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 La chronique de Pierre Villepreux

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MessageSujet: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 19 Juil 2008 - 7:54

Notre expert Pierre Villepreux revient sur les récentes interrogations concernant le niveau du Top 14 et les Tournées du XV de France.

CHANGER MAIS POURQUOI FAIRE?

Je ne sais pas si le rugby français "marche sur la tête" comme le souligne le dernier Midol, mais comme c’est bien souvent le cas quand le XV de France n’est pas à la hauteur, chacun y va de son analyse. La préoccupation concerne le calendrier, la légitimité des tournées, le Top 14. Ce choix ne manque pas de pertinence. Les interviews d’un public impliqué dans le rugby mais appartenant aussi à d’autres sports traduisent l’ambiguïté du thème choisi puisque les opinions sont variables et même quelquefois bien contradictoires. Les réflexions déclenchées tiennent toutes la route et peuvent à terme apporter des solutions aux difficultés de performance de l’équipe nationale, car ce sont bien les mauvais résultats des tricolores en Australie qui ont incité à faire cette enquête. Celle-ci aurait été pareillement justifiée en cas de résultats positifs. Savoir si dans ce cas elle aurait été réalisée relève d’un autre débat.

Pour cerner tous les facteurs limitants qui ont influencé la mauvaise performance (pourtant attendue) de l'équipe nationale dans cette tournée, il convient certainement d'aller plus loin dans le débat et de dépasser les constats, les réflexions et les solutions que les trois thèmes abordés sont à même d'engendrer.

Si l'on accepte aujourd'hui la réalité de notre rugby et les difficultés que nous avons pour le faire évoluer, il me parait difficile de modifier ipso facto cet existant et satisfaire tout le monde, le monde pro comme celui des amateurs ? Les avancées se font lentement et toujours au coup par coup, mais rarement derrière un grand projet fédérateur. Celui-ci aurait le mérite de cibler les priorités pour que le système puisse fonctionner à tous les étages et permettrait de créer les interactions utiles pour que le message passe, que chacun se l'approprie et l'adapte au contexte dans lequel il évolue. Procéder différemment en proposant du changement et des aménagements ici et là peut résoudre certains problèmes mais ne traiterait pas les maux.

Si on accepte aussi que la première priorité est bien d'avoir une équipe de France performante et compétitive qui gagne mais aussi assure un spectacle de qualité (gagner oui mais comment ?) dans les compétitions dans laquelle elle est engagée, il convient qu'elle soit de manière permanente garant d'un jeu identitaire, reconnaissable, joué par des joueurs formés pour le jouer. Il ne convient pas en effet de faire passer la charrette avant les bœufs et de croire qu'il suffit de créer toutes les conditions utiles en terme de calendrier compétitions règles etc pour que notre rugby national (le Top 14) redevienne attractif et prépare les joueurs à se comporter efficacement au plus haut niveau.

Pour évoluer favorablement et atteindre le meilleur niveau de performance il faut, répétons-le, que le joueur soit formé pour le jeu choisi, qu'il acquière le sentiment d'être compétent pour le jouer. Les ingrédients de son évolution tactique- technique - physique vont tout au long de sa carrière renforcer la dynamique mentale indispensable pour obtenir le meilleur rendement possible. Pour acquérir ce type de joueurs, il faut qu'il y ait un consensus national sur le "comment" de la formation du débutant au plus haut niveau. Les formateurs doivent, chacun à leur niveau, se sentir concernés.

Vaste programme dans le cadre d'un rugby qui ne cesse de se mondialiser et qui place les joueurs français (ceux qui jouent au plus haut niveau et plus grave, les autres) face à des cultures de formation différentes (de plus en plus de joueurs et d'entraîneurs étrangers). Le "climat" d'apprentissage et d'entraînement devient forcement perturbant puisque le suivi de formation manque non seulement de permanence mais se réalise au gré du changement des entraîneurs et de bases méthodologiques et conceptions d'enseignement du jeu différentes.

Tout le monde est touché, l'équipe nationale mais aussi les équipes jeunes qui obtiennent maintenant des résultats moyens non seulement face à l'hémisphère sud mais aussi et c'est nouveau contre les équipes européennes que nous dominions facilement il y a encore peu de temps.

Changer de jeu ne se décrète pas, il faut que les joueurs y soient préparés dans une continuité de formation club – équipe de France. Le volume du jeu actuel (quantité et qualité) de notre championnat est globalement insuffisant si l'on veut être en accord avec l'évolution du jeu, des règles, de demande de spectacle et de hausse de fréquentation des stades. La comparaison en terme d'initiatives prises, de volonté à produire du jeu sont particulièrement significatives entre les jeunes de l'hémisphère sud et les Français dans les compétitions mondiales et ne manquent pas d'inquiéter. En tous cas, il y a une explication à ces résultats. On peut ajouter à un degré moindre les îliens (Fidji, Samoa, Tonga) auxquels il faut ajouter l'Argentine qui entreprennent globalement plus. Cette habileté mentale à s'investir sans calcul en positivant les risques n'est pas française alors qu'elle devrait être une arme essentielle. Cette habileté mentale traduite en termes de confiance ne se met pas automatiquement en route. Alors il faut l'imposer pour accéder au jeu recherché. C'est ce que fait avec courage Marc Lievremont. Ce manque de répondant des joueur à tous les niveaux de la pratique est patent sauf rares exceptions. Sans formation adéquate, les entraîneurs de demain (c'est le cas pour le staff actuel des tricolores) devront accepter de devoir convaincre les joueurs et l'opinion.

Nous sommes en retard d'une guerre et condamnés à des exploits.

Tout le monde dit vouloir s'inscrire dans le registre du beau jeu mais entre les contraintes de résultats qui existent en club et le jeu que voudrait faire et voir le staff du XV de France il y a un fossé. Dans ces conditions, d'entraîneur ne sera pas la solution idoine. Le successeur sera confronté aux mêmes problèmes quelque soit ses options de jeu. Les joueurs dans l'instant malgré leur bonne volonté forcement pataugent un peu et c'est logique. Comment fédérer derrière une démarche de travail et des objectifs communs tous les entraîneurs qui sont au cœur du système quand ils n'ont pas les mêmes préoccupations ?

Cette incohérence dans le cadre d'un projet de formation nationale est un frein majeur pour le staff de l'équipe nationale. Demander de jouer un rugby plus volumineux et plus ambitieux et s'y engager totalement sans arrière pensée prend du temps et aujourd'hui on demande des résultats à l'équipe de France. Le décalage existe et les différents remodelages proposés - calendrier - la place des tournées – le Top 14 - ne peuvent dans l'instant résoudre le problème de fond posé par la formation. Tous les facteurs qui conditionnent la bonne santé du jeu ne prendront du sens que par rapport à cette priorité.

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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 15 Aoû 2008 - 15:25

La chronique de Villepreux

Notre chroniqueur Pierre Villepreux a profité de la défaite de l'Argentine face à l'Afrique du Sud pour évoquer le sort des Pumas.

La défaite des Pumas contre l’Afrique du sud en elle-même n’est pas surprenante. En revanche, l’ampleur du score interpelle (63-9). Beaucoup d'explications peuvent et ont été évoquées. J’espère que les raisons invoquées sont les bonnes mais elles ne sont pas suffisantes:

- nouvel entraîneur
- équipe physiquement pas préparée
- Equipe disparate en reconstruction composée de cadres de la dernière coupe du monde mais aussi avec de nouveaux joueurs qui ne sont pas à la hauteur des absents.

Etc...

L'argentine n'est pas la seule équipe à sacrifier ce type de match (voir la France et autres 6 nations) contre les équipes du sud et les résultats sont rarement en faveur du nord. En effet les joueurs choisis préféreraient certainement prendre des vacances plutôt que d'aller chercher une performance utopique compte tenu de l'état mental des troupes après une saison européenne post Coupe du Monde surchargée. On peut accepter alors que les Argentins se trouvaient pour ce match dans le même état d'esprit puisque la majorité de ces joueurs sont impliqués dans le championnat de France et sont de ce fait susceptibles d'en subir les mêmes conséquences au plan mental comme physique.

Les défaites de l'Argentine contre l'Italie et l'Ecosse à domicile et maintenant celle face aux Sud-Af sont à analyser autrement que dans le cadre de contre performances passagères.

Les Pumas, ces quatre dernières années, ont obtenu d'excellents résultats. La présence des internationaux dans un championnat de haut niveau comme le Top 14 ou le championnat britannique, a placé les joueurs dans les meilleures conditions pour se perfectionner, progresser, et devenir compétitifs devant les meilleurs. La qualité des compétitions et la pression que celles-ci engendrent sont incontournables pour viser l'excellence dans le cadre d'un objectif bien ciblé comme c'était le cas pour les Argentins avec la Coupe du monde 2007. Les joueurs argentins ont pu et su bénéficier de cette dynamique et ils n'ont pas volé leur médaille de bronze. Cette génération de joueurs d'exception qui, pour une majorité, ne participeront pas à la prochaine Coupe du monde en Nouvelle Zélande, doit maintenant être remplacée. Mais par qui ? Durant ces quatre années, le championnat domestique argentin n'a pas été qualitativement à la hauteur, du fait, de l'absence des meilleurs joueurs est très préjudiciable à la qualité de jeu. Il était donc difficile de créer les conditions indispensables susceptibles d'élever les exigeantes compétences que réclament le plus haut niveau.

Même si quelques anciens sont encore susceptibles de jouer la prochaine coupe du monde, je ne suis pas sûr qu'ils s'y présenteront et s'y impliqueront avec la même passion et avec l'ardeur manifestées à la fois dans les périodes de préparation et pendant la coupe du monde 2007. Joueurs comme entraîneurs ont enfanté une respiration qui s'est toujours faite par rapport à la recherche de résultats indispensables pour obtenir enfin la reconnaissance mondiale tant attendue. La communication affective des uns et des autres durant le mondial était en ce sens suffisamment significative.

Maintenant que c'est chose faite, le problème se complique puisque la reconstruction passe par un autre challenge et devra s'appuyer sur d'autres défis, d'autres projets.

Plusieurs options s'offrent aux Argentins. L'une de ces options consiste à utiliser et travailler avec les seuls joueurs qui sont en Argentine. L'autre consiste à accepter comme précédemment de continuer à gérer les joueurs évoluant en Europe en espérant qu'ils sauront le jour J développer les mêmes valeurs.

Quel que soit cette option, le rugby argentin va vivre pendant quatre ans des moments difficiles et les résultats risquent selon moi de décevoir et donc de ne pas confirmer le niveau acquis en amont.

Le choix d'une politique sportive à long terme doit être mise en place dans ce pays qui est connu pour son conservatisme. Le changement donc l'accès au professionnalisme doit se faire en Argentine en conservant autant que faire se peut les meilleurs jeunes joueurs dans les clubs argentins. Proposer une compétition haut de gamme, et, pour l'équipe nationale participer aux Tri Nations me parait incontournable pour être en accord avec le réel potentiel rugbystique de ce pays.

On pourrait tenir le même raisonnement pour la Roumanie et la Georgie qui sont, confrontées aux mêmes problèmes (meilleurs joueurs jouant en Europe). L'émergence efficace de la Russie, entrée radicalement dans le professionnalisme (compétition avec huit clubs pro est mise en place et œuvre un projet pour l'équipe nationale visant d'intégrer la coupe du monde 2011) risque de rendre la qualification pour les pays européens beaucoup plus hypothétique. Pourtant sous peine de se fragiliser, ces pays ont besoin de celle-ci pour assurer la visibilité utile au développement du rugby dans leur pays.

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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 26 Aoû 2008 - 9:05

La chronique de Villepreux

A la veille de l'ouverture du Top 14, notre expert Pierre Villepreux revient sur la grande nouveauté du championnat : les règles.

Le prochain coup d"envoi d"une longue et espérons passionnante saison en Top 14 m"amène à hasarder quelques réflexions.

D'abord le problème posé par les nouvelles règles. Leurs interprétations et l'incompréhension qu'elles semblent aujourd'hui susciter à tous les niveaux - entraîneurs - joueurs - arbitres - public - médias - sont certes fondées et somme toute logique. Si elles génèrent incertitude et appréhension, c'est justement parce qu'elles ont été en France et pareillement en Europe sinon découvertes tardivement du moins on ne les a pas suffisamment pris en compte afin d'évaluer leurs conséquences sur le jeu et l'arbitrage. Proposées il y a environ trois ans par l'IRB, le haut niveau ne s'est sensibilisé à ces règles que cette année. La mobilisation des fédérations donc des techniciens et arbitres s'est faite en urgence ce qui explique aussi en partie les ambiguïtés actuelles.

Je ne pense pas que ce soient les règles et leur pertinence on non qui sont en cause mais bien le peu d'intérêt manifesté au plus haut niveau pour les tester, et se les approprier efficacement en fonction du jeu que l'on souhaite pratiquer. Ce n'est pas dans l'urgence que l'on acquiert la confiance utile pour exploiter au mieux les changements. A cela s'est greffé le refus d'adopter les règles dans leur intégralité (13 règles acceptées en Europe mais rejet de la règle plaqueur plaqué qui en cas de ruck permettait la contestation du ballon) J'en ai déjà parlé dans des articles précédents. C'est dommage, mais acceptable à condition que du nord au sud le règlement soit identique. Ce n'est pas le cas puisque dans les Tri Nations on a conservé les sanctions prévus par l'IRB (coups francs en lieu et place des pénalités sauf pour les hors jeu). Ce n'est pas, en Europe, l'IRB (et encore moins la commission qui a planché sur ces changements) comme le pense Richard Dourthe, suite à la réunion technicien arbitre du 20 août dernier à Marcoussis, qui a refusé de jouer avec cette règle mais bien les nations européennes qui s'y sont opposées. Les matchs des Tri Nations ont ainsi créés encore plus de confusion avant le début de notre championnat.

