Le regroupement entre les clubs de rugby de Pont-du-Casse et Foulayronnes est enterré. Ce n'était déjà pas simple, et l'annonce du prêt de voitures de luxe n'a rien arrangé.
Humilité, simplicité, convivialité. Au club de rugby de Pont-du-Casse (COP), il y a des valeurs auxquelles on tient. Autant dire que l'article paru dans nos colonnes au sujet de la prochaine fusion entre le club de Foulayronnes et celui de Pont-du Casse, jeudi 6 juin, a fait l'effet d'une bombe.
D'autant que les coprésidents du COP Didier Meynard et Joël Ghibaudo, qui participaient mercredi avec le président du club de Foulayronnes, Laurent Verdier à une réunion préparant la fusion, n'étaient pas au courant. Dans les colonnes de la Dépêche étaient évoqués pêle-mêle, le prêt d'une Ferrari aux joueurs, un budget prévisionnel de près de 100 000 €, la montée en Fédérale 3 dans les cinq ans à venir. Beaucoup d'annonces un peu prématurées pour les dirigeants cassipontins, alors que rien n'avait encore été finalisé.
Quant à la Ferrari prêtée puis « offerte » aux joueurs en guise de carotte pour une accession plus rapide, c'est la goutte qui a fait déborder le vase. Le parking du stade Regadous n'est pas celui de l'Inter de Milan, on y voit davantage de voitures familiales que de bolides au cheval cabré.
Jeudi matin, au chant du coq, c'est Didier Meynard qui a essuyé les (premiers) plâtres. « Des dirigeants, des joueurs ne se sont pas reconnus dans cet article et sur le coup certains voulaient quitter le club. »
Vendredi soir, réunion de crise à tous les niveaux, les maires d'un côté et les joueurs cassipontins de l'autre. Finalement, tout le monde botte en touche, la fusion n'aura pas lieu. Didier Meynard a décroché son téléphone vendredi matin pour en informer Laurent Verdier.
Il faut laisser du temps au temps dit-on. Une fusion ça ne se fait pas en deux « cadrages et trois débordements », Didier Meynard et Joël Ghibaudo auraient préféré un peu plus de discrétion autour du futur « mariage ». Le premier l'explique. « C'est moi qui suis allé, au mois de novembre l'an passé, contacter Laurent Verdier pour lui proposer cette fusion. Il avait déjà un projet avec le club du Passage. Mais après réflexion, les Foulayronnais ont préféré fusionner avec nous, le club le plus proche. De toute façon, si l'on veut continuer à exister nous, petits clubs, il faut de plus en plus de moyens, la fusion, c'est la solution. » L'affaire était bien engagée. Les dirigeants se sont revus début mai, en présence de Patrick Pechbaden, un mécène de poids, qui devait emmener au futur club RCFP (Rugby-Club Foulayronnes-Pont-du-Casse) ses moyens et son carnet d'adresses. Les maires des deux communes Jean-Michel Drapé et Gilbert Fongaro n'étaient pas hostiles à ce rapprochement.
Les futurs « mariés » avaient même fait un match d'entraînement le vendredi 29 mai. Avec une petite soirée en suivant pour lier connaissance. Le RCPF aurait évolué avec un maillot vert et orange, les couleurs des deux clubs.
Le bruit fait autour de la fusion a refroidi l'équipe cassipontine. Trop bling bling, trop décalé, bref loin de ce qu'est le COP, un club de première série, loin des paillettes. « Nous pensons qu'on s'est servie un peu de nous, car nous sommes en première série, eux (Foulayronnes, N.D.L.R.) vont descendre en troisième série, donc il leur était plus facile de démarrer avec nous. Sur le papier, ils pouvaient monter en Fédérale 3 en trois ans. » Joël Ghibaudo et Didier Meynard sont finalement soulagés, le souflet est retombé, Pont-du-Casse repartira en première série l'an prochain. Il n'y aura pas (en principe) de Ferrari sur le parking de Regadous.
La Dépêche