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 La Chronique de Pierre Villepreux

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gir3347
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MessageSujet: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 25 Mai 2010 - 1:12

La Chronique de Pierre Villepreux Rugbyr6221/05/2010 - 09:48

La Chronique de Pierre Villepreux



"Ce que j'ai aimé dans les demies"


Quand dans un match, la victoire, qui semble acquise pour l’un, est remise en question dans les dernières minutes par l’autre, que la vague offensive du "pas encore battu" déferle vers l’en-but du "pas encore vainqueur", elle déclenche dans les tribunes un moment d’émoi. Dans ce contexte, le stade reste un lieu magique pour vivre ce moment troublant, de pleine incertitude quant au dénouement final. Quand la dichotomie de la victoire ou de la défaite pèse sur les dernières minutes de jeu, que le scenario qui semblait prévu peut basculer, il s’installe une "dramatique" qui renforce le dialogue terrain-public et conforte la notion de spectacle. Cette force émotionnelle qui envahit les gradins est forcément déclenchée par l’équipe menée au score, qui tente tout, forcément l’impossible, c’est ce qui la rend populaire. Le salut curieusement ne passe plus que par le choix d’un jeu que l’on ne discute plus, il est forcément ni ambitieux ni présomptueux. On finirait presque par en oublier ce qui s’est passé avant et qu’en limitant leurs intentions de jeu dans une grande partie du match, les acteurs n’auraient peut-être pas été contraint à ce baroud d’honneur forcé. On ne refera pas les deux matchs mais on n’échappera pas à leur analyse qui a consacré deux vainqueurs qui n’ont rien volé mais que la dernière séquence aurait pu transformer en vaincu.

En échouant si prés de la ligne de but adverse, Toulon et Toulouse avivaient leur regrets, ceux de ne pas avoir su dépasser, plus tôt pour Toulon, pas dans la continuité pour Toulouse, les limites d’un jeu posé qui a trop longtemps guidé leurs stratégies. Pour les vainqueurs, qui ont logiquement déjà oublié dans la joie de la victoire cette dernière séquence et la tragédie qu’elle aurait générée, on est déjà passé à autre chose.

Ce que j’ai bien aimé dans ces demi-finales :

- La réaction des Toulonnais à la 50e minute. Ce changement de stratégie, même si très tardif, les a amenés à jouer des coups de loin, dans leurs 22m. Ce jeu n’entre pas forcément dans la culture toulonnaise, celle de toujours, mais les joueurs d’aujourd’hui avec Wilkinson à la baguette ont su le faire sans appréhension, avec la confiance qui habite ceux qui savent qu’ils peuvent prendre ce risque, qui n’en est pas un, puisque ce n’était pas un coup d’essai. Ce choix n’avait donc rien de farfelu ni d’osé. Il relève d’une analyse plus subtile à savoir la tendance générale dans notre championnat à ne pas jouer à la main dans cette zone et de rechercher systématiquement soit la touche, soit le gain de terrain. Systématisation tactique qui conduit les défenseurs à occuper les espaces profonds, ce qui fragilise le premier rideau de défense contraint à un positionnement de replacement profond libérant des espaces favorables aux attaques grand large. En utilisant leur potentiel vitesse puissance et leur richesse tactique et technique, les lignes arrières toulonnaises créèrent des déséquilibres dévastateurs. Cet effet de contradiction d’un style, complètement irrationnel par rapport au jeu réalisé précédemment pouvait les faire gagner. Maintenir la stratégie de départ plus pragmatique les aurait privés d’un final fastueux qui certes n’a servi à rien mais qui pouvait rapporter gros.

Si j’avais à retenir un joueur je dirais Sony Bill Williams. Joueur à conserver s’il en est un et puisque qu’il est Néo Zélandais, le staff technique des All Blacks aurait tort de ne pas le sélectionner pour la prochaine Coupe du Monde.

- Clermont qui gagne, sans que tout soit d’un "jaune flamboyant". Mais cette saison, ce collectif déroule quel que soit son adversaire, son rugby, et le fait avec conviction. Ce jeu tient beaucoup à la performance de son ouvreur qui, quand il joue juste, régule l’ensemble. Ce jeu c’est aussi, de plus en plus, celui de Morgan Para, à la fois véritable "poisson et poison" pour les défenseurs. Ses initiatives sont le fruit d’une liberté grandissante celle que procure la confiance. Il entraine pour le collectif une dynamique collective nouvelle.

Je retiens aussi dans ce match, la disponibilité d’Antony Floch. Joueur créatif, il impose des changements rapides de situations et transforme les moins favorables en d’autres beaucoup plus favorables qui sont encore incomplètement exploitées par ses partenaires un peu en manque de réactivité. Ses initiatives n’étant pas suffisamment vite relayées par les soutiens les plus proches, on passe par le sol, freinant la continuité dynamique qu’aurait procuré le jeu debout, ce qui prive quelquefois les Clermontois de réalisations plus efficaces voire capitales.

- L’excellent début de match de Toulouse. Ce départ idéal pouvait laisser penser que ce collectif allait tout au long du match rester sur la dynamique de jeu entre aperçu avec bonheur et plaisir dans les matchs précédents. Malheureusement, cette dynamique s’estompa. La longue séquence finale ne pouvait suffire pour gommer cette période intermédiaire frustrante. Si les Rouge et Noir n’accordaient pas au résultat donc au championnat de France la valeur et l’estime que cette compétition mérite, pourquoi alors refuser le spectacle et ne pas s’engager tout le match dans un rugby résolument provocateur ? Il suffisait d’accepter de réaliser le rugby que tout le monde attend de club, ce qui aurait été une manière comme une autre de respecter cette compétition et pourquoi pas de préparer la finale européenne. Ainsi composée cette équipe présentait toutes les garanties pour créer les situations propices dans lesquelles peuvent s’exprimer le jeu de mouvement des Toulousains. Pour qu’il, en soit ainsi l’esprit d’initiative doit animer tous les joueurs. C’était un préalable incontournable pour générer dans la dynamique des mouvements collectifs, l’utilisation adéquate des savoir-faire techniques voire de combinaisons gestuelles que beaucoup leur envient. Le savoir-faire toulousain se serait d’autant mieux accompli dans ce rugby qui aurait recherché à multiplier les situations de jeu évolutives,

J’ai beaucoup aimé l’essai toulousain et le jeu juste qui a précédé la dernière passe, celle de David Skrela à Fritz. Cette passe aurait pu ne pas avoir lieu, David aurait pu marqué seul. Mais, comment ne pas apprécié ce dernier geste qui honore l’esprit collectif de son auteur. Geste d’intelligence qui parait facile. Pourtant, dans ce moment et contexte où il s’agit de choisir entre marquer (c’était acquis, bien d’autres s’en seraient contentés) ou passer, il n’était pas si évident de prendre cette dernière décision qui valorisait le jeu juste qui avait été de mise tout au long de la séquence. La cerise sur le gâteau d’un mouvement collectif fini pour ne dire épuré.

- le réalisme de Perpignan qui avait indirectement, compte tenu du discours "bradeur" des Toulousains, pas mal de pression sur les épaules. Ceci explique peut être aussi en partie la moindre ambition constatée dans le rugby produit par les Catalans. Mais terriblement orgueilleux dans le combat, le jeu choisi fut suffisant pour gagner et quand même, aussi, pour, en deux occasions montrer balle en main que le collectif avait d’autres armes. Dans ce match, elles sont restées enfouies dans leur patrimoine tactique mais, n’en doutons pas, seront prêtes à être ressorties à la première occasion. Ce sera le 29 mai au Stade de France où ils se rappelleront le jeu qui, l’an passé, leur avait offert le Brennus.

Perpignan – Clermont devient un classique. On aurait pu avoir Toulouse-Toulon, qui en était un il n’y a pas si longtemps. Et cette fois encore il y aura une autre intrigue et un seul gagnant.
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Xavier
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 26 Mai 2010 - 9:43

Et toujours I don't want that I don't want that I don't want that
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 28 Mai 2010 - 0:14

La Chronique de Pierre Villepreux Rugbyr64
26/05/2010 - 14:00



Stratégie pour l’Europe


Pari gagné pour Toulouse et le Guy Noves Staff. Ce quatrième succès en Coupe d’Europe a été acquis grâce à un match à la fois remplie d’envie et de maitrise. On ne peut pas dire de bout en bout mais presque, puisque "le presque" des dernières minutes aurait pu être fatale à Toulouse. Les intentions dans ce match étaient bien toulousaines. On peut regretter que ce soient les seuls coups de pied qui consacrèrent Toulouse, compte tenu des occasions d’essais laissées en route. Avec des essais, l’évaluation de la qualité de la production toulousaine aurait pris une autre dimension, ils auraient grandi leur performance. Entendons nous bien, il ne s’agit pas de contester le comment par les pieds de la victoire mais bien de regretter que certaines séquences remarquablement menées ne se soient pas finies, comme elles le laissaient entrevoir, derrière la ligne adverse.

En subissant le jeu imposé par les Toulousains, quelles qu’en soient les formes, les Biarrots n’ont pas su trouver la bonne forme de défense collective, celle qui aurait gêné l’avancée des Toulousains et perturbé leur enchainements. En consentant cette avancée, il leur devenait difficile de contrarier les initiatives toulousaines, leur main mise sur le ballon et de prendre le jeu à leur compte. Ce qui ne firent pas ou peu par crainte de rendre des balles à l’adversaire connaissant leurs capacités à utiliser avec une rare efficacité les ballons de turn over. J’ai plutôt envie de dire dommage, car ils nous avaient montré en cours de saison avoir les moyens d’un jeu qui recherche à s’appuyer sur, donc à employer, les compétences individuelles des uns et des autres, et par exemple, le sous-emploi de Ngwenya.

Contraints, en fin de match à un jeu sans restriction, l’essai, vite fait bien fait, sembla apporter au collectif une soudaine fraicheur mentale qui n’avait pas émergée précédemment. Curieusement et dans l’instant, ce changement de scenario remit en cause la victoire annoncée des Toulousains et fragilisa leurs certitudes et certainement celles de leur staff qui peu de temps avant avait choisi de faire entrer pratiquement tous les remplaçants. Peut-on dire que tous les changements effectués à ce moment du match n’ont pas produit les effets escomptés ? L’avantage acquis, surtout pour ceux qui venait de rentrer, leur est-il apparu inconsciemment suffisant pour terminer un match et obtenir avec eux le titre annoncé ? Autant de questions auxquelles il est bien difficile d’apporter une réponse péremptoire. Mais le manque de vigilance des Rouge et Noir sur ce coup franc accordé à leur adversaires fut surprenant, eux qui ont plutôt l’habitude de défier les autres sur ce type d’initiative. Peut être est ce plus simplement le "bien jouer" Biarrot qui a fait la différence. Enclenché à la main derrière l’initiative de Courent, bien relayé par Peyrelongue, plus ceux qui comprirent comment immédiatement se rendre disponible pour aller attaquer les Toulousains sur leur faiblesse momentanée, le mouvement collectif balaya sans faute de gout la partie gauche du terrain. Le jeu juste des fixations et passes ne pouvait se finir que dans l’en-but. De quoi faire avoir des regrets au BO qui lancèrent une dernière attaque qui nous permis d’admirer la vitesse et le culot de Ngwenya cherchant dans une ultime bravade de déborder plein champ les lignes arrières adverses, action qui aurait pu transformer l’improbable en possible.

Cette quatrième victoire européenne, elle était ancrée dans la tête du staff toulousain depuis le début de saison. Présentée comme la compétition de référence et donc l’objectif prioritaire, Guy Noves a parfaitement su communiquer cette ambition au collectif, une manière de faire autorité. Personnellement, je reste convaincu que le potentiel humain permettait de jouer sur les deux tableaux (Europe Championnat) et avec la même efficacité. L’occasion de réaliser un doublé qui serait devenu historique à plusieurs titres. Mais bon, ma perception est peut être faussée par les sentiments d’appartenance que j’éprouve pour ce club, ce qui me fait attendre et espérer qu’il fasse toujours plus et mieux que les autres.

Parlons de la quatrième étoile qui va orner le maillot rouge et noir. J’ai eu avant le match le plaisir de rencontrer des supporters du stade, les vrais, ceux qui ne font pas de bruit et qui sont là quand tout va bien (c’est facile) mais surtout quand ça va moins bien. Il me remirent avant le match une petite sculpture en bois (le sigle toulousain) réalisée artisanalement par l’un d’entre eux. Trois étoiles rouges ornaient la petite sculpture. Mais surprise, au coup de sifflet final, dans les gradins la quatrième fut illico collé… Il me dit "il reste de la place pour celles à venir."
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 26 Juin 2010 - 13:46

La Chronique de Pierre Villepreux Rugbyr66
16/06/2010 - 13:30

La Chronique de Pierre Villepreux



Que penser des Bleus ?Comment interpréter la performance du XV de France en Afrique du sud ? Toutes les explications peuvent tenir la route. Celles sectorielles du jeu touchant pèle-mêle le physique, le tactique, le jeu au pied, le jeu au sol, la défense, mais en même temps l’arbitrage, la période, le calendrier, l’incongruité des tournées considérées comme des matchs amicaux qui mobilisent plus les joueurs etc etc ne sont pas fausses, mais j’y préfère l’analyse de Morgan Parra qui "assume cette défaite" et la trouve dommageable "parce qu’on a produit plus de jeu que pendant le Tournoi, on a été combatif , mais pas récompensé". Je retiens effectivement que les victoires dans le Tournoi, grand chelem à l’appui, ont médiatiquement, non pas occulté mais rendu second le volume de jeu minimal qui a été produit par les Français durant cette compétition.


Côté français, cette envie d’envoyer du jeu a été recherchée en début de match mais, très vite du fait du score largement défavorable, le provoquer devenait obligatoire, il n’y avait plus d’alternative. Le drame, c’est que c’est sur un bon mouvement, qui pouvait finir dans l’en-but adverse , que les Bleus se sont faits punir. Le résultat final de ce match peu louable est donc à analyser sans passion. Mais on peut le faire que si l’on accepte que le jeu total, très libéré, moins calculé, moins stratégique des nations du sud dans la compétition du super 14 commence à produire des effets intéressants sur les équipes nationales. Les résultats et le nombre d’essais concédés par les nations du nord dans ces tournéees de printemps le prouvent clairement. La seule domination des Anglais en mêlée a paru dérisoire face aux mouvements d’ensemble produit par les Australiens. Dans le même ordre d’idée, les points forts français du Tournoi, mêlée, touche et défense, qui hier, avaient été suffisants pour gagner, auraient ils été suffisants ? A voir ! Quand on s’engage dans un jeu plus ambitieux, qui est physiquement contraignant, ces seuls secteurs du jeu ne suffisent plus, voire deviennent défaillants. Ce fut le cas pour la France en mêlée en fin de match. Les courses et efforts consentis pour faire face au mouvement hypothèquent la disponibilité physique et mentale pour rester performants, parculièrement en mêlée. De plus, l’arme française bien defendre, jouer vite et là où il faut, où c’est facile sur le turn over, a été assimilée par tous et devient une arme supplémentaire.


