RUGBY PRO D2 (13E JOURNÉE), NARBONNE - AGEN. Les troisièmes lignes Ueleni Fono et Opeti Fonua sont uniques : par leur puissance, mais aussi par leur devoir d'envoyer de l'argent à leur famille aux Îles Tonga
Les gros bras du SU Agen
Les Tongiens Fono et Fonua font le bonheur du SUA et de leurs proches. (photo jean-louis borderie)
Il n'y a pas eu de combat. Sans doute intimidé d'affronter Ueleni Fono, « un peu mon grand frère à Agen », Opeti Fonua a surtout ri pendant son bras de fer amical, vendredi. « De toute façon, c'est Ueleni le plus fort, c'est sûr ».
On le croit. Car Opeti, l'un des meilleurs troisième ligne centre de Pro D2, n'est pas seulement fait de muscles contrairement à son aîné flanker. Il a des restes de sa vie d'avant quand « il n'était pas sérieux » (Fono). Le SUA, dans sa liste de joueurs envoyés en début de saison à la Ligue Nationale de Rugby, avait d'ailleurs oublié d'actualiser ses fichiers de 2006 : 135 kg. « Il a réussi à changer grâce à Christian Lanta qui sait lui parler, affirme Fono. Lanta, c'est son papa. En déplacement, ils font chambre commune (sic). » Aujourd'hui, ses 115 kg (pour 1,97 m) dessinent enfin un physique de rugbyman professionnel. Fonua est devenu le genre de tracteur que toutes les mêlées aimeraient avoir aux fesses.
C'est pour ça qu'à Noël passé, Alain Tingaud l'avait convaincu de prolonger jusqu'en 2011 en Lot-et-Garonne, qu'il avait découvert en décembre 2004, en même temps que la neige. La semaine dernière, pour la même évidence, le président agenais a annoncé deux ans de plus au contrat de Fono, dans la force de l'âge (26 ans ; 1,95 m pour 106 kg).
« Nous sommes différents »
Le SUA aime ses féroces Tongiens, même s'il n'a pas eu besoin d'eux, pendant la trêve internationale, pour battre les trois derniers de Pro D2, Lannemezan, Colomiers et Aix. « J'ai vu qu'ils revenaient de sélection pour jouer contre nous, malheureusement », a réagi Henri Ferrero, le manageur narbonnais. « Ils sont puissants, consomment beaucoup de défenseurs dans l'axe, permettant aux leurs de déborder ensuite sur l'extérieur. Ces deux-là, il faudra vite les faire tomber. »
Deux ou plus. Car quand ils chargent une défense et transforment leurs adversaires en pantins à crampons, Fonua et Fono pensent être accompagnés par Dieu, et par une autre énergie que les joueurs français auront du mal à comprendre. « Nous sommes différents d'eux, plus motivés, car on envoie de l'argent chaque mois chez nous pour aider nos proches », prévient Fono, fils de révérend et aîné d'une famille de dix enfants. « Ça nous met une pression supplémentaire, on doit réussir pour eux aussi. Moi, j'ai quatre soeurs et mon père est vieux, je dois assumer ce rôle », raconte Opeti, 23 ans, qui connaît les raisons de ses sacrifices. « Mais bon, il m'arrive encore parfois d'aller au Mc Donald's ! »
Auteur : Thierry dumas
t.dumas@sudouest.com