RUGBY TOP 14, FRONDE. Limitation des masses salariales et faiblesse des droits télé agacent les clubs les plus nantis
Les chiffres de la discorde
S'agit-il d'un vent de fronde qui risque de déstabiliser la Ligue ou d'une simple poussée de fièvre passagère comme le rugby professionnel en a connu de nombreuses ? Ainsi que le révélaient hier nos confrères de « L'Équipe », quelques présidents de clubs parmi les plus nantis se réuniront le 6 mai, à la veille de l'assemblée générale de la LNR à Orly, pour exprimer leur désaccord avec les mesures que Pierre-Yves Revol, le patron de la Ligue, souhaite mettre en place pour limiter les masses salariales.
Qui sont-ils ? Jacky Lorenzetti, le président du Racing-Métro fraîchement promu en Top 14 qui est à l'initiative de la réunion, Mourad Boudjellal, son homologue de Toulon, Daniel Derichebourg, celui de Brive, mais aussi Paul Goze, le président de Perpignan. « Mais j'y vais pour participer, ce n'est pas une mise en cause du pouvoir ou de l'homme qui l'exerce », prévient ce dernier. René Bouscatel, le président de Toulouse qui a le premier contesté les nouvelles dispositions de la LNR, n'en sera pas. « Quand j'ai des choses à dire je le fais en assemblée. » Marcel Martin, président du syndicat des clubs professionnels, n'a pas non plus été invité alors qu'il planche sur le dossier. « Ça sera donc un shadow cabinet », ironise-t-il.
« Pas des putschistes »
Que reprochent les « nouveaux » investisseurs à la politique de la LNR ? De vouloir tirer le rugby français vers le bas en empêchant ceux qui en ont la capacité d'attirer des joueurs prestigieux. « La limitation devrait être proportionnelle au budget global du club, estime Lorenzetti. Mais nous ne sommes pas des putschistes. Nous voulons trouver des solutions. »
Mais ce n'est pas leur unique grief. Leur autre combat porte sur une revalorisation des droits de retransmission du Top 14 (29,5 millions d'euros par an dont 26 de Canal +), jugés trop faibles par rapport à ceux perçus par la Ligue 1 de football (668 millions dont 465 millions de Canal +). Le contrat entre la LNR et la chaîne cryptée s'achève en 2011 mais les chiffres du récent Toulon - Toulouse (1,1 million de spectateurs contre 2,54 millions pour Bordeaux - Lyon) leur permettent de souligner que le rapport de 1 à 20 entre les deux sports n'est pas justifié par les scores d'audience. En affirmant que le Top 14 est sous évalué, ils lancent un débat (lire ci-dessous) où ils peuvent gagner des alliés.
Auteur : ARNAUD DAVID