« Travailler en harmonie »
Promu à la tête du XV de la France à la fin du mois d’octobre, Marc Lièvremont, accompagné de Emile N’Tamack et Didier Retière, a dévoilé son staff et ses projets. L’ancien entraîneur de Dax livre ses ambitions.
Marc Lièvremont, à quoi a servi la conférence de presse de lundi matin ?
Nous avons présenté notre staff et l’organigramme au sein duquel nous allons travailler dès aujourd’hui. On a souhaité que cela s’inscrive dans le projet fédéral exposé par Bernard Lapasset. En raison du calendrier, on doit travailler sur du court terme pour le Tournoi des VI Nations 2008 avec Emile N’Tamack, Didier Retière mais aussi un staff médical cohérent et un préparateur physique. Nous avons voulu un encadrement réduit composé de personnes référentes en qui on a confiance et qui viendront se mettre au service des joueurs dans leur club. On va se nourrir de l'expérience de tous, en clubs comme en équipe de France. C’est un noyau dur qui va piloter un projet plus global et un ensemble de ressources de compétences médicales, techniques, physiques et de recherches. Tout cela sera au service de la DTN et de l’ensemble du rugby français, y compris les jeunes et les féminines ainsi que les joueurs dans leur club.
Votre staff n’est pour le moment pas encore complet…
Oui, il y a encore beaucoup de cases vides. D'autres besoins naîtront de l'échange qu'on va essayer de mettre en place avec l'ensemble des techniciens dans les clubs. L'idéal serait d'avoir réuni toutes les compétences pour le début de la saison 2008-09. On se donne six à huit mois pour échanger avec les différents clubs et rencontrer les personnes qui vont alimenter l'organigramme.
Vous voulez véritablement établir une collaboration étroite avec les clubs…
Oui, c’est vrai. Il faut travailler en harmonie avec les clubs, au sein du staff, avec la Ligue. C’est une nécessité d’échanger et de discuter. On a envie de construire sur l’avenir. On sait qu’au quotidien, les joueurs appartiennent à leur club. Il y a quinze ans, c’était certainement une fierté pour un club d’avoir un joueur sélectionné en équipe de France. Aujourd’hui, c’est une contrainte de plus. Il faut faire en sorte que cela se passe du mieux possible. On veut remettre le joueur au centre du dispositif et travailler main dans la main avec les clubs.
Cette démarche a souvent semblé difficile à réaliser…
Je ne suis pas complètement idéaliste. Je me doute qu’il y aura encore certainement des accrocs. Il faut en faire en sorte qu’ils soient le moins nombreux possibles. On veut donc changer la préparation médicale en n’arrachant pas les joueurs une semaine à leur club et les rendre blessés sans explication. On sait que les intérêts des clubs et de l’équipe de France peuvent être discordants. C’est compliqué.
Peut-on parler d’une fracture ?
Révolution, fracture, rupture, cela ne se fait jamais en bloc. C’est vrai qu’un nouveau staff arrive avec d’autres conceptions. Nous sommes peut-être un peu idéalistes mais pas seulement. L’ouverture et l’échange, cela correspond aussi à notre état d’esprit, au mien en tout cas. Mais ce n’est pas une rupture totale, il y a aussi une continuité sur beaucoup de bonnes choses qui ont déjà été réalisées. On ne parlerait pas de ce genre de problèmes si l’équipe de France avait joué la finale de la Coupe du monde. Il s’en est fallu de peu pour que cela arrive.
« Le terrain et le rapport avec les joueurs me manquent »
De quoi avez-vous discuté avec Bernard Laporte récemment ?
De jeu, de fonctionnement, des hommes et de sa nouvelle fonction. On se fait une idée de ce qui s’est fait avant en rencontrant Bernard (Laporte) mais aussi Jacques Brunel et les médecins du staff précédent ou des joueurs. On ne construit jamais sur du néant. Il y a toujours des choses à conserver et une certaine forme de continuité.
Comment avez-vous vécu votre premier mois en tant que sélectionneur du XV de France ?
C’est complément différent de mes fonctions d’entraîneur. Le terrain et le rapport avec les joueurs me manquent au quotidien tout comme construire sur du court terme. C’est un manque presque physique mais mes nouvelles fonctions sont passionnantes. C’est très enrichissant.
Avez-vous hâte d’annoncer votre groupe pour le Tournoi ?
Non, ce n’est pas une hâte. Il ne me tarde pas demain. Tout se construit et arrive au bon moment. Si on devait jouer en Ecosse samedi, je serais un peu plus paniqué. On doit continuer à s’imprégner du réservoir des joueurs français avant de prendre des décisions.
Que pensez-vous des matchs de Top 14 de ce début de saison ?
Je les vois quasiment tous. Je fais en sorte d’en voir deux, voire trois dans les stades. On m’enregistre les autres au CNR. Il y a des bons matchs, d’autres un peu moins. Un tiers est clairement emballant. D’autres sont plus dans la continuité du rugby pratiqué durant la Coupe du monde. Mais, en tant qu’entraîneur, il faut savoir s’adapter aux éléments et au stress.
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