Le journal du Rugby - Mensuel - N°9 de juin 2011

Premièrement une interview de Andrew SPRINGGAY :

" On n'a pas besoin de stars ! "

Après avoir prolongé de deux ans, le deuxième ligne anglais nous livre son Agen.

Quelle a été votre première réaction quand vous avez rejoint la ville d'Agen ?
J'ai eu immédiatement cette image d'une petite ville sympa, où il fait bon vivre.

Où vous êtes-vous rendu pour la première fois en ville ?
Je suis arrivé en train. Donc, le premier endroit où je me suis retrouvé, c'était à la gare. J'ai de suite senti une chaleur beaucoup plus forte qu'à Bayonne. Cela s'explique en partie car la ville se trouve un peu dans une cuvette.

Dans quel endroit branché aimez-vous aller ?
Avec des joueurs, on aime se rendre à l'Osaka, un fameux restaurant japonais en face de la gare.

Vous avez également évolué à Bayonne et Narbonne. Pouvez-vous comparer ces deux ville par rapport à Agen ?
A Agen, les gens sont plus ouverts. J'aimais pourtant bien la région de Bayonne. Mais les gens n'étaient pas spécialement accueillants. A Narbonne, je trouvais l'endroit un peu vieux, un peu triste, avec tous ces vignobles et ce vent, sauf en été.

Et que pensez-vous globalement de la région du Lot-et-Garonne ?
C'est une bien belle région avec la campagne. Récement, j'ai d'ailleurs visité pas mal de ferme. Si tu apprécies les restaurants un peu rustiques autour d'Agen, tu es servi...

C'est aussi une région très prisée par les Anglais...
Absolument et notamment un peu au nord d'Agen, vers le Quercy. Ce coin leur fait penser à l'Angleterre de l'ancien temps. S'ils veulent trouver l'équivalent en Angleterre, c'est beaucoup plus cher.

Par contre, on ne voit pas spécialement énormément de joueurs anglais qui évoluent à Agen. Pour quelle raison ?
C'est avant tout un choix d'entraineurs. Ils préfèrent plutôt miser sur la filière sud-africaine.

Au niveau des résultats, Agen a finalement obtenu son maintient...
On est tous soulagés d'avoir atteint cet objectif tout en sachant qu'arracher la 10ème place au Stade Français a été un exploit.

Quelle a été la clé de votre maintient ?
Je pense que notre esprit de groupe a fait la différence. On savait bien qu'on n'était pas nuls. Notre victoire lors de la phase aller à Brive (30-12, 13ème journée) l'avait démontré. Par la suite, on a chuté un peu. Mais avec quelques bonnes victoires à domicile qui ont suivi, notre confiance c'est renforcée.

Comment Agen doit-il grandir pour espérer accrocher une place dans le Top 6 ?
Il faut continuer dans la même voie, à savoir consolider une équipe, mais sans acheter de stars comme cela se fait à Toulon ou Bayonne. Ce type de fonctionnement a marché immédiatement au Racing, mais pas de suite à Bayonne. Je pense qu'à Agen, il faut construire une équipe autour d'un ou deux joueurs. Par contre on a encore besoin de recruter. On a 18 ou 20 joueurs qui sont au niveau TOP14, mais ensuite quand on enchaine trois matchs en dix jours, on se trouve en difficulté. Le banc est un peu court.

Quelle est votre situation contractuelle ?
J'ai prolongé pour deux ans supplémentaires. Je me sens très bien au club. Je suis très content d'être ici. Ma famille partage ce même sentiment.

Concernant votre ancien club, Bayonne, comment avez-vous vécu les tensions internes ?
Je suis souvent en contact avec mon ancien équipier Dwayne Haare. J'aurais aimé rester là-bas pour la beauté de sa région. Mais ce club est géré bizarrement par des gens qui ont du pouvoir, mais qui ne comprennent pas forcément bien le rugby.

A Narbonne, le contexte est un peu différent...
Je n'y suis plus donc je ne suis pas l'évolution du club de près. Mais même quand j'y étais, le budget était déjà très serré. La difficulté consiste à trouver des sponsors et le soutient de la région. Mais avec la montée de Carcassonne, est-ce que le département de l'Aude va plus aider l'USC que le RCNM ?

Ensuite un article sur Marc GIRAUD

Giraud, de l'Hérault aux pruneaux !
Le troisième ligne du MHR explique pourquoi il a signé au SUA.

