Tout avait mal commencé à BéziersPublié le 25/01/2015 à 03:52, Mis à jour le 25/01/2015 à 09:27 - La Dépêche
SU Agen - Lot-et-Garonne - Pro D2. Le 23 août dernier, le SUA avait raté son premier match de la saison
Photo PB, Jean-Michel Mazet
Si à Agen, tous les supporters gardent en tête la défaite à domicile face à Bourgoin-Jallieu, le staff et les joueurs du SUA n'ont pas oublié que leurs déboires avaient commencé une semaine plus tôt, le 23 août, au stade de la Méditerranée. «Do you remember ?»
Bourgoin ! Les supporters agenais les plus revanchards n'ont que cette destination en tête. Comme si une victoire dans le Nord-Isère le 7 février prochain allait définitivement conjurer le revers du match aller et avec lui le mauvais sort qui semble s'être acharné sur le SUA durant toute la première partie de saison.
La gifle de Lomidze, Chevtchenko et consortsC'est aller un peu vite en besogne et, quelque part, mésestimer l'adversaire du jour. S'il y a un endroit où tout a mal commencé pour le Sporting c'est bien à Béziers. Le 23 août dernier, faisant fi des signes avant-coureurs d'un orage cantalien qui les avait cueillis lors du premier match amical d'intersaison à Aurillac, les Agenais avaient pris la route du Stade de la Méditerranée auréolés de leur statut de grand favori, acquis à la faveur de leur participation à la finale d'accession de la saison précédente, et rassérénés par leur victoire en trompe-l'œil lors de la Summer Cup à Biarritz. Cela sentait bon le sable chaud et, reconnaissons-le, nombre d'observateurs, dont nous étions, ne voyaient pas comment le XV biterrois aligné pouvait effrayer le SUA.
La gifle administrée par Lomidze, Chevtchenko et consorts n'en avait fait que plus de mal au sentiment de supériorité agenais. Avec un jeu très direct, le 3e ligne aile et le trois-quarts centre avaient surnagé pour perforer et créer des intervalles afin de déstabiliser la défense agenaise.
Ses pénaltouches dévastatrices du début de saison mises à part, le SUA avait semblé absent. Et plutôt que d'agir comme un avertissement sans frais, ce premier échec avait révélé les doutes qui allaient poursuivre les Bleu et Blanc jusqu'à Noël. On pense notamment à cette dernière pénalité en faveur d'Agen où staff et joueurs s'étaient, comme l'on dit, «mal compris». Les coaches voulaient les trois points alors que les seconds souhaitaient aller en touche, passons.
La réponse de Crenca à HamacekDe l'été dernier et de ce match cauchemardesque en particulier, Mathieu Blin se souvient pour sa part des «soixante plaquages négatifs et inefficaces du SUA face à une équipe de Béziers, qui avait démontré, pour sa part, une grande progression». Des duels défensifs ratés qui étaient venus confirmer la souffrance agenaise sur les impacts physiques pointée du doigt par le manager général dès le match amical face aux Biarrots.
Si le SUA a fait son «Aggiornamento» au niveau du combat depuis le début de l'année 2015, les propos de Mathieu Lamoulie démontrent que, les joueurs non plus, n'ont pas oublié leur faux départ héraultais. Alors qu'on l'interrogeait sur les bénéfices d'une analyse vidéo renforcée lors des matchs retours, au prisme des images emmagasinées en phase aller, l'arrière, pourtant blessé et n'ayant pas participé à la contre-performance biterroise (il n'avait donc pu suppléer la sortie prématurée de Toua qui avait lourdement impacté l'organisation défensive agenaise avec l'entrée en jeu à l'ouverture de Francis et le glissement de Lagarde à l'arrière) le confirmait : «Plus que la vidéo, c'est l'histoire du match aller qu'on retient souvent. à Béziers, on sait qu'on n'avait pas fait un match au niveau où nous devons être. On aura donc à cœur de montrer notre vrai visage.»
Pour être bien sûr que le SUA a de la mémoire, on invitera Jean-Jacques Crenca à la conclusion : «Il y a trois matchs nous étions en Fédérale 1. Restons modérés. Il faut se souvenir qu'à l'aller on est tombé sur une grosse équipe de Béziers qui est plus favori que nous, même si comptablement nous sommes devant eux». Après les propos de son confrère biterrois, Christophe Hamacek, qui envoyait gentiment Agen en Top 14 dans nos colonnes vendredi matin, démonstration est faite par l'entraîneur des avants agenais qu'il n'y a pas que sur la pelouse qu'on peut jouer au «ping-pong rugby».