On risque donc de voir encore plus de pénalités sifflées par le corps arbitral ce qui va à l'encontre de l'esprit que souhaitait développer la commission des règles (plus d'incertitude, plus de dynamique, moins de responsabilités pour les arbitres dans la situation de ruck).

Les objections manifestées aujourd'hui par les techniciens français concernant certaines règles ou points de règlement voire négations d'exploitations tactiques sont elles justifiées ? Peut être oui mais tout autant non car l'analyse faite sur les seuls matches amicaux de préparation ne peuvent être significatifs comparé au suivi effectué par l'IRB depuis 3 ans auprès des joueurs, entraîneurs et arbitres réalisé au sud comme au nord - dans des compétitions nationales de très bon niveau. Les évaluations auprès de ce public ont été au fil du temps de plus en plus positives. L'angoisse de départ a fait place à un consensus. Justement parce que le temps accordé a permis aux joueurs coaches et arbitres de trouver leurs marques. Ce qui n'est pas le cas quand on a que trois ou quatre matchs voire moins pour se caler avant la première rencontre. Dans notre système de compétition, il est préférable de gagner. En France, l'évaluation de la pertinence ou non des règles se fait plus par rapport à l'angoisse des résultats que par le réel désir de s'emparer des changements à bras le corps à des fins d'exploitation créative. Je ne dis pas qu'au début de la préparation, l'envie d'évoluer n'était pas présente mais le contexte résultat demandé dès le premier match diminue l'appétence entrevue au départ plus le jour J se rapproche .

Les équipes moins troublées seront logiquement celles qui ont l'habitude de jouer un jeu ambitieux. Elles ne manqueront en utilisant mieux les règles que les autres et forcement d'accentuer l'écart existant.

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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 11 Sep 2008 - 9:44

La chronique de P. Villepreux

Notre expert Pierre Villepreux revient sur la nouvelle règle dans les rucks qui fait beaucoup parler d'elle depuis le début de la saison.

D'UN RUCK A UN AUTRE

L'analyse des techniciens après trois journées de championnat se focalise sur les difficultés rencontrées dans la situation placage et post placage. Il ne s'agit pas en l'occurrence; comme on le dit, d'une nouvelle règle. Mais il a été demandé aux arbitres de veiller à ce que les joueurs s'inscrivent bien dans des comportements tactiques et techniques qui n'ont pas radicalement changé mais qui ont été clairement reprécisé. Si les postures et positions qu'imposent la règle posent problèmes, c'est surtout que les habitudes acquises ces dernières années en terme de conservation du ballon pour l'attaque et de contestation pour la défense ont la vie dure et qu'il s'agit maintenant de réapprendre comment se comporter pour à la fois ne pas être à la faute et être efficace. Sont forcement concernés tous les joueurs attaquants et défenseurs dans la proximité du ballon. Ils se doivent d'agir et réagir, à la vitesse du jeu en intelligence avec la situation créée. Celle-ci est définie par le terme "ruck". On peut penser que cette situation caractérisée et caractéristique implique les différents intervenants à adopter les gestes techniques relatifs à ceux que réclame la règle et qu'il suffit de les travailler pour résoudre les difficultés.

Cette situation de ruck est au contraire loin d'être figée. Elle demande pour les joueurs impliqués à comprendre chronologiquement les différentes composantes de l'action de jeu :

- pourquoi intervenir,
- où le faire,
- enfin comment réaliser le geste technique adéquat.

Le tout réalisé avec la vitesse et la force optimale et avec l'agressivité utile qui convient dans cette phase de combat.

Pour faire acquérir aux joueurs les automatismes indispensables pour être efficaces et ne plus encourir les pénalités abondamment, mais logiquement, octroyées par les arbitres, il faudra du temps, et la mise en place d'un travail d'entraînement qui permettra de faire les raccords indispensables entre les composantes de l'action citées plus haut.

Cette phase de jeu est à prendre en compte dans une "systémologie générale" du jeu. En ce sens, il conviendra de la travailler prioritairement dans le mouvement général du jeu (comme en match), là où il y a le plus de complexité, là où le jeu demande la plus grande compréhension car les "événements situationnels" s'enchaînant, il s'agira à un moment T de prendre en compte l'émergence de cet "accident de jeu" singulier que génère le placage du porteur de balle.

Seul ce travail dans le mouvement général peut faire comprendre comment agir avant, pendant et comment anticiper le futur mouvement. Cet "accident de jeu" et ils sont nombreux (beaucoup trop dans le rugby actuel) se répètent, mais autrement, en tout cas jamais de manière totalement identique. Ce passage de formation, par le mouvement général me semble indispensable pour faire accéder, dans cette phase sans mouvement du ballon, le joueur à la fois à une bonne maîtrise de la règle et aussi à des comportements adaptatifs et créatifs.

C'est en effet le mouvement général qui contient toute l'information qui va légitimer l'organisation intelligente de la situation plaqueur -plaqué-ruck et donc la construction de ce dernier avec la technicité appropriée.

Il n'est pas vain de procéder différemment mais on n'est pas sur d'obtenir dans le temps les mêmes effets ni la même efficience. D'un coté on cherche à former des joueurs à même de répondre à tous les événements du jeu, à tous ses aléas, voire à l'improbable, incontournable pour donner du sens à la technicité requise.

Procéder différemment en partant de situations figées en accordant la priorité au travail technique ne contiendrait qu'une partie des informations nécessaires. A ce titre celles-ci sont plus difficilement réinvestissables avec pertinence dans une situation précise en l'occurrence dans l'exemple choisi, le ruck mais ce discours est évidemment applicable pour toutes les situations de jeu.

Ce souci de "trop organiser" le jeu parla mise en place de séquences non évolutives borde toujours la créativité et la prise d'initiative du joueur. Ce sont pourtant des aptitudes qu'il détient en tant qu'humain. Il s'agit simplement de les réactiver mais la bonne démarche de travail devient essentielle.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 11/09/2008 09:19
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 11 Sep 2008 - 10:19

On s'était plaint que les nouvelles régles n'aient pas concernés le pick and go . Or en appliquant à la lettre les régles déjà existantes , il devient moins facile de conserver le ballon aprés placages ... le plaqué doit IMMEDIATEMENT lacher le ballon ... et les soutiens doivent rester sur leurs appuis ; l'action de tomber ou de se mettre à genoux sur le partenaire au sol ( c'est souvent ce que l'on voit sur les pick and go ) est pénalisé ; encore mieux , un soutien du "plaqué" qui arrive sur le ruk doit avoir une action de bas en haut ! Les arbitres, en sanctionnant systématiquement le manquement à cette régle , vont rapidement faire perdre les mauvaises habitudes aux joueurs ... parceque je doute pas que aux entrainements des semaines qui viennent , ça doit travailler dûr sur ces phases de jeu qui coûtent chers en point . Là où ça fait râler un peu , c'est que pour l'instant , c'est surtout le camps attaquant qui est surveillé sur les ruks ; parceque les défenseurs eux aussi doivent arriver sur la zône "plaqueur/plaqué"avec une action de bas en haut ; or eux , je trouve qu'ils sont pas trop surveillés ! Enfin , j'ai appris hier , que c'était les irlandais , les gallois et les anglais ( pas la France ! ) qui n'avaient pas voulu du coup-franc ,mais conserver la pénalité sur les fautes au sol . Et ça c'est catastrophique comme décision !
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 18 Sep 2008 - 8:46

18/09/2008La chronique de Pierre Villepreux

Notre expert Pierre Villepreux s'interroge cette semaine sur l'avenir du rugby professionnel et la perte des valeurs traditionnelles de ce sport.

Dans le rugby professionnel, il s'agit, aujourd'hui, pour les joueurs, entraîneurs et managers de se débrouiller pour rester compétitifs et durer au plus haut niveau. Disons-le clairement, dans ce marché, il faut apprendre à "jouer perso" ce qui est contradictoire avec les valeurs de coopération et collaboration que réclament les sports collectifs. Il devient donc, pour les acteurs, difficile de s'accomplir, de s'épanouir et donc; d'exister ensemble.

L'identification à un collectif, à une équipe, à un club est bien moins réelle que dans un passé proche. Cette tendance est perceptible sur et en dehors du terrain. Les acteurs agissent dans un modèle productif déstabilisant. Même si on n'en fait pas état, les rapports et le relationnel entres les uns et les autres sont modifiés. Le sens que chacun donne à ce qu'il fait répond à son propre intérêt et est beaucoup moins en relation avec celui des autres. Cette évolution de fond n'est pas nouvelle dans le rugby mais elle se diffuse vite et risque, à terme, d'atteindre le socle du rugby, les petits clubs formateurs. Plus grave, cet accès à l'individualisme touche maintenant vite et bien les jeunes talents. L'entourage courtisant donc excessif dans lequel ils sont plongés les amène à une vision du futur pas forcement réaliste qui mobilise niaisement leur égo.

Les valeurs traditionnelles de notre sport au plus haut niveau n'ont bien sûr pas disparu mais ont dangereusement tendance à se déliter par manque d'interactions entre tous les niveaux de la pratique rugbystique. Entrer dans ce mode individuel de fonctionnement et dans cette diversité et divergences de sens que chacun accorde à ce qu'il fait n'est pas propice à la mise en place d'un sens collectif, même si on sait qu'en jeu il faut, pour être performant collectivement, jouer avec des références communes.

Les entraîneurs sont directement les plus concernés par cette évolution. Leur nombre est sans cesse en augmentation et la concurrence est grande avec l'arrivée des coachs venus du Sud et avec celles des jeunes retraités en provenance du haut niveau. Comme les places sont chères, les projets des entraîneurs s'inscrivent dans le court terme puisque il s'agit de gagner vite (pour le bien on verra plus tard). La recherche de résultats immédiats est d'autant plus élevée qu'ils sont devant l'opinion (public et media) responsables de ces mêmes résultats. Cette situation est plutôt confortable pour les joueurs et change la forme de la relation entraîneur-entraîné.

Difficile pour les coachs de construire aujourd'hui une équipe, sauf à coup de millions bien sûr. Le temps ne leur étant que rarement accordé, les entraîneurs n'ont plus la patience, de bâtir le jeu souhaité, de faire partager leurs convictions et de mettre en place à plus long terme un jeu identifié et donc identitaire. Indispensable pour générer la confiance, facteur incontournable de la performance. Mais, on sait bien que celle-ci s'ancre tellement mieux dans un projet à long terme et qu'à contrario, c'est un leurre de penser que l'on peut la retrouver comme par miracle derrière les résultats positifs d'un ou deux matches, si les ferments et ingrédients utiles à son existence n'ont pas été apportés avant. Dans la hâte de résultats rapides, les entraîneurs sont aujourd'hui forcement en sursis. Alors chaque année, l'entraîneur cautionne une politique de recrutement expansive et néglige, même s'il s'en défend, les joueurs qu'il a sous la main dans son propre centre de formation.

Ce recrutement toujours plus important de joueurs étrangers vers les clubs français vise bien sûr à trouver enfin le Jeu que tout le monde attend. On demande de la patience, logique car il faut bien le mettre en place ce putain de jeu surtout si en plus comme c'est le cas, il faut amadouer les règles et, curieusement, cela prend du temps et souvent beaucoup plus qu'une saison. Pas grave pour ceux qui sont reconduits puisque avec un bon budget, les joueurs recherchés seront enfin recrutés, les ambitions revues à la hausse et bien sûr l'entraîneur (le même ou un autre) aura les moyens de fabriquer enfin son équipe avec des joueurs qui vont jouer le jeu tant convoité et qui plus est… avec un staff technique toujours plus spécialisé, c'est ce qu'exige la haute performance.

Ne pas entrer dans cette évolution, vouloir faire autrement, refuser d'accéder à cette modernité n'est pas mon propos. Je ne m'inscris pas dans une démarche nostalgique, celle d'une culture passée. Il s'agit de réfléchir pour demain sur le comment faire mieux, sur le comment créer les liens manquants pour que les intérêts des uns soient aussi ceux de tous en acceptant que le rugby professionnel génère logiquement des troubles pervers qu'il s'agit de gommer si on veut conserver, pas tout, mais l'essentiel de notre culture du jeu, celle qui nous a fait reconnaître et que l'on nous envie encore (Mais jusqu'à quand?).

On peut accepter que la promotion du jeu passe par la venue de stars (joueurs et entraîneurs) arrivées d'ailleurs. Rien de grave en soi si cela s'inscrivait dans la culture du jeu français et dans la démarche de formation franco- française. Cette enculturation rugbystique n'est pas utopique, certains y arrivent, souvent pas les plus mauvais, mais elle demande beaucoup d'adaptation. Elle devient difficile pour ne pas dire impossible quand il ne s'agit de gérer non plus une ou deux personnes mais bien un groupe comme c'est le cas dans la plupart des clubs. Minoritaires dans leur club, ce sont les joueurs français qui doivent maintenant s'adapter et entrer dans un processus différent de fonctionnement et de travail dans lequel (quand ils jouent) il n'est pas sûr qu'ils y produiront la performance attendue, en tout cas, celle qu'ils souhaitent et qui correspond au développement de leurs talents et à leurs normes culturelles.

