Merci à Bertrand Chomeil pour avoir mis en ligne son entretien avec A.Tingaud!
Comme il est indiqué dans les colonnes du "Petit Bleu" et de "La Dépêche du Midi", voilà l'intégralité de mon entretien avec Alain Tingaud, président du SUA. Vous pouvez le commenter. Certaines de vos réactions seront publiées dans le "Bleu". Bonne lecture.
Il y a eu la défaite à Lyon mais aussi la soirée réussie du 3 juillet. Comment vous sentez-vous à l’aube de la saison ?
On s’est mis dans une phase de reconstruction. Maintenant, être en phase de reconstruction ne veut pas dire être en phase de dépression. On a vraiment vécu une dernière année compliquée. On ne va pas revenir sur la défaite à Lyon ; on ne mérite pas de passer, en tout cas pas sur la prestation de certains joueurs. Le 3 juillet, c’était une première, pas une dernière. Cette saison, je compte réunir encore l’ensemble des supporters et des partenaires. On va mettre un accent très fort sur les abonnés. J’aimerais dire à tous ceux qui aiment le SUA que s’abonner au SUA, ce n’est pas seulement payer un peu moins cher les places que de les acheter match par match ; c’est aussi de participer à la vie du club, encore plus que ça n’a jamais été fait. Je peux vous annoncer au moins deux, voire trois manifestations dans l’année, dans le style de celle du 3 juillet. Elles seront réservées aux abonnés. Ils auront accès à la vie interne du club. J’aimerais qu’on capitalise sur les vrais supporters. Je ne dis pas que ceux qui achètent leur place chaque dimanche ne sont pas des supporters mais, dans le monde du rugby professionnel on a besoin d’une base très forte qui s’engage derrière le projet sportif, derrière le projet de club. A tous ceux qui seront abonnés avant le 6 septembre - ceux qui ne le seront pas avant cette date auront moins d’avantages -, je leur réserve des manifestations de haute tenue, essentiellement autour du sportif, pour retrouver cette convivialité, ce partage. J’aime beaucoup notre nouvelle campagne d’abonnements : fier d’être Agenais. J’ai souhaité qu’elle soit forte. Je suis content d’évoquer le 3 juillet parce que c’est une idée que j’ai lancée, sur une proposition de Titou Raynal. Un jour, lors d’un déjeuner, il m’a dit : et si on faisait ça. Dans cette phase de redémarrage, de reprise d’un certain nombre de valeurs, d’engagements, de la part des dirigeants, des joueurs, mais aussi de l’encadrement, il faut qu’on se rassemble.
Après deux années difficiles, vous êtes toujours là. Vous êtes même plus que jamais là...
Et j’ai très envie de vivre les deux prochaines années. Mon mandat est remis sur la table, chaque année, c’est évident. Il peut même l’être en cours de saison… Mais je suis très content de l’équipe, du conseil d’administration, de tout ce que nous sommes en train de mettre en place, de la collaboration avec Yves Salesse et l’Association. Je vous annonce que nous allons réunir, le 8 septembre je crois, ce que nous appelons le congrès, c’est-à- dire le comité directeur de l’Association et le conseil d’administration de la SASP pour parler tous ensemble du projet du SUA, de la formation, du sportif, de l’organisation. J’ai mis en place des pôles de compétences qui sont déjà en train de fonctionner. Je les ai lancés mi-juin et j’en suis très heureux parce que ça rassemble à la fois les gens du conseil d’administration, des personnes externes mais aussi des gens du comité directeur. Aujourd’hui, il faut sortir de cette situation où il y avait trop de paroles et pas assez d’actes. Et maintenant, il faut que tout le monde réfléchisse à la manière de contribuer au développement du SUA et, en tout état de cause, je continue à avoir ce rôle de chef d’orchestre essayant de mettre en place des idées, des projets, pour faire avancer tout le monde dans la même direction, pour rassembler tout le monde dans la même direction.
Vous avez évoqué les rapports avec l’Association et le président Yves Salesse. Il y a eu une augmentation de capital. Gardez-vous la philosophie de l’Association majoritaire ? Et est-ce que ce n’est finalement pas un frein pour vous car, sans ce système, vous pourriez encore plus investir au club ? Enfin comment vivez-vous ce particularisme assez unique dans le rugby français ?