En s'engageant avec Agen, le natif de Toulouse n'a pas pris qu'un virage sportif décisif. C'est aussi un tournant à 180 degrés dans sa propre vie : " J'ai choisi ce nouveau challenge en grande partie par fidélité affective, avoue le joueur. Je me suis rapproché de ma femme car elle compte beaucoup pour moi, sans oublier mes amis aussi. Cette stabilité est essentielle à mes yeux. Agen est également un club qui partage des valeurs qui sont les miennes".
Cette décision aura-t-elle été de nature à lui faire oublier son aventure héraultaise ? " Je ne peux pas dire que j'ai été déçu par mon parcours au MHR.Quand on s'entraine c'est pour avoir du temps de jeu. Avec la concurrence qui règne au club, on touche au haut niveau. Je n'ai pas su me mettre moi non plus au niveau de mes concurrents, et ce au bon moment. Je n'ai pas de problème avec cela ni avec la venue d'Alex TULOU. Je n'ai jamais eu de problèmes avec lui et ce qui me réconforte c'est qu'on n'a pas le même profil".
Faisant partie de la génération dorée avec les Guirado, Mermoz, Médard, Trinh-Duc, le néo-Agenais a-t-il la sensation d'avoir perdu du temps en route voire d'avoir manqué le bon wagon ? "Pas vraiment. Je m'étais révélé avec le Stade Montois avec une montée en TOP14. Mon expérience à Montpellier m'a beaucoup enrichi d'un point de vue personnel.J'ai senti que j'avais besoin d'être entouré car à Montpellier j'étais pas mal seul et j'ai beaucoup souffert. J'ai progressé à ce niveau-là et je sais ce dont j'ai besoin. Je n'en avais pas pris conscience avant de vivre cette expérience-là. Je pensais que cela allait être facile de vivre comme cela. Ce ne fut pas le cas". Voilà ce qui s'appelle de l'introspection et une belle prise de recul sur les choses.

Et pour terminer quelques petites brèves concernant le SUA.

Springgay derrière Chabal :
Comme tout le monde, l'Agennais a un avis sur l'affaire Chabal : "Concernant ses critiques envers l'arbitrage, je lui donne assez raison. Il y a peut-être deux, trois voire quatre bons arbitres dans le TOP14. Pour le reste, ils ont encore besoin de progresser surtout au niveau de l'arbitrage en touche. Dans un sens, Chabal avait raison, mais il aurait pu trouver un autre moyen de le dire".

Giraud n'est pas obsédé par le Stade Toulousain.
Formé à Toulouse, la recrue agenaise ne fait pas une maladie de ne pas y avoir percé : "Je ne suis pas un mercenaire. Dans ce club, c'était bouché pour moi. J'aimes certes le jeu qu'ils pratiquent. Mais cette année, au MHR, sur certains matches, on a pratiqué un jeu aussi alléchant que peut le faire le Stade Toulousain. Je ne suis pas pas emprisonné par cette idée de jouer pour ce club".

La grande fête à Armandie.
Pour le dernier matchs de la saison, les dirigeants du SUA avaient décidé de mettre les petits plats dans les grands en ouvrant les portes du stade dès midi, afin de permettre au public de profiter de plusieurs animations. Ainsi, un chapiteau de 300m carrée avait été installé derrière la tribune Ferrasse pour une paella géante.

Lanta voulait bien finir.
A quelques heures du coup d'envoi du dernier match de la saison face à Brive, l'entraineur du SUA avouait dans la presse régionale vouloir finir sur une bonne note : "Le public nous a soutenu au début quand cela n'allait pas. Il s'est régalé ensuite. C'est bien de faire une belle fête tous ensemble. Depuis que le maintient est acquis, l'ambiance est détendue, avec cette envie de bien finir". Message reçu puisqu'Agen s'est imposé 36 à 10.

L'ambition de président Tingaud.
Avec une remontée en TOP14 et un maintient assuré à deux journées de la fin, le président a dressé les grandes lignes de son "plan pérennité du SUA" : " Agen ne sera jamais Toulouse, ni Paris, il faut faire les choses différemment à notre façon, a prévenu le patron du SUA dans la presse. Je ne dis pas qu'on va gagner le Brennus dans trois ans, mais on va franchir une étape supplémentaire chaque année au niveau sportif et des structures".

Un projet haut en couleurs.
Avec " cette perspective de rentrer parmi les 6 ou les 7 meilleurs budgets" à l'avenir dixit le président du SUA, le stde devrait notamment s'agrandir d'ici 2015, dont cinq loges construites dès cet été au-dessus de la tribune Lacroix. Enfin, le club et la ville d'Agen vont investir 2,5 millions d'euros pour faire du centre de formation du SUA " un petit Marcoussis" d'ici 2013.

Des contrats pas renouvelés.
Sept contrats n'ont pas été reconduits. Il s'agit de ceux de Campos, Chateauraynaud, Kolinisau, Mach (deux ans à Castres), O'Sullivan (Arrêt), Scholtz et Tagotago.

Coté recrues, cela bouge.
Le pilier gauche néo-zélandais (1 sélection) John Schwalger (27ans, Hurricanes) s'est engagé pour deux ans. Le 2ème ligne australien Pat O'Connor (26ans, Waratahs) en a fait de même tout comme Marc Giraud qui boucle son aventure avec le MHR et l'ailier de Bourgoin Jean-François Coux (30ans). Le SUA a également recruté le pilier rocherais Jonathan Garcia et le jeune talonneur berjallien Janaudy.

Senekal et Tian prolongent.
Les deux jokers médicaux arrivés en février dernier ont prolongé. L'ex-2ème ligne de Toulon s'est engagé pour une année plus une autre en option. Quant à l'ex-arrière de Bourgoin, il a prolongé son bail pour deux ans.