Le point Pro D2 à mi-parcours (Depeche du Midi)

Le point Pro D2. À mi-parcours : le Top 14 dans le viseur


A mi-parcours, Agen leader inébranlable, bien parti pour retrouver l'Elite en fin de saison, et Narbonne, surprise du chef, au rugby chatoyant, qui vise les demi-finales, mènent le bal.


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Agen, façon brise-glace
Rien, aujourd'hui, ne semble pouvoir stopper la progression d'un Sporting dont, pour l'anecdote, le maintien (la barre des 49 points) est assuré depuis la 13e journée. Champion d'automne avec 57 points, exactement comme Toulon il y a deux saisons, le SUA écarte un à un, façon brise-glace, tous les obstacles de ce championnat banquise qu'est le Pro D2. Douze victoires, trois défaites bonifiées, dix longueurs d'avance sur Oyonnax, la bête noire de ses nuits blanches, Agen est plus que jamais le grand candidat au Top 14.

Il y a les fameux petits signes qui ne trompent pas. Perdre, par exemple, à « Oyo », sur une pénalité en coin de 60 m, à la 83e, peut vous geler le mental d'une équipe pour plusieurs semaines ; pas celui d'Agen. Remplir l'infirmerie de quelques pièces maîtresses ou en passe de le devenir (N'Nomo, Lassalle, Lagrange, Edmond-Samuel, Vaka) peut vous gripper une mécanique, aussi bien huilée soit-elle ; pas celle d'Agen.

Il y a dans la marche du SUA quelque chose d'inexorable, un sentiment d'implacable logique. Qu'est-ce qui a changé depuis le brutal échec, le 24 mai 2009, en demi-finale ? Judicieusement renforcé (N'Nomo, Pelesasa, Springgay, Telefoni, que des bonnes pioches !), pimenté par le talent de quelques jeunes produits maison (Brice Dulin en état de grâce), le groupe façonné par le protecteur duo Lanta-Deylaud a gagné en maturité et donc en efficacité.

Tingaud, le chef
Être la meilleure attaque, participer à la décoration d'Armandie avec des guirlandes d'essais, bref le discours un brin flambeur de l'an passé n'est plus l'objectif affiché même si, mine de rien, Agen reste la formation la plus offensive du circuit avec 346 points au compteur. Alors, quel est le nouveau but ? « Faire aussi bien que l'an passé », dit-on pudiquement en évitant soigneusement de prononcer des « gros » mots susceptibles de réchauffer l'atmosphère comme « Top 14 » ou « montée directe ». Il n'empêche qu'en coulisses le club se prépare activement au retour au plus haut niveau, on ne sait jamais… Budget, organigramme, idées de recrutement, tout est dans les cartons, bâti en respectant scrupuleusement la théorie des poupées russes chère au président Alain Tingaud, le véritable chef d'orchestre du SUA. « Certains commencent, explique-t-il, avec la grosse poupée et ne mettent rien dedans. Moi, je débute par la petite et je construis. Si la grosse poupée se casse la gueule, il y a toujours celle du dessous ». Tout le monde adhère car, autre clef du succès, entre Agen et lui, la glace est désormais brisée.

J.-P. D et B.C.


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Tarbes, entre deux eaux
Les Bigourdans (12e) qui pointaient à la 6e place au terme de la 9e journée ne sont plus dans une bonne dynamique (six défaites sur les sept derniers matches) mais ils conservent le premier relégable à distance respectable (12 pts) et ne comptent que six unités de retard sur le sixième… Ils recevront une fois de moins lors des matches retour. Cette équipe est capable de tout.


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Auch,le cœur au ventre
Les Gersois se retrouvent sensiblement dans la même situation que leurs voisins Bigourdans (Un point classement de moins). Ils ont remporté des victoires importantes par rapport à l'objectif du maintien (Colomiers, Lannemezan, Aix, Aurillac… à Mont-de-Marsan) mais ont déjà succombé quatre fois à domicile. cette équipe a du cœur au ventre et va pouvoir éviter le pire. Les trois premiers matches retour (Déplacements à Colomiers puis Lannemezan ; réception de Bordeaux/Bègles), seront décisifs.


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Colomiers vise l'exportation
Vainqueurs de Dax, La Rochelle, Narbonne à domicile où ils ont mis Lyon en échec, les Columérins restent sous la menace d'Aix (6 pts) pour le maintien car ils ne parviennent pas à s'exporter. Il s'agira du prochain défi. La venue d'Auch (8 janvier) puis les déplacements à Aix (19 février) et Lannemezan (13mars) sont les rendez-vous majeurs de la phase retour.


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Lannemezan, Mission impossible
Malgré sa fière et belle victoire à Tarbes, le promu retrouvera selon toute vraisemblance la Fédérale 1 à la fin de la saison. Avec 13 défaites et 15 points de retard sur le premier non relégable, la mission est assurément impossible. Mais les gars du plateau tenteront d'accrocher quelques trophées à Sarrat où passeront notamment Auch, Aix, Colomiers et… Tarbes (17 avril).


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Narbonne, régénéré et heureux
Malgré la perte de contrôle sur la plaque de verglas columérine samedi (13-35... Seule contre-performance avec la défaite à Aix), c'est un Narbonne régénéré et heureux qui a tourné la page des matches aller. 11e avec 32 pts la saison dernière au même point fixe de la mi-championnat, les Audois sont, un an après, 3e (ou 4e... Lyon un match en moins, à Lannemezan) avec 45 pts. Invaincu à domicile, victorieux par trois fois en déplacement, pratiquant un rugby ambitieux, qui a crevé l'écran, le groupe alimente ses ambitions au fil de cette belle dynamique. Les recrutés comblent les recruteurs (Indispensables Mynhardt et Strauss, précieux Pottas, «gaillards» List et Vuli, prometteur Tawake, solide Aurignac, ailé Vunisa...), les jeunes issus de la filière club, qui découvraient le haut niveau la saison denière, sont toujours dans le circuit (Madaule, Chevchenko, Griffoul, Algisi, Beaux, Ramey, Sanchez...) et Christopher Ruiz confirme une qualité technique longtemps masquée par une une maîtrise émotionnelle insuffisante.

Sans autre objectif initial que de progresser rugbystiquement et de finir dans le top 10 (Deux fois 13e en 2008 et 2009), les Narbonnais ont donc logiquement haussé la barre de leurs ambitions... C'est une place en demi-finales que le staff espère raisonnablement désormais, tandis que supporters et... Président rêvent de Top 14.

Avec quels moyens ?
Mais Joël Carrère aurait-il les moyens financiers de son rêve? Déjà pour conserver tout son joli monde (de nombreux joueurs sont sollicités) puis pour envisager l'indispensable renforcement de la troupe? Car cette équipe solidaire, audacieuse, attachante manque encore de vécu, de rigueur, de puissance, elle cache bien quelques fragilités et flirte souvent avec le surégime... Agen est au-dessus du lot, Oyonnax comme Lyon sont plus «costauds» et les Audois, intrinsèquement, appartiennent au lot suivant, celui qui regroupe Grenoble, La Rochelle, Bordeaux-Bègles, Aurillac, Dax voire Pau et Mont-de-Marsan équipes avec lesquelles ils batailleront pour atteindre l'objectif raisonnable. Ensuite, ce serait une autre histoire.


J. P. O.


La Dépêche

très bel article.
cette analyse est très bien écrite et réaliste.