Né dans la cité basque, formé à l'Aviron, le deuxième ligne Damien Lagrange (1,98 m) a préféré rejoindre le SUA « pour jouer et progresser ». Pari réussi, malgré des moments durs
Lagrange, de Bayonne Damien Lagrange (21 ans), qui se dit discret, est en train de se faire une place au sein du pack agenais. (photo thierry suire)
Damien Lagrange a bien fait de partir. Bayonne, c'est sa ville, l'Aviron son club, le basque sa culture (« on est fier »), mais le jeune homme, il y a un an, est allé voir ailleurs pour poster ses 198 centimètres. « Je ne regrette pas, je suis heureux ici. » Même si le Pont-canal lui demeure encore inconnu. « Je suis casanier », s'excuse le deuxième ligne.
Si Damien est heureux, c'est parce qu'il joue. Tout simplement. « À Bayonne, je ne pensais pas avoir beaucoup de temps de jeu en Top 14 et comme j'avais fait le tour en Espoirs, j'ai choisi le départ. Mais c'est étrange, comme les dirigeants savaient que j'étais très attaché au club, ils ne me croyaient pas quand je leur disais que j'allais partir. »
Ce n'est que la veille de sa signature que Richard Dourthe et Thierry Mentières ont saisi le danger de perdre cet international -19 ans et -21 ans. « Je m'en rappelle bien, j'étais en cours. Ils m'ont appelé pour me reconquérir, mais ma décision était prise. Ils n'avaient qu'à bouger avant. Le SUA me voulait, et eux n'avaient pas montré un aussi fort intérêt à mon égard. »
Poulet plutôt que lardons
Avant d'enchaîner les titularisations, comme aujourd'hui contre Aurillac, Damien a souffert. Au ménisque. Trois mois d'arrêt à « se sentir inutile dans le vestiaire », proche du groupe mais tellement à l'écart : « On les encourage, mais on ne sert à rien », répète-t-il. « Même à la maison, ma copine Sandra a eu beaucoup de mérite car j'étais invivable. Arriver dans un nouveau club, avoir tout à prouver et se contenter de musculation au lieu d'être sur le terrain, c'était délicat ».
Sa cuisine avec. Damien Lagrange, 117 kilos, est un gourmand. Il dit que c'est la faute à ses parents qui partagent le même péché. Pour éviter de grossir, ses pâtes carbonara ressemblent à ça : « Déjà, je ne mets pas de beurre, mai s de la crème fraîche allégée 3 %. Et au lieu des lardons, j'achète des blancs de poulet coupés en lamelles. » Ça ne donne pas très envie. Il en rigole tellement il s'en fiche. « Tant que je joue, je suis heureux. Et puis, vous savez, même si on n'en parle pas entre nous, presque tous les avants ont ce souci du poids à gérer. »
Comme Antony Vigna ou Agustin Loprestti. Sans commentaire. Il n'est pas du genre à se moquer du copain, même gentiment. « Il règne une super ambiance. Je suis aussi venu ici car je connaissais déjà, grâce aux équipes de France jeunes, Jean (Monribot), Michel (Denêtre), Benji (Sore), Cyriac (Ponnau) et évidemment Thibault (Lassalle), avec qui on était en Sports-Etudes au lycée Cassin à Bayonne. Lassalle : « On se connaît depuis qu'on a 15-16 ans. Il faisait des bêtises. Comme s'amuser à démonter les armoires ». « Je volais aussi de la nourriture pour les copains, assume-t-il. Il faut me comprendre, je venais de me blesser gravement au genou et il fallait que je m'occupe pendant qu'eux avaient la chance de s'entraîner. »
Le chat noir de l'Aviron ?
Cinq ans plus tard, le Bayonnais est Agenais, et pourrait bientôt retrouver son club, lui aussi bleu et blanc, en Top 14. « Quand le SUA est descendu, je faisais mes premières apparitions avec l'équipe 1 de l'Aviron, elle aussi à la lutte pour le maintien. Mais avec les pros de Bayonne, je n'ai pas gagné un seul match. »
Au SUA, il n'a pas inscrit un seul essai. Il s'impatiente normalement, même si « l'équipe n'a pas besoin de moi pour marquer. Ah si, j'ai cinq points à mon actif pardon. » Il montre son arcade gauche, éclatée lors du choc à La Rochelle, l'un de ses meilleurs souvenirs de la saison. Avant plus beau, peut-être. « Je vous jure qu'on ne parle pas de montée, on part de tellement loin... » Comme lui, encore anonyme dans les rues de la ville. « À Armandie, parfois, on me demande des autographes mais j'ai l'impression que c'est juste parce que je suis grand et que j'ai l'air de jouer au rugby ! Aucun problème, j'aime bien ça, je suis quelqu'un de discret. » Sauf dans les rucks ou à côté de sa copine d'un mètre 53.
Le mieux, pour devenir une star à Agen, c'est de marquer l'essai en finale, synonyme de remontée. « Ah là, c'est sûr, les Agenais ne m'oublieront pas. » Il aura alors définitivement bien fait de quitter Bayonne.
Sud Ouest
TD