«Le rugby est ma religion, je n’ai jamais manqué un match»
Le manager Chris McFadden
QUOTIDIEN : samedi 6 octobre 2007
Quand il cause ballon ovale, Chris McFadden ne se défait jamais de son sourire. Et aime vider ses poches d’un trop-plein de bons mots et de phrase de comptoir. «A Southbridge, tout le monde joue au rugby, sauf quelques-uns. Ceux-là, on ne leur parle pas beaucoup. Mon seul drame dans la vie est de n’avoir eu que trois filles. Mais elles en savent autant sur les All Blacks que les garçons. Au club, l’argent manque, les sponsors sont rares. Mais nous avons un partenariat avec une marque de bière . C’est toujours important de pouvoir compter sur un bon brasseur.»
Southbridge, 750 habitants, au milieu des champs à une heure de route de Christchurch. En semaine, le village ne vit qu’à la sortie des classes. Le samedi, il respire autour du terrain de rugby. Le club est l’un des plus vieux du pays, 130 ans. Ses effectifs laissent pantois : 11 équipes, 200 joueurs. Un habitant sur quatre.
Chris , la quarantaine , y est secrétaire, manager, attaché de presse. Sa passion du rugby remonte à l’école : «J’ai joué de 7 à 25 ans. Aujourd’hui, ça reste ma raison de vivre. Une religion. J’ai un abonnement à l’année aux Crusaders. Je n’ai pas le souvenir d’avoir manqué un match.» Son club ne lui a jamais versé un dollar. Le bénévolat y est une règle, aussi immuable que les photos des anciens sur les murs du club-house. L’amateurisme ne se discute pas : «Pas un sou ne circule. Sauf pour payer les tournées en rentrant des matchs joués à l’extérieur.» Directeur d’une petite entreprise de meubles, Chris ferme boutique les soirs d’entraînement. «On aimerait en faire plus, mais les gars ne pourraient pas, glisse-t-il. Ils bossent tous. Certains à l’usine, d’autres à la ferme.» Il en a toujours été ainsi. Et rien ne changera jamais à Southbridge.