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Le nouveau sélectionneur de l'équipe de France avoue lui-même qu'il a été «surpris» quand le président Bernard Lapasset l'a contacté pour succéder à Bernard Laporte : «Les gens s'interrogent sur mon manque d'expérience, de maturité et de vécu». Pour autant, l'ancien troisième ligne international appréhende déjà les attentes et se considère «comme un homme libre, avec des convictions en terme de jeu et de gestion humaine».
«Marc Lièvremont, quel sentiment éprouvez-vous à la suite de votre nomination à la tête du XV de France. De la joie ou une grosse responsabilité ?
Depuis quelques jours, je ressens plutôt une responsabilité. Je ne suis pas du genre à sabrer le champagne. C'est un sacré challenge mais on a coutume de dire que cela ne se refuse pas. D'autre part, c'est un déchirement parce que je m'apprêtais à vivre l'aventure du Top 14 avec mon club de Dax, qui était face à un challenge compliqué, pas simple. C'est une aventure dans laquelle je m'étais largement investi notamment en faisant venir mes deux frères (Thomas et Mathieu).
Et comment appréhendez-vous votre nomination ?
J'ai conscience d'être au centre de beaucoup d'attentes et d'espoirs. Je comprends aussi certaines déceptions, légitimes ou pas, mais je me considère comme un homme libre, avec des convictions en terme de jeu et de gestion humaine. Je n'ai rien demandé à personne. Je respecte tous les techniciens qui pouvaient prétendre à ce poste, mais ce n'est pas à moi de justifier les choses.
A quand remontent vos premiers contacts ?
A quelques semaines.
Avec Bernard Lapasset ?
R: «Oui. Au début, j'ai été extrêmement surpris comme beaucoup de gens le sont aujourd'hui. Et je trouve cela légitime. Je conçois que les gens s'interrogent sur mon manque d'expérience, de maturité et de vécu. Mais ce n'est pas à moi de justifier le choix du président Lapasset. Je n'ai jamais eu ce type d'ambition, mais ce n'est pas pour cela que je n'ai pas de convictions en terme de jeu, ou de gestion humaine. Je vais m'ateler avec énergie, force et détermination.
Justement, quel est votre projet en terme de jeu ?
Je ne vais pas m'aventurer sur le thème du projet de jeu ! C'est une expression trop à la mode. Simplement, il y a un projet sportif centré autour de la DTN (Direction technique nationale), cela ne veut pas dire que la DTN pilotera tout. On voulait un homme issu d'un club, avec un passé d'international et ayant travaillé avec la DTN. Et il se trouve que j'ai vécu une expérience passionnante avec l'équipe des moins de 21 ans et avec France A. A la DTN, il y a de vrais techniciens qui font un travail de recherche et de formation. Nous avons des affinités en terme de jeu et de gestion humaine avec le tandem Didier Retière - Emile Ntamack, et avec d'autres comme Philippe Boher ou Philippe Agostini. C'est vrai que parfois on considère que la DTN n'est pas assez ancrée dans la réalité du quotidien. Mais moi j'arrive avec ce rôle. Quant au projet de jeu, il est trop tôt pour en parler, mais on va le construire à trois, et puis Philippe Sella va également y participer.
Quel est le jeu qui vous plaît ?
Le jeu qui me plaît est complet dans sur toutes les lignes. C'est le jeu que j'ai essayé de mettre en place à Dax, il est vrai en Pro D2, comme avec les moins de 21 ans. Maintenant, c'est vrai que ma conviction d'un rugby spectaculaire et qui gagne a été ébranlée pendant la Coupe du monde.
Etes-vous conscient que le niveau international vous contraindra peut-être à être plus pragmatique ?
Mais la loi du pragmatisme existe aussi en club ! On l'a vu l'an dernier dans le Top 14 et puis dans les Tri-nations, où le rugby le plus spectaculaire a été mis en échec par le pragmatisme de l'Afrique du Sud. Mais je suis convaincu que le rugby néo-zélandais peut-être celui qui gagne. Il n'est pas question de copier qui que ce soit, mais de s'inspirer d'un jeu qui peut convenir à la France. J'ai aussi bien aimé ce que les Australiens ont fait lors de la première phase de la Coupe du monde en terme de lancements de jeu ou de recherche offensive. Mais leur défaite en quart de finale face à l'Angleterre a montré que les fondamentaux étaient non négociables.
Comment comptez-vous fonctionner avec Emile Ntamack et Didier Retière ?
Pour l'instant, on a très peu échangé. Eux sont immergés dans la DTN et avec les moins de 21 ans. Moi, mon actualité c'est Dax, même si j'ai toujours eu un regard tourné vers l'extérieur, et vers l'évolution.
Avez-vous eu l'occasion de prendre contact avec les joueurs du XV de France et avec leur capitaine Raphaël Ibanez ?
J'ai croisé Raphaël Ibanez à Dax pendant la Coupe du monde, juste avant les quarts de finale. On a échangé un peu. De toute façon, il va être impératif de prendre contact avec beaucoup de monde, parce que je ne conçois pas cette mission sans échange avec les principaux acteurs de ce jeu, certains joueurs importants de la Coupe du monde, et les entraîneurs de club. Mais d'abord il faut que l'on parle d'organisation entre nous.
Y aura-t-il une rupture par rapport à l'époque précédente de Bernard Laporte ?
Ce qui compte d'abord, c'est de faire le bilan sportif et humain de la Coupe du monde, c'est pour cela que je veux rencontrer les principaux intéressés, parmi lesquels Bernard (Laporte). Ensuite, il y a certainement la fin d'un cycle, mais tout n'est pas à jeter. Il y a une bonne partie des hommes qui vont postuler. De toute façon, il n'y a jamais de rupture totale, ne serait-ce parce que l'on garde une partie de l'effectif.»
Propos recueillis par Pierre GALY (AFP)