Le rugby pro économiquement marche bien, mais attention de ne pas se retrouver, très vite, face à des situations aliénantes qui empêcheraient le rugby français de continuer à développer ses capacités et ses intérêts propres (qui ne sont pas seulement ceux liés à la recherche d'une économie plus florissante).

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 18/09/2008 08:21
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 25 Sep 2008 - 14:34

La chronique de Pierre Villepreux


Notre expert Pierre Villepreux décrypte cette semaine un très intéressant article de Richards Shuttleworth de l'Institut des Sports australien.

Intéressant article écrit par Richards Shuttleworth de l'Institut des Sports australien, spécialiste dans l'acquisition d'habiletés techniques (article paru en 2008). Il y est question d'une philosophie d'enseignement à employer en rugby pour développer la justesse et la pertinence des décisions tactiques prises par le joueur en jeu.

Il fait part de l'opposition entre :

-une méthode de formation tactique qualifiée de traditionnelle, qui consiste à répéter et reproduire le mieux possible des actions de jeu préétablies. Actions de jeu qu'il définit "comme prévisibles puisque isolées du contexte situationnel dans lequel elles sont sensées se réaliser en jeu. Il n'est pas tenu compte dans ce type de formation du processus décisionnel actif qui devrait mobiliser la ou les décisions successives du joueur puisque tout est prédéterminé à l'avance et les situations présentées ne comportent pas d'incertitude.

-une démarche de formation plus efficace qui utilise une approche plaçant le joueur face à une situation de jeu-problème dans laquelle le joueur et l'environnement (partenaires et adversaires) sont les relations référentielles à même de guider les actions des uns et des autres. La décision appropriée doit être adaptée au contexte de ladite situation. Les décisions et actions pouvant être en fonction des bonnes ou mauvaises réponses simplifiées ou complexifiées".

L'auteur précise que "cette conception dynamique de la formation et cette vision écologico-psychologique de la formation tactique réclament pour le coach de savoir mettre en mouvement toutes les composantes du jeu. Celles-ci interagissent les unes avec les autres. Savoir les maîtriser de manière efficiente, nécessite de former les joueurs à ce processus décisionnel dans la maîtrise sans cesse plus fine du rapport de force Attaque-Défense sans cesse mouvant. Pour qu'il en soit ainsi, il s'agit de prendre les bonnes informations donc de comprendre le jeu situationnel. Ainsi les décisions se prennent dans un processus évolutif dont il faut mesurer les différentes contraintes ".

L'auteur mentionne "qu'il est conseillé que les joueurs apprennent dès le plus jeune age de manière à associer ces décisions et actions prises dans ce contexte situationnel dynamique aux principes basiques du jeu qui sont directement en relation avec les notions d'espace et temps à disposition. Ce travail doit se faire sous la forme d'un travail pratique non structuré qui permet aux joueurs d'apprendre à manipuler tous les contraintes de la tâche et du contexte afin de les rendre disponible pour intervenir efficacement dans le plus grand nombre de situations possibles et évolutives ".

Caractéristiques des situations-problèmes :

- décrire la situation et le problème posé

- préciser les informations à prendre pour prendre les bonnes décisions

- complexifier ou simplifier la situation en fonction de la réussite ou l'échec.

- guider la recherche des joueurs pour aller vers une meilleure compréhension

- adapter le niveau du désordre crée dans les situations pour dominer le problème posé

- contrôler, évaluer, et adapter les séances au niveau de performance et d'apprentissage du joueur "

La fin de l'article est consacrée sur la manière de modifier les situations afin d'affiner les comportements décisionnels et ainsi former un joueur à s'adapter à ce qu'il trouve en face de lui et autour de lui :

comment et pourquoi modifier l'espace et le temps et dans quel but ?

comment modifier le placement de départ des adversaires et partenaires pour créer des situations plus ou moins incertaines plus ou moins à risque, etc.

La philosophie de cet article même si rapidement développé interpelle puisque cette méthodologie de formation est radicalement française. Réné Deleplace est au départ le premier à avoir théorisé sur le jeu et sur cette démarche pédagogique qui a fait émerger une véritable culture française du rugby. Ce patrimoine unique né il y a plus de 50 ans a guidé aujourd'hui tous ceux qui sont engagés dans la formation et elle est maintenant, même si au départ elle a été décriée, toujours la référence de la DTN en terme de formation.

La french méthode, qui conçoit l'acte d'enseignement dans la continuité du débutant au plus haut niveau, s'appuie sur l'image mentale de l'action à réaliser et il s'agit alors de doter celui que l'on forme de comprendre le pourquoi de ses actes en jeu. Cette conception de formation, qui vise à guider le joueur dans la multiplicité des décisions qu'il a à prendre en plein jeu et en plein mouvement, s'oppose précisément avec l'English way method, qualifiée de traditionnelle par l'auteur, qui est axée sur le conditionnement lié au bien faire des gestes et à la mise en place de séquences programmées qui ont certes un intérêt et doivent se faire à un certain moment de la formation. Selon la méthode utilisée, on ne forme pas le même type de joueur

Que les Australiens se réveillent 50 ans après et souhaitent aller vers un changement qui n'est pas évident me parait intéressant mais ce n'est pas gagné car le décalage est grand pour les entraîneurs pour arriver à maîtriser les exigences que réclament cette méthode qui visent à mobiliser les capacités adaptatives du joueur dans le cadre de la logique d'action que procure le rapport d'opposition. Les configurations géométriques et bien ordonnées du jeu placé et ordonné n'en sont que la conséquence. C'est pour cela qu'il ne s'agit pas aujourd'hui dans un jeu multi-facettes et multi-tâches qui bougent qui placent les joueurs en situation de suppléance et en plus avec des règles qui visent à créer cette dynamique de se tromper sur le comment du travail d'entraînement. Les Australiens sentent la nécessité de changer, les Anglais s'y sont essayer sans aller jusqu'au bout. Les Sud-Africains sont hermétiques et pourtant ils ont tous été champions du monde... pas nous.

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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 25 Sep 2008 - 15:16

A force de vouloir (ou d'avoir envie de) changer de méthode ne risque t on pas de ne plus rien faire à "fond". De plus, les nouvelles règles récemment injectées, plus celles en essai dans l'hémisphère Sud et dont une partie risque fortement de débarquer prochainement vont singulièrement compliquer la tâche des éducateurs, des entraineurs.........et des joueurs. Les arbitres quant à eux qui supervisent le tout (et ne sont pas professionnels.... sauf 2 si bonne mémoire) n'auront jamais le temps et la possibilité de se mettre à niveau et d'arbitrer équitablement.
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 25 Sep 2008 - 15:17

gir3347 a écrit:
A force de vouloir (ou d'avoir envie de) changer de méthode ne risque t on pas de ne plus rien faire à "fond". De plus, les nouvelles règles récemment injectées, plus celles en essai dans l'hémisphère Sud et dont une partie risque fortement de débarquer prochainement vont singulièrement compliquer la tâche des éducateurs, des entraineurs.........et des joueurs. Les arbitres quant à eux qui supervisent le tout (et ne sont pas professionnels.... sauf 2 si bonne mémoire) n'auront jamais le temps et la possibilité de se mettre à niveau et d'arbitrer équitablement.



Déjà que... !
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 2 Oct 2008 - 11:16

02/10/2008 - La chronique de Pierre Villepreux

Notre expert Pierre Villepreux nous éclaire cette semaine sur les notions d'ordre et de désordre et sur leurs implications dans le jeu.

Une équipe de rugby pourrait être une société libre où le joueur en jeu devrait pouvoir faire ce qu'il veut. Ce fut le cas au tout début du rugby où des règles minimales étaient acceptées avant le match. L'histoire du rugby est bien là pour ratifier que le résultat lié à ce peu de contraintes légales générait un grand désordre. Ce désordre a présidé aux premières compétitions et a précédé l'ordre.

Au fil du temps,la multiplication des règles a forcement et progressivement limité la liberté des joueurs pour faire du rugby un jeu de plus en plus structuré. On est donc en droit d'accepter pour ce sport comme pour beaucoup d'autres domaines de la vie que "la liberté crée du désordre et l'oppression de l'ordre". Personnellement je préfère être libre dans le désordre.

Il faut donc que les règles permettent de conserver ces espaces de liberté dans lesquelles le joueur peut s'exprimer totalement, prendre des décisions, faire des choix qui lui appartiennent, en utilisant dans l'action les droits que donnent les règles.

Encore au fil du temps le législateur, quand il y a une nouvelle règle ou un aménagement, a toujours privilégié la vie du ballon, à la fois son mouvement propre et celui des joueurs, tout en donnant à tous, attaquants et défenseurs, les mêmes chances de conserver ou de récupérer le ballon (c'est le principe d'équité commun à tous les sports collectifs).

D'hier à aujourd'hui les règles ont toujours apporté aux pratiquants un haut degré d'autonomie, suffisamment en tout cas pour les exploiter positivement et optimalement dans le cadre d'un jeu fait de mouvements, qui assure la primauté du jeu à la main sur le jeu au pied. Ce dernier devient du même coup non pas secondaire mais complémentaire. Ce jeu de mouvement ne peut s'inscrire, du même coup, dans des formes de jeu, des évolutions et distribution des joueurs qu'il s'agit de reproduire et qui forcément amoindrissent le degré de liberté du joueur.

Les initiatives prises quand elles ne rentrent pas dans les schémas collectifs préetablis vont à l'encontre de l'ordre mis en place. Elles deviennent répréhensibles surtout en cas de non réussite.

Les joueurs dans le jeu actuel me semblent en difficulté dans ce jeu de désordre. La place prise par les consignes des entraîneurs et le mode de travail qui ne fait pas assez appel au non organisé ne forment plus de joueurs à même d'apprendre à agir et réagir en fonction de ce qui se présente en face d'eux, ce qui explique que le jeu juste, et sa corollaire le geste adéquat, sont rares ou sont le fait de quelques uns qui deviennent ainsi les génies tant admirés.

L'épanouissement du joueur au travers de la réalité désordonnée du jeu dans le respect d'une logique tactique et de l'initiative individuelle, soutenue par les principes fondamentaux "avancer –soutenir", me semble donc ne pas être suffisamment travaillé.

Malheureusement cette recherche de l'ordre s'avère sécurisante pour le joueur qui finit dans ce contexte par mal vivre et mal gérer les situations d'incertitude. De plus la nécessité de résultats force ces options.

A contrario ; si l'on accepte que l'ordre qui préside au jeu se doit d'être la conséquence du désordre que procure le mouvement du ballon et des joueurs, il faut alors choisir de prendre en compte sans restriction les notions de désordre et ordre dans leur antagonismes mais aussi dans leur complémentarité, mais en s'appuyant d'abord sur le désordre.

Aujourd'hui et davantage avec les nouvelles règles si l'on a envie de voir un jeu qui se réalise par des enchaînements dynamiques, en continuité (non pas en conservation statique qui n'effrait pas les défenses), de voir donc un jeu adaptif où le joueur donne du sens à ce qu'il fait, prend en compte se qui se déroule, prédit les évolutions successives, anticipe, sait relier entre elles les diverses actions de jeu, il convient alors de donner la priorité dans les entraînements à des formes de travail différentes qui placent le joueur dans des situations qui stimuleront optimalement les mécanismes perceptifs. Les expériences nées du désordre situationnel généreront sans difficulté des déplacements et une distribution collective pertinante (donc ordonnée) à même de répondre à toutes les situations évolutives rencontrées. Tout en même temps le degré d'adaptabilité acquis en jeu dans le désordre devient directement réinvestissable dans la maîtrise de règles nouvelles porteuses forcément de comportements et attitudes différentes. Cela éviterait aussi aux arbitres à avoir à régler ce problème.

Depuis que le rugby existe on voit que le législateur, entre devoirs et droits du joueur a déclenché une dynamique extrêmement complexe. On est en train de former des joueurs qui répètent des savoir faire, qu'ils maîtrisent et dans lesquels ils se complaisent, mais tout en même temps qui les limitent pour évoluer vers un jeu plus adaptatif qu'ils ne dominent pas. Et curieusement aussi du fait des règles, on attend que les joueurs et les entraîneurs s'investissent vers un jeu où il s'agit de savoir jouer avec l'incertitude, un jeu qui va s'ouvrir forcément demain sur la maîtrise du " désorganisé" et nécessitant d'autres habiletés tactiques et techniques pour y "performer".

Rugbyrama - Pierre VILLEPREUX - 02/10/2008 11:03
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 14 Oct 2008 - 0:36

La chronique de Pierre Villepreux


Notre expert, l'ancien sélectionneur des Bleus, Pierre Villepreux revient cette semaine sur le jeu programmé et ses incidences.

J'ai fait part dans un de mes derniers articles de la tendance dans le jeu actuel de mettre en place et en oeuvre des formes de jeu collectives et des évolutions invariablement organisées, plaçant les joueurs en situation de réponses programmées donc qui les impliquent dans une distribution préétablie, voire dans des comportements précis et spécifiques. Ce jeu organisé peut bien sûr s'avérer sécurisant pour le joueur mais il amoindrit son degré de liberté et sa disponibilité pour s'adapter à des situations changeantes et non prévues. Le caractère contraignant de la forme tend à réguler l'ensemble des comportements et limite les initiatives qui éventuellement permettraient de sortir des schémas de jeu choisis.

