Agen : le bon plan Tingaud (La Dépêche)

Agen : le bon plan Tingaud




Pro D2. 29e journée. Le club Lot-et-Garonnais, un «historique», retrouve officiellement l'Elite (Top 14).


Erreur de casting ? L'adversaire de Toulouse, en finale de la Coupe d'Europe, le 22 mai prochain au Stade deFrance, ne devrait pas être Biarritz mais Agen ! Fin novembre 2006, Alain Tingaud, homme d'affaires encore mal connu en Armandie, fait exploser une bombe à fragmentation dans le champêtre paysage lot-et-garonnais en dévoilant un audacieux plan baptisé « Agen 2010 ». Objectif : être en finale de la « H-Cup » au bout de trois ans, dans trois semaines, donc. « Agen Tribu Rugby », Kelleher, Bastareaud, Broncan, tout est dans les cartons. Il ne manquait plus qu'un hymne ; « Je m'voyais déjà » de Charles Aznavour aurait parfaitement collé à l'histoire rêvée par ce Tingaud que certains regardaient comme un drôle d'oiseau.

Quelques mois plus tard, le samedi 26 mai 2007, le Stade français pousse Agen dans le précipice mettant ainsi fin à la longue agonie d'un club quasiment centenaire. Limogeage des entraîneurs Didier Faugeron et Loïc Van der Linden la veille du 1er mai, fête du Travail, nomination de quatre leaders (Matthieu Lièvremont, Ostiglia, Lafforgue, Stoltz), séance commando menée par le président Daniel Dubroca, à 6 heures du matin, ironique 0-47 encaissé à Toulouse le 11mai, accrochages entre joueurs à l'entraînement, « sorcier » Broncan au chevet du mourant quinze jours avant le dernier râle, il y a eu de l'électrochoc dans l'air. Mais rien n'a pu enrayer la chute en Pro D2, cet enfer.

Recette gagnante

Tingaud, président adoubé avec le regard bienveillant de gardiens du Temple comme « Vivi » Salesse et Broncan promettant plus de « cambouis » que de « paillettes », Agen se retrousse les manches, fait des économies et des choix douloureux : éviction de l'icône Elhorga. Avec Monribot, nommé capitaine à 20 ans, la génération « 87 » est en charge de redorer le blason.

Le 13 novembre 2008, le jour de ses 54 ans, Alain Tingaud révèle l'existence d'un premier plan Renaissance. Il a un fort goût de son prédécesseur, « Agen 2010 », mais le but n'est évidemment pas le même. La cible à atteindre en 2012 est le Top 14. Cela passe par une réorientation de la politique sportive de l'équipe première avec un retour à la culture du jeu dit « à l'agenaise » et à une consolidation de la formation. Tingaud remet ainsi le duo d'entraîneurs Lanta-Deylaud dans le circuit suaviste et fait de Broncan le grand manitou des équipes jeunes et de leurs éducateurs. Recette gagnante.

Plus que Boudjellal et Lorenzetti !

Si le président Tingaud n'a pas hésité à injecter de l'argent dans le SUA, « plus, dit-il, que ne l'ont fait Boudjellal et Lorenzetti », patrons de Toulon et du RCF (avant l'actuelle ouverture du capital, on a estimé sa participation personnelle à plus de deux millions, NDLR), il a su se faire apprécier de beaucoup d'Agenais. En se positionnant au-dessus des clans tout en restant fidèle à son ami, Daniel Dubroca, il a surtout su mettre le club, et le club avant tout, sur le devant de la scène. Un club aujourd'hui en Top 14 et avant l'heure fixée par le plan Renaissance. Bientôt en H-Cup ?


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