Le manager du SUA, Henry Broncan, a parlé aux détenus, hier, en prison, deux heures durant. En toute liberté.
Evasion ... rubystique à maison d'arrêt d'Agen
Philippe Sella, Abdelatif Benazzi, Philippe Bénetton, Régis Sonnes, Oliver Campan, Laurent Lubrano et Christian Califano, tous anciens joueurs du SUA, s'étaient déjà offert un petit crochet intérieur par la maison d'arrêt d'Agen, à l'invitation de Daniel Barreau, responsable de l'enseignement, pour parler rugby avec les détenus. Henry Broncan, l'actuel manager du Sporting, et Philippe Berniés, ancien troisième ligne du SUA et imprimeur du fameux livre du centenaire: "Un siècle, des hommes, un club"..., les ont imités hier, en prolongeant la passe, avec sincérité, humilité et brio. Sans jamais en rajouter.
Pour tout dire, il règnait même une ambiance studieuse dans la salle de cours réquisitionnée pour l'occasion. Comme devant Toulon, l'autre jour, à Armandie, Agen jouait à guichets fermés. Malheur aux retardataires, les vingt chaises avaient vite trouvé preneur. Le rugby fait toujours recette.
Dans les yeux des détenus, on pouvait lire un brin d'appréhension, beaucoup d'excitation aussi. Dans leurs questions, une forme d'évasion, une invitation au voyage...
Iil avaient potassé le sujet, peaufiné leurts interrogations, aiguisé leur curiosité. Le débat fut, du coup, très instuctif, vivant, émouvant parfois, toujours passionnant.
Et si le mérite en revient forcément aux intervenants, Henry Broncan comme Philippe Berniés, aux propos toujours imagés et colorés, la diversité des questions, leur pertinence aussi, enrichirent continuellement l'échange. Tous les sujets furent abordés, toutes les interrogations levées. On parla de jeu, beaucoup de jeu, desa frilosité ambiante, de son manque de relief, de son uniformisation, de la pression aussi, qui tue dans l'oeuf notre rugby actuel, du dopage, de la préparation physique, de la formation, des blessures, des règles du rugby, d'avant et de demain, de la vidéo, de la troisième mi-temps...
Henry Broncan y répondit avec son franc-parler et son expérience.
On évoquea également la reconversion des joueurs, sujet brûlant auquel Philippe Berniés, vainqueur du challenge Du-Manoir en 1992 le dernier titre officiel du SUA éclaira leur lanterne, en décortiquant son histoire personelle.
Ancien soldat devenu capitaine de projet, puis chef d'entreprise, le parallèle avec le rugby, sport d'équipe par excellence, sauta aux yeux de tous comme une évidence. Comme une providence. "C'est un sport collectif et de combat, sans les autres on n'est rien. La notion d'équipe est primordiale dans la réussite", rappela justement le sage Henry Broncan, ancien sorcier du FC Auch.
Dans la salle, quelques Gersois le taquinèrent gentiment. L'un d'eux, visiblement très au fait de l'actualité, s'inquièta ouvertement du sort réservé au jeune pilier Bourrust, scotché sur le banc à Sale, de l'autre côté de la Manche.
Le même demanda des nouvelles de Menkarska, revenu à Auch après l'enfer toulousain... De ses bons mots, Henry Régala l'assistance. Il disséqua avec franchise l'échec du Quinze de France lors de la dernière Coupe du Monde organisée sur notre sol, stigmatisa le jeu trop réducteur prôné par Laporte, regretta, enfin, la lecture de la lettre de Guy Moquet, avant le match d'ouverture contre l'Argentine.
"C'était très maladroit, c'est une lettre de victime...". Puis vint la question qui brûlait toutes les lèvres: "Agen, ville de 35 000 habitants, a-t-elle sa place dans l'élite du rugby hexagonal?". La réponse gicla de la bouche du manager: "Ce sera très difficel. Agen ne s'en sortira qu'avec une vraie plitique de formation, performante et cohérente. Le SUA doit se rapprocher de ce que faisait un club comme Axerre, au foot. Notre salut passera par là...".
Deux heurs de discusion à bâtons rompus, déjà, détenus comme intervenants n'avaient pas vu le temps passer. La maison d'arrêt porte décidément bien son nom.
Henry Broncan et Philippe Berniés, comme le veut la tradition, teminèrent leur "conférenceé par quelques anecdotes croustillantes et tordantes, quelques poigées de main et une séance improvisée d'atographes.
Un pour moment de bonheur partagé. En toute liberté.
ARTICLE DU PETIT BLEU
le poeme de deux detenus
Deux détenus de la maison d'arrêt d'Agen, Philippe et Daniel, ont clôturé le débat hier, en lisant un de leur poèmes. Il parlait de rugby, évidemment.
Un sport que l'on commence dans l'enfance,
C'est l'école de la vie qui commence.
On y apprend la combativité et la tolérance,
Le physique, le collectif font allégence.
Dans cette activité on apprend à garder son poste avec indulgence,
Malgré les contacts quelquefois butaux, entre concurence,
Ou entre coéquipiers, dans des regroupepents à hate fréquence.
Une mêlée fermée, où les règlements se font en douce avec innocence.
Un coup d'envoi, pour quarante minutes de souffrance,
Les deux équipes nous ont montré la loi sport tout en force.
La mi-temps est la bienvenue, pour souffler et réparer les ecchymoses novices,
Reprendre des forces pour le deuxième acte,
Ecouter le coach, sur un jeu plein d'inchérences.
Coup de sifflet de rappel, les deux escouades étaient en relaxe.
Quarante minutes de plus, faire de son mieux sans relâche,
Marquer le plus possible d'essais, pour prendre l'ascendance,
Au tableau de marque, jusqu'à la fin de cette interférence.
La fin du match, sifflée par le corps arbitral, qui a tenu cette recontre avec fermeté et intelligence.
Le meilleur est comme dans tous les sports d'équipe, celui qui joue avec élégance.
Comme on l'appelle, la troisième mi-temps, qui se déroule sans amertume ni vengeance.
Tout cela se passe sportivement, amicalment et avec diligence.
Nous sisons un grand bravo à l'équipe d'Agen, encourageons tous les dirigeants,
Tous les éducateurs, pour leur patience, leur tolérance et leur indulgence.
Nous vous remercions d'être venus nous rendre visite, dans ce lieu, où nous sommes tenus à distance.