Un nombre record de chômeurs à l'orée de la saison 2009-2010
Le Top 14 et la Pro D2 s'apprêtent à effectuer leur retour. Mais le rugby professionnel aura, une nouvelle fois, laissé sur le bord de la route quelques uns de ses membres. Cette année, chiffre record, une soixantaine n'ont pas trouvé de club. Une situation qui s'aggrave et qui inquiète.
Nicolas Jeanjean, Julien Brugnaut, Mohammed Dridi, Anthony Lagardère... Des noms plus ou moins connus du grand public, des CV qui, pensaient-ils, les mettaient à l'abri du chômage. Et pourtant, Provale, le syndicat des rugbymen professionnels, les a bien couchés sur sa liste des chômeurs, auprès d'autres plus anonymes. Si certains ont retrouvé un club, ils sont loin de représenter la majorité.
L'écart entre les salaires augmente
L'augmentation du nombre de rugbymen sans emploi, continue depuis plusieurs saisons, a connu une accélération sans précédent (+77 %). Un paradoxe, alors que le Top 14 est présenté comme le championnat le plus riche du monde ?
"Il ne faut pas s'arrêter aux cas des plus gros clubs du Top 14, prévient Gaël Arandiga, le directeur de Provale. Les autres se montrent plus prudents, allant même pour certains jusqu'à réduire la voilure. Aujourd'hui, l'écart entre les plus gros salaires et les autres s'accroît."
Selon certaines sources, les rugbymen français seraient trop chers ou ne souhaiteraient pas évoluer dans les clubs les moins renommés. Certains préféreraient même rester au chômage afin de toucher les indemnités, tout en évoluant dans un club "amateur", lequel leur reverse un "fixe" de la main à la main.
Ces accusations recouvrent certes une part de vérité, mais sont évidemment loin de concerner la majorité des cas.
De même, contrairement à une logique trop souvent avancée, la présence des étrangers n'explique pas tout. "Oui notre championnat est attractif, convient Arandiga. Surtout que, pour les trois nations principales du Sud (Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud) il n'existe que 300 contrats pros. Ceux qui n'en bénéficient pas ont la tentation d'en trouver en Europe. Mais le phénomène n'a pas l'ampleur qu'on lui prête."
On peut, en fait, penser que le rugby professionnel paie ici ses années de croissance rapide, et qu'il serait en cours de régulation. L'avenir proche le dira.
Le principal dossier
la reconversion
Le principal souci de Provale reste la reconversion de ces chômeurs. Longtemps, le rugbyman était amateur (même marron) ou semi-professionnel. Il pouvait compter sur un bagage extra-rugby pour se réinsérer dans la vie "civile".
Mais avec la professionnalisation, la situation a changé. Une question d'autant plus prégnante que les carrières se réduisent, précipitant l'heure de la fameuse reconversion.
"Il s'agit de notre principal cheval de bataille, reprend Gaël Arandiga. La Ligue Nationale de Rugby (regroupant les clubs professionnels) nous appuie dans ce combat, mais il faut se battre pour convaincre le joueur qui ne veut qu'une chose : devenir professionnel et tout mettre en œuvre pour y parvenir. Pendant qu'il est en centre de formation, il suit des études (obligatoires et qui entrent en ligne de compte dans l'évaluation des centres de formation). La situation se complique quand il le quitte. En septembre, un groupe de travail sera mis sur pied pour trouver des solutions. C'est une nécessité, d'autant que les salaires du rugby ne permettent pas d'assurer la retraite sportive."
REPÈRES en chiffres
60 chômeurs contre 35 en 2008 (+77 %).
Chaque année, 20 % de s chômeurs sont renouvelés, c'est-à-dire qu'1/5e d'entre eux quittent le monde du rugby professionnel (de façon volontaire ou non).
Provale (le syndicat des rugbymen professionnels) va lancer en 2010 une étude courant sur plusieurs années afin de connaître l'état de la réinsertion des rugbymen.
À titre indicatif, la période de mutation pour les chômeurs se termine au 15 septembre.
Le Dauphiné