Ceci pour dire qu’il faut s’y "coller et bouffer" dans les compétitions comme dans les entraînements des séquences de jeu longues qui allient séquences de mouvement et d’affrontement. Les erreurs d’appréciations et de réalisations techniques qui ont coûté des points et n’ont pas permis d’en engranger d’autres sont aussi liées à ce manque d’habitude de jongler avec l’incertitude des situations et leur degré de complexité. On ne passe pas d’un jeu calé à un autre facilement sans erreurs. La qualité du soutien par rapport au porteur de balle ne se décrète pas , il se vit dans son instantanéité et ne se résout pas dans un ordre apparent mais bien dans le désordre caché des décisions prises à la vitesse du jeu dans lesquelles chacun doit comprendre le jeu de l’autre. Quand Picamoles, en changeant le sens du jeu, mit sur orbite Rougerie qui enchaina parfaitement avec Parra obligé de concéder une touche, un essai était possible mais il devenait improbable par le manque de réactivité des partenaires à la décision de Picamoles. En n’anticipant pas cette décision le soutien replacé dans le grand côté, en attente du jeu rendit plus difficile la continuité d’une action particulièrement favorable.


Un cas parmi d’autres pour tenter d’expliquer ces manques qui peuvent être vite gommés. Ils deviennent des leçons à conditions d’accepter de savoir sortir des prescriptions et consignes définissant ce qu’il y a à faire. Quand, par moments les Français ont su aller jouer collectivement où il fallait, le jeu s’est bien enchainé et les adversaires paraissaient plutôt à la peine pour stopper les déséquilibres successifs créés.


Je comprends la déception des joueurs car ils n’ont pas eu l’impression d’être outrageusement dominés. Même si la différence de points et d’essais interpelle, elle ne m’apparait pas être un facteur qui pourrait pousser à revenir en arrière, ce qui serait synonyme du choix d’autres options de jeu, d’un autre style, d’un rugby moins ambitieux, ce n’est pas le mien, mais c’est un projet de jeu totalement acceptable et, à un an de la Coupe du monde, le choix devient crucial. Les Sud-Africains ont gagné sans abuser du jeu au pied comme ils le faisaient en 2007. Le jeu du super 14 tend à les sortir d’un ordre convenu, ils sont en train de s’approprier ce jeu du désordre où toutes les initiatives individuelles sont relayées avec à propos par le soutien, ce qui était une de nos forces dans l’histoire de notre style. Mais on me rétorque souvent que ce jeu dans la modernité n’a plus cours.

On ne parlera pas des All Blacks qui emportèrent des Irlandais certes en infériorité numérique, mais même à 16 , les Verts auraient eu bien du mal à endiguer la vague noire, mais ce n’est pas vraiment une surprise.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 14 Juil 2010 - 20:29

La Chronique de Pierre Villepreux Rugbyr14
12/07/2010 - 10:48 - La Chronique de Pierre Villepreux


Le succès des Blacks

Le succès sans discussion des All Blacks pour ce premier match entre les trois nations sudistes est significatif à un an de la coupe du monde, de la manière avec laquelle ils tenteront de s’imposer dans cette compétition Le choix du style pour y parvenir me parait important, car accepter de produire un jeu ambitieux après l’affront que leur avaient fait subir, la saison dernière, les Sud-Africains dans cette même compétition, est révélateur des objectifs choisis par les entraineurs et les joueurs pour atteindre chez eux l’an prochain le titre que toute la Nouvelle Zélande attend.

Combien de techniciens auraient choisi, dans ce climat, de jouer autrement des champions du monde, particulièrement habiles, on le sait à contrer leurs adversaires ? L’option d’un jeu plus restrictif, plus pragmatique comme on dit, celui que la frousse tend à dicter quand on est en manque de résultats crédibles contre un adversaire qui précédemment vous a un peu humilié, aurait pu être programmé.

Pour évacuer les désillusions de la saison passée et se positionner pour demain, les All Blacks ont fait appel à ce jeu total, celui vers lequel ils reviennent quand ils sont en difficulté. C’est bien sur celui que leur dicte leur culture et qu’impose aussi les spectateurs. La recherche d’un rugby créatif fait d’initiatives avec le courage d’oser jouer quel que soit le positionnement de la situation de jeu dans le terrain les rassure et quand la confiance en ce rugby les habite, ils sont difficilement accessibles. C’est un jeu qui parait risqué mais qui ne l’est pas puisque dans la variété des situations rencontrées - celles où l’on avance franchement, celles d’équilibre voire celles où on subit la pression adverse - la qualité du premier soutien au porteur de balle, sa vitesse d’intervention créent les conditions favorables pour déséquilibrer ou continuer de déséquilibrer la défense adverse.

La première longue séquence de jeu des noirs (vers la huitième minute - elle dura pratiquement 3 minutes - ) fut significative du style et donc d’un état d’esprit. Parti dans ces propres 22m , le mouvement collectif continuel, initié par le jeu de passes, auquel s’associa avec pertinence, le combat utile dans les phases de jeu au sol, ne put être stoppé qu’illicitement prés de la ligne de but adverse. J’aurai personnellement choisi de frapper les esprit soit en jouant à la main soit en choisissant une mélée à 5m (c’était d’autant plus logique que Botha avait pris avec la pénalité un carton jaune) cette séquence de jeu méritait mieux que les 3 points de la pénalité accordée. Dans toutes les actions de cette séquence, la réponse défensive des Springboks au jeu des utilisateurs, ne fut jamais à même d’éviter soit l’avancer en jouant debout, soit la relance d’un jeu tout aussi dynamique sur les phases de placages et de rucks, puisque la libération rapide du ballon permettait cette opportunité. La défense sud-africaine subit cette dynamique offensive faite d’alternance de jeu au large et jeu pénétrant de rupture non seulement sur cette longue séquence mais tout au long du match. Rarement elle ne fut à même de reproposer sur la ligne du ballon une organisation efficace, alors que dans le même temps, tous appuyés à la ligne de front, les noirs se donnaient en nombre et donc les moyens de poursuivre vers l’avant leurs mouvements collectifs.

Les Néo-Zélandais ont joué sur des principes et références simples. Carter est un animateur hors pair pour faire le tri du, quand jouer dans le même sens, quand inverser celui-ci, quand enchainer au pied. Il n’a pas son égal au monde pour, de par son placement, mobiliser les adversaires en créant du même coup les situations favorables pour ses partenaires. Dans des situations identiques le jeu, son adversaire direct Morne Steyn semblait tellement plus lisible. Carter a ainsi rendu inopérante la défense inversée des verts qui en l’occurrence les a plus desservi qu’aidé. On peut en dire autant du jeu au pied des Sud-Africains. Ils rendirent pas mal de balles de contre attaque aux noirs qui n’ont pas manqué de les exploiter, n’hésitant jamais à jouer rapidement aussi celles bottées en touche. Pour l’ouvreur néo-zélandais, aucun exploit dans ce match digne de marquer les esprits, si ce n’est celui de jouer juste et ainsi de rendre le jeu de ses partenaires plus efficace. A à ce poste c’est aujourd’hui primordial d’avoir ce type de joueur pour gérer le mouvement général du jeu tant en attaque qu’en défense, celui dans lequel les All Blacks excellent aussi parce qu’ils vivent ces situations, leur variabilité et leur répétitions plus souvent que leurs adversaires dans le Super 14 et en équipe nationale.

Dans ce match sans partage, les Blacks nous proposèrent beaucoup de séquences longues souvent parties de très loin, mais efficaces par l’avancée générée. Seront t-ils, la semaine prochaine, à même de dominer leurs adversaires dans ce style de jeu ? Pas sur, la réaction sud-africaine obligera ou entrainera peut-être une adaptation différente qui engagera un nouveau défi tactique. Mais comment ne pas s’appuyer sur ce qui a si bien marché et conserver les bases tactiques développées dans ce match ?
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 20 Juil 2010 - 22:54

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20/07/2010 - 10:36 - La Chronique de Pierre Villepreux



Encore et toujours les Blacks...


Comment ne pas apprécier cette seconde victoire des Néo-Zélandais qui confirme la force de leur jeu actuel ? Peut-être a-t-elle été moins spectaculaire que la précédente du fait aussi des conditions climatiques, mais il aurait fallu qu’elles soient détestables pour gêner leur fabuleux esprit d’entreprendre. Esprit d’initiative qui n’a pas molli dans ce deuxième match même si, en attente d’une réaction musclée des Sud-Africains, ils auraient pu la "jouer plus prudente" . Affaire de culture diront certains. Je crois surtout volonté des joueurs et d’un staff d’en faire aussi, je dirais presque, enfin le jeu gagnant de la prochaine Coupe du monde. Ce qui ne ferait pas de mal au rugby en général qui a bien besoin d’une locomotive pour sortir du rugby "réaliste" derrière lequel on se retranche pour accéder à la victoire , en pensant qu’elle devient plus atteignable. Choisir un jeu plus ambitieux est alors considéré plus risqué donc forcement inaccessible.

Ces deux victoires avec 9 essais à la clé sont significatives de la suprématie des Noirs quant à leur capacité à jouer à la main, option que l’on magnifie surtout quand ce sont les champions du monde qui en font les frais puisqu’on ne peut arguer, pour expliquer la défaite des Springboks, d’une carence physique qui bien souvent à bon dos, ce qui évite les analyses tactiques plus gênantes. Si ce jeu est possible pour les All Blacks, pourquoi ne l’est il pas pour les autres ? Simplement parce qu’ils ne le considèrent pas à risque, qu’ils ne le remettent pas constamment en cause et qu’ils y retournent surtout quand les résultats ne suivent pas - et cela leur arrive comme à tous - et c’est très bien pour le sport et le rugby.

Si une équipe est bien dans le mouvement général, ce sont bien les All Blacks, je ne parle pas du jeu d’attaque qui reste un des éléments du système global du jeu, mais bien de leur capacité à utiliser offensivement tous les ballons disponibles, ceux que leur rendent leurs adversaires grâce aux balles de récupérations :

- les turn over où ils savent passer avec fulgurance du statut de défenseurs à celui d’attaquants. Dans la même dynamique, vitesse d’utilisation du ballon et appui collectif pour attaquer la ligne d’avantage leur permet de placer leurs adversaires en situation inconfortable de repli défensif.

- le jeu au pied adverse, qui relève du même état d’esprit, puisque il s’agit de déplacer le jeu en fonction de la distribution défensive adverse en écartant la balle de la pression défensive pour aller jouer dans une zone de moindre pression. C’est plutôt facile à réaliser devant les Springboks, qui proposent après leur jeu au pied des défenses étages avec forte pression sur le porteur de balle. Il faut noter que quand les Blacks jouent au pied, c’est pour mieux inciter l’adversaire à leur rendre le ballon par un autre jeu au pied et ainsi se préparer, sans entrer dans le rugby ping pong, au futur jeu de contre attaque. Quand le jeu au pied adverse sort la balle du terrain, chaque fois que c’est possible, le choix de la touche vite jouée s’impose plutôt que la remise en jeu, via la touche. C’est l’équipe qui sait le plus et le mieux utiliser cette opportunité réglementaire grâce à un replacement qui mobilise tout à la fois ceux qui sont directement décideurs de la relance et ceux plus loin mais tout autant concernés.

Toujours dans ce même état d’esprit, on peut y rajouter le choix de jouer quand la situation le permet (balle disponible immédiatement) les pénalités à la main. Autant de balles disponibles si bien utilisées par les Néo-Zélandais dans le cadre du dialogue attaque- défense significatif que génère le mouvement général du jeu qui inclut les phases de recyclages dynamique du ballon (rucks et mauls avec liberaration rapide) dans le cadre des successions d’équilibre et déséquilibre qu’il faut savoir saisir dans leur instantanéité. Faut-il pour qu’il en soit ainsi accepter de considérer la phase précédente de l’action adverse non pas comme une fin du mouvement précédent mais bien comme "sa continuité" dans laquelle va s’inscrire tout le collectif puisqu’il s’agira bien de répondre immédiatement, pour y être efficace, à toutes les éventualités que proposent à la fois le mouvement précédent et ne l’oublions pas le règlement.

L’importance de la maîtrise du mouvement général et des situations de déséquilibre et d’avantage momentanées en nombre ou en placement, qu’il provoque, le caractère forcement adaptatif qui s’y greffe ne remet pas en cause les phases statiques ni leur importance. Elles sont un moment totalement équilibrées sur la largeur comme sur la profondeur, et doivent être considérées selon le terme Deleplacien comme un "cas particulier du mouvement général" et, de ce fait, nécessiteront une intelligence dans leur lancement. Les All Blacks ont su faire les efforts utiles pour être aussi performants dans ce domaine mais comme conséquence de tout le reste et non comme une fin en soi.

La confiance néo-zélandaise en son jeu contrastait avec le peu de croyance qui semblait émaner du jeu des Springboks, qui doivent se remettre en question je dirais surtout en défense collective qui paraît fragile. Délaissant leur fameuse défense inversée, qui n’avait pas posé de réels problèmes à leurs adversaires la semaine précédente, ils n’ont pas pour autant trouvé la solution en défendant en ligne, pour faire face aux déferlantes en surnombre sur le large que leur ont imposées les Noirs. Que va faire cette équipe en plein doute contre les Australiens sous la conduite de Robbie Deans justement lui aussi Néo-Zealandais ?

Doit-on accepter la superiorité actuelle néo-zélandaise comme incontournable ? Certainement pas, mais tout marche bien en ce moment pour eux, il sera temps, dès la première défaite et elle viendra avant la Coupe du monde , de se remettre en question sans pour autant tout bouleverser, mais ce n’est pas d’actualité.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Lun 26 Juil 2010 - 21:42

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25/07/2010 - 15:13 - La Chronique de Pierre Villepreux


Un Australie/Nouvelle-Zélande qui promet...



Depuis le début de la compétition, rien ne change pour les Sud-Africains. Les défaites s’accumulent et les points concédés montrent par leur ampleur la faiblesse récurrente de leur défense. Je ne parle pas bien sûr de la capacité individuelle de chaque joueur à s’investir individuellement et totalement dans l’acte de plaquage, mais bien de la cohérence du développement des actions collectives défensives, celles qu’il serait souhaitable de les voir mettre en œuvre en relation et adaptation au jeu de l’adversaire, par rapport au ballon, et par rapport à sa position, là où il est joué sur le terrain. Une bonne défense se doit d'être à même de répondre à toutes les éventualités qui se présentent et naissent dans ce jeu situationnel en permanente évolution et dans ces changements les plus simples comme les plus complexes.

Cette distribution défensive et sa logique plutôt facile à appréhender sur les phases statiques, devient plus compliquée quand le jeu adverse bouge comme c’est le cas actuellement dans celui que proposent les Blacks et les Australiens. En répondant au jeu au pied sud-africain par du jeu à la main, peu importe la position de récupération du ballon sur le terrain et en refusant le ping pong rugby , All Blacks et Wallabies mettent à mal le système défensif des Boks, très organisé sur la profondeur en nombre et positionnement, mais du coup affaibli dans son premier rideau qui ne presse qu’avec quelques joueurs sur le réceptionneur, délaissant ainsi les extérieurs . Seule une erreur adverse dans la réception du ballon ou la récupération du ballon botté pourrait transformer la situation potentiellement défavorable en favorable, mais c’est trop rare pour en faire une arme déterminante. En ne respectant pas l’équilibre d’une distribution logique et d’un premier rideau fort en ligne et en nombre, il se crée un déséquilibre de positionnement favorable aux récupérateurs qui est largement exploité, conséquence de la mauvaise distribution précédente et source de tracas successifs bien plus difficiles à enrayer. On peut en dire tout autant dans la continuité des longues séquences imposées par les Australiens ou derrière les rucks successifs. Aux instants apparents d’équilibre défensif succédaient, du fait de la libération rapide du ballon, des instants de déséquilibre. Si seulement deux essais ont concrétisé la supériorité des Australiens, les pénalités concédés sont là pour montrer combien le jeu offensif était également difficile à enrayer et était synonyme d’une faiblesse de répartition des défenseurs dans les différents rouages. Leurs emboitements logiques, interdépendants simultanés ne se font pas dans une même dynamique et en harmonie de la continuité des situations évolutives.

