AGEN-OYONNAX. L'ancien recordman des sélections et trois-quarts centre agenais le plus titré est heureux de voir Agen retrouver des couleurs« Le SUA a retrouvé ses valeurs » Philippe Sella : « Il y a plus de loyauté et de respect. Et on reparle d'avantage de terrain que des coulisses. » (PHOTO ARCHIVES J.-L. BORDERIE)
Philippe Sella a participé à neuf demi-finales de championnat de France, à l'époque ou Agen était la fierté du rugby français. Le SUA a sombré depuis en Deuxième division. Pour combien de temps ? Les bleu et blanc ne sont plus qu'à deux matches de la résurrection. Quelques heures avant la demi-finale de Pro D 2 face à Oyonnax (15 heures), le manager de l'équipe de France des moins de 20 ans jette un regard sans concession sur le club de son coeur.
Vous serez où au coup d'envoi à 15 heures ?
À Bourran, chez mes parents, près d'Aiguillon. Je vais regarder le début du match avant de partir à Marmande pour la finale du championnat de France des Crabos (Agen-Mont-de-Marsan à 16 h 30). J'ai besoin de voir quelques joueurs avant de partir au Japon (coupe du Monde des moins de 20 ans en juin), notamment l'Agenais Jérôme Mondoulet. J'aurais voulu voir la demi-finale, mais c'est comme ça.
Qu'est ce que vous pensez de la jeunesse agenaise qui compte énormément de joueurs de la génération 87-88 dans le groupe qui affronte Oyonnax ?
C'est une génération qui montre énormément de qualités, car on la laisse s'exprimer. Cela prouve que le SUA a retrouvé ses valeurs : la formation, l'esprit club, l'amour du maillot, la culture d'une ville, la solidarité. Ce n'était plus vrai à l'époque où Agen jouait avec uniquement des étrangers. Il n'y avait plus cette unité, cette volonté d'avancer ensemble. Entre 2004 et aujourd'hui, il n'y avait plus de consensus dans le club. Mais cette année, certains ont laissé leurs états d'âme chez eux. Il y a plus de loyauté et de respect. Et on reparle d'avantage de terrain que des coulisses.
Lors du dernier match contre le Racing, Pierre Berbizier (entraîneur parisien et ancien joueur du SUA) a sévèrement tancé le président Tingaud en disant qu'il ne se reconnaissait plus dans ce club.
Peut-être parlait-il de l'époque Agen Tribu au début de l'ère Tingaud. Mais j'ai l'impression que le président a changé. Il a senti que ce côté tout commercial était une erreur. Et il a appris à connaître l'identité particulière du SUA.
Agen a-t-il les moyens de monter cette année ?
Au fond de moi, je sens que oui. Il faudra passer le piège Oyonnax et la finale, mais Agen a les clés. En tout cas, il ne faut surtout pas laisser passer cette chance. Certains pensent qu'il vaut mieux patienter un peu avant de remonter. Mais je me méfie, car dans ce milieu « doucement », cela veut dire « moins vite que les autres ». Avec son statut, Agen n'a pas le droit de s'habituer à la Pro D 2.
Quels sont les joueurs qui vous plaisent ?
Badenhorst, j'adore. J'aime l'esprit d'Edmond-Samuel, Sola et Huget. Mais ce que je préfère, c'est la troisième ligne. Ils ont un « pénible » (Monribot) que tout le monde rêve d'avoir dans l'équipe, un super sauteur (Culine) et un monstre (Fonua).
Et Caucaunibuca, que vous avez critiqué depuis son retour et son replacement au centre ?
Je ne lui enlève pas son immense talent. C'est simplement le comportement qu'il a eu à une époque qui me dérange. Mais s'il a changé, alors tant mieux.
Vous qui voyagez beaucoup en Ovalie, est-ce qu'Agen a perdu de sa splendeur à l'extérieur ?
Mais les gens ne parlent même plus d'Agen ! Ils ont redécouvert le SUA quand ils ont appris leur qualification pour les phases finales. C'est pour cette raison qu'il faut remonter. Et si c'est le cas, le plus dur est à venir. Car c'est la course à l'armement en Top 14. Mais je suis de ceux qui pensent que l'aspect financier ne doit pas nous empêcher d'y croire.
Auteur : Propos recueillis par Arnaud Dejean
Sud Ouest