Top 14 : Phases finales

CLERMONT : MIGNONI DÉPITÉ


Interrogé par nos confrères de Canal + à l’issue de la finale du Top 14, Pierre Mignoni a fait part de son désarroi suite à la nouvelle défaite clermontoise dans la dernière ligne droite.

Pierre Mignoni n'a pas câché sa déception après la nouvelle désillusion vécue par Clermont en finale de Top 14 contre Perpignan au Stade de France : « Trois fois qu’on vient, et c’est trois fois pareil. C’est dramatique. Les Catalans étaient au dessus de nous sur les détails. On était prévenus. Avec l’expérience qu’on a, on retombe quand même dans nos conneries… ».

PERPIGNAN : CARTER SAVOURE


Blessé depuis de longs mois, Dan Carter a participé avec passion à la finale du Top 14 remportée samedi par ses coéquipiers. Le Néo-zélandais a vécu « quelque chose de très spécial ».

Après la victoire des siens face à Clermont en finale du championnat de France, Dan Carter a exprimé sa joie au micro de Canal + : « C'est une sensation formidable, quelque chose de très spécial. Cette équipe le mérite, ils ont bien joué toute l'année. Ils ont marqué un bel essai, ils ont bien joué en ayant la domination du terrain en seconde mi-temps. Et maintenant ils ont gagné. » Carter a également eu droit à brandir le Bouclier de Brennus.

PERPIGNAN : LA JOIE DE PORICAL


Grand artisan de la victoire de son équipe contre Clermont samedi en finale du Top 14, le jeune arrière catalan Jérôme Porical a du mal à réaliser. Mais il estime que c'est le beau jour de sa vie.

Jérôme Porical (Arrière de Perpignan)

J'ai du mal à réaliser, et je suis resté le plus longtemps possible sur la pelouse pour savourer le plus longtemps possible. C'est un rêve de gosse, un moment unique dans une vie. Tout joueur rêve de ça, moi j'ai 23 ans, et je suis champion. J'ai du mal à y croire. C'est le plus beau jour de ma vie. (...) Je pense à mon grand-père, à mon père surtout, et j'ai tenu à lui amener le Bouclier. Il a joué treize saison à l'USAP, il a perdu une finale (ndlr : en 1977). Aujourd'hui il y a une petite part du Brennus qui est pour lui.

Finale RUGBY TOP 14: la cinquantaine flamboyante


C'est une eternité qui prend fin pour les Catalans! Après avoir brandit son sixième Brennus de l'histoire en 1955? les Catalans restaient sur 53 de disette. C'est désormais de l'histoire ancienne... grâce à un mental hors norme, l'USAP est venu à bout d'un ASM qui avait pourtant les clés de la rencontres en première période. Félicitation aux Sang et OR, bravo aux Jaunards.

http://www.lnr.fr/Menus.asp?CR=16373&CSR=16373&Cle=112451

LNR

RUGBY TOP 14 FINALE, LES VAINQUEURS. Fils de finaliste et petit-fils de champion, l'arrière perpignanais a joué un rôle décisif. Un beau symbole

Porical dans la lignée


C'est lui qui a remis son équipe dans le bon sens. Juste avant la pause, alors que Clermont commençait à s'endormir sur ses lauriers, Jérôme Porical a rendu presque dérisoire la nette domination auvergnate du début en permettant aux Catalans de rentrer aux vestiaires avec quatre malheureux points de retard.

Cette pénalité très pure qui a mis le doute chez l'adversaire, l'arrière de Perpignan se l'est amenée comme un grand, son rush finissant par provoquer une faute. C'était la première fois qu'il montrait le bout de son nez dans le camp de l'ASM. Par lassitude peut-être. Les vingt premières minutes, il les avait passées à capter consciencieusement avec l'aide de ses ailiers les chandelles de James. Lui-même a fini par se convertir au ping-pong rugby, mais cela contribuait à figer les positions au profit du club faisant la course en tête.

Décisif aux bons moments

Mais de son poste d'observation privilégié, il ne lui avait sans doute pas échappé que les rares fois où ses partenaires appuyaient sur l'accélérateur, notamment avec le pied agile, mais lourd, de Mermoz, des chemins de traverses s'ouvraient. Comme on dit en football, ce fils de finaliste (Gérald en 1977) et petit-fils de champion de France (Paul en 1938, également en 15) s'est avéré décisif aux meilleurs moments, c'est-à-dire juste avant et juste après la mi-temps.

Bon Sang et Or ne saurait mentir. Sur l'essai de Marty, le dernier de la lignée, au propre comme au figuré, a aidé le marqueur à mettre Rougerie dans le vent grâce à une passe redoublée, sorte de une-deux. Mis en confiance par ces deux actions, ce Perpignanais de souche allait réussir le break sur deux pénalités majestueuses, la première de son propre camp. Du 100 %. Carter n'aurait pas fait mieux. Seule erreur de jeunesse, ce drop lointain contré à quatre minutes de la fin. C'était vraiment audacieux.