Ce préambule pour préciser combien le jeu actuel de haut niveau a tendance à se décliner dans un ordre et une structuration bien trop prévisibles pour désorienter les défenses qui sont, de ce fait, souvent en place. La déstabilisation de la défense est alors souvent le fait d'une faiblesse individuelle (plaquage raté) et moins souvent le fait de la création par les attaquants d'un rapport de force favorable. Et, même quand ce rapport favorable existe et qu'il s'agirait de changer ce qui était prévu, il n'est pas rare de voir le porteur de balle et ses partenaires ne pas prendre en compte le rapport de force momentané. On ne profite pas de l'opportunité offerte et on s'enferre dans le jeu programmé. Plus grave, c'est qu'il n'y a pas dans la tête de ceux qui jouent avec le porteur de balle (ses partenaires) les possibilités de se comprendre mutuellement sur le jeu à réaliser dans la situation présente et les réactions des uns et des autres sont souvent en décalage. On ne s'incorpore pas dans le jeu juste, je parle des décisions qui logiquement aurait du être prises relativement au mouvement défensif en cours. Quand on s' aperçoit de l'erreur, la réaction est tardive et la situation s'est transformée. La compensation tactique mise en oeuvre transforme la situation gagnante en une situation plus aléatoire, en tout cas plus facile à gérer pour les défenseurs.

La logique et le sens tactique, qui doit relier entre eux les partenaires utilisateurs du ballon et qui va guider leurs actions, n'a de sens que si on l'appréhende par rapport à la logique d'évolution des défenseurs relativement à leur distribution momentanée dans la largeur et la profondeur du terrain de jeu.

Les options de jeu dans le cadre de "temps de jeu programmés" ne peuvent pas répondre à cette logique.

Mettre de l'ordre dans un lancement de jeu est une exigence, créer des temps de jeu qui ne prennent plus en compte les effets et réactions de l'opposition me paraît préjudiciable pour la formation de l'intelligence du joueur et de la mise en oeuvre des comportements tactiques pertinents que cette formation devrait générer.

Ce propos concernant le trop organisé est perceptible dans le jeu du Top 14 et plus encore dans la compétition outre-manche. Il y est proposé des séquences de jeu qui nous conduisent d'un ruck à un autre dans un espace compris entre les deux lignes de 15 m. Quand la circulation latérale du ballon cesse pour cause de ruck, on renverse couramment le jeu du côté opposé au sens de circulation du ballon. Autrement dit, on ne crée aucune menace dans le même sens en investissant avec un nombre d'attaquants adéquat la zone extérieure au ruck. Il n'y a donc pas de risque pour la défense de ne pas s'investir cet espace du jeu. Les défenseurs attendent le retour du ballon, situation confortable, puisque le ruck a mobilisé plus d'attaquants pour conserver la balle que de défenseurs. Le jeu en inversion ne prend du sens que si on attire suffisamment de défenseurs dans l'espace opposé.

En programmant le retour du ballon et donc en organisant la distribution des attaquants sans avoir créé une logique de choix, donc d'alternatives possibles, on limite les chances de succès traduites en terme d'avancée et de soutien, dans la phase successive.

La dérive de la programmation de temps de jeu tend, rappelons le, à faire oublier aux joueurs utilisateurs de prendre les décisions qui s'imposent en référence à la distribution évolutive de la défense. Le joueur y perd sa liberté et ne mobilise plus les opérations mentales nécessaires pour prendre l'information utile qui doit guider son jeu dans le cadre d'une vision à la fois centrale (ce qui se passe autour du ballon) et périphérique (ce qui se passe dans l'espace de jeu).

Tout n'est pas négatif dans ce jeu programmé qui utilise de manière préférentielle l'espace compris entre les deux lignes des 15 m. Du fait de recentrage de la défense, il autorise l'utilisation en alternance le jeu au pied latéral, sorte de longue passe pour le joueurs qui a su se faire oublier et qui vient se démarquer avec pertinence sur le bord de touche justement dans la zone touche – 15m non défensivement investie. Une arme aujourd'hui extrêmement efficace, mais à utiliser avec pertinence, quand le contexte situationnel l'exige.

Rugbyrama - Pierre VILLEPREUX - 13/10/2008 10:32
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Ven 17 Oct 2008 - 20:48

La chronique de P. Villepreux

Pierre Villepreux a suivi le premier week-end européen. L'occasion pour notre expert de revenir sur le jeu proposé par les Français.

Depuis Dublin, j’ai regardé la coupe d’Europe en compagnie d’amis irlandais très au fait du rugby et de son évolution. Manifestement le jeu actuellement produit en général par les Français les interpelle. Ils disent ne pas retrouver dans la production des "frenchies" les comportements créatifs, les attitudes, qui nous ont, dans le passé, appartenu et fait reconnaître comme détenteurs d’un jeu différent, identitaire. Mieux ils raffolaient de nos surprenantes et magiques décisions dans certaines situations qui leur semblaient complètement inaccessibles dans le cadre de leur culture. Autant de raisons qui les amènent à s’intéresser et à regarder le jeu français avec l’espoir qu’il répondra à leur attente à savoir que nous exploitions au mieux nos potentialités en terme de créativité tactique, d’utilisation originale des règles et de leur esprit (y compris les nouvelles). Celles-ci, selon eux,présentent les bons ingrédients pour nous avantager.

J'ai répondu que si le jeu a, il n'y a pas si longtemps, appartenu aux joueurs, je n'étais pas sur que ceux-ci ont aujourd'hui la liberté nécessaire pour s'exprimer dans un jeu qui tend au fil du temps à se super structurer.

En allant un peu plus loin dans l'analyse, j'ai tenté d'expliquer comment dans l'histoire du jeu, les joueurs l'ont fait exister et évoluer, puisque la fonction d'entraîneur et donc son pouvoir sur le jeu n'avait rien à voir avec celui que détient aujourd'hui l'entraîneur en chef et le staff technique qui lui est attaché. Dans cette organisation, qui voit le nombre d'intervenants sans cesse augmenter, chacun se doit d'exister, ce qui tend forcement à minimiser le rôle et le poids des joueurs sur le jeu. Le joueur devient davantage un exécutant, ce qui réduit d'autant les initiatives qui ne rentrent pas dans le cadre d'un projet de jeu ficelé et plus ou moins contraignant, le fameux "game plan" si cher aux Britanniques.

Indiscutablement ce pouvoir indispensable aux joueurs pour réellement pénétrer l'intelligence du jeu et y apporter les capacités d'adaptation nécessaires semble leur manquer. Je ne dis surtout pas qu'ils ont perdu ces capacités, mais elles semblent en sommeil. Et ce d'autant qu'ils sont aussi coincés par le contexte du système - règles contraignantes - interférences des dirigeants du fait des implications économiques et des nécessités de résultats - calendrier sans concession.

Mais, ce serait bien sur stupide de dire et d'accepter que les joueurs doivent et puissent être les seuls moteurs de l'évolution. Il faudrait plus simplement pour que le degré de dépendance du joueur ne soit pas trop grand et que les formes et le travail d'entraînement donc toute la démarche de formation crée cette responsabilisation tactique et les fassent entrer dans d'autres attitudes mentales par rapport au jeu. Pour y accéder faut-il encore s'appuyer dans les entraînements sur la réalité vivante du jeu, à savoir, le rapport d'opposition dynamique qui inclut tout en même temps, le temps de l'attaque et par réversibilité le temps de défense en cas de perte de balle. Si on veut que les joueurs se situent dans une complémentarité d'actions où chacun contribue au jeu en cours et anticipe le suivant, une bonne lecture du jeu est nécessaire. Celle-ci n'a de chance de se développer que si elle se nourrie de repères et indices communs qui ne peuvent devenir opérationnels que si les formes du travail d'entraînement y répondent.

Cette intelligence tactique se doit d'être mobilisée dans un travail qui place le joueur très souvent en situation de reconnaissance du rapport de force attaque-défense, indispensable pour développer les capacités à détecter en plein jeu les évolutions des formes de jeu et donc la mise en œuvre de la forme pertinente et de son orientation.

Il y a toujours en jeu, dans les actions gagnantes, une optimisation des ressources qui fait la différence. Pour que chacun s'y comporte avec pertinence, faut-il encore je le répète que les situations d'entraînement placent les joueurs régulièrement dans les conditions d'opposition qui vont permettre de gérer tout en même temps - avancée du ballon et soutien utile -.

Comprendre les relations de réciprocité attaque-défense et savoir les exploiter dans le jeu réel est déterminant si l'on veut avoir des joueurs à même de répondre avec justesse aux situations rencontrées. La compréhension du jeu dans la réalité mouvante du mouvement général devient un facteur incontournable que le joueur doit toujours mieux s'approprier pour mieux appréhender tout en même temps comment jouer dans les phases d'arrêt du mouvement du ballon (rucks et maul) et dans les phases statiques.

La phase de plein mouvement est selon René Deleplace la "phase mère". Faut-il encore accepter que la formation du joueur se réalise et se fasse en partant du mouvement général donc de la gestion des situations de déséquilibre pour aller vers les phases statiques ou règne l'équilibre. Je ne suis pas sûr que les "game plan" et le volume de travail qui lui est consacré dans les clubs créent les conditions optimales pour avoir les joueurs capables, en plein jeu et à la vitesse du jeu, d'adaptabilité collective.

Je ne sais pas si j'ai satisfait au questionnement de mes amis irlandais, mais certaines actions tant offensives que défensives entrevues dans les matchs où étaient impliqués les français étaient pour moi révélatrices des dégâts crées par une structuration du jeu abusive.

Entre autres, Clermont en a fait les frais sur des ballons perdus et Montauban, comme Bath d'ailleurs n'ont pas su gérer intelligemment une fin de match où il s'agissait surtout d'oublier les picks and go. Si ce type de jeu faisait partie des options gagnantes la saison passée, il se révèle aujourd'hui beaucoup moins efficace, avec la rigueur demandée aux arbitres sur la phase plaqueur-plaqué et ruck.

Rugbyrama - Pierre VILLEPREUX - 17/10/2008 16:05
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 6 Nov 2008 - 23:14

30/10/2008

Villepreux sur Toulon

Notre expert Pierre Villepreux livre cette semaine quelques réflexions sur la situation du RC Toulon qui, pour lui, se cherche une identité.

Marcel Ruffo ou Daniel Herrero parleraient de Toulon bien mieux que je ne peux le faire. Mais, pour avoir joué contre le RCT, et avoir rivalisé comme entraîneur de Toulouse, je me permets, avec beaucoup de réserve de tenter une explication sur le mal être actuel.

C'est la réflexion de Marcel dans le dernier "Midol" sur la mondialisation du rugby et ses effets un brin pervers qui m'a interpellé.

Toulon, équipe internationalisée est à la recherche d'une identité puisque ont été recrutés des joueurs, de races, de culture et même de spiritualités différentes. Sur la Rade comme on dit, la performance demandée et attendue par tous, tarde à venir. Le potentiel des uns et des autres n'est pas en cause, puisque tous les joueurs actuels ont exprimé leur qualités dans des compétitions et à un niveau qui les a classés parmi les bons. Choisir un fusible pour expliquer les résultats, en l'occurrence Jean Jacques Crenca, me semble irrationnel et peu raisonnable.

Le problème est beaucoup plus complexe. Je ne doute pas un instant qu'il existe un projet et une vision pour ce club. Derrière le projet et ces objectifs, il convient d'abord de générer et d'accomplir une unité humaine justement à travers la diversité des cultures et d'y absorber tout en même temps la culture rugbystique (celle d'hier) d'une région et d'une ville.

A écouter les joueurs, tous se sentent "toulonnais". Discours forcément de façade et de bonnes convenances qui rassurent et peut donner l'illusion quand les résultats suivent, mais le même discours forcement est moins crédible et parait moins authentique quand la performance est défaillante. Dans le contexte actuel, l'unicité que l'on attend d'une équipe de cette valeur vole en éclat. Chacun s'enferme, seul ou avec ceux qui partagent les mêmes vertus culturelles, dans son langage, ses mythes et ses rites. On sait bien que, quand on doit vivre et agir dans un environnement culturel différent, qui plus est devenant de plus en plus critique, la tendance, c'est bien de revenir à ce que l'on sait et connaît justement parce que, chez soi, c'est cela qui a marché .Il n'est pas si simple de se mobiliser et de penser autrement et d'avoir dans le cadre d'une équipe multicultures, un cordon ombilical commun. Cordon qui permettrait de se retrouver avec plaisir, dans le cadre de contenus d'entraînement et donc d'une démarche de formation et de travail acceptée par tous, incontournable pour, en jeu, dans la compétition s'investir avec l'organisation juste et des régulations communes.

La complexité du système dans le cadre des interactions entre les joueurs les dirigeants et l'environnement est déjà difficile dans un club ne présentant pas autant de différences culturelles, on mesure alors encore mieux l'embarras actuel pour transformer favorablement et de manière durable le contexte actuel.

Le monde du professionnalisme comme le jeu est fait d'incertitude, il crée des problèmes, rien n'est acquis, ni garanti, et même quand tout va bien rien n'est définitif. Les projets n'ont de sens que s'ils existent et s'appuient sur des idées maitresses qui ont fait leurs preuves et qu'il convient de savoir faire évoluer sans les dénaturer.

Comment aujourd'hui à Toulon réaliser une grande alliance non pas contre quelqu'un ou quelque chose mais bien en faveur de tous ? Cette alliance, pour fonctionner concrètement ne peut s'en remettre à une gestion hiérarchisée, centralisée. Pas si simple mais jouable si le dialogue entre les cultures et la mise en forme pour les faire fonctionner, se réalisent sans arrière pensée et de manière égalitaire.

