Père et fils sur le podium
Il y a plus malheureux que la famille Broncan : Henry, le père, est premier du Pro D2 avec Albi, le fils Pierre-Henry, est deuxième avec Auriallac.
Un père et un fils entraîneurs dans la même division, a-t-on déjà vu ça ?
Au niveau professionnel, non. Toutes divisions confondues ? Bien peu d’exemples nous reviennent en mémoire… Tout juste le père et le fils Torossian, Frédéric et Anranik entraînant ensemble le même club, Pau, au début des années 2000. mais on se souviendra qu’en cette saison 2010-2011, Henry, 66 ans, et Pierre-Henry, 35 ans ont été premier et deuxième du Pro D2 avec Albi et Aurillac. Le père a réussi à redresser un club qui aurait pu partir à vau l’eau après un chemin de croix dans l’élite et le départ d’Eric Béchu. Le second a donné un rythme de croisière à un club sans moyens énormes mais qui vient dépingler le favori Lyonnais. Ils vont d’ailleurs peut-être se recontrer dans un match au sommet, le 27 novembre. Une situation qu’ils ont frôlée en 2008-2009 lors des deux Agen/Auch, mais Henry Broncan n’était déjà plus vraiment le coach du SUALG.
Difficile d’imaginer matériau plus romanesque qu’une rivalité professionnelle et sportive à L’intérieur d’une même famille. Evidemment, elle n’est pas facile à vivre pour les deux intéressés. Surtout pour le fils, peu enclin à s’exprimer à ce sujet. « Sincèrement, je n’ai pas envie d’en parler, car Albi était programmé pour être à tandis que nous, nous sommes deuxièmes provisoirement. Notre budget ne nous permet pas de rêver. Cette compétition n’existe pas dans ma tête. »
Privilège de l’âge, Henry, lui, aborde sans détour cette situation inédite : « Première chose, c’est plus agréable que se trouver en concurrence pour la quinzième et la seizième place. Ensuite, la situation est plus difficile pour lui que pour moi. Depuis qu’il est petit, il doit faire face à la comparaison. Ça l’a poussé à se démarquer de moi le plus souvent possible. Je faisais blanc, il faisait noir. Déjà, moi, je suis un littéraire puisque je suis un ancien professeur d’histoire. Lui a toujours été un scientifique, passionné par les ordinateurs, alors que j’utilise plutôt la plume. »
« Quelque chose d’oedipien »
Poussé par le contexte, Pierre-Henry a fait la même chose que son père, du rugby, tout en s’opposant souvent à lui. « ça a quelque d’oedipien, je le reconnais, poursuit Henry. Il y a eu des moments de tension entre nous. Le plus fort, je crois que ce fut quand il jouait à Mont-de-Morsan et que son clb devait absolument gagner contre Auch. Ce fut très très tendu ce jour-là entre nous.
Ce genre d’opposition a toujours inquiété notre entourage, sa grand-mère notamment, qui n’aime pas voir les journalistes nous taquiner là-dessus. »
Mais pourtant, les ponts ne sont pas rompus, loin de là, entre les deux hommes : « Nous nous appelons assez souvent surtout en début de semaine pour échanger sur que nous avons vu durant le week-end, sur les blessés. Mais je crois qu’à l’approche du match, nos contacts vont cesser. Je crois qu’il ne veut pas l’avouer, mais notre façon de voir le rugby est très proche. Je perçois chez lui, la conception du rugby hérité de Lombez-Samatan où il a débuté et où j’entraînais. Il est encore un homme du rugby des villages. J’y ai pensé quand je l’ai entendu dire qu’à Aurillac il fait froid, qu’il avait le quinzième budget et que les conditions d’entraînements n’étaient pas fameuses. Ca m’a rappelé quelque chose. »