La jeunesse sportive britannique sous stéroïdesLe 18/03/2015 à 00:19:00 | Mis à jour le 18/03/2015 à 11:08:22 - L'Equipe
La directrice de l'Agence anti-dopage britannique pousse un cri d'alarme. La consommation de stéroïdes chez les jeunes sportifs, notamment les rugbymen, est en très forte hausse.
Nicole Sapstead, directrice de l'UKad, pousse un cri d'alarme. (D.R)
C’est une enquête qui devrait faire beaucoup de bruit et qui risque de ternir un peu l’image du rugby anglo-saxon. Nicole Sapstead, directrice de l’Agence anti-dopage britannique (UKad), a révélé au Guardian une inquiétante augmentation de l’utilisation de stéroïdes chez les jeunes sportifs. Le rugby n’est pas le seul sport cité, mais il est un des principaux dans lesquels des abus ont été constatés. A l’approche de la Coupe du monde de rugby (18 septembre – 31 octobre), Sapstead avance qu’elle a constaté des dérives touchant même des jeunes à peine âgés de 14 ans.
«C'est un problème de santé publique»
Sur les 15 cas de dopages constatés par l’UKad, 13 viennent du monde du rugby (à XV ou à XIII). Et certains cas ne sont pas vraiment des anonymes. En effet, Sam Chalmers, fils de l’ancien international écossais Craig, a été testé positif à deux stéroïdes lors d’un rassemblement de l’équipe d’Ecosse des moins de 20 ans en mai 2013. «La prise de stéroïdes anabolisants a explosé dramatiquement ces dernières années. En partie parce qu’ils sont très facilement trouvables sur Internet», annonce Nicole Sapstead. La directrice de l’UKad est cependant persuadée qu’aucun test ne sera positif durant la Coupe du monde. Mais en fait, sa principale préoccupation concerne les jeunes sportifs, les aspirants au haut niveau. «Comme dans d’autres sports, ils sont prêts à repousser leurs limites par n’importe quel moyen pour arriver à franchir le cap qui leur permettrait de devenir professionnel».
L’inquiétude de Sapstead rejoint celle de ceux qui considèrent que le problème du dopage ne concerne pas forcément les plus hauts niveaux du sport britannique, mais la formation, où la concurrence est encore plus dure car personne ne veut rester sur le bas-côté et manquer une opportunité de vivre une vie de sportif de haut niveau. «Quand il s’agit de prise de stéroïdes, nous cherchons dans les niveaux inférieur du sport, annonce Sapstead. Mais ce n’est même plus un problème lié au sport ou au dopage, c’est devenu un problème de santé publique. Les responsables de l’éducation et de la santé doivent également s’impliquer.»
Le rugby doit être exemplaire
De fait, de nombreuses voix s’élèvent en Grande-Bretagne pour dénoncer une génération de sportif qui prendrait des stéroïdes comme d’autres prenaient du Guronsan. Les professionnels de la santé dénoncent également un certain narcissisme, qui pousse à faire n’importe quoi pour se sculpter le corps de ses rêves. Avec les dérives que cela peut entraîner. «C’est très dangereux pour leur santé, prévient Sapstead. Il nous arrive d’intercepter des colis qui contiennent des choses qui n’étaient pas du tout ce qui avait été commandé. De plus, les laboratoires clandestins n’offrent aucune garantie de qualité ou d’hygiène dans la fabrication de leurs produits. C’est prendre un énorme risque avec sa santé.»
Inquiète, la directrice de l’UKad voudrait que l’accent soit mis sur la prévention et l’éducation des jeunes afin qu’ils comprennent le danger qu’il y a à prendre des stéroïdes. Un souhait partagé par Debbie Jevans, directrice exécutive de England 2015 World Cup: «En tant que sport au sommet de sa popularité, le rugby doit avoir valeur d’éducation. Il faut comprendre que le meilleur moyen d’y arriver est de s’entraîner dur, très dur, de donner tout ce que l’on a et de ne pas se laisser tenter par les chemins de traverse. N’hypothéquez pas votre santé.»