Les emboitements des rouages défensifs sont aussi fins que les offensifs et relèvent de principes opératoires qu’il s’agit de resituer pour chaque joueur défenseur, à la fois dans le mouvement général mais aussi dans l’implication en position et nombre dans les différents rideaux, surtout le premier qui doit être étoffé dans la largeur en nombre suffisant, comme dans l’action de jeu un contre un. Ce sont ces références communes qui me semblent manquer le plus aux Springboks. L’urgence du travail à réaliser doit se faire dans ce domaine. Ils doivent acquérir une autre représentation de leur système de défense, pas facile quand ce même système vous a conduit aux résultats que l’on connait. Indispensable pourtant s’ils veulent enrayer la spirale de défaites qui va continuer de s’installer avec tous les effets pervers que cela génère à tous les niveaux, y compris le relationnel joueurs – joueurs et joueurs – staff.

Si c’est le cas, ils retrouveront une efficacité offensive qui du fait de cette carence, semble leur manquer aujourd’hui.

L’Australie propose un jeu ambitieux. Il me parait cependant plus "calé" qu’il n’y parait. La conservation du ballon est certes efficace puisque l’on ne perd pas la balle pendant de longues séquences mais elle génère des affrontements individuels par un jeu à une passe qui inévitablement se finit au sol alors que la répartition offensive et les appels de balles dans le même sens, comme en renversement sont suffisamment riches pour créer des mouvement collectifs de pénétration justement par le jeu de passes qui pourrait être mieux utilisé et exploité. C’est un aspect du jeu que maîtrise mieux les Néo-Zélandais.

Dans ce sens, le match de samedi prochain me semble particulièrement intéressant, puisque les deux équipes peu ou prou sont sur le même registre du moins et c’est déjà beaucoup en terme d’intentions. Les staffs respectifs le savent et ne manqueront pas de cogiter sur quelques innovations tactiques et pourquoi pas le choix d’une autre stratégie, une manière d’entretenir les différences. Je peux me tromper mais je pense que chacun restera sur ce qui, jusqu’à présent, lui a permis de répondre à la fois à l’obtention de bons résultats et à la réalisation d’un spectacle motivant pour tous ceux qui jouent et ceux qui regardent, ce qui est déjà plutôt bien.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 4 Aoû 2010 - 10:44

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02/08/2010 - 11:28 - La Chronique de Pierre Villepreux


All Black power


Encore une belle démonstration de la force actuelle des All blacks dans ce jeu total. Il se met en place et se réalise au mieux de leurs intérêts puisque avec une victoire et manière, ils engrangent de plus en plus en plus de confiance. C’est plutôt intéressant à un peu plus d’un an de la Coupe du monde. Jeu total car ce collectif sait de mieux en mieux utiliser toutes les balles disponibles, celles qu’ils gagnent directement en touche et mêlées et celles qu’ils récupèrent.

Dans ce match contre des Australiens qui voulaient justement ne pas tomber dans le travers des Sud-Africains, à savoir, rendre au pied trop de ballons, ils surent parfaitement faire face défensivement au jeu de conservation à la main choisi par leur adversaire. Le jeu néo-zélandais s’est ainsi largement nourri des nombreuses balles de récupération.

L’essai de Mc Caw en est l’illustration la plus claire. Il est en même temps significatif des capacités adaptatives de ce joueur. Premier utilisateur du ballon suite à un placage sur une tentative osée de contre attaque de l’arrière australien Ashley-Cooper, le capitaine All Black quand il n’est pas plaqueur n’est jamais très loin du point de "contestation – récupération", ne fit pas le mauvais choix en allant jouer, là où c’était le plus facile, dans un trou de souris entre la touche et le point de récupération, justement là où les Australiens s’oublièrent dans leur replacement défensif. Les premiers défenseurs investirent logiquement le grand coté, c’était le choix le plus logique, mais compte tenu de la rapidité de la réversibilité de la situation il aurait fallu occuper en premier, ne serait-ce qu’avec un seul défenseur, ce petit espace de jeu et ainsi assurer l’équilibre défensif. Sur la largeur.

La carence situationnelle du système défensif australien facilita la décision de Mc Caw. Il n’eut besoin de personne pour transformer ce bon choix en une course gagnante vers l’en but adverse. Cet exemple de mauvaise redistribution défensive des Australiens quand ils doivent rapidement passer de la situation d’utilisation du ballon à celle de défenseur fut remarquablement exploité tout le match par les Blacks. Mauvaise redistribution qui est la conséquence tout autant d’une mauvaise adaptation que de leur système offensif à la main qui engage souvent beaucoup de joueurs dans des espaces de jeu prévus délaissant du même coup d’autres espaces qui quand il y a une perte de balle deviennent le point faible sur lequel leurs adversaires s’appuient et mettent en valeur dans ce type de situation la disponibilité adaptative d’un collectif.

D’autre part en tentant de porter le ballon, ce qui n’est pas condamnable bien au contraire, on a pu noter la difficulté des Australiens à déséquilibrer la défense adverse alors que face à des situations identiques les Néo-Zélandais avançaient régulièrement grâce à une meilleure approche de la ligne défensive adverse, soit dans la gestion du un contre un où ils avancent plus par évitement qu’affrontement, soit plus collectivement par le jeu de passe et l’utilisation du soutien axiale.

J’ai bien aimé l’essai de Rokocoko, non seulement son artistique contorsion pour déposer le ballon dans l’en-but, mais surtout comment il fut mis sur orbite par son centre Nonu, réalisant pour l’occasion une merveille de cadrage offensif qui mérite que l’on s’y attarde. Ce sens du jeu est peu visible aujourd’hui dans le jeu des lignes arrières ou la tendance est, soit passer, soit d’aller affronter, omettant que le jeu de course et le timing de la passe reste encore le summum de l’efficacité dans le jeu de ligne. Réussir à ce niveau à mobiliser dans une situation de 2 contre 2 classique, tout en même temps les deux défenseurs, grâce à la fois par la direction de course et la conservation de la balle jusqu’au dernier moment, créant ainsi le maximum d’incertitude sur ce deuxième défenseur condamné à prendre en compte ce porteur de balle qui laisse croire qu’il va jouer le 1 contre 1 en refusant donc de lâcher son ballon. Mais quand il le fait, c’est trop tard, Rokocoko, prenant la balle très à plat, est déjà dans son dos .

Nonu est dans le milieu plutôt considéré comme un joueur physique perforateur de muraille, il est pourtant bien plus que cela. S’il met "sa tête" à la hauteur de sa puissance physique, il va devenir un atout essentiel dans le jeu ambitieux de ce collectif qui n’a pas fini de grandir.

Pendant que dans le sud on parle de jeu, on se prépare activement physiquement dans le Top 14. Tout le monde aspire à aller vers ce rugby ambitieux mais les images véhiculées dans les journaux sont celles de rugbymen leveur de fonte. Dommage de ne pas voir une équipe choisir sans peur d’axer la plus grande partie de sa préparation avant le coup d’envoi du championnat sur le mouvement général intégrant ainsi en même temps la préparation physique, celle qu’impose le jeu par les courses et lutte collective dans les rucks et maul. Il sera toujours temps de travailler le renforcement musculaire plus tard. Plus tard, on ne travaillera pas ce mouvement général puisque on entrera dans la gestion du court terme, celle de la proximité des matchs, la peur des blessures, et la frayeur que ne manquera pas de créer les premiers mauvais résultats. Alors, s’il y a une période qui pourrait être, sinon mieux, du moins différemment exploiter, c’est bien cette période pré-championnat qui a repris depuis plus d’un mois et demi.

Si j’avais à entrainer aujourd’hui , j’oserais bien tenter ce challenge…
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 4 Aoû 2010 - 11:48

J'espère que notre ami "Bastikéa" a lu le passage concernant le boulot de Nonu sur l'essai de Rococoko ! Rolling Eyes
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 26 Aoû 2010 - 13:15

Rugbyrama - 26/08/2010 - 10:27
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Qualité de jeu un peu fade !


Un petit voyage en Nouvelle Calédonie m’a permis de faire un break avec le rugby tant international que national puisque j’ai raté un match des Tri-Nations et le début de championnat, je me retrouve en plein décalage littéralement happé par cette deuxième journée du Top 14.
Elle ne manque pas d’intérêt en terme de résultats puisque les vaincus du premier tour n’ont déjà plus le droit le perdre. Les défaites des stars de l’an passée, au moins une fois, est là pour laisser penser que la lutte pour les premières places risque d’être encore plus sévère. Je la trouve un peu fade quant à la qualité du jeu produit. C’est en tout cas aussi mon ressenti au travers des matchs que j’ai été amené à visionner durant tout le week end.
Globalement, je trouve que les productions des uns et des autres, certes à des degrés divers, manquent quand même d’ambition. Je pense surtout aux présumés meilleurs équipes qui de toute façon dans le temps sauront refaire surface et qui selon moi devrait justement profiter de ce début de championnat pour perfectionner les acquis et affirmer leur envie et leur style. Pour les autres, ceux pour qui toutes les victoires au bout du compte compteront, il me parait encore bien tôt pour sacrifier le jeu ambitieux que tous disent vouloir comme chaque année mettre en place. Il me vient à la tête une préface faite en 76 par le Président Ferrasse dans un livre de Duthen où il écrivait : "le rugby a toujours été et il ne doit jamais cessé d’être un jeu, un délassement, une récréation pour ceux qui le pratiquent."

Au-delà des mots et d’une philosophie qui semble aujourd’hui bien anachronique dans le monde sportif professionnel, je me demande parfois s’il ne faut pas réfléchir aujourd’hui sur le comment gommer cette espèce d’apathie voire ce désenchantement qui tombe soudain sur une équipe et appauvrit la richesse de son jeu, limitent les initiatives alors qu’elle a le potentiel pour entrer dans cette cour de récréation évoquée par le Président Ferrasse. Faut il encore pour qu’il en soit ainsi savoir pour les joueurs le poids d’une stratégie sans cesse grandissante dans le jeu actuel qui limite justement cette liberté d’entreprendre et place le joueur en situation d’exécutant du programme choisi et l’obligation de réponses toutes faites inhibitrices forcement d’envie. Un élément de défense peut être trouvé, comme chaque début de saison, dans l’adaptation à la rigueur des arbitres du fait de l’aménagement non pas à la règle mais de son interprétation arbitrale. Comment faire prendre au jeu une réelle dimension si on est souvent pénalisé et si en plus il vient s’ajouter les maladresses, j’entends par là, les fautes de mains inhabituelles que l’on a pu constater dans certains matchs (presque tous) et que l’on doit certainement imputer aux mains trempées de sueur du fait des fortes chaleurs. Mais, cette explication n’est qu’en partie recevable car la faute de main immédiatement exploitée devrait tendre coté de l’équipe récupératrice à une dynamique de jeu immédiate, ce qui, sauf rare exception, du moins dans les matchs que j’ai pu visionner, ne s’est pas vérifiée.

L’apathie de Clermont pendant soixante minutes a été dans ce cadre surprenante, mais elle n’est pas inquiétante et au bout du compte son fond de jeu et ses individualités dans toutes les lignes lui ont permis de retrouver des couleurs quand tout semble laisser croire à une défaite pas spécialement programmée qui aurait fait tâche compte tenu de la défaite précédente contre Perpignan, elle bien sur pouvant être considérée comme pouvant entrer dans l’acceptable. J’attribue cette apathie au choix fait défensivement d’accepter de ne pas chercher à contester les ballons dans les phases de placage et de rucks. Le replacement pratiquement de tout le collectif sur la largeur rassure pour contrer le jeu successif, mais permet à l’adversaire une conservation facile dans l’avancer qui se fait individuellement jamais certes très loin du point la zone de ruck. Bourgoin a pu ainsi avancer doucement mais surement monopoliser le ballon jusqu'à ce que faute clermontoise s’ensuive. Une façon de défendre qui amène à subir un jeu de conservation peu spectaculaire et peu dynamique.

L’apathie toulousaine est plus inquiétante mais dans ce match on se doit de reconnaitre que Castres n’a pas, tant qu’il a pu le faire physiquement, manqué d’envie de jouer derrière ses animateurs hors pair Masoe et McIntyre. Mais ils ont laissé en route trop de bons ballons. C’est d’autant plus regrettable pour Toulouse. En fin de match, quand le collectif enfin se lança dans un baroud d’honneur qui aurait du être le jeu à réaliser au tout début mais que, peut-être, les nombreuses pénalités subies dans cette toute première période ont mentalement bloqué les neurones de ce collectif qui est apparu dans ce match sans âme et sans vitesse.

Enfin, je n’ai pas vu le match, mais des extraits de la confrontation Montpellier – Racing. Le dernier essai de Montpellier, le troisième pour Doumayrou, reste le moment tactiquement fort de ce week end. La justesse des décisions successives dans le dialogue qui su s’instaurer entre les différents porteurs de balle et le soutien a été une merveille du genre. Il sera n’en doutons pas déclencheur d’un état d’esprit et d’un pari sur le jeu à réaliser qu’il ne s’agira de renier au premier accroc et quand on recherche ce rugby et si c’est bien celui-ci si j’ai bien compris qui est visé, cela ne se fera pas sans erreur.

Pas le temps de revenir sur la remarquable production néozélandaise . La semaine prochaine sûrement.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 4 Sep 2010 - 20:38

03/09/2010 - 12:52 - rugbyrama

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Réflexion sur les Tri-Nations

J’ai envie aujourd’hui de revenir sur les Tri-Nations. Les deux derniers matchs des respectivement des Néo-Zélandais et de l’ Australie contre les Springboks, sans être comparables, sont significatifs du désir de mettre en place et en œuvre un jeu plein ambitieux et en aucun cas restrictif puisqu'il utilise prioritairement le jeu à la main et les espaces. Ce jeu provoque un rugby enthousiaste et inventif. La mise en scène de ce type de rugby devient de fait moins stratégique et moins adaptée aux attendus du jeu adverse même si on ne peut pas les négliger complètement. Pour ces deux équipes, on décèle bien quelques variations mais les principes tactiques restent les mêmes. Pourtant dans l’instant, sur des bases d’action identiques, une équipe gagne ( les All Blacks) et l’autre, je ne dirais pas perd , mais aurait dû et pu gagner.

La volonté des ces deux nations, à un an de la Coupe du monde, n’est pas neutre et la présence de Robbie Deans, un Néo-Zélandais, à la tête des Wallabies, explique certainement ce que j’appellerai une transformation, une mutation radicale quand on veut bien se rappeler le jeu aseptisé, fait d’affrontement constant (jeu à une passe) qui sévissait en Australie. Champions des temps de jeu et de la multiplication des séquences programmées, ils récitaient un rugby de conservation peu spectaculaire, mais, il faut le dire, même si dommageable pour le spectacle, plutôt efficace qui leur permis, sous l’ère Mac Quenn en 99, de devenir champions du monde.

