Il est le créateur du centre de formationBernard Wohmann devant les champions de France 1991.Avec la politique actuelle du club, axée de plus en plus vers les jeunes, on parle beaucoup du centre de formation dirigé par Gilles Lafitte mais se souvient-on que ce centre a fêté ses 20 ans en 2008 ?
Si un Agenais ( même d'adoption) peut en parler, il s'agit bien de Bernard Wohmann qui fut son premier directeur. Bernard Wohmann a une histoire un peu particulière dans celle du rugby agenais. Tout d'abord pour ses amis il est « le Lorrain » en référence à Philippe Dintrans. Militaire de carrière, il découvre le rugby à Cahors, coup de foudre plutôt que découverte ! Très vite ses mensurations lui valent les numéros 5 ou 8 et il commence à étoffer son palmarès : coupe de France militaire en 1963 en compagnie d'un certain JeanLouis Dehez sur le point de devenir Agenais.
En 1974, à Agen, sous l'impulsion du président Ferrasse, il crée la Section sportive militaire, annexe du prestigieux Bataillon de Joinville, et les titres s'enchaînent jusqu'en 1976 et la finale contre Dax. Le souvenir de l'échec est tout frais : « On avait joué le mercredi après le titre du Sporting qu'on avait largement fêté au point que, le mercredi, les esprits étaient encore un peu embrumés et les jambes lourdes… » Définitivement conquis par le rugby, il participe, avec Louis Echavé, à la création du club de Colayrac et se souvient particulièrement du premier jeu de maillots : il avait été offert par Pierre Lacroix en personne.
Des débuts peu ordinairesInutile de dire qu'il est vite remarqué par les éducateurs du SUA et Paul Ballarin le décide à intégrer l'équipe des formateurs. Ecole de rugby d'abord avec Jean-Louis Mazas, puis les cadets avec Jean Calbet et enfin l'apothéose avec le titre de champion de France des Crabos avec Gimbert, Jouanel et Blancard et cette extraordinaire troisième mi-temps avec la Nationale B également championne : « Guy Basquet avait absolument tenu à ce que les deux équipes se retrouvent ce soir-là »
Et un beau jour de 1988, Guy Basquet lui téléphone à son travail et lui annonce qu'il a été désigné pour diriger le centre de formation, un des tout premiers en France. Les débuts furent peu ordinaires avec un stage de l'équipe de France en vue du Tournoi des V Nations.
À l'origine, il s'agissait d'un centre multisports c'est ainsi que Bernard Wohmann accueillit un tournoi international de tir à l'arc, l'équipe de France cadets de base-ball, mais le rugby restait tout de même en première ligne avec les équipes nationales de Suisse, de Belgique ou de Côte d'Ivoire; les arbitres furent plusieurs fois invités. Grâce à ces organisations le centre était autonome financièrement il organisa même un match France-Angleterre de….karaté.
Il y eut bien sûr des moments beaucoup plus intimes, Bernard Wohmann se souvient notamment qu'après sa traditionnelle partie de belote, Guy Basquet venait souvent s'installer confortablement pour piquer une courte sieste loin des regards indiscrets sur des fauteuils offerts par Philippe Portes. Comment oublier l'équipe de Côte d'Ivoire qui, sachant l'amour que le président Ferrasse portait à la chasse, arriva avec un trophée qui embarrassa beaucoup de monde avant de trouver sa place au salon Ferrasse du siège du comité régional ? La complicité avec le président était telle qu'un beau matin le téléphone de Bernard Wohmann sonne : « Tu seras manager de l'équipe de France juniors avec Robert Antonin ! » lui annonce Albert Ferrasse. Pas question de refuser.
«le rugby reste un jeu»Plus près de nous, la crise financière, « un moment très difficile », puis la descente « impensable mais devenue réalité avec une pensée particulière pour tous ceux qui ont fait l'histoire du SUA » . Désormais en retrait, Bernard continue à suivre les résultats et se félicite de la nouvelle politique : « Entre l'expérience des anciens et les qualités des jeunes on se prépare sans doute quelques belles satisfactions, mais le rugby reste un jeu personne ne peut prédire de quoi demain sera fait. Il faut être confiant tout en restant modeste. C'est la grande leçon que m'a laissée ma longue expérience au service du club en particulier et du rugby en général. »
La Dépêche