La défaite face au Stade Français (5-18) a été celle de trop pour le SUA condamné aux affres du Pro D2. Au lendemain de cette descente historique, c’est un sentiment d’immense gâchis qui prédomine dans le Lot-et-Garonne.
Les joueurs accusent
A qui la faute ? La question est sur toutes les lèvres à Agen après la relégation du SUA en Pro D2. Parmi l’élite depuis 1926, le club lot-et-garonnais est un véritable monument du rugby français et, ironie de l’histoire, va vivre sa première descente alors que ses ressources financières n’ont jamais été aussi importantes. Mais le projet «Agen 2010», porté par le fortuné Alain Tingaud, est ajourné voire définitivement remisé. A vouloir trop anticiper sur l’avenir, Agen en a oublié son présent. Le SUA jetait les bases de ses futures années alors que son quotidien était jalonné de déconvenues et de remous internes. Sur le banc des accusés, le duo d’entraîneur Didier Faugeron-Loïc Van der Linden. «Pour tout le monde au club c'est une leçon. Un club de très haut niveau tient à très peu de choses et de gens. On a vu le résultat cette année. Un changement d'entraîneurs, et l'équipe est passée de 5e à 13e. Je maintiens qu'il y a eu une erreur de casting en début de saison sur les entraîneurs, et on le paye aujourd'hui. Nous joueurs, avons tiré tôt la sonnette d'alarme, mais le dialogue s'est vite refermé», lance, sur Rugby Hebdo, François Gelez très critique envers le tandem technique limogé à trois journées de la fin du championnat.
L’espoir Broncan
La diatribe de l’ouvreur est-elle un sentiment isolé de la part d’un joueur frustré par la fin de son aventure agenaise ou correspond-elle à une opinion partagée par le reste du groupe ? Il faut opter pour la seconde option à en croire Luc Lafforgue : «Mathématiquement, on descend après cette défaite contre le Stade Français, mais la descente couvait depuis très longtemps cette saison. A la base c'est notre faute, nous joueurs, si on n'a pas fait ce qu'il fallait pour rester en Top 14. Mais on ne veut pas prendre toutes les responsabilités. Les entraîneurs qui ont été limogés il y a quelques semaines y sont aussi pour beaucoup, et aussi les dirigeants du club qui a un moment donné, n'ont pas fait leur boulot en laissant traîner les choses. C'est un énorme gâchis», enrage le capitaine agenais. Les responsabilités du président, Daniel Dubroca, et du directeur général, Laurent Lubrano, sont engagées. Les principaux intéressés ne fuient pas ce constat et reconnaissent avoir réagi trop tardivement lors du conflit opposant les entraîneurs aux joueurs. Seront-ils plus prompt à prendre les bonnes décisions pour n’effectuer qu’un court passage en Pro D2 ? La politique de recrutement clinquant n’est pas forcément la plus adaptée à cette division et la venue du demi de mêlée des Blacks, Byron Kelleher, n’est plus forcément d’actualité. Le SUA sera au moins dirigé par un entraîneur connaissant les exigences du Pro D2, Henry Broncan. Les espoirs de renouveau reposent désormais sur le sorcier auscitain comme l’indique Jalil Narjissi : «On a passé 15 jours super avec Henry Broncan. Je sais qu'avec lui Agen reviendra, Agen ne va pas mourir.»
Par Mathieu Idiart