RUGBY. Les comptes du club sont à sec. Les dirigeants jouent la carte de la formation
Pour le président de l'association SUA Rugby, Yves Salesse, le salut du club passera par la formation (PHOTO THIERRY SUIRE)
Pour le président de l'association SUA Rugby, Yves Salesse, le salut du club passera par la formation
Au poker, on appelle ça « mettre son tapis », jouer le tout pour le tout. C'est ce que va devoir faire le Sporting Union Agenais Rugby s'il veut à nouveau renifler l'odeur du Top 14 et assainir ses finances, qui sont au plus mal depuis sa descente aux enfers, au plutôt en Pro D2. Le problème, c'est que le club n'a plus beaucoup de jetons sur la table. Hier soir, lors de l'assemblée générale de l'association SUA Rugby, le président Yves Salesse a dévoilé sa tactique : « Si nous voulons nous en sortir, il faudra miser sur la formation. »
La jeunesse serait-elle le dernier As caché dans la manche du SUA ? Tout le monde semble unanime sur ce sujet, à l'instar du président de la section pro du club, Alain Tingaud. « Voilà deux ans que nous n'avons pas dépensé d'argent dans le recrutement de jeunes. Et si nous voulons voir nos Espoirs sur la feuille de match de l'équipe pro dans les années à venir, comme Jean Monribot par exemple, il va falloir recruter dès demain », avertit le trésorier de l'association, Alain Dubuc, adepte du célèbre discours : « Une star en devenir est toujours moins chère qu'une star. » Dans le football, Guy Roux n'aurait pas dit autre chose. Et cette chasse à la dépense s'exporte très bien en temps de crise financière. Car le syndrome « des poches vides » ne touche pas que le monde de la finance.
Le SUAthon est ouvert
Certains peuvent s'en émouvoir, mais la réalité est là : en 2008, même la génération qui roule en Mobylette et qui se rase toutes les trois semaines, s'aimante avec des billets de banque. Et c'est justement ce qui manque au club agenais. « Nous allons faire un appel aux dons dans les mois à venir », prévient le président Yves Salesse en se tournant vers les élus : « Et nous comptons évidemment sur le soutien des collectivités locales pour mettre notre projet en action. » Le SUAthon est ouvert.
Du côté du Conseil général, le supporter du SUA Guy Saint-Martin a voulu rassurer l'assemblée : « Nous donnerons une subvention spéciale au club. Mais je dois rappeler que le Département est celui qui consacre la plus grosse partie de son budget à une équipe de rugby derrière le Var (Toulon). »
L'adjoint aux sports de la ville, Thierry Hermerel, est sur la même longueur d'ondes : « Les temps sont durs pour tout le monde, mais nous allons mettre la main à la poche pour construire un centre de formation digne de ce nom. »
On l'aura compris, aujourd'hui, jouer la carte de la jeunesse, ce n'est pas fabriquer une identité de jeu, mais bien un modèle économique. Le but étant de garder quelques jetons sur la table.
Article SUD OUEST - Arnaud DEJEANS