Blin et la retraite forcée de MartinOn a interrogé le manager général du SUA sur la retraite du flanker biterrois, son ancien partenaire du Stade français, obligé de stopper sa carrière voilà dix jours en raison de deux hernies cervicales, dont une seule était opérable : «On essaie tous de choisir le moment où l'on veut arrêter et à l'arrivée il n'y en a pas beaucoup qui arrive à le faire. Il vit cela de façon plus violente car c'est en cours de saison. Il faisait partie de ces mecs qui vont jusqu'au bout pour la gagne, par le combat. Quand tu sors du combat c'est un moment compliqué à vivre. J'imagine que le groupe biterrois dans son ensemble doit être touché. Après c'est un levier dont il faut faire usage avec parcimonie. Des joueurs de son calibre, on a envie d'être à leur hauteur.»
Dans la tête de Lionel MazarsDifficile de percer l'armure de Lionel Mazars. Et pas seulement sur la pelouse où, depuis le retour aux affaires du SUA voilà trois semaines, il a décidé de cacher les clefs du coffre-fort agenais. En dehors des terrains aussi, le trois-quarts centre sait, mieux que quiconque, protéger l'intimité de son groupe. Ce n'est pas un hasard s'il s'est vu confier en début de saison les galons de capitaine du Sporting. Avec sa gueule de chevalier cathare, Lionel Mazars ne peut, en effet, renier son côté chef de bande hérétique. Comme nous l'avions fait en début de saison avec Jalil Narjissi, nous avons, toutefois, cherché à gratter le vernis pour savoir ce qui se cache derrière l'imperturbable leader.
Au matin d'un match, à quoi pensez-vous lorsque vous vous levez ?Lorsque nous sommes à l'extérieur, j'essaie de me projeter pour savoir dans quel état d'esprit sera l'équipe sur le terrain. Pour les matchs à domicile, j'avoue que, le matin, je profite de ma fille. Je me connecte au groupe en arrivant au stade.
Qu'est-ce que vous n'oubliez jamais de glisser dans votre sac avant de quitter la maison ?Je n'ai pas de superstition, ni de grigri, par contre je n'oublie jamais mon protège-dents. Je ne peux pas jouer sans. Autant je joue sans épaulettes ni autres formes de protection, autant jouer sans protège-dents, ce n'est pas pensable pour moi.
Vous avez un circuit particulier à votre arrivée au stade ?Pas forcément, je pose mon sac aux vestiaires et je file à la salle de vie pour partager un petit café avec tout le monde. Je cherche tout de suite la compagnie du groupe. J'aime bien sentir que les personnes qui m'entourent sont dans le même état d'esprit que le mien.
Le fait d'enfiler le maillot d'un club, même dans le rugby professionnel, cela représente encore quelque chose pour vous ?Je suis encore attaché à ces valeurs qu'on pourrait qualifier de «rugby de village». Jouer avec les potes, pour un maillot, oui cela me parle. C'est important de faire honneur au maillot, pour ceux qui sont dans la tribune et qui vous supportent comme pour les anciens joueurs qui l'ont porté avant vous. Au risque d'être un peu «vieux jeu» de ce côté-là, j'aime bien ce côté transmission.
Vous avez déjà porté nombre de maillots de clubs historiques ayant des traditions de jeu affirmées : Toulouse, Narbonne, Castres, Bayonne. Porter celui d'Agen, vous vous y attendiez ?Pas forcément, même si je suis très fier de le porter aujourd'hui. J'espère d'ailleurs pouvoir le porter encore quelque temps.
Vous qui connaissez l'histoire du rugby hexagonal, vous n'avez donc pas été bercé par la jalousie qui a longtemps poursuivi le SUA ?Au contraire, je viens d'un petit club, Rieumes, où Agen représentait quelque chose de très important puisque les frères Viviès, Christian et Bernard, venaient de ce village. C'est peut-être paradoxal quand on est bien plus proche de Toulouse, mais à Rieumes le SUA a une certaine aura et le village a toujours gardé de l'affection pour Agen.
Au moment du toss, vous jaugez l'adversaire et l'arbitre ?J'essaie d'être le plus calme possible et, franchement, je ne regarde pas si le capitaine adverse est rouge comme une pivoine ou si l'arbitre à la main moite. Il m'arrive quand même parfois de ne pas sentir ce premier contact très chaleureux.