Aujourd’hui, pour ces deux nations, même combat pour un style de jeu. Comme en démocratie, il ya me semble-t-il une volonté générale de tous, joueurs et entraineurs, d’aller vers le même objectif, la recherche d’un jeu où l’on ne perd pas de vue son efficacité. Sans efficacité , le style choisi perdrait tout son sens. Il n’y a jamais de majorité absolue dans notre sport en faveur d’un style de jeu, mais la volonté de le mettre en place sans le remettre en cause avec toujours plus de régularité sont indispensables pour réussir. Chaque match apportant chaque fois ce degré de perfectionnement qui s’inscrira dans les acquis tactiques et autres habiletés collectives. Mais l’image de la réussite est forcément publique et elle dépend du taux de reconnaissance acquise par la qualité de son jeu produit et par les résultats. Ce taux de reconnaissance est difficile à estimer mais il influe grandement sur la dynamique de perfectionnement recherchée pour aller encore plus loin pour accepter de dépasser ce qui pourrait sembler être les limites du moment. La culture du public, tant néo zélandaise qu’australienne, plutôt portée sur le beau jeu confortera les staffs dans cette quête.

Le jeu des All Blacks s’impose globalement à tous. Il est difficile d’aller leur chercher des poux dans la tête et d’émettre un doute sur le bien fondé du jeu choisi et effectivement réalisé. Les Australiens ne mollissent pas dans leur intentions mais leur marge de progression est importante , particulièrement leur capacité à être au top à la fois offensivement (dans cette dimension c’est plutôt bien ) mais aussi défensivement. J’entends bien cette dimension dans le cadre du jeu collectif où ils présentent des lacunes qui gagent leur performance globale. Etre performant en attaque et, tout en même temps, collectivement efficace en défense avec la même force mentale que celle développée en attaque, n’est pas dans l’instant disponible pour cette équipe. Il ne suffit pas de le constater. Robbie Deans devra rechercher les contenus d’entrainement qui permettront à ses joueurs de passer du statut d’attaquant à celui de défenseur, donc les amener à "fabriquer de l’intelligence défensive".

C’est dans cette dimension que les All Blacks me semblent supérieurs, leur capacité à bien défendre collectivement leur permet soit d’obliger l’adversaire à jouer au pied, soit de récupérer pas mal de turn over leur permettant d’imposer leur jeu.

Je dirais que ces deux équipes, du fait du parti pris du jeu choisi, si elles persévèrent dans ce choix (c’est facile quand on gagne , plus difficile comme c’est le cas pour le Australiens), vont avant la Coupe du monde encore mieux mesurer leurs limites et tenter de les dépasser en restant fidèles à leur projet de jeu. En rugby comme dans la vie, il ya les "battants" qui ne se démoralisent pas face aux difficultés et les autres qui, en changeant de cap, s’auto détruisent en refusant de persévérer par peur de la visibilité de l’échec.

Aujourd’hui l’Australie n’est pas première mais en sport le second existe parce qu’il n’est pas très loin du premier et par conséquent de la victoire. Robbie Deans doit continuer dans le jeu qu’il a choisi, mais aujourd’hui pour aller sereinement jusqu’à la Coupe du monde , il a aussi besoin de la confiance des joueurs qui doivent aller au bout des fantasmes de leur coach et par la même des leurs.

L’attaque que les Australiens déployèrent depuis leur en-but et qui se termina dans l’en-but adverse tendrait à prouver que les joueurs sont en phase avec leur entraineur. Permanence ou état fugitif ? L’avenir nous le dira !
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 8 Sep 2010 - 8:23

07/09/2010 - 15:20 - Rugbyrama -

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Un jeu qui me séduit


Je suis particulièrement intéressé par le jeu produit dans les Tri-Nations. Les oppositions de style sont réelles. D’un coté, le jeu des Sud –Africains, champions du monde, et, dans un style contrasté, pour ne pas dire en opposition, globalement, celui des deux autres, les Australiens et les Néo-Zélandais. Le jeu de ces deux derniers, sans être à l’identique, procède de conceptions de jeu grandement similaires.

Il est évident que l’influence du sud sur le rugby du nord est beaucoup plus sensible que l’on ne veut bien le dire. Il y a cela beaucoup de raisons, la première, la plus logique, c’est que dans l’histoire de notre jeu, les résultats dans leur opposition avec le nord plaide largement en leur faveur, même si, de temps en temps on leur place des chausse-trappes qui les amènent à sortir de leurs certitudes. Mais ils savent en général mieux utiliser ces échecs pour rebondir. Les victoires du Nord, ici et là, nous rassurent mais on a tendance à s’en satisfaire et à penser qu’enfin dans la continuité, on va donc être à même de rivaliser en toutes circonstances, quel que soit le lieu et le cadre de la compétition. Mais c’est rarement le cas et on reperd régulièrement pire le plus souvent mal.

Chaque année, cette compétition du sud me semble être ce baromètre qui, au gré des résultats et de la qualité du spectacle produit, guide l’évolution du jeu dans le monde mais aussi et cela est logique influe grandement le comment arbitrale du management des règles conséquence de leur utilisation tactique par les joueurs.

Aujourd’hui, face au jeu très expansif des Australiens et Néo-Zélandais, les Springboks sont contraints d’évoluer. Le tout au pied systématique qui les avait fait gagné pendant la Coupe de monde et la saison suivante a atteint ses limites. Conscient que cette force est devenu une faiblesse, ils sont à la recherche d’un rugby de conservation (beaucoup moins de jeu au pied) mais ils peinent à le mettre en place et cela se traduit par un maximum de jeu à une passe. Forcement, ce jeu fait appel à la puissance physique et aux qualités individuelles de certains de leur joueurs. Ce rugby n’a jamais suffi contre les All Blacks, mais aurait pu les sauver lors des deux derniers matchs contre les Australiens même si cela tenait du miracle. Menés à la mi temps par des scores qui, compte tenu de leur production en première mi-temps, tant offensive que défensive, personne n’aurait oser penser, à ce niveau là, qu’ils pouvaient retourner la situation ne leur faveur, ce qui acte de la qualité de leur mental. Mais, et c’est bien pour le rugby, de ne pas avoir pu réussir deux hold-up.

Je trouve plutôt bien à un an de la Coupe du monde que le jeu des Australiens et des Néo-Zélandais interpelle, qu’il provoque une certaine admiration du moins une curiosité et nous propose de réfléchir sur ce qu’il faut développer, pour pouvoir rivaliser, en terme d’entrainement mais tout en même temps de mise en pratique dans les compétitions à venir. Si, ce jeu là, comme cela semble être le cas, est bien le jeu gagnant, ce qui reste pour ceux qui l’ose quand même toujours à confirmer, il convient de s’y préparer, non pas en l’épousant sans mesure mais en acceptant l’ambition et le caractère créatif qu’il propose.

Il me semble que le jeu entrevu dans les diverses oppositions lors de ces Tri-Nations est porteur, non pas de nouvelles formes de jeu mais d’adaptations tactiques nouvelles aux formes traditionnelles. Cette recherche, ce plus, finit par transformer la plasticité du jeu et enrichit le patrimoine. C’est bien que ce soit le jeu qui fonctionne et crée le besoin. Un jeu qui respectent la tradition mais où le joueur n’a pas peur de se lancer dans ce rugby toujours plus entreprenant donc plus excitant. C’est aussi une façon de faire évoluer l’héritage.

Le dernier match de ces Tri-Nations, samedi prochain, verra l’Australie défier les Néo-Zélandais. Dans un match sans enjeu pour eux (ils ont déjà remporté la compétition), on pourrait penser qu’ils n’ont rien à prouver. Pourtant leur challenge sera bien de confirmer qu’ils ont ce temps d’avance qu’il convient de savoir préserver.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Dim 19 Sep 2010 - 18:30

19/09/2010 - 12:55 - rugbyrama -

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Débat sur le style

Je viens de voir jouer Montpellier contre Agen. Bref, j’étais parti pour faire un article sur le petit débat lancé par Marc Lievremont concernant les limites du jeu produit dans le Top 14. Le soucis de Marc est légitime. Il a vu comme tout le monde le jeu réalisé à la fois dans le Super 14 et celui au meilleur niveau dans les Tri-Nations, où ont surtout excellé les Australiens et les Néo-Zélandais. Les formes de jeu produites interpellent. L’opposition de style ne peut être niée. Bien sur, le style ne fait pas toute la performance, loin s’en faut et c’est bien ainsi. Chacun a le droit de se complaire dans la défense du jeu qui lui convient. Personnellement, il y a longtemps que j’ai choisi mon camp et fait le choix du beau rugby, pas n’importe lequel, celui qui s’appuie pareillement sur les principes fondamentaux du jeu avancer–soutien. Principes incontournables et intemporels présents depuis que le rugby existe, conséquences des règles fondamentales établies au départ qui font la spécificité de notre jeu.

Si ce beau jeu se traduit par des formes différentes, c’est que, là où les uns prennent des initiatives, joue sans peur d’oser faire, avec envie, sans regrets, même si la réussite n’est pas là, installant la confiance utile pour le faire, les autres se fixent prudence et limites dans le cadre d’un jeu au moindre risque qui réduit la performance à l’excellence dans des bouts de rugby convenus. Mon choix pour un rugby expansif vise à utiliser le mouvement comme un moyen, pas comme une fin. C’est ce rugby là qui me plait et je lui accorde largement autant de chance pour gagner, sinon plus qu’au jeu que l’on qualifie de pragmatique car, soit disant plus à même d’obtenir les résultats utiles, à contrario de l’autre perçu comme ambitieux et donc raisonnablement irréalisable. Je souhaite qu’il devienne le rugby gagnant de la prochaine Coupe du monde pour créer mondialement parlant une autre dynamique pour penser le jeu autrement ce qui entrainera une réflexion sur la formation du joueur.

Ceci dit, ce rugby n’a de chance d’exister que si le staff technique non seulement le cautionne, mais aussi l’incite, le valorise développant chez les joueurs le mental obligé sans lequel au premier accroc tout s’effondre.

Alors, venons en à la question. Les joueurs qui défendront les couleurs de la France, pris par la réalité du Top 14 sont ils à même de se transformer en allant dans un temps maintenant réduit vers un autre rugby qui les amèneraient à rivaliser dans le jeu choisi par leurs prochains adversaires ? Au contraire, doivent-ils rester sur ce qu’ils savent faire de mieux, et que leur impose le contexte ? Le premier choix les obligerait à faire un effort pour accéder à d’autres connaissances tactiques, d’autres habiletés, une autre approche de l’effort physique demandé par les formes de jeu déployées et en plus de puiser dans leurs ressources mentales pour réellement le faire et non pas dire seulement vouloir le faire.

Je vois mal comment les contraintes du Top 14 en terme de résultats pourraient soudainement se modifier, générer un consensus national pour évoluer et à terme préparer les joueurs dont les internationaux à d’autres compétences. Pourtant, mais je suis un grand rêveur, je reviens à Montpellier où manifestement il se passe quelque chose. Le jeu produit depuis le début de saison nous attire chaque fois un peu plus. Certaines séquences de jeu sont significatives de l’appropriation d’un sens tactique qui s’il se poursuit, amènera ce collectif à réaliser des matchs plein et pas seulement une partie du match. Mais les intentions sont là.

Décréter qu’il faut jouer debout ne suffit pas, autrement tout le monde le ferait. Ce résultat ne s’obtient que si on met à la disposition des joueurs, les connaissances tactiques utiles, celles qui gèrent le mouvement des joueurs et du ballon. On touche à la formation de la pensée tactique, au sens que l’on donne en plein mouvement au jeu produit, le maintenant célèbre jeu situationnel, seule façon de ne pas voir le jeu s’arrêter ou très partiellement, seule façon de le réaliser juste, à la vitesse du jeu et dans la fluctuation des situations rencontrées. Le jeu du porteur de balle devient bien celui de tous, celui qu’il faut comprendre que l’on soit prés ou plus éloigné du ballon. Ainsi est assuré, en anticipation de sa décision, le soutien utile (où, quand et comment). Cette formation au jeu et par le jeu ne relève pas comme on le pense de la technique individuelle ni de la vitesse d’exécution et encore moins des seuls potentialités physiques.

Un grand bravo à cette équipe et à son staff d’avoir fait, non seulement ce choix de jeu, mais aussi d’avoir eu l’audace de le réaliser et de l’insuffler. Un souffle qui, je l’espère, s’avérera incitateur puisque cette transformation soudaine de ce collectif s’est réalisée plutôt rapidement, ce qui prouve quel humain est transformable qu’il peut et vite s’adapter, même en rugby. Bonnes nouvelles pour le XV de France puisque les internationaux de ces clubs seront convaincus de la validité d’un tel rugby et les productions de Trinh Duc et Ouedraogo sont particulièrement significatives sans vouloir rien enlever aux autres sans qui dans le système global rien ne serait possible.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Dim 19 Sep 2010 - 18:55

P***...quand est ce qu'il dira " je viens de voir jouer Agen contre Montpellier ! " Neutral
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 22 Sep 2010 - 1:40

Rugbyrama - 19/09/2010 - 12:55 - La Chronique de Pierre Villepreux


Débat sur le style


La Chronique de Pierre Villepreux _Af188




Je viens de voir jouer Montpellier contre Agen. Bref, j’étais parti pour faire un article sur le petit débat lancé par Marc Lievremont concernant les limites du jeu produit dans le Top 14. Le soucis de Marc est légitime. Il a vu comme tout le monde le jeu réalisé à la fois dans le Super 14 et celui au meilleur niveau dans les Tri-Nations, où ont surtout excellé les Australiens et les Néo-Zélandais. Les formes de jeu produites interpellent. L’opposition de style ne peut être niée. Bien sur, le style ne fait pas toute la performance, loin s’en faut et c’est bien ainsi. Chacun a le droit de se complaire dans la défense du jeu qui lui convient. Personnellement, il y a longtemps que j’ai choisi mon camp et fait le choix du beau rugby, pas n’importe lequel, celui qui s’appuie pareillement sur les principes fondamentaux du jeu avancer–soutien. Principes incontournables et intemporels présents depuis que le rugby existe, conséquences des règles fondamentales établies au départ qui font la spécificité de notre jeu.

Si ce beau jeu se traduit par des formes différentes, c’est que, là où les uns prennent des initiatives, joue sans peur d’oser faire, avec envie, sans regrets, même si la réussite n’est pas là, installant la confiance utile pour le faire, les autres se fixent prudence et limites dans le cadre d’un jeu au moindre risque qui réduit la performance à l’excellence dans des bouts de rugby convenus. Mon choix pour un rugby expansif vise à utiliser le mouvement comme un moyen, pas comme une fin. C’est ce rugby là qui me plait et je lui accorde largement autant de chance pour gagner, sinon plus qu’au jeu que l’on qualifie de pragmatique car, soit disant plus à même d’obtenir les résultats utiles, à contrario de l’autre perçu comme ambitieux et donc raisonnablement irréalisable. Je souhaite qu’il devienne le rugby gagnant de la prochaine Coupe du monde pour créer mondialement parlant une autre dynamique pour penser le jeu autrement ce qui entrainera une réflexion sur la formation du joueur.

Ceci dit, ce rugby n’a de chance d’exister que si le staff technique non seulement le cautionne, mais aussi l’incite, le valorise développant chez les joueurs le mental obligé sans lequel au premier accroc tout s’effondre.