Je vais dire une banalité mais le bon management me parait être le facteur clé pour d'abord donner un bon moral a tous, et des raisons affectives pour défendre les couleurs du maillot, les ingrédients passionnels qui sont indispensable pour ensuite développer un jeu qui soit aussi celui de tous.

Autant de réflexions, (qui ne sont ni leçons ni conseils) sur un club qui ne laisse personne indifférent, parce qu'il a eu un "passé" mais qui peine maintenant pour avoir "un avenir".

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 30/10/2008 11:45
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 22 Nov 2008 - 20:52

Chronique de P. Villepreux

Pierre Villepreux revient sur le jeu des Bleus face aux Pumas, un jeu basé sur l'utilisation du pied et loin du potentiel offensif du XV de France.

J'écrivais la semaine dernière : "Le jeu, occupation du terrain + défense, qui est en train de prendre le pas sur d'autres formes de jeu appelons les moins audacieuses, est une menace pour le rugby. Le risque est patent de voir tout le rugby français s'emparer de ce modèle, surtout si les équipes les plus réputées l'adoptent. Dans ce cadre, il est passionnant de voir comment, lors des matchs de l'automne, on va évoluer au niveau national."

Très honnêtement, j'étais loin de penser que la production du XV de France contre l'Argentine pouvait déboucher sur le type de jeu décrit plus haut. La France a produit un rugby à l'opposé de celui proposé la saison passée. Même si ce style de jeu n'a pas été toujours gagnant et avait laissé apparaître logiquement certaines imperfections, il avait su, y compris lors des matchs perdus, générer de la sympathie avec l'espoir de voir les Tricolores accéder dans le temps, à un rugby total qui n'a de sens que si on ne conçoit pas la prise de risque comme une contrainte incontournable quel que soit l'adversaire.

Ce retour en arrière par rapport à l'esprit de jeu que souhaitait mettre en place le staff technique est regrettable et irrationnel dans le cadre du projet de jeu choisi au départ. Ceci, d'autant plus quand on sait que les joueurs qui ont été choisis, l'ont aussi été parce qu'ils ont les compétences et le talent pour assumer et mettre en oeuvre un jeu fait d'initiatives et de mouvement. Les Toulousains revendiquent en club ce type de jeu, ils étaient à même d'apporter aux autres la confiance utile pour s'y engager sans arrière pensée.

Ce ne fut pas le cas et pour jouer ainsi, la présence d'une majorité de Toulousains à des fins de cohérence tactique ne me semble pas nécessaire.

On peut argumenter et accepter qu'il s'agissait d'un match contre des adversaires particuliers et un contexte tout aussi particulier. Personnellement, j'ai du mal à croire qu'il n'était pas possible de provoquer à la fois le jeu et les Argentins. Le résultat n'a de sens que s'il s'inscrit dans la "volonté" de mettre en oeuvre le jeu souhaité et bien sûr, si les qualités de l'adversaire ne le permettent pas, le changement de stratégie peut intervenir. En l'occurrence et dans le cadre de ce match, je n'ai jamais senti de la part des Tricolores cette envie de défier les Argentins sur des bases tactiques différentes.. On s'est contenté d'un jeu caricatural, contre culture, sans avenir. On me rétorquera que le prix d'un résultat vaut cet épisode et demain, devant d'autres adversaires, l'ambition pour un jeu qui favorise le mouvement sera bien présent.

Ce qui me désole c'est que les joueurs n'aient pas perçu en début de match que, quand le jeu "bougeait", les Pumas étaient prenables. Le 4 contre 2 mal géré en est la preuve. Les Bleus savaient avancer et en libérant vite la balle (ruck) avaient parfaitement su déséquilibrer la défense et créer cette situation d'école gagnante. La non perception de la situation par un seul joueur a suffi pour la faire avorter. En donnant au porteur de balle (Skrela) une fausse information, Heymans, en ne restant pas dans la ligne (croisée), a rendu cette situation indéfendable en une défendable. En sortant de l'ordre logique demandé par le contexte momentané, il a amené Skrela à faire un choix de jeu différent et donc non conforme à ce qu'attendaient tous les partenaires proches, voire plus lointain engagés dans l'action collective.

Cette opportunité de début de match aurait dû inciter à privilégier le jeu à la main et non le jeu au pied. Dommage ! Cette adéquation avec le sens du jeu manque encore aux Bleus collectivement et individuellement pour certains. Mais ce n'est pas en se retranchant dans la pauvreté tactique qu'ils vont aller vers un perfectionnement continu. Quand le résultat devient une trop grande contrainte, c'est que les joueurs, ne sont pas, ou pire ne veulent pas être, en adéquation avec la pensée tactique définie par le staff. Le recadrage stratégique demandée par Marc Lievremont avant le match était logique et ne les contraignait pas à ressentir un manque de liberté pour entreprendre. Pour s'approprier ce pouvoir décisionnel en plein mouvement et y apporter les capacités techniques utiles afin d'accéder à des réalisations collectives efficaces, il faut y être confronté souvent et ne pas revenir en arrière. Cela demande des qualités mentales qui sont aussi importantes que celles réclamées par le combat au sens où l'entendent certains. Je parle de l'implication dans l'affrontement corporel sans lequel bien sûr rien n'est possible en rugby. Celle-ci ne peut et ne doit occulter les autres dimensions du jeu; celles qui font appel à la créativité. Je pense aux capacités nécessaires à la perception qui précède le choix de l'action et à la mise en oeuvre de celle-ci.

La question qui se pose maintenant, c'est comment, hic et nunc, revenir à un rugby plus ambitieux contre une "sélection des îles" qui va présenter d'autres caractéristiques ; qui sera, n'en doutons pas, plus joueuse que les Pumas, et porteuse d'autres griffes dans la manière de combattre?

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 13/11/2008
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 22 Nov 2008 - 20:58

Les Islanders par Villepreux


Notre expert Pierre Villepreux décortique le jeu des joueurs du Pacifique avant le test entre le XV de France et les Islanders samedi, à Sochaux. Pour lui, la performance des Iliens est basée sur la liberté dans le jeu, sans contrainte, et sur l'instinct. Un rugby où tout vient naturellement...

Je ne sais pas si la sélection des îles du Pacifique a les moyens de battre la France. Le jeu qu"elle produit en tout cas ne laissera pas indifférent car il contient tout à la fois les ingrédients d"un rugby qui, quelquefois peut être étonnamment, efficace ou à contrario paraître naïf. Le jeu spontané de Fidji et Tonga durant la Coupe de Monde ont bien failli battre les champions du monde en titre. Il s"agit bien pour ces Iliens de 'jouer pour jouer' et cette façon parfois déconcertante d"appréhender le rugby interpelle car elle ne répond à aucune formation réellement définie.

La réflexion qui va suivre est la conséquence des contacts privilégiés que j'ai pu avoir et que je continue à entretenir avec Frank Boivert qui vit aux Fidji et est, depuis toujours, impliqué dans le rugby des Iles du Pacifique.

Ces joueurs ont été élevés au jeu libre, "à toucher ou avec contact" ce qui les a placé très jeunes en situation de responsabilité. Très logiquement, ils sont amenés au fil du temps à prendre possession du jeu. Les entraîneurs et assistants ne sont là que pour assurer la logistique des entraînements et des matchs. Les entraînements se résument donc à quelques jeux d'échauffement qui traînent en longueur car les joueurs s'y amusent, quelques exercices simples de maniement de balle ou de technique individuelle et le travail des conquêtes, notamment les touches. On constate que c'est quand ils n'ont pas eu de coachs "fort et directif" que ces nations ont obtenus leurs meilleurs résultats.

En jeu, les joueurs sont décideurs. Ils jouent en mobilisant leur intelligence situationnelle en utilisant les savoir-faire tactiques et techniques dont ils connaissent l'efficacité sans qu'ils soient passés pour autant par un travail spécifique. Il n'y a ni "d'inné, ni don" dans ces savoir-faire mais bien une somme d'acquisitions utilisables qui se sont développées durant toute leur carrière de joueur y compris bien sûr dans le monde professionnel, le plus haut niveau européen dans lequel ils sont aujourd'hui impliqués et qui les font reconnaître dans certaines situations comme des joueurs d'exception.

Les facteurs clés de leur performance résident dans la liberté en jeu et dans la gestion, acceptée par le groupe, des entraînements et de ses formes ludiques qui ne sont, de ce fait, jamais perçus comme des contraintes.

On voit bien qu'une telle approche du jeu n'est pas juste tactique et technique, elle s'accompagne d'une philosophie qui dépasse le jeu même et mobilise la vie de groupe en général et à la vie du joueur depuis sa formation dans le respect de leur traditions et de leur culture, ce qui confère à leur jeu une identité propre. Cette culture sert de repères et elle peut créer dans les événements compétitifs une cohésion irrésistible.

Frank m'a rapporté qu'un conseiller technique anglo-saxon avait communiqué sur la stratégie du Tonga pendant la Coupe du monde sur le comment cette équipe récupérait autant de ballons au plaquage contre les Springboks. Elle consistait, disait-il, à ne pas défendre sur les trois premiers rucks puisque les Sud-Africains s'y impliquaient très physiquement voire avec férocité. Il suffisait d'attendre le 4e quand ils commençaient à faiblir physiquement. C'était le moment optimal pour les joueurs tongiens de concentrer alors leurs efforts. Interrogés sur cette option tactique, les joueurs s'étonnèrent. Ils n'avaient jamais eu aucune stratégie sur ce secteur de jeu. Mais ils l'ont fait ! Ils l'ont fait "naturellement" car ils "sentaient" l'opportunité de cette situation en sachant opposer leur force momentanée à celle diminuée des Springboks.

Cette tournée est une aubaine, celle de montrer qu'il y a beaucoup d'enseignement de ce rugby des Iles. La vérité est aussi en partie dans ces pays et il convient de préserver en même temps la diversité et l'originalité de leur jeu née d'un contexte de formation certainement incomplet mais qui leur permet d'exploiter au mieux certes leur potentiel physique mais surtout celui tactico-technique.

On va découvrir la sélection des "Pacific Islanders" trois peuples fiers qui ont transféré leur tradition guerrière sur le champ de rugby. Ce sont des guerriers puisque le rugby s'est substitué irrésistiblement dans le temps à la tradition guerrière.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 14/11/2008 18:57
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Sam 22 Nov 2008 - 20:59

La chronique de P. Villepreux

Notre expert rebondit cette semaine sur une interview de Martin Johnson, le manager de l'Angleterre, pour analyser le jeu du XV de la Rose.

Manifestement la confrontation Nord-Sud, même si ce n"est pas fini, tourne à l"avantage du Sud. La France est encore épargnée mais on en saura plus samedi prochain. A des degrés divers, toutes les équipes européennes sont à la recherche de leur jeu. Mais aujourd"hui, je souhaite m"attacher à la production des Anglais contre l"Australie.

C'est l'interview dans le "Midol" de Martin Johnson, manager des Anglai,s qui ne manque pas de m'interpeller: "Nous sommes sortis du script élaboré, on est revenu à un jeu instinctif au lieu de coller à ce que nous voulions mettre en place. Si vous commencer à faire quelque chose et si les 14 autres ne sont pas sur la même longueur d'onde, c'est à partir de là que vous commencez à perdre le ballon et faire des erreurs".

Le remplacement de Brian Ashton par Martin Johnson devrait donc apporter un changement notable dans le jeu espéré. Le projet de jeu anglais ne vise plus comme c'était le cas avec Ashton un rugby plus adaptatif. Pour faire court, il convenait alors de "jouer avec l'incertitude" en accordant une liberté maximale aux joueurs. Il s'agissait bien, dans la dynamique du jeu, d'accepter de prendre des initiatives qui pouvaient sortir du plan de jeu prévu quand la situation le demandait.

Mais en rugby la performance est collective ce qui veut dire pour Martin Johnson qu'il ne s'agit de chercher dans le zig pour aller dans le zag. Il réclame pour son collectif un jeu structuré, millimétré, forcement rigoureux. C'est le plan choisi qui doit finir par s'imposer aux joueurs. De ce fait est reniée "l'intelligence buissonnante" que cherchait à développer le coach précédent.

Dans la logique de Johnson, il apparaît donc illogique que ce qui a été longuement travaillé pendant les entraînements précédents n'ait pas marché au cours du match. Les joueurs ont mal répété la leçon.

Les formateurs anglais ont peu ou prou toujours refusé de former les joueurs sur le pôle de la compréhension tactique. Opportunité de formation qui aurait pu les amener à gérer le "pourquoi" du choix des formes de jeu et de leurs alternances. Cette formation sollicite les pouvoirs décisionnels des joueurs, leur réflexion tactique et leur créativité. Le "pourquoi avant le comment". Le projet de jeu du manager anglais va, me semble-t-il, encore plus enfermer les joueurs dans des schémas stéréotypés. Quand le jeu est bâti autour de schémas de jeu que les joueurs doivent restituer, il apparaît, à tort, sécurisant pour les joueurs et pour l'entraîneur. Il peut être, bien sûr, efficace à condition que le potentiel physique du collectif permette de réaliser méthodiquement le plan choisi mais ce jeu ne présente pas d'alternatives véritables surtout si la défense sait faire face.