Dans le couloir qui mène à la pelouse, juste avant le match, il y a encore de la place pour les sentiments ?Chez moi oui en tout cas, puisque c'est le moment où je pense à mes proches, à ma fille, ma compagne, mes parents, mon frère. J'ai une pensée pour eux parce que je sais qu'ils sont fiers de moi. J'essaie donc de leur procurer de la joie et de la fierté et j'ai envie de le faire le plus longtemps possible.
Le coup d'envoi donné, c'est quoi l'idéal pour vous ?C'est de toucher le ballon le plus vite possible ou d'entrer rapidement en contact avec l'adversaire. Il n'y a rien de plus désagréable que les matchs où je passe cinq minutes à courir dans le vide. Il me faut être actif dès les premières minutes pour que je me sente bien.
Ce rôle de capitaine, ce n'est pas trop perturbant pour avoir une bonne préparation personnelle ?Il faut trouver le juste milieu, montrer la voie à suivre par l'exemple tout en prenant les bonnes décisions.
Dimanche dernier, alors que Taylor Paris venait de se faire croquer sur une relance poussée trop loin, vous lui avez glissé quelques mots. On peut savoir ?Il fait le plus dur en éliminant quatre défenseurs et va trop loin. C'est mon rôle de lui expliquer qu'il doit être plus patient, mais Taylor est un jeune très intelligent. Il avait diagnostiqué son erreur. L'échange aide toutefois à ne pas se retrouver seul face à sa bourde, à se sentir épaulé. Se tromper peut arriver à tout le monde.
L'avis du spécialisteJ.-P. Elissalde : «Le ProD2, c'est la bouteille à l'encre»
Le spécialiste de Canal + Jean-Pierre Elissalde, a entraîné le club héraultais de 2003 à 2005 avant de diriger la sélection japonaise. Dès 2006, il devient le manager de l'Aviron Bayonnais. Il choisit alors Christophe Hamacek pour s'occuper de la défense et compte Manny Edmonds en tant que joueur. Aujourd'hui, les deux hommes sont les coaches de Béziers. Jean-Pierre Elissalde garde toujours un œil sur les prestations de l'ASBH.
Béziers : «Pas une équipe faite pour le combat»«Les résultats de Béziers sont sous forme de séries. Ils ont eu du mal à confirmer ou à affirmer leurs résultats.
Béziers joue beaucoup, c'est une équipe ambitieuse dans le jeu, qui aime avoir le ballon. Ce n'est pas une équipe faite que pour le combat.»
Martin : «Il devait être important»
L'arrêt de carrière de Rémy Martin questionne Elissalde. «Il n'était peut-être pas indispensable dans le style de jeu de Béziers. Par contre, pour son impact psychologique, c'est autre chose. Sur la notion de combat, de leadership, la tête à dix centimètres du sol, il devait être important».
Pro D2 : «Difficile de dire qui sera en demi-finale»Le Rochelais nous livre son analyse sur le championnat. «Le ProD2, c'est la bouteille à l'encre, rien est clair. Il semblerait que Pau ait pris une certaine marge mais ils ont des déplacements très difficiles. Derrière et même au fond, rien n'est fait. Par exemple, Dax c'est costaud. Ils auraient pu gagner à Montauban. On a une ProD2 très incertaine. C'est difficile de dire qui sera en demis, qui va recevoir et ceux qui vont recevoir ne seront pas sereins» explique-t-il.
Agen : «Le SUA n'est pas redevenu un ogre»Elissalde relativise les trois succès consécutifs du SUA : «Agen un candidat sérieux à la montée ? C'est une évidence. Je ne pense pas que les trois dernières victoires du SUA sont le signe d'une équipe complètement mature et qui mettra une tôle à l'ASBH : Massy n'est pas une référence à l'extérieur. Tarbes avait beaucoup de blessés. La victoire à Mont-de-Marsan était un match d'hiver. Ce n'est pas encore suffisant pour faire du SUALG un ogre de la ProD2».
Propos recueillis par notre correspondant Marco Taranto
SU AGEN
Sujet: Re: Réactions sur Agen / Béziers (30-13) 
Dim 25 Jan 2015 - 22:15
... on m avait dit qu il ne defendait pas
sûrement le tournant du match. le jeu loin très loin de Lagarde aux pieds nous a fait du bien aussi.
