Marconnet forfait

« Me battre pour revenir »
23 août 2007 - 11 h 22 - Jean-François PATURAUD

Trois jours après avoir renoncé à la Coupe du monde, Sylvain Marconnet a tenu à s’exprimer jeudi matin à Marcoussis. Visiblement ému, le pilier parisien revient de façon touchante sur ce coup dur. Et évoque l’avenir.


Accompagné de Thierry Hermerel, le médecin de l’équipe de France, Sylvain Marconnet a pris la parole, jeudi vers 10 heures à Marcoussis, avant même les premières questions des journalistes.

« Merci à vous d’être venus aussi nombreux. Comme vous le savez, je suis forfait pour la Coupe du monde depuis lundi soir. J’ai été réopéré mardi par le professeur Landreau. Cela s’est bien passé. Le Mondial, c’est terminé pour moi. C’est très dur. Depuis quatre mois, c’était une course contre la montre. Tout allait bien jusqu’au 27 juillet mais ce jour-là, mon pied est resté bloqué et j’ai ressenti une grosse douleur. Je pensais à la Coupe du monde depuis quatre ans et le match perdu contre les Blacks pour la troisième place. On avait réalisé quelque chose de grand mais pas accompli. Gagner ce titre, c’est ce qui est de plus beau dans une carrière. Je serai le supporter n°1 des Bleus et j’espère que, le 20 octobre, leur joie sera aussi grande que ma tristesse l’est aujourd’hui.

Je veux remercier mon club, le Stade Français, et la Fédération française, l’encadrement et tous les kinés qui se sont occupés de moi. J’ai une petite pensée pour Bernard Laporte qui m’a fait confiance en me prenant dans le groupe. Il m’a découvert il y a dix ans et j’ai gagné des titres avec lui. Je voulais finir avec le plus beau des trophées. Je veux le remercier pour le joueur qu’il m’a fait devenir. Je remercie aussi les médias qui m’ont soutenu, ont été honnêtes, et un relais pour moi. »

Sylvain Marconnet, pourquoi avez-vous tenu à vous exprimer ?
On savait depuis lundi que la Coupe du monde ne pouvait plus être envisagée pour moi. J’avais émis le souhait de vous parler après mon opération, mais pas avant car c’est un moment difficile. C’est terminé pour moi. Je dois maintenant observer un temps pour me rétablir. Ce sera trop long pour revenir pour cette compétition.

Vous avez tenu à remercier plusieurs personnes…
Oui, cela a été important pour moi. Je veux remercier les médias et surtout le corps médical qui a tout donné pour que je puisse être là. Ce n’est malheureusement pas le cas. C’est une grosse déception pour moi mais aussi pour ceux qui croyaient en moi. Il faut maintenant que j’évacue cela, que je me repose et que je me vide la tête pour repartir d’autres aventures.

Votre rêve de participer à cette Coupe du monde s’est brisé le 27 juillet…
Oui, c’est probablement la date à laquelle j’ai eu cette fissure. Je me suis exprimé de manière positive mais quand on vit tous les jours avec un cœur meurtri, on connaît ces douleurs. Celles-ci n’étaient plus surmontables pour disputer une telle compétition.

« J’ai pensé arrêter »

La douleur morale est-elle aujourd’hui plus difficile que la douleur physique ?
Oui, quand on joue au rugby, on est régulièrement confronté aux douleurs physiques. La Coupe du monde était le gros objectif de ma carrière de sportif. Je ne l’ai plus mais la compétition continue. Je quitte le train en route. J’espère qu’ils iront au bout et qu’ils vont nous la ramener.

Avez-vous pensé tout arrêter ?
Bonne question. Quand on souffre comme j’ai souffert, on pense au pire. Oui, j’ai pensé arrêter. C’est ma quatrième opération en l’espace de cinq mois et demi. C’est dur psychologiquement de passer autant de fois sur le billard et de dire que le sort s’acharne sur moi. J’ai trop de chance de participer mon sport au plus haut niveau et d’exercer ma passion. Je dois me battre pour revenir et postuler de nouveau à une place en équipe de France.

Le plus dur est-il derrière vous ou est-il à venir ?
Je pense que le soir de France-Argentine, j’aurai un petit pincement au cœur au coup d’envoi. Ce sera un moment difficile pour moi comme cela l’a été de renoncer. J’ai dit au revoir aux joueurs ce matin (ndlr : jeudi). C’est dur mais je dois être fort. Je vais aller me ressourcer dès dimanche à Tignes avec ma seconde famille, celle du Stade Français. J’espère que ça va me faire du bien.

« Le Mondial 2011 ? J’y pense »

Vous fixez-vous déjà de nouveaux objectifs ?
Oui, j’arrive à me projeter et je vais essayer de tout donner pour revenir dans de bonnes conditions avec mon club. Il y aura un Tournoi en 2008 et j’espère pouvoir y postuler. J’espère qu’on pourra alors promener un titre de champion du monde dans toutes les nations de l’Europe.

Pensez-vous également à la Coupe du monde 2011 ?
Oui, forcément. Un sportif avance avec des objectifs. Je vais vieillir (sourire). Je ne sais pas comment mon organisme va réagir. C’est clair que j’y pense mais c’est encore un peu tôt pour se fixer cela comme objectif. Je vais y aller pas à pas.

Maudissez ce week-end de ski du 4 mars ?
Non, je reste philosophe. J’avais un week-end de coupure. Malheureusement, ma famille était au ski. Ma fille voulait me montrer comment elle avait eu son étoile. J’ai réagi en tant que père. Cela aurait pu se produire en faisant du vélo ou ailleurs. Cela serait à refaire, je referai la même chose peut-être pas si je connaissais les conséquences derrière…

« Le premier supporter de l’équipe de France »

Allez-vous revenir à Marcoussis durant les semaines à venir ?
Non, je ne crois pas. La compétition va démarrer et ils doivent vivre en vase clos. Ils doivent rester ensemble. J’aurai la plupart des joueurs au téléphone mais je ne pense pas que je reviendrai à Marcoussis durant la Coupe du monde.

Irez-vous suivre des matchs des tribunes ?
(Long silence) Je ne sais pas. Je ne me suis pas posé la question. Je serai le premier supporter de l’équipe de France et je sais que les joueurs vont faire quelque chose de grand. Pour assister au premier match contre l’Argentine, ce sera un peu compliqué. J’aurai encore mes béquilles. Pour les suivants, on verra. Mais ce seront des moments difficiles.