D’abord, je ne le vis pas mal, même bien. Il y a eu trois enseignements importants sur l’augmentation de capital. La première est qu’il y a plus de levée de fond hors « Alain Tingaud » que ce qui était espéré. Donc, ça, c’est positif. Cela a permis de maintenir une augmentation de capital autour de 700 000 euros et, sur ma proposition, de laisser à l’Association une partie des fonds qu’elle a levés, ce qui lui permet, pour la première fois depuis des années, de partir avec des fonds propres positifs, c’est-à-dire qu’elle a une trésorerie positive de l’ordre de 80 à 100 000 euros. C’est très important. Pour la DNCAG, ce que l’on mesure, ce sont les fonds propres cumulés de l’Association et de la SASP. On se retrouve avec aux alentours de 800 000 euros, pour la SASP, en terme de fonds propres et avec 100 000 euros du côté de l’Association, ce qui veut dire que nous sommes largement dans les guides de la DNACG.
Le fait que l’Association soit toujours majoritaire dans la SASP est plus un problème d’état d’esprit, un problème de compréhension de l’engagement de chacun plutôt qu’un problème juridique ou légal. Il est clair qu’aujourd’hui, il faut regarder qui est capable de rajouter de l’argent dans une augmentation de capitale si elle est nécessaire. J’ai été celui qui a été capable de le faire. J’espère qu’il y en aura d’autres qui le seront mais j’espère surtout que nous n’aurons plus besoin de faire d’augmentation de capital. Eviter d’en avoir pour combler des trous éventuels est un objectif que nous nous sommes fixés. Maintenant, on peut toujours avoir besoin de faire une augmentation de capital pour investir plus, pour aller plus loin. Si nous devons le faire dans cet esprit-là, j’espère ne pas être le seul car mon objectif n’a jamais été de prendre la majorité de ce club, ni même de le racheter même si on m’a prêté cette intention. Mon objectif est de faire que le SUA reprenne ses couleurs d’antan. On se l’est dit avec Jean Dionis, le but est le retour en Top 14, un retour pérenne. Ca peut prendre deux ans, peut-être trois, je n’en sais rien. Peut-être un an… On a vu Mont-de-Marsan l’année dernière. Il faut beaucoup d’humilité dans le sport. Il peut se passer des choses à tout moment. Cette situation de l’Association majoritaire ne me gêne absolument pas et je continuerai à donner le maximum de moi-même pour le club, d’abord à titre personnel puisque je vais dégager beaucoup plus de temps pour la direction du club que je l’ai fait dans le passer. Je serai beaucoup plus présent. Je vais aussi essayer de m’engager encore plus sur les partenariats, autour des supporters, des abonnés. J’espère être encore plus à leur côté et organiser le fonctionnement de ces groupes très importants pour le club.
Vous réaffirmez votre ancrage sur Agen et votre volonté de ne pas vouloir acheter le club. Que pensez-vous des mauvaises langues disant que vous avez voulu laisser pourrir la situation du club, que c’était une stratégie ?
Comment les gens peuvent penser ça ? Ceux qui le pensent, je préfère le dire, sont stupides. Du premier jour où j’ai rencontré Daniel Dubroca, il y a deux ans et demi, et où je suis entré dans le club à celui d’aujourd’hui, mon seul et unique objectif a toujours été, à travers ma passion pour le rugby et ma passion pour les hommes et pour ce club, d’apporter le maximum de moi-même à travers ma personne mais aussi à travers les moyens financiers que je peux mettre à la disposition du club dans les règles de fonctionnement et de décision de club. Maintenant, on sait très bien que fonctionner avec un actionnaire principal qui s’appelle l’Association, qui n’a pas de moyens financiers, est une situation qui peut être difficile dans le futur ; mais, maintenant, ce n’est pas à moi de décréter, c’est à l’ensemble de ceux qui sont propriétaires de ce club depuis cent ans, de définir ce qu’ils veulent. Moi je ne suis pas là pour faire un chèque ou pour acheter ce club. Je pense d’abord que le SUA ne s’achète pas. Soit on s’insère dans le SUA, soit on s’en va.