Cette dimension physique ne suffira pas quand l'Angleterre va trouver en face, comme ce fut le cas avec l'Australie, un adversaire physiquement tout aussi puissant Dans ce match, prisonnier du score, les Anglais ont été obligés en fin de match de se lancer dans un jeu hors plan qui demandait, afin de coordonner les actions des uns et des autres, des compétences dans la lecture des situations que seuls des entraînements adaptifs sont à même de développer et qui leur permettraient d'exploiter au mieux leur potentiel physique. Les repères utiles n'étant pas disponibles, toutes erreurs se payaient cash. Les Australiens n'ont pas manqué d'en profiter. Ils ont su faire le gros dos dans les moments difficiles mais aussi prendre habilement le jeu à leur compte sur toutes les occasions procurées par leurs adversaires.

Le paradoxe, c'est que le jeu anglais n'est pas réducteur. Il est même plutôt volumineux, en termes d'actions et de possession du ballon mais les décisions individuelles quand elles sortaient du cadre de jeu choisi entraînaient des pertes de balles par manque de réactivité des partenaires Mais ce n'est un jeu programmé qui peut résoudre ce problème.

En quart de finale de la Coupe du monde, une Angleterre un peu plus adaptive était venue à bout des Australiens. C'est dommage de ne pas vouloir continuer le travail fait par Ashton qui avait parfaitement cerné les limites de son équipe et donc les exigences dans le temps du travail à réaliser. Mais il lui aurait fallu bouleverser la culture de formation anglaise engluée dans ce besoin d'un jeu structuré. L'arrivée de Martin Johnston va donc intensifier le processus.

C'est dommage, car certains joueurs, entre autres, Cipriani présentent cette disponibilité à jouer avec l'imprévisible. En enfermant le collectif dans un carcan tactique même ce joueur doué ne sera pas mentalement disponible pour exploiter à la fois tous ses savoir- faire et sa vitesse.

Un mot sur l'Australie qui va bien être difficile à battre samedi prochain. Je pense que cette équipe, rassurée après sa performance anglaise, va être un peu plus joueuse. Ce n'est pas pour me gêner. On devrait assister à un bon match de rugby et en savoir plus sur le XV de France.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 20/11/2008 18:33
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 25 Nov 2008 - 15:04

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Notre expert Pierre Villepreux revient sur la rencontre entre la France et l'Australie, perdue par les Bleus samedi dernier (13-18'). Il fait, par la même, le bilan de la tournée d'automne du XV de France.

Durant ces trois matchs, le jeu des Tricolores s'est constamment amélioré. Pour ce dernier match, on ne peut pas leur reprocher grand-chose, si ce n'est la défaite. Elle pouvait être évitée.
Je me garderai bien d'évoquer la non-réussite de David Skrela pour l'expliquer. On a été capable de rivaliser dans tous les domaines et la générosité dans tous les secteurs n'a pas fait défaut. Nous étions à la hauteur de nos adversaires mais il manquait comme dans les autres matchs, cette volonté de défier "l'Australien" en prenant enfin le jeu à son compte.

Cette volonté de créer a été insuffisante et est révélatrice d'une peur cachée qui bloque les initiatives. Face aux exigences du jeu moderne, cette frousse limite considérablement la progression tant individuelle que collective.
Quand on a bien voulu provoquer les Australiens balle en main (je pense notamment en fin de première période), le projet de jeu français recherché par les entraîneurs prenait forme et se traduisait avec efficacité dans un jeu en avançant qui s'est avéré logiquement plutôt déstabilisant pour la défense australienne.

Ceci ne veut pas dire qu'il faut tomber dans l'excès et l'impertinence de tout jouer à la main mais d'alterner les deux formes à bon escient.

Ce trop de jeu au pied a révélé ce refus d'entreprendre. Le nombre de ballons rendus à l'adversaire en choisissant cette forme de jeu a été impressionnant. Ne pas s'être rendu compte de l'inefficacité des up and under est fâcheux car le résultat final, compte tenu de la capacité à rivaliser physiquement avec les Wallabies tient à l'abus de cette option tactique.

L'entraînement en rugby comme dans tous les sports collectif est une conjoncture qui permet le développement et le perfectionnement des qualités physiques, techniques, tactiques et humaines des joueurs avec comme objectifs de les utiliser de façon optimale dans la compétition. Ces qualités doivent leur permettre de lancer un défi à eux-mêmes et au jeu, synchronisation incontournable pour obtenir des résultats optimaux qui seront aussi la conséquence de l'effort maximum consenti et du plaisir pris dans l'action.

Une fois passé le temps expérimental de préparation d'une compétition, le collectif le jour J va être à la merci d'autres circonstances et facteurs qui leur permettra de mettre en relief réellement leurs capacités.

La période de 5 semaines accordée au XV de France et le rythme des matchs pouvait servir à corriger d'un match à l'autre les déficiences, à expérimenter les possibilités de tous ordres que celles-ci soient collectives ou individuelles, indispensables pour créer et stabiliser des comportements et des attitudes créatrices qui devront se révéler dans le moment de compétition et quand le contexte le permet.

Il s'agit bien quand on entraîne, de créer un climat qui génère le jour de la compétition un effort, un engagement, une générosité qui se démarque radicalement de la peur et de l'application de consignes et schémas de jeu préétablis forcément réducteurs et contraignants.

Ce développement mental d'attitudes individuelles et collectives s'inscrit dans la pratique "d'entraînement en liberté" . Ces attitudes n'ont de chances de devenir permanentes et réinjectés sans appréhension dans la compétition que si on les vit pleinement en les réalisant souvent.

Ce projet du travail d'entraînement s'inscrit dans les exigences de la compétition à venir et doit, à terme, transformer les attitudes et comportements anciens en attitudes intelligemment adaptées aux circonstances relativement au rapport d'opposition rencontré. En fait, l'entraînement durant ces quatre dernières semaines aurait du permettre aux joueurs de répondre au fil des matchs avec une liberté sans cesse croissante aux problèmes et opportunités rencontrés sur le terrain.

Il s'agit bien, de construire pour tous, dans les entraînements aussi cette attitude mentale réinvestissable dans la compétition, qui donnera la confiance indispensable pour ne pas refuser les situations que le jeu propose mais qui permettra bien de les affronter sans crainte en utilisant tout son potentiel, c'est-à-dire en faisant émerger ce qu'il y a de mieux en chacun.

Entraîner, ce n'est pas justifier une méthode ni un travail, ni stéréotyper des gestes, ni se contenter de la disparition d'erreurs, c'est avant tout poursuivre conjointement l'action de formation, mental et technico –tactique, jamais achevée du joueur dans le cadre d'un projet de jeu ambitieux mais réaliste dans lequel il deviendra de plus en plus responsable.

Il revient aux joueurs maintenant et pour le prochain Tournoi d'assumer leur responsabilité puisque, disent-ils, "ils n'avaient pas de consignes en ce sens". Face à l'éventail des possibilités offertes qui se présentent dans le jeu actuel, il faut faire le choix d'un jeu résolument plus volumineux, ambitieux et créatif. On attend d'eux qu'ils arrêtent de dire qu'ils vont le faire mais bien qu'ils osent le faire. Pas si impossible que cela compte tenu de leur talent, mais aussi du fait de leur capacité à le réaliser lors des entraînements mais ce travail, pour le moment, ne se manifeste que trop rarement en match.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 25/11/2008 14:01
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 3 Déc 2008 - 10:33

La chronique de Pierre Villepreux

Notre expert, Pierre Villepreux, estime que les nations du Nord ne doivent pas restreindre leur jeu malgré une mauvaise tournée de novembre. Il se réjouit d'ailleurs de la victoire des Gallois sur l'Australie et du titre de meilleur joueur de l'IRB de Shane Williams.

En rugby, il est préférable de gagner, cela permet de vivre au quotidien plus tranquille et serein et ne pas s"encombrer l"esprit avec des soucis en suspens.

La suprématie de l'hémisphère sud durant cette tournée d'automne peut effectivement inquiéter les responsables techniques des différentes nations européennes.

Comment évoluer ? Vers quel jeu ? Voilà l'obstacle qui se pose de manière cruciale aux Anglais, mais aussi, même si c'est de manière moins péremptoire, à la France, l'Irlande, l'Ecosse et l'Italie. Bien sûr, il faut alors accepter de valoriser la performance galloise qui a évité au Nord une cuillère de bois collective inquiétante. Cette victoire galloise est d'autant plus intéressante que le jeu produit y compris contre les Blacks a été de grande qualité. Quels que soient leurs adversaires, les Gallois ont produit beaucoup de jeu, ce qui prouve s'il en était besoin que la lutte pour accéder à la victoire et au spectacle n'est pas une lutte perdue. Gatland, l'entraîneur du Poireau,après la défaite contre les All Blacks, aurait pu changer de jeu et de style. Au contraire il a opté pour un jeu encore plus ambitieux.

Un entraîneur doit avoir des convictions par rapport au jeu qu'il souhaite. Il doit écouter sa petite voix intérieure, celle qui lui souffle contre vents et marées qu'il est dans la bonne direction même si c'est contre l'avis des autres. La richesse du rugby, dans sa diversité réglementaire, c'est de pouvoir offrir aux joueurs un grand nombre d'options tant tactiques que techniques ou stratégiques. Celles-ci ne peuvent émerger que dans le jeu total et dans l'alternance intelligente de toutes les formes de jeu, ceci afin d'éviter que les formes choisies ne soient pas isolées mais répondent bien au pourquoi de leur utilisation.

Cela réclame bien sûr patience et générosité. Il est plutôt sympa de voir Shane Williams être récompensé comme meilleur joueur mondial par l'IRB. Cela prouve que la fameuse charte, édictée depuis des lustres qui stipule que le jeu de rugby est fait pour toutes les tailles et tous les physiques ne nécessite pas d'être révisée. Il est bien de reconnaître le talent des artistes du jeu en lieu et place d'automates. Créer et former ce type de joueur constitue une bien belle récompense pour ceux qui ont su conserver à Shane Williams sa liberté pour entreprendre, oser, risque , s'adapter, en sachant le tenir éloigné d'une vision trop obsessionnelle du résultat qui, croit-on trop souvent, ne pourrait être atteint que dans un cadre tactique et stratégique réducteur limitant les actions de jeu à risques.

C'est le moment. A trois ans de la prochaine Coupe du monde, il convient de tenter de réaliser le jeu souhaité. Si le style recherché - comme pour la France - doit, pour se mettre en place, passer par un jeu qui privilégie en tout cas favorise l'audace, alors il faut s'y lancer et le plus vite sera le mieux. Ce qui veut dire aussi qu'il convient de donner des consignes par rapport à des objectifs de jeu et non des directives en terme de consignes d'exécution.

Pourquoi un jeu adaptatif serait il en contradiction avec le rendement donc la performance ?

Y a t'il un point de rencontre entre les deux ? Evidemment, ma réponse est oui. Le problème est bien connu. Dans l'étape terminale du processus de formation du joueur, je parle de celle de son perfectionnement, se font jour des désaccords entre les objectifs de la formation qui recherche un jeu épanoui et l'exigence de résultats. Ce contexte bloque les entraîneurs, y compris ceux qui souhaiteraient aller plus loin, et à terme contraint le collectif à la mise en oeuvre de tâches plus ciblées et répétitives qui se veulent plus précises, mais qu'il sera difficile de modifier ultérieurement. En tout cas les réactions, les décisions et conduites des uns ou des autres en seront modifiées.

L'effort de mise en place d'un jeu adaptatif n'a de chance de se mettre en oeuvre que s'il est soutenu dans le temps par un volume de jeu en mouvement suffisant, qui soumet le joueur et le collectif à une réflexion mentale continue indispensable pour créer un jeu harmonieux et de plus en plus stabilisé.

Vive le tournoi 2009 !
Rugbyrama - Pierre Villepreux - 03/12/2008 09:38
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 11 Déc 2008 - 15:45

La chronique de Villepreux

Notre chroniqueur Pierre Villepreux analyse cette semaine les conséquences de la crise économique sur le rugby et le virage que ce dernier doit prendre pour survivre.

Il apparaît bien difficile en cette période de crise économique de se sentir motivé. Le temps ambiant n"arrange rien, pluie et froid accélèrent la déprime. Le rugby termine 2009 empêtré dans la morosité et les inquiétudes qui ne vont pas manquer de sensibiliser les nouveaux patrons du rugby. La Ligue a élu son président certes de manière un peu chaotique et la FFR s"apprête à le faire, mais dans cette institution, le consensus est de rigueur. Il s"agit bien maintenant et ensemble de faire face aux conséquences de cette non vitalité économique.

Le rugby dans son ensemble risque de subir des effets collatéraux particulièrement dommageables. Les soubresauts économiques actuels sont une menace qu'il convient d'anticiper car cela risque de modifier fondamentalement la gestion et le mode de fonctionnement des clubs d'abord, et particulièrement les professionnels, mais à terme tous les niveaux de la pratique sont menacés.

Bien sûr les responsables institutionnels en ont pleinement conscience et vont devoir en priorité, dès leur prise de fonction, faire face à cette nouvelle donne.