Alors, venons en à la question. Les joueurs qui défendront les couleurs de la France, pris par la réalité du Top 14 sont ils à même de se transformer en allant dans un temps maintenant réduit vers un autre rugby qui les amèneraient à rivaliser dans le jeu choisi par leurs prochains adversaires ? Au contraire, doivent-ils rester sur ce qu’ils savent faire de mieux, et que leur impose le contexte ? Le premier choix les obligerait à faire un effort pour accéder à d’autres connaissances tactiques, d’autres habiletés, une autre approche de l’effort physique demandé par les formes de jeu déployées et en plus de puiser dans leurs ressources mentales pour réellement le faire et non pas dire seulement vouloir le faire.

Je vois mal comment les contraintes du Top 14 en terme de résultats pourraient soudainement se modifier, générer un consensus national pour évoluer et à terme préparer les joueurs dont les internationaux à d’autres compétences. Pourtant, mais je suis un grand rêveur, je reviens à Montpellier où manifestement il se passe quelque chose. Le jeu produit depuis le début de saison nous attire chaque fois un peu plus. Certaines séquences de jeu sont significatives de l’appropriation d’un sens tactique qui s’il se poursuit, amènera ce collectif à réaliser des matchs plein et pas seulement une partie du match. Mais les intentions sont là.

Décréter qu’il faut jouer debout ne suffit pas, autrement tout le monde le ferait. Ce résultat ne s’obtient que si on met à la disposition des joueurs, les connaissances tactiques utiles, celles qui gèrent le mouvement des joueurs et du ballon. On touche à la formation de la pensée tactique, au sens que l’on donne en plein mouvement au jeu produit, le maintenant célèbre jeu situationnel, seule façon de ne pas voir le jeu s’arrêter ou très partiellement, seule façon de le réaliser juste, à la vitesse du jeu et dans la fluctuation des situations rencontrées. Le jeu du porteur de balle devient bien celui de tous, celui qu’il faut comprendre que l’on soit prés ou plus éloigné du ballon. Ainsi est assuré, en anticipation de sa décision, le soutien utile (où, quand et comment). Cette formation au jeu et par le jeu ne relève pas comme on le pense de la technique individuelle ni de la vitesse d’exécution et encore moins des seuls potentialités physiques.

Un grand bravo à cette équipe et à son staff d’avoir fait, non seulement ce choix de jeu, mais aussi d’avoir eu l’audace de le réaliser et de l’insuffler. Un souffle qui, je l’espère, s’avérera incitateur puisque cette transformation soudaine de ce collectif s’est réalisée plutôt rapidement, ce qui prouve quel humain est transformable qu’il peut et vite s’adapter, même en rugby. Bonnes nouvelles pour le XV de France puisque les internationaux de ces clubs seront convaincus de la validité d’un tel rugby et les productions de Trinh Duc et Ouedraogo sont particulièrement significatives sans vouloir rien enlever aux autres sans qui dans le système global rien ne serait possible.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 1 Oct 2010 - 16:33

Rugbyrama - 29/09/2010 - 10:31 - La Chronique de Pierre Villepreux


Un peu de formation



Il est de plus en plus difficile aujourd’hui de ne pas prendre en compte le jeu produit au plus haut niveau. Logique puisque c’est la haute compétition et sa visibilité qui font référence en terme d’habileté tant technico-tactique que motrice voire physique. Bien sûr, le haut niveau, c’est bien ce que l’on souhaite faire atteindre à ceux que l’on forme et logiquement , cela s’inscrit dans une démarche de formation, donc une continuité d’apprentissage qui va du jeune débutant (7/8ans) au champion, ce qui ne veut pas dire que l’on doit faire acquérir à l’identique ces habiletés à tous les niveaux de la pratique.

Pour les responsables des catégories inferieures , jusqu’à 15 ans , partir sur cette voie me paraît très dangereux et complètement inadapté.

Le développement des pratiques sportives et du rugby au cours du dernier siècle a entraîné une élévation insoupçonnée du niveau de performance. Les conséquences immédiates en sont l’exploitation, pas toujours en phase avec l’éthique attendue, qui en est faite. L’image véhiculée par les champions génère à la fois du rêve, des vocations de plus en précoces et des dérives de formation en terme d’acquisitions techniques et physiques.

La tendance , c’est de reproduire celle du haut niveau, sous le regard incitant des parents avec les plus jeunes. Ce constat est d’autant plus vérifié que les temps d’entrainement dans ces catégories tendent à augmenter, et donc aussi à accroitre l’intensité et le volume du travail, et si l’on veut être détecter , il ya des gestes à savoir faire.

Pour m’occuper depuis plus de 20 ans de camps d’été rugby, où nous accueillons des jeunes de 7 à 17 ans, j’ai pu constater combien le modèle technique , pure reproduction du plus haut niveau dans toutes les catégories, tend à s’imposer auprès des jeunes que nous accueillons. Une telle évolution est elle pertinente quand on sait que le développement psycho- moteur de l’enfant, n’est pas ,ou mal, pris en compte, puisque qu’il s’agit de contraindre le jeune joueur à faire, sans donner du sens à ce qu’il réalise. On ne mobilise plus le potentiel créatif, que chacun possède à des degrés certes divers, et la reproduction de ces techniques ou petit bout de jeu est le plus souvent inadaptée aux situations de jeu rencontrées. Faite avec plus de vitesse et de précision mais sans pertinence, cette copie du haut niveau peut en outre hypothéquer la sécurité de celui qui en est l’auteur, et en même temps celles des autres, partenaires et adversaires.

Il s’agit bien en rugby de remettre en cause un enseignement, qui utilise pour être encore plus dans le réel, le matériel des grands, les boucliers , les sacs de plaquages etc. Pourtant c’est bien ce type de pratique d’entrainement que les enfants nous disent recevoir de la part d’entraineurs qui y perdent du même coup leur statut d’éducateur .

Il y a forcément une contradiction entre les attendus du haut niveau et leurs applications au niveau des jeunes. Une contradiction majeure dans l’apprentissage. Entre celle que l’on est en droit d’attendre dans notre sport, qui vise à donner à chacun le sens et les outils utiles pour leur permettre d’affronter tous les imprévus du jeu, une forme d’enseignement transférable à d’autres situations, et celle qui consiste à concevoir et faire réaliser, avec les exercices qui vont avec, des gestes et techniques où il ne s’agit que d’appliquer, dans un cadre figé, fixé à l’avance.

Si la performance, c’est bien la capacité à faire évoluer ce que l’on maîtrise donc le prévisible, ce sont bien ces capacités adaptatives que l’on admire chez les meilleurs qu’il faut développer et de manière prioritaire chez les plus jeunes.

En fonction du niveau, ces capacités adaptatives et celles de la motricité qui vont avec, sont une véritable conquête pour ceux qui sont en charge de notre jeunesse rugbystique, mais tout en même temps, c’est cette dimension qui me semble manquer aussi au plus haut niveau. Croire que c’est acquis, c’est refuser de solliciter le potentiel des meilleurs pour, non pas leur imposer ce qu’il faut savoir faire, mais bien ce qu’il faut comprendre pour savoir le faire.

Quand je vois les productions du Top 14 , je me dis qu’il doit être possible de gommer toutes les erreurs de jugement et de lecture qui brisent mêmes les meilleurs mouvements collectifs. Tous ces joueurs sont dotés d’un pouvoir mental, physique, d’attention, de vigilance largement à la hauteur pour évoluer avec justesse dans la complexité du jeu. Faut -il encore qu’ils soient souvent confrontés à des situations différentes évolutives, qui multiplient les rapports de force et leur mouvance. Il s’agit bien de sortir du cadre du simple car considérer comme plus accessible et aller plus souvent vers le complexe ( comme en compétition), incontournable pour donner le juste sens, justement au simple, au détail comme on dit, ceux qui empêchent de manquer des essais. Pas la seule façon certainement de mieux se perfectionner, mais elle en est une et elle permet de rencontrer les conditions propres à développer le potentiel individuel existant en chacun , qui d’ailleurs ne demande qu’à l’être.

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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 14 Oct 2010 - 20:48

Rugbyrama - 14/10/2010 - 14:28 - La Chronique de Pierre Villepreux

English Flair

On en a eu pour tous les goûts lors de cette première journée Coupe d’Europe. Mais les résultats plutôt favorables aux clubs français ne doivent pas faire oublier comment ils ont été acquis. Les clubs British auraient tout aussi bien renverser la tendance. Pour tous les goûts puisque la boulimie de jeu manifestée lors du match Scarlett-Perpignan avec 9 essais à la clé dont 5 pour les vaincus, a été tempérée par la production verrouillée des deux collectifs du fait de la forte pluie qui est tombée sur Toulouse. Contraints de s’adapter, les champions d’Europe ont donc dû défier les Wasps autrement, je dirais presque en utilisant le style du club londonien, qui veut que l’on aille pas jouer jamais très loin de l’endroit où on a conquis ou recyclé le ballon. Toulouse en conséquence délaissa le jeu de passe qui aurait certainement permis de déstabiliser plus vite et mieux son adversaire. Et cette opposition de style aurait donner au match un surplus d’intérêt.

Pourquoi ces deux rencontres ? Parce qu’il y a un facteur commun dans ces deux matchs, même s’il donnèrent lieu à deux spectacles totalement différents. Il s’agit du nombre très important de turnovers que les deux productions ont généré. L’enthousiasme quelquefois la folie contagieuse du tout à la main proposé par les Scarletts de Llanelli et accepté par Perpignan, ont favorisé les fautes et entrainé des rebondissement de jeu en cascade, dans un désordre qui peut plaire ou déplaire, mais qui a placé la qualité du jeu adaptative et sa gestion au centre du débat. Et les deux équipes dans des moments différents ont su y faire face. C’est aussi ce jeu adaptatif qui a été à Toulouse dans les nombreux turnovers concédés par les uns et les autres. Ils furent à la source des seuls mouvements collectifs intéressants, certes avec des formes moins expansives mais tout aussi significatives quant à l’intelligence à apporter dans ce genre de situations ou à la vitesse du jeu et du fait de l’incertitude présente, la décision instantanée et le jeu juste du premier récupérateur et des partenaires les plus proches deviennent déterminante pour exploiter un avantage qui reste fugace mais terriblement efficace quand l’enchainement récupération-jeu sur la faiblesse momentanée adverse se fait avec pertinence.

Ceci pour aussi stigmatiser s’il en était besoin que dans deux contextes générant des formes de jeu et séquences de jeu totalement différentes, le jeu de récupération est aujourd’hui un secteur essentiel de la performance dans le jeu actuel, et c’est d’autant plus vrai, quand le niveau et les intentions de jeu s’élève, comme c’est le cas pour la Coupe d’Europe.

Mais ce jeu adaptatif, ce n’est pas seulement les turnovers, c’est aussi celui produit par Wilkinson sur l’essai de Sackey. Cette action a aussi permis à Toulon de gagner en fin de match. On a connu cet ouvreur en équipe d’Angleterre lors de la dernière coupe du monde 2007. Combien de fois l’a t-on vu dans des situations on ne peut plus favorables au jeu à la main, appliquait les consignes et utilisait à tort le jeu au pied en lieu et place du jeu à la main qui aurait placé ses partenaires dans des conditions idéales pour avancer et préserver les déséquilibres existants. Dans ce match il a encore beaucoup joué au pied et suivi un plan de jeu moins ambitieux que leurs adversaires gallois. Mais, comment ne pas s’enthousiasmer de cette passe à Sackey, libre de tout marquage, précédé et impulsé d’un jeu de redoublement avec un partenaire porteur de balle, suivi d’un cadrage débordement sur un adversaire en pointe met en exergue forcement l’adaptabilité de Johnny, ses capacités à lire le jeu. On peut aussi appeler cette disponibilité d’un instant "l’English flair" qu’il a réalisé avec Toulon, prend un valeur encore plus symbolique.

Ce jeu adaptatif, c’est aussi l’essai de Shane Williams allant jouer là où c’est le plus facile, là où il n’y a personne, là où il y a peu d’espace, pour un essai d’intelligence qui est tout le contraire de ce que pourrait faire faire un système de jeu directif qui l’aurait contraint à na pas exprimer spontanément ce que le rapport de force momentané logiquement commande.

Des Britishs plus joueurs, on le savait, encore à la recherche de leur meilleur rugby certainement. Entre pragmatisme français et le souffle offensif croissant de l’autre coté de la Manche, le rugby n’a pas encore délivré de vainqueur.

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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 28 Oct 2010 - 23:05

28/10/2010 - 10:14 - la Chronique de Pierre Villepreux



Un Toulouse/Perpignan d'anthologie



La Chronique de Pierre Villepreux _tVLdb




Je ne dirais pas enfin ! Parce que nous avons eu, bien sûr, quelques bons matchs dans le Top 14, mais très rarement pendant 80 minutes. Cette fois, avec Toulouse et Perpignan nous avons vécu ce match plein, celui d’où on sort du stade en se disant qu’on a bien fait de venir. Qu’on le veuille ou non, l’image de ce rugby est vraiment encore à faire. Si les clubs les plus reconnus l’osent, les effets se feront sentir non seulement au niveau de l’élite mais aussi à tous les niveaux de pratique et particulièrement chez les jeunes. Cette dynamique de jeu où l’on ne refuse pas de s’engager, même quand on est mené au score, doit apporter au rugby français l’envie de s’y frotter, de ne pas y voir des risques qui n’en sont pas. Sinon, on est tenté de rester sur des a priori qui font regarder dans l’assiette du voisin considérant que ce qu’il y a dedans, seuls quelques uns peuvent se l’offrir.

Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut rompre avec certaines idées très ancrées dans les têtes, je pense au pouvoir accordé dans le résultat final aux phases statiques. De leur seule efficacité dépend la performance. Eternelle discussion surtout quand on perd un match. Il devient toujours plus facile de faire porter le chapeau à une déficience dans ces phases auxquelles on associe un manque de mental dans l’engagement défensif plutôt que de mettre en avant le peu d’ambition et le manque d’appétence pour se lancer dans un jeu plus dynamique qui voit les acteurs et la balle beaucoup plus en mouvement.

Qui, à la fin de ce match, s’est réellement penché sur la performance des Toulousains en mêlée ? Les efforts fait, certes, dans cette phase ne sont jamais démentis mais le collectif en a tiré un avantage effective une ou deux fois. Un avantage qui a été contrecarré entre autres par le peu d’empressement des Rouge et Noir pour récupérer les coups de pieds d’envoi qu’ils laissèrent aux Catalans. Le jeu est ainsi fait, ce que l’on gagne ici est souvent perdu ailleurs, heureusement car il n’y aurait plus d’incertitude. Mais je n’ai pas envie de m’embarquer sur ce terrain car on me ferait vite dire qu’avoir une mêlée forte ne sert à rien, ce que je n’ai jamais affirmé.

La force de Toulouse résida dans ce match dans son fort potentiel mental pour accepter d’être mené au score largement (13-0) sans pour autant changer de jeu en transformant la stratégie de jeu ambitieux du début de match en un jeu plus réaliste, plus calculé. Bien joué je dirais, et décision logique, car en ce début de match, on avait vu les Toulousains à même de conclure trois fois sur des mouvements d’envergure. Continuer, voulait dire, avoir confiance en soi, en son jeu, en ces moyens physiques et tactiques du moment. Car c’est vrai qu’il faut dans ce type de rugby être prêt physiquement, mais cela on peut le dire à la fin du match si on est allé au bout de ses intentions. Le jeu produit par les deux équipes, outre l’effort à faire dans les phases traditionnelles d’affrontement, a mobilisé les deux collectifs à un dépassement physique supérieur du fait du nombre et de la longueur des séquences consacrées aux déplacement et couses variées. Affronter et courir ou courir et affronter, il n’y a pas d’ordre, c’est le jeu qui commande et dans ce genre de jeu la gestion des phases statiques prennent tout leur sens car elles ne sont plus une fin en soi mais bien jouées comme conséquence du désordre que la dynamique du jeu de mouvement produit.

