Le loyer est cher
La porte a mis trois ans à s'ouvrir. Pour Agen, qui vivait de l'autre côté depuis si longtemps, bien au chaud, c'est lourd de sens. Christian, Adri et Jalil entrent sur la pointe des pieds. Ils ne reconnaissent pas grand chose. Valentin Courrent les accueille, il sera leur guide.
Dans ce salon, il y a des caméras partout, les rideaux paraissent difficiles à ouvrir, les murs semblent plus épais et certains meubles, toujours aussi beaux.
Au fond à gauche, un joli escalier en bois, emprunté pour la dernière fois par Agen en 1988. Un bail. Les marches sont fraîchement peintes de jaune et de bleu. Les Agenais ne s'y attardent pas, ils ont bien changé eux aussi. Ils voient la cage d'ascenseur, à deux pas de la porte. Elle a toujours été là. Mais avant l'horrible printemps 2007 et leur expulsion des lieux, ils ne l'avaient jamais remarquée.
La bande des quatre, bientôt suivie par leurs amis, posent les valises dans leur chambre. Pour commencer, ils la partageront avec des Rochelais et des Berjalliens. Les gifles y seront moins violentes, et puis à côté, ça fait trop de bruit. Les coups de gueule du ténébreux Chabal, le chant intimidant du Pilou-Pilou toulonnais, et ceux euphoriques des Clermontois, prêts pour la deuxième couche.
Dans cette maison d'enfance devenue si hostile, le combat s'annonce rude, excitant et terrifiant comme la date d'emménagement : un vendredi 13. Heureusement, l'au-revoir émouvant aux proches, vendredi dernier à Armandie, après un délicieux dîner anglais, a gonflé les torses agenais de confiance et d'amour. Là-bas, dans cette nouvelle vie, il faudra aussi un bon travail pour pouvoir régler le loyer.
Sud Ouest
Thierry Dumas