts toulousains à l'idée de rencontrer dans l'équipe d'Ecosse nombre de joueurs de Glasgow, qui a privé Toulouse d'un quart de finale européen à domicile. Difficile, dans ces conditions, d'ignorer le club d'origine d'un joueur.
Toulouse n'est pas la France
Forcément les amateurs de beau jeu ne peuvent finalement que se réjouir de voir une ligne de trois-quarts toulousaine, ils ne doivent cependant pas oublier que, malgré les intentions des sélectionneurs, l'équipe de France et le Stade Toulousain présentent de nombreuses différences. Tout d'abord l'opposition. Dominateur en Top 14, Toulouse n'a pas survolé la phase de poule en Coupe d'Europe. Face à des joueurs plus puissants et plus rapides, les cartouches toulousaines tardent parfois à l'allumage. Le Stade Toulousain a ainsi inscrit 10 essais sur ses 6 matches européens (pour 8 encaissés) et n'a pris qu'un seul bonus offensif. Yannick Jauzion connaît bien le problème, lui qui est impérial à Ernest-Wallon et qui ne rayonne pas autant au Stade de France : « C'est bien, c'est évident. C'est bien d'être tous ensemble, c'est intéressant d'avoir cette complémentarité supplémentaire. Mais ce n'est qu'une part des choses. A Toulouse ça nous arrive de nous rater aussi, donc il ne faut pas exagérer l'influence de ce fait de match ». D'autant que Jauzion et ses camarades évoluent à Toulouse derrière un pack conquérant, ce qui n'est pas toujours le cas en équipe de France. Et si les sorties de balle sont aussi compliquées que contre l'Irlande, la vista toulousaine risque de ne pas être suffisante.(...)