Ce match, sa forme et sa dynamique ont entrouvert la porte de l’efficacité à y avoir et à encore y acquérir au niveau technico-tactique si l’on veut utiliser avec pertinence le désordre qui surgit dans le jeu de mouvement et que le probable côtoie en permanence l’improbable. Je parle bien sûr de la toujours plus grande maitrise nécessaire tant individuelle que collective pour développer un jeu en continuité efficace, celui où il convient de créer et/ou d’utiliser, puis de préserver les déséquilibres perçus et compris à la vitesse du jeu et dans la complexité des situations évolutives. C’est la connaissance de cette complexité situationnelle, la vitesse, l’engagement généré, qui souvent est déroutante pour le joueur, le rend aveugle à des évidences. Evidences momentanément inintelligibles, mais qui le deviendront d’autant mieux s’il est amené à le vivre souvent à la fois dans les compétitions et dans les entrainements. Ce moyen d’accès à un jeu essentiellement adaptatif dans lequel le joueur, pour y être performant, devra se reconnaitre. Il y apprendra à prendre en compte mieux et plus vite ce qui se déroule, prédira le jeu du partenaire et de l’adversaire et saura mettre en relation entre elles les actions des uns et des autres.

Ce perfectionnement tactique n’est possible que si le jeu produit en compétition est à même de le faire émerger. Le collectif doit s’investir autrement que dans des phases de jeu dans lesquels les joueurs se complaisent, car mieux maitrisées, refusant ainsi de s’investir dans ce qu’ils maitrisent moins.

Les joueurs du Sud se sont, dans leurs compétitions, pleinement engagés dans cette dynamique; le Top 14, pas encore, mais il est souhaitable d’avoir d’autres matchs comme Toulouse/Perpignan pour que s’installe cette disponibilité par rapport un jeu d’intentions qui assure aussi le spectacle et qui n’en est pas moins respectueux, dans le même temps, des principes que la logique des règles impose pour accéder à l’efficacité et au gain du match.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Lun 8 Nov 2010 - 8:14

04/11/2010 - 11:30 - Rugbyrama - La Chronique de Pierre Villepreux -


Le bonheur du "tout à la main"

La Chronique de Pierre Villepreux James-2_IE4Cs


J’ai été ce week end particulièrement intéressé à la fois par la prestation de Clermont-Ferrand et par celle des Australiens, respectivement contre le Stade français et contre les All Blacks . Quel rapport entre ces deux matchs ?

Les deux équipes ont été amenées en fin de match à opter pour "le tout à la main". Un essai était nécessaire aux deux collectifs ; Clermont pour accéder au bonus offensif, les Australiens pour aller chercher une victoire qui, dans ces dernières minutes, semblait bien compromise.

L’enjeu, même si différent, relevait d’une ambition identique, d’un même état d’esprit et d’abord celle de croire en la force et qualité de son jeu offensif à ce moment du match. Jeu ambitieux bien sûr car dans les deux cas lancé loin de la ligne de but adverse. Le parti pris du tout à la main favorisant du même coup la défense, moins préoccupée à couvrir les espaces profonds.

Quand ce jeu qui, de fait, exclut le jeu au pied, il devient un jeu ambitieux, mais si on l’ose, c’est qu’il relève dans les têtes de l’art du possible. Ce qui veut dire que ce possible n’est pas ou plus jugé à risque. En ce sens, ce qui s’est passé en amont dans le match devient déterminant. La production offensive précédant son efficacité, à savoir, par le jeu à la main la capacité à dominer l’adversaire va devenir déterminante pour instaurer la confiance, non pas de quelques uns mais de tous pour se lancer dans ce défi final et s’y engager sans compter. Pour les deux équipe,s leur performance offensive balle en main dans ce match avait été suffisamment significative pour que ce défi final ne soit pas perçu comme "l’art de l’impossible". Il ne s’agit plus alors, comme c’est souvent le cas, de se lancer dans un baroud d’honneur, celui que l’on voit trop souvent en fin de match mais que l’on sait voué à l’échec, parce qu’il ne répond pas à une croyance collective.

Ces deux équipes dans ce final nous ont dispensé une merveilleuse leçon de jeu, révélatrice à la fois de la volonté de produire un jeu ambitieux mais aussi de l’état d’esprit qui avait été le leur durant tout le match.

Il est normal qu’une équipe qui progresse connaisse des phases de hauts et de bas, générant optimisme ou un peu de désillusion, voire de pessimisme. Mais la progression se gère dans l’acceptation, sans traîner des pieds de ces deux contraintes. D’abord en ne faisant pas de la seule victoire son salut, ensuite en composant avec les aléas du résultat sans galvauder ni remettre en cause le jeu recherché, et donc en revoyant à la baisse les prises de risques qui vont avec. Justement à propos de prise de risque, il est patent que quand celle-ci amène la réussite, elle devient une preuve de compétence. Vice versa quand elle génère un échec, elle est considérée comme de l’incompétence.

Clermont, comme les Australiens, a eu dans un passé récent des résultats qui auraient pu l'amener à revenir à un jeu moins ambitieux, plus réaliste donc moins à risque comme on dit.

L’Australie a su, malgré des défaites, ne pas mollir et continuer quels que soient les adversaires sur ce jeu d’audace, d’enthousiasme et d’invention. L’exagération l' a parfois pénalisée et a débordé un peu sur la performance, mais depuis les deux deniers matchs contre l’Afrique du Sud et surtout les All Blacks avec le final que l’on sait, les ont placés dans les meilleures conditions pour aller encore plus loin dans la quête de ce rugby appelé à avoir un grand succès lors de la prochaine Coupe du monde, voire prochainement lors de leur prochaine tournée en Europe.

Les Clermontois avaient besoin d’un match référence, ils ont su le faire avec la manière, dans un style qui a bien évolué et que la visibilité des échecs dans des matchs précédents, n’a pas perturbé. Les prochains matchs seront intéressants pour vérifier si cette dynamique est bien installée.

Ce ne sont pas les supporters australiens et clermontois qui se plaindront. Ces deux fins de matchs ont glorifié ceux qui l’ont fait et laissé les supporters sur un nuage, sur le rêve d’un rugby accessible tellement spectaculaire. Valorisé, ce rugby devient dans les têtes des joueurs parfaitement reproductible. Si ce jeu d’intentions est souvent reconduit, il laissera de moins en moins la place au hasard et à la chance et de plus en plus d’espace pour des performances touchant à la fois la qualité du jeu produit mais aussi les résultats.

Pour les joueurs , pas de commentaires. Leurs comportements en fin de match étaient particulièrement significatifs. Ces moments laissent des traces dans les mémoires qui les feront aborder d’autres matchs avec un autre état d’esprit, ils pourront s’y réinvestir d’autant plus facilement et toujours avec plus de confiance

Le jeu, quand il prend cette dimension, devient une source de bonheur pour ceux qui le réalisent comme pour ceux à qui on l’offre , il permet à tous d’aller au bout de ses fantasmes. Mais il n’a de chance de s’ancrer durablement dans le temps que si on s’engage à le reproduire.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 9 Nov 2010 - 23:37

08/11/2010 - 18:21 - Rugbyrama - La Chronique de Pierre Villepreux-



Sud Power

La Chronique de Pierre Villepreux _cuHjE




Les sudistes ont envahi l’Europe. Le premier constat des matchs contre l’Angleterre, le pays de Galles et Irlande pourrait une fois de plus laisser croire à une hégémonie inquiétante. Pourtant les résultats du Nord mêmes si défavorables tendent, compte tenu de leurs marges acceptables, à relativiser cette suprématie. Les trois nations nordistes, leurs productions respectives le prouvent, n’ont jamais fait figure de soumis et ont su aussi ballon en main rendre ces équipes accessibles.

Les prochains matchs seront révélateurs pour vérifier si à moins d’un an de la Coupe du monde, le retard, pas si énorme que ça peut être comblé. On sait et il faut le dire que la Coupe du monde, donne à la performance une autre odeur qui souvent fracasse les meilleurs jugements. Ceux bien sur qui vont surgir et que l’on ne manquera pas logiquement de faire s’il advenait que les matchs de cette tournée d’automne soient tous défavorables à l’Europe. Une éventualité qui n’est pas souhaitable, mais qui, si cela se réalise va amener le Nord à faire le choix peut être d’aborder le tournoi avec un autre état d’esprit.

Je m’explique: il s’agira d’avoir le courage de donner à cette dernière compétition entre européens, avant mondial, un sens différent ; à savoir ne pas se satisfaire de la performance par rapport au résultat, mais de la lier avec la performance/réalisation du jeu défini et souhaité. Ce qui veut dire avant tout d’accepter de ne pas se polariser sur d’éventuels revers et de rester fidèle au projet de jeu choisi. C’est encore être capable de persévérer pour aller à la recherche d’objectifs de performance différents, ceux qui vont mobiliser le collectif sur la mise en œuvre du jeu recherché, sans en refuser les difficultés. En un mot utiliser cette compétition pour «bouffer» le rugby que l’on a cadré. Celui qui, toujours mieux assimilé, autorisera aussi mentalement le collectif à se présenter dans les meilleures conditions pour rivaliser plus tard en coupe du monde, avec plus de chances, avec ceux qui aujourd’hui les dominent.

Potentiellement, je suis convaincu que, pas toutes, mais quelques nations européennes, dont la France bien sur, sont à même de contrarier la suprématie des sudistes en utilisant avec discernement la compétition référence que sont les 6 Nations.

Venons en à ce qui se fait de mieux en ce moment, les Néo-Zélandais, incontestablement favoris de la Coupe du Monde. Contre l’Angleterre, je ne les ai pas vu jouer à leur meilleur niveau, en tout cas de manière inégale. Après une bonne première mi-temps, le reste a été quelconque, même si, quelles que soient les circonstances, leur esprit «joueur» leur permet d’oser entreprendre là où les autres se débarrassent du ballon. Cette volonté de jouer dans la continuité, souvent à partir des initiatives prises par les adversaires, s’est manifestée spécialement par leur volonté de jouer chaque fois que cela à été possible les ballons bottés en touche par l’adversaire, utilisant ainsi les opportunités données par la règle.

Il ne s’agit pas seulement de le faire mais de se donner les moyens de rendre ces remises en jeu rapides et efficaces grâce aux déplacements en anticipation de plusieurs joueurs, intelligemment disponibles pour développer ce qui devient une contre-attaque profonde. Les principes opérationnelles sont les mêmes à savoir, retrouver derrière le porteur de balle un maximum de soutien pour remonter collectivement la balle dans les meilleurs conditions. Ceci veut dire que ces remises en jeu rapides dans le désordre du jeu remplace et évite le jeu ordonné des touches moins sécuritaire quant à l’appropriation du ballon. Le choix de cette remise en jeu rapide s’inscrit et prend son sens, dans la continuité du jeu précédemment réalisé par les adversaires mais tout en même temps dans l’investissement de tous les partenaires pour, avec intelligence, anticiper le jeu successif, la forme de la défense adverse devenant la référence commune pour tout le collectif.

Conserver le ballon ne pas le rendre à l’adversaire est devenu une priorité. Tout le monde en parle, peu le font puisqu’il s’agit d’accepter d’utiliser avec pertinence toutes les balles disponibles, celles que l’on a et celles que rendent l’adversaire. Si on choisit de se séparer du ballon, la recherche du seul gain de terrain, la bonne touche, peut amener à se pénaliser puisque le récupérateur renverse immédiatement la pression. Ce qui veut pas dire que le jeu au pied est moins important, au contraire, il devient essentiel. En effet, sa pertinence et sa précision, son pourquoi quand et comment devient déterminant si l’on veut faire de la continuité du jeu son crédo. Notons au passage que le choix de ce rugby peut à terme entrainer largement la diminution du nombre de touches.

Remise en jeu rapide sur sortie du ballon en touche, jeu sur les turn-over, jeu de contre attaque sur jeu au pied adverse, l’efficacité du rugby passe aujourd’hui par cette maitrise, où il s’agira de bien comprendre le désordre ambiant pour y être collectivement efficace. En la matière, l’Europe a du retard plus par carence d’ambition liée à un manque de prise de risque que par manque de savoir faire.

Comme les All Blacks, les Australiens sont aussi et même plus sur les bases d’un rugby ambitieux et volumineux. Les Sud-Africains beaucoup moins, ils continuent à faire confiance à leur puissance physique, dans le cadre d’un jeu à une passe et du jeu au pied de leur ouvreur. Quand, à l’impact, ils avancent, ils sont redoutables. Quand on fait face physiquement, ils deviennent plus facilement accessibles. Les Irlandais ont laissé trop de ballons en route pour réussir à contrer ce jeu restrictif.

Mais bon, tous les matchs ont une histoire. La suite des tests à venir va nous apporter d’autres informations et pourquoi pas des novations.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 12 Nov 2010 - 17:36

12/11/2010 - Rugbyrama - La Chronique de Pierre Villepreux


Etude sur les mêlées




La Chronique de Pierre Villepreux _Z7iJ2




Les mêlées, dans le rugby d’aujourd’hui, posent problème. Leurs aménagement réglementaires et leur management par les arbitres, dans le temps et l’histoire, n’ont jamais réellement amélioré leur gestion ni rendu plus compréhensible pour tous joueurs, entraineurs et forcement spectateurs les décisions arbitrales. La subjectivité des sanctions reste, sauf faute évidente, la règle. Les conditions sécuritaires indispensables pour que cette phase demeure ont été le souci prioritaire du législateur. Logique mais pas facile de trouver la juste mesure. Celle qui assure un tempo d’entrée, régulé, cadencé, apportant ainsi à la fois la sécurité et l’équité pour la contestation du ballon. Mais presque contradictoirement cet ordre rassurant ne doit pas dénaturer l’esprit combattif indispensable à cette phase pour gagner la balle à des fins d’une bonne utilisation et en même temps de placer les antagonistes en situation de pouvoir dominer les adversaires voire d’une certaine manière de les soumettre. Cette domination de l’autre, son adversaire direct ou la mêlée opposée, cette manière d’imposer à la fois sa force individuelle et collective reste le facteur de motivation essentiel des participants. Forcement les commandements arbitraux sont souvent peu opérationnels pour empêcher à la fois un peu les tricheries et les anodins comportements et positionnements qui avant l’entrée finale, faciliteront le bon positionnement, celui qui mettra l’adversaire en difficulté et l’amènera à subir.

C’est cet aspect contradictoire entre un règlement porteur de stabilisation mais forcement perçu comme une contrainte et les objectifs de déstabilisation attendus donc recherchés pour sortir vainqueur d’un combat où il y aura, tant que l’on donnera ce sens à la mêlée, toujours un vaincu, mais ce battu d’une mêlée s’en rappellera et mettra tout en œuvre pour sortir gagnant à la suivante avec les risques constatés de voir l’arbitre intervenir pour que la mêlée soit refaite où pour pénaliser. Les mêlées simulées seraient la seule réponse pour éviter les effets pervers de la gestion de cette phase qui posent problèmes mais personne et c’est logique ne désirent en arriver à cette option.