L'Angleterre est déjà bien touchée. Le retour soudainement annoncé des Français d'Angleterre est plutôt significatif du mal vivre actuel de l'autre coté de la Manche.
Plutôt enclins à magnifier l'excellence du système anglais, cette soudaine nostalgie du pays de nos ambassadeurs interpelle et n'est pas le fait du hasard.
Mais, plus grave que le retour des enfants prodigues, ce sont les conséquences qu'il va falloir réguler, puisque on va voir arriver sur le marché français des stars des Sud actuellement engagés dans les clubs anglais mais, libérés par manque de moyens. Ils vont être, comme l'on déjà fait savoir quelques joueurs, brusquement attirés par le rugby français quitte à sacrifier une partie de leur salaire actuel.
Il s'agit bien aujourd'hui de bien cerner le poids des retombées du contexte économique actuel :

-Soit on augmente encore et toujours plus le nombre de joueurs étrangers dans les divers championnats puisque le système amateur est tout aussi touché que le professionnel avec les conséquences fâcheuses que cela entraînera sur le développement général du jeu et l'accès aux compétitions majeures des joueurs français, l'inflation des budgets, la formation des entraîneurs, joueurs et forcément sur la perte de culture que cela génèrera sans parler de l'appauvrissement du XV de France.

- Soit on profite de cette conjoncture, pour repartir sur des bases financières saines et adaptées aux besoins et contextes, avec des compétitions "relookées" qui, permettront à tous de trouver leur place selon leurs talents, qui donneront au système de formation, à la filière fédérale et aux centres de formation des clubs leur légitimité.

Si l'on ne choisit pas de faire cet effort, à savoir de donner aux jeunes talents français la chance d'accéder dans la logique d'une formation pertinente au plus haut niveau, alors il faut effectivement vivre et respirer le rugby autrement, ce qui veut aussi dire qu'il ne faut plus faire rêver des enfants et les engager très jeunes dans un système de formation qui s'avère, sauf exceptions, actuellement sans retour.

Si l'on choisit l'autre tendance, celle qui consiste à développer le spectacle sportif, alors il faut bien sûr avoir des objectifs d'organisateurs de spectacle. On n'a plus besoin alors de compétitions professionnelles à 14 +16 clubs, mais bien d'un véritable championnat européen dans laquelle le club moyen n'aura rien à faire, puisqu'il serait bien incapable de vendre son image. Ce qui veut dire aussi que pour attirer le client, on n'hésitera pas à créer des enjeux un peu fictifs, des exhibitions avec des joueurs qui se valoriseront tout autant par leurs excentricités techniques que par leur pertinente activité au sein d'un collectif. Le jeu en sera modifié. Dans cette optique, le risque, c'est de toujours en faire plus pour conditionner le spectateur, et, en conséquence, l'environnement économique. On est bien sûr déjà un peu dans ce système. Le match supplémentaire (hors compétitions officielles) maintenant vendu au plus offrant par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, en témoigne.

Je suppose, quand Monsieur Revol le Président de la Ligue parle dans MO "de retour aux valeurs", c'est bien peu ou prou dans le cadre général décrit plus haut qu'il se place.

Nous sommes aujourd'hui tributaires de toutes sortes de tendances contradictoires. Il n'est pas possible et il ne s'agit pas de les évacuer. Mais il faut bien le dire, les solutions choisies, si on a le courage de les chercher, ne satisferont pas tout le monde.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 11/12/2008 13:59
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Jeu 18 Déc 2008 - 9:56

La chronique de Villepreux


Notre expert, Pierre Villepreux, revient sur la fin de match entre les Harlequins et le Stade français: la séquence de plus de quatre minutes.

On peut, après la victoire des Harlequins de Londres sur le Stade français acquise dans les dernières minutes de match après une séquence de conservation du ballon de plus de quatre minutes, être interpellé par la forme du jeu choisi produit.

La stratégie choisie par les Londoniens pour accéder à la victoire était certes liée au score du match (2 points de retard à la 78e minute), à la pluie, à la grosse domination de leurs avants tout au long du match mais surtout, dans cette fin de match, à l'obligation pour des Parisiens, pressés dans leur camp, de défendre plus la cible des poteaux que leur ligne de but. Il s'agissait donc de ne pas faire de fautes dans les multiples affrontements proposés. La longue séquence a donné lieu à 29 regroupements avec, en conclusion, un drop synonyme de victoire. En décidant d'avancer au plus près, sans passe, en utilisant en alternance mauls et pick and go ou un jeu à une passe jamais très loin de la zone de conservation, les Harlequins ont bien utilisé le contexte contraignant de la situation.

La fragilisation des Parisiens, forcés de ne pas enfreindre la règle, les a amené, non pas à ne pas s'impliquer et à faire face avec pugnacité, mais par peur de la sanction de rester dans la juste mesure des comportements utiles, ceux d'une équipe bien éduquée, respectueuse du règlement. En laissant à leurs adversaires plus de facilité pour conserver le ballon, ils se mettaient en situation de subir, via le drop, le programme prévu. Par deux fois, le collectif défensif du stade su contraindre l'ouvreur adverse à prendre une autre option. En forçant Evans, le 10 anglais, à choisir un jeu plus large, les Parisien évitèrent le drop - punition mais du même coup ils donnèrent, du fait d'une moindre pression dans les espaces latéraux, deux occasion d'essai, qu'Hernandez, soit dit en passant, a su par deux fois remarquablement éviter. La troisième tentative fut la bonne. Elle crucifia le Stade qui pourra toujours regretter dans ce match, même si son collectif a été globalement dominé par les "Quins" de ne pas avoir su percevoir certaines situations favorables qui pouvaient être facilement et efficacement exploitées à leur avantage. Ceci était, me semble-t-il possible au regard de la fraîcheur physique en fin de match des Stadistes qui ne m'a pas semblé inférieure à celle de leur adversaires.

A ce tournant du match, les formes d'actions choisies par les Harlequins étaient logiques au regard de la supériorité qu'ils avaient manifestée dans le "jeu d'avants" justement parce qu'on était à un tournant du match et que la temporisation recherchée pour placer leur buteur en situation de drop ou pour pousser les Parisiens à la faute et bénéficier d'une pénalité était nécessaire. De là à dire que ce rugby là me convient, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas.

Cependant, comme la tendance c'est de copier ce qui réussit il ne faudrait pas que cette forme de jeu soit maintenant employée quand le contexte ne s'y prête pas. Elle doit être comprise comme une option possible ponctuellement utilisable parce qu'il s'agit bien en l'occurrence de gérer cette situation particulière et que toutes les forces collectives doivent être mises en oeuvre pour que l'action décisive de réussite puisse se réaliser.

Bien sûr, en adepte du jeu de mouvement, je pense aussi que les Harlequins avaient la place pour gagner le match avec d'autres options de jeu. Celles-ci auraient certes fait appel à une adaptabilité collective différente. Ce jeu implique des libérations de balle rapides dans les situations de rucks et vise à profiter ainsi du déséquilibre crée, traduit dans le rapport de force momentané par un avantage en nombre de joueurs en situation d'avancer, ou en un avantage positionnel grâce aux placements et déplacements des joueurs dans les zones de moindre pression défensive, voire les deux.

Ce jeu était il plus à risque et moins pertinent ? On ne le saura pas.

Pour amener un collectif à développer sans appréhension un jeu qui provoque des situations de déséquilibre et que celles-ci soient exploitées, il faut que la règle évolue. La rigueur arbitrale demandée dans les situations plaqueur- plaque et post placage (situations de ruck particulièrement) ne suffit pas en tout cas elle me parait insuffisante.

La règle qui au départ avait été proposé par l'IRB et qui n'a pas été retenue par les nations permettait à la défense de mieux "contester" la possession du ballon, donc sans rendre ces phases de conservation abusive du ballon plus à risque, incontournable pour développer par rapport au jeu un état d'esprit différent et forcement la mise ne place d'autres apprentissages porteurs d'enrichissement tactiques et techniques.

Dommage mais je ne doute pas que cette règle reviendra rapidement d'actualité.

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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 6 Jan 2009 - 16:28

La chronique de P. Villepreux


Pour sa première chronique de l'année, Pierre Villepreux dresse la liste de ses voeux pour le rugby français et son évolution.

Que peut-on souhaiter au rugby français en 2009 ?
Est-ce que tout est possible ou doit-on seulement se convier à rêver, à penser l'impensable et à développer des utopies ? Ces dernières sont indispensables pour progresser et pour ne pas rester dans un état de stagnation qui décourageraient les plus enthousiastes et seraient par contrecoup plus favorables aux entreprises des conservateurs et du conformisme.

Dans cette optique, il ne s'agit pas pour autant de réduire le rugby à la mise en place et oeuvre de projets et d'actions issus séparément des uns et des autres. Il serait en effet plutôt bien que toutes les instances qui agissent et gèrent à des degrés divers le rugby de haut niveau soient sur la même longueur d'ondes. Procéder autrement s'avérerait vite inefficace. Seule une vision globale clairement exprimée, inscrite dans le temps peut être ressenti comme fédératrice, accessible, et donc par contrecoup plus efficiente.

Le système du haut niveau en rugby, depuis la Coupe du monde 1999 à laquelle j'ai eu la chance de participer comme entraîneur, s'est terriblement complexifié. On a cherché à produire des joueurs toujours plus compétitifs, à élever les performances. La quête de résultats rapides, l'influence médiatique, la place de plus en plus grande de l'économie, ont accéléré le processus et entraîné une recomposition et une variation notable dans le pouvoir pris par les différentes et de plus en plus nombreuses composantes qui administrent le rugby pro. La fédération doit maintenant compter avec de nouveaux promoteurs et régulateurs qui ne sont pas forcement perçu comme des partenaires. Le rôle centralisateur que la Fédération jouait dans le passé s'est en partie estompé, même si la délégation de l'Etat lui permet toujours d'imposer sa politique.

Il n'est donc pas facile d'assurer un équilibre harmonieux puisque les enjeux sont différents pour les uns et les autres. Pire, il se crée une espèce de désocialisation qui fait évoluer les joueurs dans un cadre restreint, artificiel d'où ils ne sortent que rarement. La référence, c'est d'obtenir des résultats rapides, de faire le métier comme ils disent. Les valeurs traditionnelles et la passion que ce jeu a longtemps véhiculé ne sont pas éteintes mais les prétendues normes demandées par l'obligation de réussite a crée une rupture et une dépendance au système. Le rugby a vite rejoint les autres sports pro qui avaient depuis longtemps dissocié les enjeux éducatifs, économiques et politiques. Le rugby avait la chance en intégrant beaucoup plus tard le professionnalisme de se positionner différemment et de définir les enjeux en terme de complémentarité derrière une vision commune à tous. Il n'est pas étonnant de voir la place et l'influence prise dans ce contexte par les entraîneurs à la fois sur le jeu et sur les joueurs qui sont de plus en plus conditionnés, culpabilisés du fait de cette exposition au risque qu'inconsciemment ou consciemment leur fait un peu peur.

L'accroissement des moyens humains (spécialisation du staff technique) et structurels (matériel toujours plus sophistiqué) au lieu de les libérer les place ( puisque tout est calé pour réussir) en situation de dépendance par rapport aux résultats surtout quand ceux-ci tardent à venir. Il n'est pas alors étonnant que le travail d'entraînement soit calé dans le cadre d'exercices très répétitifs qui sont exécutés plus selon le mode d'emploi au détriment de la prise en compte de la vie du jeu et de son sens. On délaisse beaucoup trop la relation unique et toujours mouvante qui relie le jeu de l'attaque et de la défense et place les joueurs en situation d'adaptation. Ce qui a été acquis dans l'exercice et ce à quoi il vise ne sera pas forcement réinvesti avec pertinence dans le jeu lors de la compétition. Le jeu programmé rassure. Il n'est pas étonnant alors que le jeu se modélise aussi parce les joueurs se réfugient trop facilement derrière des consignes qui s'imposent à eux, créant un manque d'autonomie qui se conjugue avec une adaptabilité en jeu moindre. On observe, même maintenant, ce type de dépendance chez les plus jeunes.

Il n'est pas inintéressant de noter combien de fois par match la ou les réponses d'un ou plusieurs joueurs à une situation n'est pas en relation avec la distribution défensive du moment. On enchaîne à l'entraînement en les récitant les actions successives mais les comportements des uns ou des autres se révèlent inappropriés dans le contexte situationnel momentané.

Suivre le cheminement de cette réflexion sur la logique de la performance, c'est accepter que le produit fini ( la qualité du jeu développée en compétition) soit bien aussi la résultante du bon fonctionnement et de la bonne dynamique des interrelations qui devraient régir le système global. Nécessaire, même si pas suffisant, si l'on veut que, dans le temps, l'état d'esprit du joueur et des entraîneurs par rapport au jeu se transforme positivement. Il s'agit ni plus ni moins, dans cette optique, que de donner aux joueurs et entraîneurs la possibilité de reconquérir la liberté utile pour le jeu dans son acception la plus courante reprenne ses droits dont il a besoin pour évoluer dans les meilleures conditions.

La performance appréciée dans cette perspective systémique ne réglera pas toutes les tensions et contradictions entre les composantes mais générera un engagement différent donc une régulation qui s'inscrira dans le cadre de changements et de transformations logiquement acceptés par tous.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 06/01/2009 13:46
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mar 13 Jan 2009 - 11:27

Chronique de P. Villepreux

Première chronique de l'année de Pierre Villepreux, qui évoque et développe l'utilisation et son efficacité des leurres dans le rugby.

Dans le jeu actuel, toutes les équipes organisent maintenant leur jeu d'attaque avec des joueurs leurres. Les courses et attitudes de ces joueurs sont préparées pour laisser croire à la défense que la balle va leur être transmise alors que celle-ci est destinée à un partenaire.