À l'image du buteur de la soirée, ses coéquipiers sont allés crescendo dans cette partie, en partant de loin pour certains, comme Candelon, pris de vitesse par Baby sur l'essai clermontois. Placé du mauvais côté, celui de Nalaga, d'autant plus intimidant que Rougerie l'escortait parfois, Sid a heureusement pu compter sur les copains en défense, notamment Marty, avant de s'offrir un slalom de kamikaze au quart d'heure de jeu.

Quant aux avants, qui ont reculé en première période sur un maul remis au goût du jour, ils ont fait leur possible pour neutraliser le pack auvergnat, ce qui était déjà bien.

Sud Ouest

RUGBY TOP 14 FINALE, ENTRAÎNEUR. Homme de peu de mots mais de fortes convictions, il est parvenu à conduire au titre l'équipe qui était la moins bien armée des demi-finalistes

Jacques Brunel : un héros très discret


De ses racines paysannes, au coeur de l'Armagnac, Jacques Brunel a conservé le savoir des assemblages patients, le goût du produit bien fait, une part de fatalisme aussi. Depuis hier soir, l'entraîneur de l'USAP est devenu un héros catalan mais il est probable qu'il fuira bien vite toutes les manifestations prévues à Perpignan pour rejoindre son Gers natal, revivre la finale loin du bruit, et savourer son plaisir paisiblement en grillant une de ces cigarettes, blonde, brune, qui ne sont jamais très loin de lui.

A contrario de quelques-uns de ses collègues, Brunel qui a formé pendant six ans (2001-2007) avec Bernard Laporte un couple disparate et complémentaire à la tête de l'équipe de France, ne court pas après la lumière, ni derrière les médias. Homme de peu de mots, parfois taciturne, il lui arrive en privé de devenir volubile et drôle pour peu qu'on aborde l'un de ses sujets de prédilection : le rugby, la vigne ou encore les rencontres qui l'ont marqué.

« Dans le rugby, on en revient toujours à l'histoire des hommes, explique-t-il de sa voix rocailleuse. Comment ça vient, comment ça fonctionne, quelle réaction, quel bouillonnement tu vas avoir à l'intérieur : le fondement, c'est l'histoire des hommes. Il n'y a que dans le sport, et en particulier dans le rugby, que tu vis des moments pareils. Dans n'importe quel boulot, dans n'importe quelle société, tu ne peux pas vivre une telle connivence. »

Joueur à Auch, à Grenoble, Brunel (55 ans) était un arrière courageux, relanceur, amoureux des espaces. Entraîneur, il s'est pris de passion pour le travail et la promiscuité des avants dont il avait la charge avec les Bleus. Il évoque volontiers ces soirées interminables à Auch avec Jacques Fouroux, l'un de ses mentors, passées à décrypter les secrets de la « Bajadita », la fameuse mêlée argentine avec ses appuis inversés.

Innovation

Car derrière la façade « vieille école », le bonhomme aime innover. On lui doit la programmation du jeu par blocs qui fit le bonheur de l'équipe de France lors de son Grand Chelem 2002. « C'est un entraîneur très moderne, ouvert sur toutes les facettes du jeu », assure Fabien Galthié qui travailla sous sa direction chez les Bleus mais surtout pendant quatre ans à Colomiers (1995-1999). « Nous avions du potentiel mais l'on stagnait, se souvient Galthié. Jacques a fait de Colomiers une équipe habituée des phases finales, en championnat, en Europe. Il nous a amené une mêlée, une touche, de l'amplitude dans notre mouvement général. Il y a sa patte dans la façon dont l'USAP a dominé tactiquement le Stade Français. »

Un rugby fraternel

Sa réussite à Perpignan, où il a posé son sac juste après la Coupe du monde, n'était pas une évidence. Ses premiers mois y furent difficiles mais il a fait le dos rond. « Le fait d'être passé par plusieurs équipes, par plusieurs niveaux, d'avoir connu maintes satisfactions mais encore plus de désillusions, tout cela fait que tu relativises », raconte-t-il. « Il s'agit de bien évaluer le potentiel que l'on a, le faire progresser. »

Et depuis mars 2008, et une fameuse victoire au Stade Français, la mécanique s'est enclenchée et l'USAP a aligné 33 victoires en 41 matches disputés jusqu'au sacre hier soir. Ce titre, c'est sans doute la récompense d'une compétence technique et tactique mais aussi la réussite d'une forme de management juste, humain, sans chichi.

« Il est exigeant. Il ne fait pas de longues phrases mais il sait ce qu'il veut, et il nous le fait comprendre à sa manière, témoigne Julien Candelon. On sait très bien que si on n'est pas sur la feuille, c'est qu'il a quelque chose à nous reprocher. Cette année, notamment à mon poste, il a beaucoup fait jouer la concurrence. Avec le recul, on se dit : ça ne m'a pas fait de mal, ça m'a poussé à adopter des attitudes nouvelles. Il a des valeurs qui sont celles d'un rugby fraternel et c'est ce qu'il nous inculque, de par ses coups de gueule. »

SO