Aujourd’hui, l’analyse des mêlées fait apparaitre quand les commandements arbitraux sont respectés deux cas de figure qui amènent à une intervention arbitrale :

- celles consécutives à l’entrée qui se traduisent le plus souvent par un écroulement

- celles consécutives, l’après entrée qui entrainent le plus souvent écroulement ou relevée des premières lignes .

Des statistiques faites lors des Tri-Nations 2009 et 2010 sont significatives d’une amélioration notable des cas de figure décrits plus haut. Elles concernent chaque fois 9 matchs.

2009 : sur 171 mêlées, 91 ont été recommencées dont 52 se sont écroulées à l’entrée (après le dernier commandement) et 39 après que l’entrée correct se soit réalisée ( post entrée).

2010 : sur 126 mêlées, 51 ont été recommencées dont 36 se sont écroulées à l’entrée (après le dernier commandement) et 25 après que l’entrée correct se soit réalisée (post entrée).

Moins de mêlées dans les Tri-Nations 2010. Mais le pourcentage de mêlées refaites (53% en 2009 et 40% en 2010) tend à montrer l’évolution positive d’une année à l’autre. Ce qui est bien mais en corolaire le temps de non-jeu passé dans ces phases et dans leur répétition reste forcement encore trop élevé. On peut le chiffrer selon les matchs dans une fourchette allant de 8 à 12 minutes. A ce non-jeu on pourrait ajouter à ce temps celui passé quand il s’ensuit une pénalité ce qui grèverait le temps de non-jeu.

Difficile pour les raisons expliquées plus haut d’apporter des solutions optimales pour une efficace gestion de cette phase de jeu. Cependant, toujours en corollaire avec la diminution du nombre de mêlées en 2010, on note avec plaisir, l’augmentation très net du nombre d’essais ( il a doublé), une baisse tout aussi significative du nombre de coups de pied et une augmentation du nombre de passes ( 35%).

Il faudrait, pour valider le positif de cette statistique, savoir si les passes sont la conséquence d’un jeu plutôt à une passe ou celui d’un jeu d’enchainement de passes, sachant que les deux ne s’excluent pas, une telle évaluation permettrait de donner du sens à l’augmentation de 40% du nombre de regroupements, et ainsi d’apprécier vers quel type de jeu on est en train d’aller dans l’hémisphère sud. Subjectivement on y noterait certainement des différences notables entre le jeu des Australiens et les Néo-Zélandais relativement à celui des Sud-Africains.

J’espère que les mêmes statistiques seront faites à la fois dans les confrontations inter-hémisphères mais aussi pour les 6 nations 2010. Elles ne manqueront pas d’intérêt.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 20 Nov 2010 - 2:35

19/11/2010 - 09:47 - La Chronique de Pierre Villepreux


Bilan des tournées

La Chronique de Pierre Villepreux _OciPm

Le point sur les tournées d’automne après cette deuxième série de matchs. Le sud, avec la victoire anglaise contre l’Australie lâche un peu de lest. Peut-on dire pour autant que c’est une surprise. Non, compte tenu du match plein réalisé par cette équipe une semaine plus tôt, contre les Néo-Zélandais. On a suffisamment critiqué et émis de réserve sur le jeu des Anglais pour apprécier aujourd’hui, bien au delà du résultat la qualité de leur performance collective. On les disait plus puissants que les Australiens, ce qui aurait pu logiquement les amener à choisir de les affronter, dans un petit périmètre sans trop aller vers un jeu plus au large en utilisant complémentairement pour rester réalistes le jeu au pied d’occupation. Choisir cette stratégie aurait pu servir les intérêts de leurs adversaires, qui, eux, en revanche, ont démontré dans les matchs précédents, être particulièrement habiles pour exploiter les espaces sur toutes les balles de récupération, que ce soit après des balles perdues sur placages ou sur le jeu au pied profond. En choisissant de défier les Wallabies à leur propre jeu, celui qui ne refuse pas que toutes situations favorables sont exploitées sans peur, quelque soit la position dans le terrain, pas grand monde aurait pensé que cette option pouvait être la bonne.

J’ai bien aimé ce match par la variété et la dynamique engendrée par les mouvements collectifs des uns et des autres. Il nous a été permis d’assister à un excellent spectacle rugbystique. Les deux équipes n’ont rien négligé et surtout pas le combat utile nécessaire à la production d’un jeu qui ne refuse pas la prise de risque. Les Anglais ne seront jamais les Brésiliens du football ; mais leur progression dans le jeu de mouvement et dans sa gestion tant individuelle que collective peut s’expliquer, je le répète, par les certitudes tactiques et convictions acquises dans le cadre de leur championnat. Le rugby produit mobilisant souvent leurs capacités adaptatives, ils y acquièrent les routines utiles qu’ils réinvestissent avec l’ équipe nationale et ceci d’autant plus facilement, que ce sont tous des joueurs de haut niveau..

Si les Anglais persistent dans cette volonté de produire un jeu toujours plus exigent tactiquement et techniquement, y compris devant les meilleures équipes, ils vont se positionner, en utilisant le tournoi à venir, pour intégrer la liste des postulants capables de remporter la Coupe du monde. L’essai de 100 mètres marqué par leur ailier, parti de leur ligne de but, suite à une récupération du ballon, est particulièrement illustratif à la fois de la liberté d’initiative accordée par l’encadrement et des progrès réalisés dans le jeu adaptatif. Celui-ci ne peut se réaliser efficacement que dans le cadre logique de références collectives, facilitant réactivement pour tous, la compréhension de la décision et le choix de jeu du premier porteur de balle.

Mais le choix de ce rugby n’a de sens que s’il existe chez tous les joueurs le même état d’esprit. Etat d’esprit qui est indispensable pour que se développe toujours mieux l’activité adaptative, celle qui est incontournable pour devenir efficace en jeu.

Les Australiens, quant a eux, après cette défaite, ne sont pas devenus soudainement mauvais ni moins crédibles. Si leur buteur avait eu une réussite moyenne, le score n’aurait pas pris ses proportions. Qui peut alors savoir ce qui serait arrivé.

Coté français, faire des commentaires et analyses d’un match qui n’en a pas été un, ne serait pas décent, j’espère que les prochains matchs nous réserveront, non pas un déluge d’eau, mais de surprises.

J’ai été en revanche très déçu pas le jeu fidjien, on n’a pas retrouvé leur culture du jeu. Ils sont restés soumis dans des schémas de jeu et dans l’abus d’un jeu au pied trop approximatif. Ce rugby planifié n’est pas le leur et n’a pas mis en valeur leur habituelle créativité individuelle derrière laquelle se greffait la cohésion collective qui permettait de faire vivre le ballon ; ce jeu qui les enthousiasmait et nous avec. Pour les avoir vu dans un passé proche réaliser des matchs fabuleux, dans des conditions tout aussi mauvaises, j’ai un peu de mal à leur accorder des circonstances atténuantes. Mon ami Franck Boivert qui vit au Fidji et connait si bien leur rugby identitaire dirait surement que le meilleur plan de jeu pour avoir une équipe fidjienne performante, c’est de ne pas en avoir.

Dommage pour les Gallois. La passion qu’ils mettent dans leur jeu, leur volonté d’enchainer les phases au près comme au large méritaient avec un quatrième essai la victoire. Un match de contraste, entre une équipe qui fait du jeu à la main une priorité, et une équipe sud-africaine tout aussi joueuse ; elle se servit très peu du jeu au pied mais qui s’ imposa quand elle eut le ballon par sa puissance physique. Le jeu à une passe voire sans passe, rarement plus loin, repoussait chaque fois sur chaque impact leurs courageux adversaires. Suffisant pour marquer deux essais où l’on put admirer, quand ils réussirent à enchainer avancée-rapidité de recyclage de la balle après placage et prise de balle en pleine vitesse du premier soutien, l’efficacité d’un système de jeu certes prévisible et facilement détectable par la défense mais que la moindre puissance des Gallois ne parvint pas à rendre inopérant. C’est cette même puissance en défense qui leur apporta dans les dernières minutes une victoire que méritaient leurs adversaires.

Faut il regretter que les Springboks, par leur capacité à repousser l’adversaire, limitent leurs possibilités d’action avec le ballon à ce type de jeu, excluant en partie le rebondissement du jeu vers d’autre espaces ? J’aurais plutôt tendance à dire oui car ils seraient amenés à exploiter avec plus de justesse les déséquilibres que ces temps de jeu génèrent ; ils deviendraient alors définitivement imbattables, mais, en même temps, ils y perdraient une partie de leur culture de jeu.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 27 Nov 2010 - 13:22

La Chronique de Pierre Villepreux - Rugbyrama -26/11/2010 - 15:40


La grande chance que nous apporte la télévision...

La Chronique de Pierre Villepreux _8aRQ2




La grande chance que donne aux fans de rugby la télévision, c’est essentiellement de pouvoir le même week-end regarder tous les matchs internationaux et de pouvoir faire une analyse des diverses productions. Personnellement je reste toujours un peu frustré que le choix des images TV choisies par la régie, quand le ballon et les joueurs sont en mouvement, se centre beaucoup trop sur le porteur de balle et les joueurs qui en sont proche. Est pris alors en compte qu’une partie, trop souvent minimale, du jeu, quand, au contraire, il s’agirait de réaliser des plans beaucoup plus larges, qui lui donneraient son vrai sens tactique, celui que la situation de jeu et sa continuité en fonction des choix faits par le ou les différents porteurs de balle.

L’option quasiment toujours choisie de rester dans la zone du porteur de balle, n’est pas neutre car elle assure en partie le spectacle, celui qui surgit de la vitesse des interventions offensives et défensives dans la turbulence qui se crée dans et autour du ballon. Cela permet, certes, de mieux apprécier l’art des bonnes gestualités ou à contrario mauvaises habiletés.

Un élargissement du contexte de jeu éviterait de se focaliser sur le ballon et sur les acteurs qui sont autour et permettrait un scanning global de la situation de jeu en cours. Procéder autrement en jouant sur les plans resserrés émasculent le jeu global. Les plans larges avec un maximum d’acteurs donneraient l’impression aux téléspectateurs, de ne plus être dans son fauteuil mais bien dans le stade. Le football, sport de grand terrain comme le rugby est beaucoup moins avare dans cet exercice.

En outre, le choix de ces plans resserrés, tend à magnifier surtout les phases d’affrontements qui, même quand elles sont abusivement répétitives voire lassantes, apportent, de par la vigueur dans l’engagement des acteurs une dimension qui ne peut laisser insensible et rend le spectacle acceptable pour ne pas dire vendable quand le match n’est pas de qualité. Le combat que génère les charges individuelles, et encore plus, celui des corps dans l’âpreté des luttes collectives, en arrivent quelquefois à transformer la valeur de la production. Le visage des acteurs n’est pas oublié, apportant cette émotion qui fait aussi partie du spectacle sportif.

Comprenons bien que ce «zooming» autour du ballon, ne permet qu’incomplètement de juger de la pertinence du jeu et de sa justesse. Les formes de jeu n’ont de sens que dans la prise en compte des effets d’opposition, celui de la distribution dans l’espace de jeu de tous les joueurs attaquants et défenseurs. Pour le réalisateur, c’est bien ce rapport de force total, réel, attaque-défense qui devrait guider le choix des images à proposer, ce qui consentirait à évaluer la justesse ou non du jeu choisi.

Cela permettrait de satisfaire à la fois le téléspectateur mais aussi les techniciens du jeu puisqu’il deviendrait plus facile d’apprécier le pourquoi des choix, et actions de jeu, le pourquoi du bien ou mal fondé des transformations et alternance des formes de jeu et leur justesse ; pour faire simple, de mieux apprécier, le bien jouer et le mal jouer. Cela démystifierait ou valoriserait justement la performance de certains joueurs, en tout cas devant son poste de TV cela permettrait effectivement de mieux apprécier la production des uns et des autres.

La difficulté c’est que le choix des images doit coller avec la variabilité des situations rencontrées, ce qui veut dire que le réalisateur doit, comme les joueurs être capable de lire le jeu, ce qui veut dire aussi, d’avoir une connaissance du style de jeu des deux équipes pour ne pas être surpris par certaines initiatives et ne pas être pris de court par le développement de l’action de jeu.

Par exemple, on ne pouvait pas traiter télévisuellement parlant la production des All Blacks à Dublin contre l’Irlande et celle des Français et Argentins à Montpellier. D’un coté et pour les deux équipes, mais surtout pour les Blacks, un jeu qui avance, au plus prés comme au large quelle que soient les formes choisies, des libérations de balles rapides, qui conditionnent le jeu successif dans la même forme ou en alternance, pénétration- jeu large et vice versa. Autant de successions de mouvements collectifs qui, par leur variabilité intelligente, obligent, pour ne pas dire force le réalisateur à anticiper le mouvement futur et à prendre en compte l’espace de jeu qui très certainement sera utilisé et avec lui la distribution des acteurs attaquants susceptibles d’animer le jeu offensif relativement à celui réactif de la défense. Ce qui veut dire qu’il faudrait pouvoir passer avec pertinence de plans larges à des plans resserrés et vis versa en utilisant les effets d’opposition ; mais, je serais bien incapable de dire si en régie cette manipulation est possible.

Quant à la production France-Argentine, plus axée sur le petit périmètre, avec un jeu qui n’est pas allé trop loin des phases de conquête ou des regroupements ; faire le choix de valoriser le défi physique, individuel et collectif des antagonistes était sans doute pertinent pour tirer le maximum de spectacle de ce match.

L’Australie, du moins je le crois, va samedi prochain être fidèle à son jeu fait d’intentions, et de déplacements rapides du ballon tout terrain. Il serait dommage de ne pas se servir de plans larges pour mieux comprendre les raisons de l’efficacité collective dans l’animation offensive de cette équipe. Si, dans le même temps la France est sur ce créneau de jeu, cela devrait avoir certainement un effet facilitateur pour aller chercher les images les plus pertinentes et ainsi apporter aux téléspectateurs la compréhension du rapport de force que le trop de situations partielles ne favorisent pas.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 3 Déc 2010 - 23:31

03/12/2010 - 16:13 - rugbyrama -

La Chronique de Pierre Villepreux

Ya ka, faut kon !

La Chronique de Pierre Villepreux _IEw1L

Les interprétations de la défaite des Français vont, une fois n’est pas coutume, relancer le débat du jeu, de la formation, de la politique fédérale etc. Ces problèmes existaient bien avant ce choc, mais comme les résultats de ces matchs automnales, à défaut de qualité de jeu, entretenaient les espérances, on attendait cette confrontation contre les Australiens avec impatience et même espoir.

Personnellement, je n’ai jamais manqué dans mes rubriques passées de valoriser le jeu des équipes du sud surtout celui des All Blacks et Australiens. Dernièrement, j’écrivais que ces nations pratiquaient un rugby d’avant-garde qui respirait la modernité. Le rugby qu’elles produisent utilise la richesse des règles et fait du jeu à la main une priorité d’ou surgit le mouvement des hommes et du ballon. En tout cas, on y rencontre un jeu distinctif de celui que l’on voit en Europe. D’abord, la quantité, j’entends par là, leur volonté, derrière des intentions de jeu, de faire vivre le ballon, dans le cadre d’un jeu tout terrain respectant toujours le principe d’avancer et de la logique de soutien qui s’y greffe, sans quoi aucun style n’a de chance d’exister efficacement.