Est espéré ainsi que ce joueur trompeur amènera la défense et au moins l'adversaire direct à prendre en compte cette menace. En cherchant à mobiliser plusieurs défenseurs grâce à cette pénétration factice, on vise ainsi à créer des conditions de jeu optimales pour les autres partenaires placés ainsi dans des espaces de jeu où il devient plus facile de jouer car justement moins dense en défenseurs.

Ce type d'action est appelé passage à vide quand le joueur leurre vient agresser en les percutant les défenseurs. Cette conduite est "pénalisable" mais le règlement accepte ce type de jeu si le joueur leurre ne gène pas de manière évidente la défense.

On observe le plus souvent ce type de conduites à partir des phases statiques mais aussi maintenant dans la continuité du jeu lorsque les "temps de jeu" se multiplient. Dans le premier cas, ce choix répond à un programme (schéma de jeu). Dans le deuxième cas, il devrait être compris comme une réponse à la situation présente et donc en relation avec la distribution défensive. L'objectif dans les deux cas, c'est de créer un maximum d'incertitude pour les défenseurs qui quand tout marche bien sont globalement mobilisés dans le zig et donc pris à défaut dans le zag.

Cependant, si on y regarde un peu plus prés, on s'aperçoit que la réussite sur ce type d'action est loin d'être évidente. Les défenses décodent bien le jeu des attaquants et ne prennent plus en compte le joueur leurre.

A cela plusieurs raisons :
- soit c'est le joueur leurre qui adopte une trajectoire et des attitudes qui ne menacent pas la défense car sa trajectoire de course le soustrait à la possibilité de recevoir la balle du porteur. Le passage se fait trop tôt et l'appel gestuel (les mains) ou verbal ne crée aucun doute sur le jeu futur.
- soit c'est l'attitude du porteur de balle qui est trop lisible. Trajectoire de course et gestuelle de la préparation de passe ne sont pas trompeuses sur la destination du ballon. La défense ne prend donc pas en compte le leurre comme receveur potentiel.
- soit toutes les raisons développées précédemment se cumulent et ne font qu'accentuer le processus de lecture en faveur des défenseurs.

Si ce type d'action s'explique car il est un élément de réponse à l'imperméabilité des défenses, il se doit d'être préparé avec une autre minutie. Le leurre doit rester une option utilisable par le porteur de balle, ce qui demande entre les partenaires directement concernés une communication et une synchronisation des actions autrement plus fines. Ce jeu se construit aussi parce que le leurre sait qu'il ne fait pas que simuler mais que cette simulation peut très bien l'amener à recevoir la balle si la défense ne le prend pas en compte. Le jeu construit devient du coup adaptatif.

Ce n'est qu'un exemple, mais comme aujourd'hui les organisations de jeu ont donc largement tendance à devenir communes, quand la réussite est présente, l'action en question devient référent. Elle est enseignée comme une solution qu'il convient de reproduire et qui ne laisse pas droit à d'autres options. On transforme une option de jeu qui peut à un moment avoir une valeur certaine en une règle d'action que l'on reproduit systématiquement même quand la situation ne le mérite pas.

Si la performance est ressentie comme la résultante d'apprentissages traduits en actions et d'enchaînements d'actions grâce à la réalisation de tâches précises et immuables qu'il s'agira de replacer le mieux possible en jeu. Alors on va donner dans les entraînements la priorité à l'apprentissage du "comment" au détriment du "pourquoi". On va renoncer ipso facto à enseigner "l'apprendre à comprendre". Bien sûr, on peut, selon moi à tort, considérer qu'à ce haut niveau de pratique, le sens du jeu , sa compréhension devrait être acquis.

C'est en partie vrai, mais en donnant ce seul sens au perfectionnement, on peut aussi rapidement transformer même les meilleurs artistes en automates. Les savoir-faire utiles pour exister dans le plus haut niveau actuel se construisent beaucoup sur des conduites stéréotypées et non sur la pertinence des comportements collectifs dans le système complexe des interactions qui lient le jeu du porteur de balle avec ses partenaires et adversaires.

C'est pour cela que les formes de jeu collectives développées sont logiquement pour le joueur des images idéalisées sans rapport avec les vraies questions, celles qui touchent la bonne lecture du jeu, seule à même de résoudre la réalité du jeu dans le cadre de rapport de forme mouvant et incertain qui se crée entre attaque et défense. On mobilise plus les savoirs théoriques des joueurs au détriment de leur formation tactique puisque on délaisse la vraie réalité du jeu.

Donner aux joueurs le pouvoir de faire "ce qui est prévu" est une chose, mais continuer de les former pour gérer "ce qui n'était pas attendu" reste une priorité si on ne veut pas réduire le nombre de possibilités offertes dans l'enchaînement du jeu et des tâches. C'est la richesse des sports-co et du rugby, celle qui offre richesse et spectacle.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 10/01/2009
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 14 Jan 2009 - 14:47

La mêlée est-elle arbitrable?

Cette semaine, notre chroniqueur Pierre Villepreux expose des solutions pour que les phases de mêlées soient plus simples à arbitrer. Pour lui, il faut remplacer les arbitres de touche par des arbitres assistants.

Une discussion à bâtons rompus avec Michel Lamoulie (superviseur des arbitres à l"IRB), nous a amenés à discuter de l"arbitrage actuel. Michel en vient à évoquer les difficultés rencontrées par les arbitres pour régir la mêlée. Il connaît mon penchant pour le jeu de mouvement, mais il sait également que je ne néglige pas cette phase de jeu particulièrement intéressante pour lancer le jeu favorablement quand son déroulement est clair. Je lui rappelais justement que les membres de la commission des règles à l"IRB, dans toutes les expérimentations réalisées dans le monde, ont toujours été très attentifs pour préserver cette phase essentielle et toujours un peu mythique du jeu.

Il me fait remarquer que de nombreux matchs internationaux ont mis et mettent en évidence les difficultés qu'éprouvent les arbitres pour faire jouer les mêlées dans le respect des règles édictées pour cette phase. Ce constat peut facilement être illustré par quelques récentes rencontres: Australie-Nouvelle Zélande jouée à Hong Kong, France-Argentine, Ecosse-Nouvelle Zélande… mais aussi, dans notre championnat domestique.

En refaisant l'histoire, il y a un siècle, la mêlée était la raison d'être du jeu de rugby. A l'origine, c'était une immense machine collective qui visait à transporter le ballon vers le camp ennemi et donnait à l'équipe dominante l'opportunité de pouvoir tirer au but et marquer des points. Il s'agissait en fait d'un immense dribbling collectif qui permettait d'enfoncer la défense adverse et de conserver le ballon le plus longtemps possible. Les mêlées pouvaient durer jusqu'à 20 minutes. Le combat pour avancer dans cette seule forme de jeu collective générait des comportements violents qui se sont atténués en 1874 avec l'apparition de la règle du tenu et du hors-jeu. Le ballon va davantage circuler à la main vers l'arrière. Ce mouvement des joueurs et du ballon va entraîner une autre distribution des joueurs dans le champ de jeu. L'énorme mêlée compacte va perdre du volume puisque les joueurs seront obligés d'occuper plus les espaces latéraux pour faire face au jeu de passe et course qui se développait là où il y avait de la place.

En fait la mêlée évoquée qui ne réglementait pas le nombre de joueurs était une mêlée ouverte c'est aussi pour cela que ce nombre au fil du temps n'a jamais été limité. Ce n'est que par la suite que le législateur a introduit la mêlée fermée (appelée maintenant mêlée ordonnée) afin de reprendre le jeu quand l'arbitre l'arrête.

L'existence de la mêlée doit être défendue, elle est l'origine de notre jeu. Sur 10 m², elle regroupe 18 joueurs ouvrant ainsi des espaces pour autoriser le jeu et sa continuité. Elle est une formidable rampe de lancement de jeu. La règle actuelle des 5m, pour ceux qui ne participent pas à la mêlée, permet d'enrichir les options de jeu des attaquants et facilite la continuité.

Mais revenons au constat de Michel. Pourquoi tant de difficultés arbitrales?

- La mêlée est une machine légiférée pour gagner le ballon au talonnage et à la poussée. Pendant longtemps cette conquête était assurée par le talonnage, puis plus tard par le talonnage et la poussée. Aujourd"hui, le talonnage a été remplacé par l"introduction illicite et la poussée.

- Dans la règle, la mêlée commence quand le ballon quitte les mains du joueur introduisant le ballon. Les joueurs de première ligne accordent une importance majeure à l'engagement. Pour les "grands spécialistes", il n'y a pas de bonne mêlée sans bon engagement. Elle se gagne à l'engagement.

- La poussée est collective mais la majorité des tricheries sont individuelles.

La mêlée est devenue une phase de combat pour la conquête.

L"évaluation de la solidité d"une équipe en mêlée n"est plus jugée par la faculté de son collectif à gagner le ballon mais par la qualité de ses conquêtes et /ou par la capacité à rendre mauvaises les conquêtes adverses.

Que doit surveiller l"arbitre doté de deux yeux humains et non des yeux à facettes de la mouche (c"est dommage !)?

1. Les séquences d'engagement
2. Les liaisons de 16 joueurs
3. Les axes de poussée
4. L'introduction du ballon, puis après...
5. La liaison des troisièmes lignes
6. La non-utilisation des mains pour talonner
7. L'action des demis de mêlée
8. Le respect des lignes de hors-jeu par les lignes arrières qui cette saison ont été reculées de 5 mètres (amplifiant ainsi les distances entre les joueurs à surveiller...)

Les quatre dernières surveillances doivent être réalisées simultanément. Est-ce possible pour un HOMME?

Propositions pour améliorer la gestion arbitrale de la mêlée au haut niveau, avec des moyens de communications efficaces, en conservant la règle actuelle.

Les juges de touche n"existent plus (dans le vocabulaire non innocent...) on les appelle arbitres assistants. Ayant ci-dessus exposé l"impossibilité pour un seul homme d"arbitrer une phase aussi complexe, il serait judicieux d"élaborer un protocole afin de déterminer les rôles de l"arbitre et des arbitres assistants lors du déroulement d"une mêlée. Si les juges de touche sont devenus des arbitres assistants, cela signifie qu"ils peuvent avoir le rôle d"arbitre

=> Nécessité d'élaborer un protocole.

Protocole souhaitable en mêlée :
La chronique de Pierre Villepreux Schama10

L"arbitre resterait dans la zone délimitée par les lignes des 15 mètres et se trouverait très souvent avec le joueur introduisant le ballon (ce qui n"est pas le cas actuellement où l"arbitre, dans certains matchs, se trouve à 98% positionné côté opposé au joueur introduisant le ballon)

Que fera l'assistant arbitre?

- En adoptant un positionnement dans la zone 15 m- ligne de touche, l'assistant arbitre, à l'aide du moyen de communication, signalera à l'arbitre toutes les fautes concernant la mêlée et ne relevant pas de la Règle 10 (Jeu déloyal).

- L'assistant le plus proche de la mêlée surveillera les ¾ attaquants et signalera le cas échéant leur positionnement illégal. L'assistant le plus loin de la mêlée gèrera les ¾ de l'équipe défendante et signalera le cas échéant leur positionnement illégal.

- A l'aide du drapeau, en le tendant, l'assistant arbitre signalera les fautes relevant de la Règle 10 : effondrement délibéré, soulevé délibérément ou faire sortir un adversaire de la mêlée ordonnée.

Pour tous les autres niveaux de la pratique

C"est surtout à ces niveaux que la dangerosité de la mêlée est malheureusement mise en évidence. Cette dangerosité est surtout réelle à l"engagement. A tous les niveaux, la force d"une mêlée est démontrée par la qualité de ses conquêtes, ainsi que par sa faculté à défendre en poussant sur conquête adverse. Il ne faut donc pas interdire à une équipe de pousser, il faut limiter les risques de l"engagement ainsi que les risques d"une poussée prolongée.

Que pourrions-nous faire :

- L'engagement se fait sur le mode de la mêlée simulée : on se pose.
- Quand la mêlée est stable, l'arbitre ordonne l'introduction.
- La mêlée commence quand le ballon touche le sol.
- Au moment où le ballon touche le sol la poussée commence.
- Limiter la poussée à 1m50.

La mêlée ne fait pas partie des règles fondamentales du rugby. Elle est cependant une des images forte du jeu. Elle le caractérise et en font sa spécificité. Il n"est donc pas question par ces propositions de la dénaturer.

Ces quatre modifications devraient permettre à un arbitre, même seul, de manager le mieux possible et dans les meilleures conditions cette phase. Créer ces bonnes conditions pour les arbitres participent non seulement à améliorer le spectacle mais visent aussi à assurer la sécurité des pratiquants.

Rugbyrama - Pierre Villepreux - 14/01/2009 14:23
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 14 Jan 2009 - 15:35

Voilà qui a le mérite d'être clair : il est impossible à un arbitre de champs de voir toutes les fautes de la mélée !La proposition de Pierre Villepreux est à mettre en place d'urgence ! Rien ne m'énerve plus que de voir un arbitre qui laisse faire les introductions illicites ( dans les pieds du 2eme ligne ) pendant 12 mélées ... et sanctionne la 13eme !!
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MessageSujet: Re: La chronique de Pierre Villepreux   La chronique de Pierre Villepreux Default12Mer 14 Jan 2009 - 16:53

Et aussi peut être éviter le pilier qui s'écroule sous la poussée supérieure de son adversaire pendant trois ou quatre mélées sans être sanctionné pour finalement donner une pénalité contre l'équipe du pilier qui a pris le dessus normalement. On a vu cela plusieurs fois à Armandie !!!!
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