Votre volonté de vous investir trois jours par semaine est-elle dictée par un recul sur vos affaires ou parce qu’elle était nécessaire ?
Ce sera peut-être plus de trois jours. C’est dicté par une envie personnelle. J’ai pris une décision, le 12 juillet dernier, de prendre du recul sur mes affaires personnelles à Paris. Je vais maintenant être président du conseil d’administration d’Infovista mais je n’en serai plus le directeur général opérationnel comme je l’ai été depuis des années. Vis-à-vis de mon groupe Alain Tingaud Innovation, je suis toujours président et directeur général et vis-à-vis de mes investissements dans d’autres entreprises, j’ai pris beaucoup de recul. J’ai quitté trois ou quatre conseils d’administration pour n’en garder que trois, pour me dégager du temps et vivre, à titre personnel, plus près de ma famille, de mon épouse qui habite Saint-Astier-de-Duras et me consacrer à trois de mes passions d’aujourd’hui qui sont le SUA, mon vignoble et mon portefeuille de gestion d’affaires dans lequel je continuerai à investir au moins une journée par semaine. Je pense dégager beaucoup de temps sur le SUA et surtout je n’aurai plus ses aller et retour sur Paris qui me prenaient beaucoup de temps. Je vais monter à Paris une fois par mois mais plus chaque semaine, ce qui me permettra de garder contact avec le monde économique national, c’est important pour nous et notre club. D’ailleurs, avec Laurent Lubrano, je vais le 9 septembre à Paris pour rencontrer des partenaires potentiels. Mais, en même temps, il s’agit d’être présent ici, de pouvoir aider l’équipe de direction du club dans tous ses aspects et montrer que l’objectif de redevenir pérenne dans le Top 14 passe par un investissement humain qui est quelquefois aussi important que l’investissement financier.
On ne doit donc pas interpréter votre présence accrue au club comme une volonté de le « surveiller ».
Non. On va mettre toutefois plus de procédures en place. Moi je souhaite que nous soyons meilleurs sur le terrain, dans notre gestion et dans notre communication. Sur le terrain, je suis content de ma dream team : Henry (Broncan), Christian (Lanta), Christophe (Deylaud) trouvent leur place. Alex Déjardin, le nouveau préparateur physique, fait l’unanimité. Le groupe de joueurs est jeune. Il est encadré par quelques anciens mais il y a un très bon état d’esprit. Après on sait que ce sera compliqué. C’est une année qui peut être une année difficile à vivre mais, en même temps, qui va nous permettre d’apprendre et de nous positionner vers le futur.
Quel est l’objectif ?
Cette année, pour être sincère, on se dit entre nous que tout est possible mais que rien ne doit être programmé à l’avance tant que nous n’avons pas la certitude de notre capacité à faire. C’est clair. Tout est possible mais rien n’est programmé.On doit travailler, travailler, travailler. Ce groupe de bambins de la génération « 87 » doit progresser. Pour progresser, ils ont trois coachs de très haut niveau. On va réfléchir dès décembre sur la configuration du groupe pour l’année prochaine. Notre objectif sera de garder un groupe qui, dans les deux ou trois prochaines années, pourra se bonifier et prendre de la valeur. On est convaincu que nous avons des garçons de grande qualité. Maintenant, dans le sport et dans le rugby en particulier, il n’y a pas de règles. Des nouvelles règles, il y en a par contre. Et nous avons pris deux entraîneurs dont le projet de jeu colle parfaitement avec les nouvelles règles. On doit faire progresser individuellement et collectivement cette génération que nous avons entre les mains. C’est pour ça que je me suis battu depuis avril pour garder au sein du SUA un homme remarquable qui s’appelle Henry Broncan. On a dit tellement de conneries sur notre relation que je n’en dirai pas plus. Henry est à mes côtés pour ce projet-là. Et je me suis battu pour que Christian Lanta et Christophe Deylaud reprennent les rênes du terrain avec cette nouvelle génération.
Ecrit par : Bertrand Chomeil