Incontestable favorite de la Coupe du monde de Rugby, la Nouvelle Zélande n’a pas soulevé le trophée depuis 20 ans. Vitrine du Pacifique avec son cousin australien, elle espère accrocher au sommet du Stade de France le drapeau océanien. Un continent où les minuscules îles des Fidji, du Tonga et des Samoa ont bien du mal à rivaliser avec leurs opulents voisins. Ces états où le rugby est roi participent régulièrement à la compétition reine, crée en 1987. Mais l’évolution du rugby les contraint dorénavant à jouer le rôle de simple pion dans l’échiquier mondial.
Samoa, quart de finaliste en 1991 et 1995, compte 125 clubs et 14 000 licenciés. Certains de ses joueurs évoluent en Europe (tel Alesana Tuilagi à Leicester) et sont capables, le temps d’un match, de rivaliser avec les meilleurs équipes mondiales. Mais leur jeu, encore animal, ne satisfait plus vraiment aux exigences du rugby moderne.
Dans un groupe A comprenant l’Afrique du Sud et l’Angleterre, une qualification représenterait un vrai coup de tonnerre!
Les Fidjiens ont atteint les quarts de finale en 1987. Ces spécialistes du rugby à XIII endurent de graves problèmes financiers: la campagne de préparation coûte près de 935 000 euros (1), alors que le déficit de la fédération est de 181 000 euros. Pour tenter d’y remédier et éviter un forfait de l’équipe, le gouvernement a débloqué 47 000 euros d’aide en vue du tournoi, s’ajoutant aux 187 000 déjà subventionnés en début d’année.
Malgré 60 000 licenciés, l’île reste derrière son voisin samoan. Voyant ses joyaux les plus brillants dérobés par les grandes nations de l’ovalie - le natif Joe Rokocoko porte le maillot des Blacks - Fidji patauge dans l’impuissance. Déversée dans le groupe de l’Australie, du Pays de Galles, du Canada et du Japon, elle n’aura pas la tâche facile.
Régulièrement pillé, lui aussi, par les deux géants océaniens, le Tonga ne dispose que de 5000 licenciés masculins - pour une population de 115 000 habitants. Les cabrioles du régime politique (une monarchie constitutionnelle héréditaire) ne favorisent pas l’essor économique. S’ils peuvent s’enorgueillir d’un succès aux dépens de la France en 1999 (20-16), une élimination dès le premier tour semble l’issue la plus probable.
Ces équipes pâtissent de l’exode de leurs cerveaux vers leurs voisins voraces. Le célèbre ailier néo-zélandais Tana Umaga, aujourd’hui manager général du RC Toulon, est par exemple d’origine samoane. Ne disposant du même temps de préparation que les piliers du rugby international, ils ne peuvent qu’agir par à-coups, en écartant toute projection vers l’avenir.
Sans argent, unique radeau de sauvetage, le retard pris face aux grandes nations paraît s’éloigner à jamais.
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