Le Monde - 10/09/08
DANS SES "POINTILLÉS"
Sans avoir confirmé l'objectif qui aurait été fixé au technicien de glaner cinq points en trois matchs, Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football (FFF), a reconnu l'importance du prochain rendez-vous au micro de TF1 : "Comme prévu, on attendra le troisième match pour faire un point sur ce dossier. On en reparlera donc après la rencontre en Roumanie." Le dossier Domenech en sourdine pour un mois ? D'après Gérard Houllier, directeur technique national, interrogé sur RTL, une petite réunion, programmée par Escalettes devait se tenir après la rencontre contre la Serbie. Difficile d'imaginer que le cas du sélectionneur n'y a pas été abordé. Même le principal intéressé n'y croit pas : "D'ici un mois, il peut se passer beaucoup de choses", a-t-il déclaré en souriant à l'issue du match.
En conférence de presse, Raymond Domenech a refusé d'évoquer son cas personnel, de même qu'il s'est appliqué à ne pas dégager de performances individuelles. Pourtant, Yoann Gourcuff, Nicolas Anelka et Thierry Henry ont été au-dessus du lot. "Je suis soulagé de savoir que cette équipe a répondu à ce que j'imaginais et à ce qu'elle était capable de faire, a déclaré le sélectionneur. Pour ça, je suis soulagé. (...) Aujourd'hui, on confirme qu'on a une équipe capable de bien jouer au football, d'avoir de l'allant, de presser haut contre une équipe qui n'est pas facile à manœuvrer." Interrogé sur les quelques "Domenech, démission" qui ont fusé dans les travées du Stade de France, le technicien a botté en touche : "Je suis dans un match, je ne vais pas me préoccuper de ce qui se passe à l'extérieur. Il faut faire abstraction de ce qui se passe à l'extérieur, je suis dans mes pointillés. Je n'entends pas, j'ai tout fermé dans ces moments-là." Et d'ajouter : "Moi, ce qui me concerne, ce sont les matches. Le reste..."
COACHING DÉTERMINANT
Les joueurs se sont pour leur part peu attardés après leur victoire sur l'avenir de leur entraîneur. "On n'a pas pensé au sort de Raymond Domenech, de toute façon ce n'est pas nous qui décidons, même si les résultats font beaucoup", a ainsi reconnu Jérémy Toulalan, milieu défensif des Bleus. Seul Thierry Henry a rendu hommage, malgré lui, au sélectionneur : "Le coach avait besoin de moi sur le côté gauche, j'ai joué côté gauche." Et ce fut une des bonnes décisions de la soirée. Car, au-delà des discussions sur l'avenir de Raymond Domenech, son comportement, un constat ne peut lui être enlevé : son coaching a été déterminant – pour une fois diront les esprits chagrins – dans la victoire face à la Serbie. Non seulement il a changé son système de jeu, de 4-4-2 en 4-2-3-1, mais il a eu la bonne idée de mettre Thierry Henry, meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France avec 46 réalisations, non pas en pointe mais sur le côté gauche où l'attaquant barcelonais a pu peser sur le jeu.
Ensuite, les joueurs que Raymond Domenech a décidé de lancer ont répondu présents. Yoann Gourcuff, titularisé au poste de meneur de jeu à 22 ans et deux sélections, a été un chef d'orchestre très précieux et souvent très dangereux, ainsi que le Français qui a touché le plus de ballons (109). La décision de remplacer, dès la mi-temps, Karim Benzema par Nicolas Anelka s'est également avérée payante : le Lyonnais n'avait pas trouvé ses marques, alors que l'attaquant de Chelsea a immédiatement pris le jeu à son compte, marquant le second but des Bleus et multipliant les frappes précises (quatre tirs, tous cadrés). Raymond Domenech n'a donc pas déçu d'un point de vue technique face à la Serbie. Malheureusement pour lui, la Fédération ne se contentera pas forcément de cette réussite.