RUGBY ET FORMATION, SUA. Comment la relève combine-t-elle rugby et études ?Les jeunes du Sporting pensent aussi à demain Alexis Balès, auteur d'un doublé samedi à Duras, a validé un BTS électronique. (photo jean-louis borderie)
Afin de retrouver l'élite du rugby français au plus vite, les dirigeants agenais ont misé sur la formation de leurs jeunes talents, et avec brio, si l'on en croit le classement des centres de formation des clubs de rugby professionnels, fondé sur des critères tels que le nombre de contrats pro signés ou la réussite aux examens.
Celui du SUA y occupe en effet le 5e rang devant de nombreux clubs du Top 14. « Notre objectif est de proposer au groupe pro des joueurs formés sur les plans sportif et scolaire », explique Gilles Lafitte, directeur du centre. Les 14 jeunes recensés sont encadrés par une équipe dont la composition traduit les attentes de la direction en matière de formation.
Sur le terrain, Henry Broncan, François Gelez, Jean-Jacques Crenca ou encore Mathieu Barrau prodiguent aux jeunes talents de précieux conseils. Possédant une convention de formation ou un contrat espoir pour les plus doués, les joueurs, entre 18 et 21 ans, sont incités à reproduire leurs performances sur les bancs de leurs écoles respectives : « Trop de jeunes ne pensent qu'au rugby, alors qu'ils peuvent et doivent réussir leurs études, explique Broncan. Mon but est d'en faire des hommes équilibrés »
Etudes courtes
Le club s'est donc doté d'une commission « Education, Formation, Insertion » chargée d'accompagner les joueurs sur un plan scolaire ou professionnel. « Ils optent plutôt pour des études courtes, davantage en adéquation avec l'apprentissage du haut niveau. » BTS, IUT, Bac pro sont les filières prisées. En parallèle, le SUA, via sa comission « Education », a lentement tissé des liens privilégiés avec le monde de l'enseignement.
Symbole de cette synergie, Serge Dupuy, professeur au lycée De Baudre, est un membre actif de la comission. « Les qualités sportives et mentales du rugby les aident dans leurs études », affirme t-il. Parmi les 14 joueurs du centre, certains ont connu le pôle espoir de Bordeaux, voire le centre de formation de Marcoussis au pôle France. Ils ont vécu des semaines chargées. Cette fatigue, le demi de mêlée Alexis Balès avoue s'y être habitué, lui qui a obtenu son BTS électronique au lycée De Baudre avec un an d'avance. Après une année partagée entre les cours du lycée d'Agen, ceux du lycée de l'Essouriau et les entraînements intensifs à Marcoussis, le prometteur n° 9 a pu mesurer les sacrifices qu'il devra consentir pour s'exprimer au plus haut niveau. « C'est sûr qu'on a moins de temps libre », regretterait presque Yoann Châteauraynaud, demi de mêlée Espoir, formé d'abord à Bordeaux. Au centre du SUA depuis un an, il a validé sa première année en IUT QLIO (Qualité logistique Industrielle et Organisation) et bénéficie d'aménagements. La deuxième année de son diplôme se déroulera en deux ans.
« Les relations avec nos enseignants sont excellentes », ajoute Jérôme Mondoulet, international en -20 ans passé par Marcoussis et inscrit en IUT GACO (Gestion Administrative et Commerciale) à Agen. En juin, pour avoir disputé la Coupe du monde - 20 ans au Japon, ce deuxième ligne avait raté ses examens de fin de première année. En septembre, il les passera, avant d'enchaîner, comme son ami Yoann, une deuxième année sur deux ans. A la différence de Marcoussis ou du pôle espoir de Bordeaux, où tous leurs camarades de classe étaient en sport études, à Agen, les deux joueurs confient être « des cas particuliers ».Et ils l'assument. Pour eux, la formation dispensée au SUA n'a pas à rougir face à celle d'autres centres.
L'exemple Jeanjean
Ces jeunes gardent d'ailleurs la tête froide et semblent conscients des réalités du métier. Si aucun d'entre eux ne cache vouloir percer au plus haut niveau et vivre de son sport, l'augmentation du nombre de joueurs pro au chômage les incite à la prudence. « Voir des joueurs comme Nicolas Jeanjean sans club (NDLR : l'ex-ailier du Stade Français est depuis à l'essai à Leicester) nous pousse encore plus à réussir nos études, et puis, je ne jouerai pas toute ma vie, il faudra bien penser à se reconvertir », explique Mondoulet avec lucidité.
En attendant, les trois copains ont repris l'entraînement: ils entendent s'éclater avec les Espoirs, et pas question de griller les étapes. Pour autant, si on les appelle, aucun ne traînera la patte pour aller jouer quelques minutes en Pro D2, quitte à s'installer durablement dans le groupe.
SO