Le rugby français en question (Rugby 365)

Le rugby français en question


L’arrivée massive de joueurs du Super 14 et de Premiership fait planer des risques financiers et sportifs sur les clubs du Top 14 et l’équipe de France. Un nouveau problème pour le rugby français.

Trop d’étrangers ?
L’an dernier déjà, le constat était terrible : sur les 1100 contrats enregistrés par la LNR, 330 étaient ceux des joueurs non sélectionnables, autrement dit étrangers. Cette année, pas moins de 35 nouveaux joueurs étrangers, contre 51 la saison dernière, débarquent dans notre championnat. Les clubs français préfèrent recruter étrangers plutôt que français. A croire que le Pro D2 ou la Fédérale 1 n’existent pas. Pire, à défaut de lancer des jeunes pousses françaises, les clubs misent dorénavant sur des étrangers forcément plus aguerris. Par contre, la multiplication de joueurs étrangers moyens est un vrai danger sportif. D’abord en termes d’intégration et d’assimilation du jeu et de l’arbitrage français. Ensuite parce, n’étant plus sélectionnables, ils n’ont plus forcément la même détermination sur le terrain.

La formation en péril ?
Tout n’est pas négatif. Si des clubs comme Toulon ou Castres ont enfin compris la nécessité de recruter des rugbymen français parfaitement rompus aux joutes du Top 14, un Byron Kelleher à Toulouse ou un Juan Martin Hernandez, quasiment formé à Paris, ont manifestement contribué à en élever le niveau. Ces joueurs sont souvent des modèles de professionnalisme dans la rigueur et l’engagement hors et sur les terrains. Du coup, leur présence crée une émulation pour Lionel Beauxis à Paris ou le jeune Nicolas Bézy à Toulouse. Toutefois, pendant que certains clubs recrutent d’obscurs Sud-africains - Swanepoel à Toulouse ! -, Tongiens, Fidjiens ou Argentins, les jeunes talents vont voir ailleurs, souvent en Pro D2. A Toulouse, sept espoirs, dont l’international Mermoz (1 sélection), ont quitté le club, alors qu’ils sont six à partir du Stade Français.

Et l’équipe de France ?
En plus d’un calendrier infernal, le sélectionneur de l’équipe de France Marc Lièvremont est confronté à un nouveau problème quasi-insoluble. L’accroissement du nombre d’étrangers au poste de pilier, deuxième ligne et centre, laisse augurer une grave pénurie. Si Blanco se veut rassurant en disant que « le nombre d’étrangers ne change rien au niveau de l’équipe de France », il est permis d’en douter au regard de l’arrivée massive de joueurs du Super 14 ou de treizistes. La demeure : quels clubs prendront la responsabilité de lancer les Clerc, Michalak et Picamoles de demain ? Seul point positif : certains étrangers comme la star australienne Mark Gasnier seront bientôt éligibles à l’équipe de France. Dans un tel contexte, que peuvent les instances dirigeantes ? Pas grand-chose à en croire Blanco en raison de la législation européenne (arrêt Bosman et Cotonou). Peut-être que la solution viendra du secrétaire d’Etat au Sport Bernard Laporte qui a demandé à Bruxelles une exception sportive pour limiter le nombre d’étrangers. Mais sans grand espoir.


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