Le modèle Tingaud Le président du SUA n'a jamais caché ses ambitions. Après le titre acquis dimanche, il dévoile une partie de ses projets. À la fin du match contre Lyon dimanche, le président du SUA a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur Daniel Dubroca. PHOTO EMILIE DROUINAUD
Le calme après la tempête. Au lendemain de la remontée du SUA en Top 14, on retrouve Alain Tingaud dans son bureau à Armandie en train d'éplucher tranquillement la presse. Il a même eu le temps de revoir la cassette du match entre Agen et Lyon. « Je n'ai pas trop dormi », s'excuse-t-il presque en préambule. « Il n'y a que dans le sport collectif et dans le milieu des affaires qu'on peut ressentir ce genre d'émotion », compare-t-il en faisant référence à son discours de clôture à la bourse de New York en juillet 2006. Alain Tingaud sourit. Un sourire rempli de fierté.
« Sud Ouest ». Vous avez essuyé quelques larmes de joie à la fin du match. Alain Tingaud. C'est pour ressentir ça que je me suis engagé. Le bonheur du stade, tous ces yeux embués et toutes ces mains à serrer... C'est très fort.
Après la rencontre, l'ancien directeur Laurent Lubrano, disait qu'Agen possède un des cinq meilleurs staffs techniques de France, Pro D2 et Top 14 confondus. Je suis d'accord. J'ai fait revenir la paire d'entraîneurs la plus complémentaire de France. Christian Lanta est un grand manageur, extrêmement pédagogue, doté d'une grande personnalité. Christophe Deylaud est un penseur du rugby. En plus du staff médical, il y a aussi Alex Dejardin, un Monsieur de la préparation physique. Et encore, il n'a pas pu mettre en place tout ce qu'il voulait. On lui en donnera les moyens l'an prochain. Car sur l'échelle de Richter de la préparation physique, il faudra passer de 5 à 8.
Quelle est votre part de responsabilité dans cette remontée ? (Un peu gêné). Il faut savoir être un président modeste mais je pense qu'un grand club comme le SUA mérite d'avoir un grand dirigeant à sa tête. Je suis arrivé dans une ville nostalgique et malheureuse il y a trois ans. Si je me suis engagé, c'est parce que Daniel Dubroca, mon ami, me l'a demandé. Le challenge à relever était énorme. Et comme j'aime les défis… Je suis fier d'avoir assaini la situation. Aujourd'hui, il y a une vraie équipe dirigeante, motivée et rajeunie, des sponsors fidèles, et même des partenaires qui veulent revenir. C'est la première saison que les comptes sont équilibrés.
Vous avez mis combien d'argent de votre poche ? Je n'en ai jamais parlé jusqu'à présent. Mais j'ai mis 3 millions d'euros dans le club depuis mon arrivée. C'est plus que Boudjellal à Toulon .
Vous n'avez pas perdu votre ambition de ramener un nouveau Brennus à Agen ? Je veux installer le SUA parmi les dix premiers clubs français dans un délai de 3 à 6 ans.
Et si vous redescendez dès la saison prochaine, ce projet sera-t-il remis en cause ? Avec des « si » on mettrait Paris en bouteille et Agen dans une fiole. Le plus compliqué sera de se maintenir les deux prochaines saisons, c'est certain.
Dans un Top 14 qui n'a jamais été aussi fort, comment Agen peut-il survivre ? Il faut fédérer tous les supporters et les acteurs économiques autour d'une ville virtuelle de 350 000 à 400 000 personnes, entre Bordeaux et Toulouse. Ce modèle n'existe nulle part ailleurs, mais je suis persuadé que nous pouvons le créer.
Un grand stade fait-il partie de ce projet ? Il faut être ambitieux sur ce dossier. Contre Lyon, on a joué à guichets fermés (13 000 spectateurs). On aurait pu attirer 16 à 18 000 personnes. Cette année, notre affluence moyenne s'élève à 9 300 spectateurs cette saison. Il faut savoir que si on arrive à attirer 5 000 personnes en plus à chaque match à domicile, on peut augmenter notre budget annuelde 5 millions d'euros. C'est ce que fait Boudjellal à Toulon. Et en plus il peut décentraliser des matches au Vélodrome. L'an prochain, je ne m'interdis pas d'essayer d'organiser un Agen-Toulouse à Chaban-Delmas (Bordeaux) par exemple. C'est le seul modèle économique viable si on ne veut pas qu'un club dépende d'un seul mécène, comme Lorenzetti au Racing.
On a l'impression que vous avez changé depuis trois ans. Je n'ai pas changé. Simplement, on ne me connaissait pas.
Sud Ouest