J'ai trouvé ce texte sur un site voisin. J'en ai les larmes aux yeux et des frissons. Salut l'ami
J’ai peur de vivre…
Publié le 16 janvier 2013 par olivier
Je prends mon sac et me dirige vers le vestiaire. Je sens la vieille odeur de camphre et commence à me préparer. Le coach me met dans le 15 de départ et je suis content. Mais j’angoisse aussi, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de tomber sur plus fort que moi, de me débiner. Je rentre sur le terrain et j’ai peur, jusqu’à ce que le 10 donne le coup d’envoi et là je deviens un homme.
Je vois cette fille au loin qui me plait. Je réfléchis à ce que je pourrais lui dire, l’inviter à prendre un café, la faire sourire. J’espère que je lui plais. Je sais que c’est elle que je veux et j’ai peur qu’elle me rejette. Elle me regarde et me souris et là je deviens un homme.
Je suis à la maternité, tout se passe bien, mais au fond, je sais que je vais devenir papa et j’angoisse à l’idée de perdre ce petit bout de vie, de le casser. Et puis s’il est malade, comment saurais-je quoi faire ? Pour la première fois je le le prends dans mes bras et là je deviens un homme.
Je ne lâche pas le regard du médecin qui semble inquiet, il se redresse et m’annonce la nouvelle. Le monde tel que je l’ai connu s’effondre et soudain, le temps passe vite. Je pleure le fait que je vais devoir quitter ceux que j’aime. J’aurais aimé avoir plus de temps pour leur dire combien je les aime. Les prendre dans mes bras, mais on a jamais assez de temps. Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur du regard des autres et de la pitié. Puis je dis non, je vais me battre, je regarde le docteur et prend en espoir et colère le faible pourcentage de succès qu’il me donne. Je sors et je craque… Et là je deviens un homme.
Je suis sur ce lit d’hôpital à sentir la vie qui s’en va. Cette vie n’aura pas été si mal, j’aurais vécu de ma passion, sous les encouragements, les applaudissements, à voir des choses que peu de personnes pourront connaitre. J’aurais eu l’amour des miens, cette chaleur qui nous prend sans compter et nous laisse accroché à de merveilleux souvenirs. Qu’importe si je meurs à 53, 60 ou 80 ans, je dois mourir, mais je n’ai pas laissé la vie décider à ma place ce que je devais être et qui je devais être. Demain, il y aura surement des larmes, ces larmes qui font comprendre que l’absence est douloureuse et que l’on ne sait pas tout dit. Nous allons regretter les mots qui sont allés trop loin, nous demanderons pardon. Et puis nous finirons par rire des bons moments, de ces souvenirs qui se fadent et se transforment pour devenir des instants uniques. Je ferme les yeux… Et là je deviens un homme.
A Eric Béchu (1960-2013) qui aura prouvé à chaque instant que tout est possible.