L’intérêt, mais aussi le risque de cette confrontation, c’était de voir comment les Français, après deux matchs peu significatifs, allaient s’adapter face à des Australiens qui eux n’allaient pas renier leur rugby, celui qu’ils développent et perfectionnent maintenant depuis quatre ans. Allait-on avoir des Français rester très pragmatiques ou au contraire tenter d’évoluer vers un jeu plus expansif ? Il est difficile pour les joueurs de sortir du cadre trop stratégique qu’impose, sauf rare exception, la formule de notre championnat. Le jeu, sa conception est en décalage avec ce qui se passe dans les compétitions dans l’hémisphère sud le Super 14 et les Tri-Nations. Il y a d’autres raisons pour expliquer cette différence de production ; mais certainement, d’une compétition à l’autre, les objectifs compétitifs et les comportements qui en découlent sont différents dans la tête des joueurs et font partie des explications plausibles. L’alternative pour les tricolores était bien, soit de s’appuyer sur le choix d’un engagement sans faille, une mêlée conquérante, une bonne conquête, une défense efficace et le fameux jeu au pied d’occupation, soit, sur la recherche d’un jeu plus riche plus entreprenant qui implique le joueur dans des comportements et attitudes en relation avec des indices et repères pris dans les actions développées au même moment par ses partenaires et par les adversaires. Il s’agit alors d’être en phase avec la vie du jeu et d’en saisir le sens dans le traitement à la vitesse de l’action du désordre que le dialogue attaque-défense propose. D’un coté, un jeu cadré de l’autre, un jeu qui mobilise davantage l’activité adaptative. Existe-t-il une voie française pour répondre à la production que nous propose Australiens et Néo-Zélandais ?

Ma réponse est oui, si on accepte qu’il ne s’agit pas de rentrer dans le copier coller, mais bien d’exploiter le potentiel de notre collectif sur les bases d’un jeu qui passe d’abord par les intentions, par du volume, par des principes de gestion différents du comment affronter la défense autrement que par les percussions individuelles. Rechercher l’avancer là où c’est plus facile, concéder les rucks, que quand le jeu debout n’est plus possible mais libérer la balle rapidement avec le minimum des partenaires (les plus proches du ballon), seule façon d’avoir une alimentation en replacement et en nombre sur le jeu successif. La situation de préserver l’avancée en jouant debout et en utilisant le jeu de passes peut conduire à la situation de ruck, dans laquelle la libération rapide du ballon est essentielle si l’on veut que cette phase ne soit plus une phase d’arrêt du mouvement du ballon mais bien qu’elle soit intégrée au mouvement général du jeu préservant ainsi les effets déséquilibrants obtenus.

C’est dans ce rugby que les Australiens nous ont dominé, ce qui a permis à Genia ce génie de demi de melée d’orienter le jeu à sa guise alors que Parra ne pouvait pas vu la lenteur des libérations.

Quand Marc Lievremont a, au départ de sa mission, proposé un jeu évolutif, celui qui n’avait pas été celui de son prédécesseur, il s’est vite heurté à l’opinion et à ceux qui la font. Il avait suffi d’avoir été bousculé dans deux ou trois mêlées lors d’un des premiers matchs du tournoi pour que soient remises en cause les velléités de changement de style. Il aurait fallu tenir le cap et ne rien lâcher ; certainement en expliquant plus précisément la teneur du projet de jeu. Ce rugby équivoque produit fut alors ipso facto compris comme un rugby irréaliste et utopiste. Forcement, le doute a embrumé la tête des joueurs jusqu’à leur laisser penser qu’il ne pouvait être accessible compte tenu du temps disponible et des impératifs de résultats. Pourtant, je me rappelle d’un match contre l’Irlande à Dublin, on était pas très loin du jeu recherché, pas parfait certes mais ce match pouvait servir de bases pour le projet de jeu. Bases tactiques sur lesquelles on pouvait s’appuyer sans rien abandonner quels que soient les résultats et leurs conséquences.

Alors on s’est satisfait des résultats acquis, et de la variabilité des prestations, sans en apprécier les dommages, ceux que l’on rencontre tôt ou tard quand on est amené à rencontrer des équipes qui elles ne sont pas effrayées d’entrer dans un style de jeu ambitieux, un jeu qui, dans l’opposition continuelle sait affronter la défense quand c’est nécessaire mais aussi sait la déplacer loin des bases de conquête, un jeu aussi où l’on accepte de répondre au jeu au pied de l’adversaire par du jeu à la main.

Autant d’expériences situationnelles jamais totalement identiques mais vécues et revécues sont traitées avec toujours plus de sens donc de confiance. Le collectif s’habitue à côtoyer l’incertitude, et finit par ne plus la craindre, il joue avec elle et s’en fait une alliée y compris devant les meilleurs. C’est tout en l’honneur de Robbie Deans l’entraineur australien d’avoir accepté de subir la critique quand cette équipe n’a pas eu les résultats escomptés.

Quand on a des convictions il faut avoir le courage de s’y tenir et cela ne veut pas dire pour autant faire preuve de dogmatisme mais bien de rester en contact avec ce que sera le jeu de demain. Celui-ci ira toujours plus vers les formes que nous proposent aujourd’hui Australiens et Néo-Zélandais, justement et aussi, parce que les règles iront toujours dans ce sens, celui de favoriser l’esprit du jeu et du mouvement qui va avec.

Les Français ont été dépassés à la fois par le volume de jeu proposé et par l’animation offensive des Australiens, je ne parle pas des lancement de jeu , mais bien de leurs capacités à développer des mouvement collectifs créant et/ou entretenant le déséquilibre dans la défense adverse, grâce à une redistribution optimale par rapport au ballon et à l’espace. L’optimisation de cette redistribution assurant dans le même temps, et en conséquence celle de la défense en cas de perte de balle.

Ceci tend à expliquer pourquoi après avoir résisté tant bien que mal une mi temps, le jeu australien, en nous déplaçant ici et là, en nous obligeant à s’engager dans des courses répétitives a peu à peu émoussé notre potentiel physique. Celui-ci n’est pas inferieur au leur. Mais le jeu qu’ils nous ont proposé demande d’autres exigences physiques que celles que nous subissons habituellement dans les compétitions domestiques.

L’incapacité des tricolores à renouveler la performance de la première mi-temps en mêlée en est la conséquence. L’essai de pénalité accordé devenant du même coup particulièrement anecdotique.

Un des éléments dans l’éventail de leur animation offensive est axée sur l’utilisation de peu de joueurs dans la zone de placage (maximun 4), ce qui libère les autres pour attaquer le barrage adverse en deux vagues qui sont utilisées en fonction de la réaction de la défense adverse :

- La première vague est constituée, plutôt au large des rucks, généralement avec deux joueurs (des avants). Ils se présentent lancés et à plat au plus près de la ligne d’avantage, ils constituent une menace de pénétration et peuvent être solliciter ou non par le demi de mêlée. Ce positionnement plein champ pèse d’autant plus sur la défense que ces joueurs ne viennent pas pour «leurrer». Ils peuvent être en fonction du contexte situationnelle proposé par l’adversaire. Quand c’est le cas, ils mobilisent deux (voire plus) et ralentissent les défenseurs près de la zone de pénétration. La libération du ballon sur le ruck successif est un passage fugitif, très rapide, permet alors de relancer le jeu dans le même sens, en créant un rapport de force favorable en alimentant la ligne d’attaque au large avec un maximum de joueurs lancées à hauteur contraignant les défenseurs en sous nombre de subir l’assaut en retardant leur moment d’intervention voire en reculant. On joue avec un temps de jeu intermédiaire avant de prolonger le jeu sur la deuxième vague.

-Cette deuxième vague, véritable collectif de ligne, quand elle est utilisée se distribue en nombre sur toute la largeur. Elle a pour projet d’amener la balle sur l’extérieur en profitant en espérant que la mobilisation attendue de la défense par la première vague produise son effet et dans ce match ce fut chaque fois parfaitement réussi.

Ce choix de relance du jeu par vagues, l’intelligence de leur alternance, réalisé en plein mouvement a largement perturbé surtout en deuxième mi temps le jeu défensif des français.

Les tricolores utilisent aussi ce type de jeu mais les deux joueurs de première vague se comportent comme des leurres. La défense lit vite qu’ils ne recevront pas le ballon. Le jeu défensif adverse en est grandement facilité ce qui permet de facilement glisser sur les extérieurs.

C’est dans la variété d’exploitation de ces systèmes de vagues que se trouvent les secrets pour mettre en difficultés les défenses puissamment renforcées dans le jeu actuel sur toutes la largeur du terrain. Il faut faire preuve d’originalité mais il ne s’agit pas pour autant de faire le choix d’organisation ou programmation précise mais bien d’amener les joueurs à bien comprendre comment en plein mouvement se situer dans la bonne vague en fonction de leur proximité ou non par rapport au point de fixation.(ruck généralement). C’est avoir donner du sens au principe d’utilité. Qui et combien dans le ruck, qui et combien sur les largeurs et dans les vagues. Le pourquoi avant le comment. Le contexte situationnel commande.

On pourrait également disserter sur le comment de l’affrontement, le comment avancer. Les avants français se complaisent dans la percussion individuelle sur le défenseur frontal. La percussion se finit par du jeu au sol. Procéder ainsi rend difficile la libération rapide du ballon et favorise sa contestation par les adversaires, avec comme résultats une libération lente ; pas idéale pour enchainer efficacement le jeu. En revanche, les avants australiens procèdent par recherche des intervalles, en s’engageant y compris dans les plus étroits. Leur avancée, au cœur de la défense favorise soit d’abord l’enchainement main quand il est possible et dans la continuité le déblayage éventuel. Cette avancée, même minime autorise des libérations rapides et a permis à «Génie Génia» de choisir le jeu successif dans les meilleurs conditions sur l’une et ou l’autre vague ? Ce fut suffisant pour sortir les Français de leurs repères défensifs traditionnels.

Défaite difficile à avaler mais pas impossible à négocier à condition de faire une analyse sans concession de cette défaite. Comparativement du jeu du sud, choisir celui que l’on voudra exporter à la Coupe du monde. Rester dans un rugby minimal et réaliste plutôt restrictif -je n’ai pas personnellement envie de le choisir- ou prendre l’option de l’autre plus expansif, plus adaptatif, qui laisse plus de liberté d’initiative aux joueurs -j’y trouve forcement mon compte- Mais il s’agit bien de faire ce choix . Je serai de toute façon supporter des deux.
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MessageSujet: Re: La Chronique de Pierre Villepreux   La Chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 10 Déc 2010 - 21:02

10/12/2010 - 17:54 - La Chronique de Pierre Villepreux

Petit retour technique


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France-Australie : un match qui a fait couler de l’encre. Je voudrais m’appuyer sur une analyse plutôt intéressante faite par un technicien français spécialiste du décryptage des images video des matchs.

On ne va pas s’attarder sur les analyses classiques qui concernent le temps de jeu global, celui ci, 33’31, a été très moyen et équitablement réparti sur les deux mi-temps. Le temps de jeu, de toute façon, ne peut être toujours un facteur significatif de la qualité du jeu tout comme ne peut pas l’être le temps de possession du ballon par l’une ou l’autre équipe. En effet au niveau international selon les statistiques IRB, très souvent, les équipes qui ont eu dans un match, davantage de temps de possession et d’intentions de jeu visant l’utilisation du ballon à la main ont plutôt régulièrement perdu le match. Ce qui peut logiquement laisser croire que le jeu gagnant n’est pas celui des équipes "joueuses", celles qui produisent du jeu. En tout cas, un volume de jeu qui intuitivement peut laisser penser qu’il doit s’imposer à l’adversaire, démontre souvent une certaine inefficacité surtout quand le collectif qui s’emploie rencontre des équipes pratiquant un rugby beaucoup plus réaliste.

Mais cette fois l’Australie a eu justement un volume de jeu supérieur à ses adversaires. Ce collectif, non seulement a largement gagné, ce que confirme une possession du ballon supérieure, 56% contre 44% soit 18’46 contre 14’ 47, mais aussi et curieusement, c’est dans la période où ils étaient à 14 que les Australiens «lâchèrent» le moins la balle, ce que confirment les séquences de jeu réalisées et l’occupation du terrain. Le nombre de balle disponible fut identique pour les deux équipes (30/30). Mais, la durée moyenne des séquences françaises fut de 15 secondes auxquelles il faut inclure logiquement les 4 séquences de mêlée ayant entrainé l’essai de pénalité. Comparativement la durée moyenne des séquences australiennes fut de 33 secondes. Cette main mise sur le jeu durant tout le match n’a donc jamais été remise ne cause et pas davantage en première mi temps, quand le score de 13-13 pourrait laisser penser que les Français avaient dans cette période plus que résister.

Cette capacité à tenir la balle, n’est bien sûr pas suffisante car il faut la lier à la capacité des Australiens dans ces séquences à être efficace :

- en avançant (recul ou franchissement de la défense).

- en impliquant dans les rucks concédés ou provoqués dans les séquences bien moins de joueurs que leurs adversaires.

- en ayant des libérations de balles beaucoup plus rapides, ne laissant pas aux adversaires le temps d’une réorganisation défensive efficace, créant ainsi les conditions d’une nouvelle avancée encore plus perturbatrice puisque, grâce au jeu sans ballon ils portaient le jeu dans des zones de faiblesse défensive où ils pouvaient s’engager en plus grand nombre.

Ce qu’ils surent faire beaucoup plus souvent que les tricolores et intuitivement c’est bien ce que l’on a pu ressentir.

Cette multiplication, coté australien, de séquences et situations créant des rapports de force favorables, donc exploitables, traduit bien la volonté de cette équipe de conserver la balle, en utilisant prioritairement le jeu à la main, de ne pas faire du jeu au pied défensif un atout incontournable, d’accepter les phases statiques comme des relances du mouvement précédent, et non comme une fin en soi ; ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elles ne sont pas importantes. Mais cela traduit un état d’esprit différent pour aborder les phases de conquête. Mais encore, qu’il s’agit bien d’accepter que, dans ce jeu, on perdra ou rendra forcement des balles à l’adversaire(par maladresse ou habiletés de celui-ci) mais aussi que l’on exploitera les règles et leur richesse pour les mettre au service du jeu souhaité.

Cette capacité à mieux maitriser le jeu avec efficacité s’explique d’abord par cet état d’esprit qui consiste à réaliser le jeu que l’on souhaite sans restriction. Faire ce que l’on dit et pas seulement dire que l’on va enfin le faire.

Si l’on ajoute que le nombre de balles disponibles à partir des mêlées, touches, pénalités et coup-francs concédées, sans entrer dans leurs répartitions, ont été identiques pour les deux équipes. C’est donc bien ce qui se passent après la conquête du ballon, qu’il convient d’abord d’analyser surtout si, en plus, on y rajoute le nombre de ballons rendus, (les turn-over) ; ils ont permis aux deux équipes de bénéficier chacun de 15 ballons supplémentaires qui sont bien sur, aussi des balles à prendre en compte pour analyser la production. Alors, on se rend compte que le déficit du jeu français dans ce match est à prendre en compte non pas dans les munitions à disposition mais bien dans le comment utiliser celles-ci.

Je parlerai dans mon prochain article de l’activité défensive des deux équipes dans ce match. La carence constatée trouve aussi un élément de réponse dans les difficultés rencontrées pour s’adapter au jeu total proposé par les Australiens. C’est ce jeu auquel il s’agira de savoir faire face lors de la prochaine coupe du monde.
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