Agen. Un SUA imprévisible à tous les niveaux
Mis à jour le 28/11/2014 à 8:17 AM
Après ce que vient de vivre le SUA ces sept derniers jours, on se demande ce qui pourrait inquiéter davantage le Sporting ? Et pourtant Dax effraie Benjamin Pètre !
On peut critiquer le SUA sur beaucoup de choses mais pas sur le fait de rester constant en termes d'imprévisibilité. à tel point que la ligne directrice du club en matière de jeu, qui consiste à créer du désordre puis à en profiter, déborde parfois des pelouses.
Qui, en début de saison, aurait pu penser que la première ligne Marshall-Telefoni-Béthune débuterait la rencontre de samedi face à Dax ? Qui aurait pu annoncer que Caucaunibuca ferait son retour cet été ? Avant de s'en aller avant même l'hiver arrivé ? Qui soupçonnait, avant le match de samedi dernier, que Mathieu Blin s'interrogerait sur son avenir ?
Qui pouvait avoir l'outrecuidance de tabler sur une piètre dixième place pour le finaliste d'accession de la saison dernière ? Qui, enfin, aurait pu penser que, dès le mois de novembre, les entraînements de l'équipe «pro» pourraient être comparés à ceux de l'équipe Espoirs, comme se sont autorisés à le faire hier Antoine Erbani et Jean-Jacques Crenca, en raison des blessés et suspendus ?
Faut-il avoir peur de Dax ?
Toutes ces questions sont aussi déroutantes que les nombreux trous noirs dont ont été victimes les Agenais lors des douze premiers matchs de la saison. Alors, malgré tout ce qui s'est abattu de blessures, de points, de cartons, de sorties médiatiques et le départ impromptu de Caucau, en une semaine sur le SUA, faut-il quand même avoir peur de Dax, dernier du Pro D2 qui vient de s'en ramasser cinquante chez le promu Massy ?
à ce moment de l'histoire, il faut presque se pincer pour revenir à la réalité et entendre Benjamin Pètre affirmer : «C'est inquiétant de voir arriver Dax dans cette situation (sic). Ils ne vont pas vouloir subir la même déconvenue. Ils vont arriver prêts pour nous mettre en difficulté. Nous sommes d'ailleurs dans la même situation puisque nous-même nous en avons pris 40 la semaine dernière.»
Si on n'avait déjà entendu le manager général agenais répéter à l'envi «on n'est rien pour pouvoir parler des autres», la réponse du trois-quarts centre, par ailleurs auteur de sa meilleure entame de saison depuis six ans — n'étaient ses deux «deux contre un» manqués à Perpignan et Biarritz — accréditerait presque la théorie du «manque de mental de (mon) équipe» développée par Mathieu Blin à Aguiléra.
Une thèse réitérée hier lorsqu'on invitait ce dernier à s'exprimer sur le bien-fondé de garder le même plan de jeu exigeant pour les organismes : «Le jeu, c'est l'arbre qui cache la forêt. Le jeu, il ne nous reste que cela, on manque de mental, de vaillance et de leadership…».
Imprévisible, le SUA l'est donc bien jusqu'au bout, sauf dans sa certitude d'avoir choisi la bonne voie d'un jeu basé sur la rupture et le désordre. Il est vrai que le staff tablait sur une progression plus rapide. Laissons à ce sujet un dernier constat à Mathieu Blin : «On parlait d'un manque de régularité de ce groupe dès le 30 juin. On est au mois de décembre et finalement on n'a pas encore cette régularité.»
Le groupe. Marshall, Telefoni, Béthune, Afatia, Tetrashvili, Fogarty, Bastien, Roidot, Ratuniyarawa, Hamilton, Tau, Giraud, vaquin, Erbani, Darbo, Abadie, Francis, Mazars, Roux, Pètre, Toua, Lamoulie, Waqaseduadua, Paris, Botica.
Les blessés, les suspendus et les choix. Narjissi (psoas iliaque), Joly (troisième carton jaune), Nnomo (cuisse), Valdès (épaule), Demotte (adducteur), Barthomeuf (carton rouge), Balès (commotion cérébrale), Pelesasa (cuisse), Lagarde (main), Tagotago (non retenu), Mchedlidze (non retenu).
L'équipe probable. Lamoulie ; Paris, Pètre, Mazars (cap.), Waqaseduadua ; Francis (o), Darbo (m) ; Hamilton, Erbani, Vaquin ; Ratuniyarawa, Roidot ; Marshall, Telefoni, Béthune.
Mathieu Blin, cinq jours après…
Le manager des «bleu et blanc» est revenu hier sur son coup de blues de samedi dernier à Biarritz. Cinq jours après Aguiléra, Mathieu Blin analyse, en effet, sa réaction sous le coup de l'émotion : «Quand tu es dans l'émotion, comme après le match à Biarritz, tu vas parfois chercher des choses un peu plus profondes. Je n'ai pas le côté sacrificiel, le côté de se faire hara-kiri mais l'équipe doit quand même ressembler à celui qui pose le cadre. On a eu la mainmise à Albi puis à Biarritz et on perd les deux matchs, le deuxième en prenant 40 points, tu te dois de te poser des questions. Et puis ne jamais trop dire les choses, rester sur un encéphalogramme plat, ce n'est pas toujours bon. Après ma déclaration, ce qui est intéressant c'est de savoir ce qu'on en fait. Chez Stéphane (Prosper), Jean-Jacques (Crenca) et moi cela nous a donné l'envie de plus travailler.» Voilà qui accrédite donc la philosophie du «dos rond» que nous évoquions dans notre édition de lundi, privilégiée à celle de l'électrochoc. Le «dos rond», une expression très à la mode ces derniers temps puisque Jean-Jacques Crenca se l'est, lui aussi, appropriée hier. Et pour démontrer que le patron était bel et bien de retour, alors que la règle d'or établi au sein du club depuis mercredi soir était plutôt de laisser au trio présidentiel la communication sur la libération de Rupeni Caucaunibuca (lire par ailleurs), Mathieu Blin n'a pas manqué de faire partager son avis sur le sujet : «On avait plutôt pris son arrivée comme une plus-value pour l'effectif. Il était arrivé cet été plutôt en forme et les préparateurs physiques avaient fait du bon travail. Sur quelques ballons face à Narbonne, il avait laisser entrevoir qu'il pouvait, si ce n'est concrétiser, créer de belles occasions. Et puis il y a eu ce retour aux Fidji fin septembre qui a compliqué les choses, provoquant une seconde séparation avec sa famille qui n'a pas été facile à gérer pour lui certainement. Il y a eu aussi ces deux entraînements ratés, lundi dernier et ce lundi…».
Pourtant, d'après le manager, le sort de «Caucau» était scellé dès le week-end dernier : «C'est bien lui qui n'a plus envie de jouer à Agen. On s'est occupé de lui durant deux mois avec des repas midi et soir durant deux mois ; s'il n'a pas envie de jouer, il n'a pas envie. La bienveillance a ses limites». Et Mathieu Blin de faire perdurer involontairement le mythe «Rup's» en soulignant : «Est-ce qu'il part pour les Fidji ou pour quelque part d'autre, je ne sais pas ?». Alain Tingaud savait pour sa part (lire par ailleurs).
Baptiste Gay.